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mis de dire que l'histoire de la Monarchie Prussienne était moins un grand ouvrage qu'une compilation très-volumineuse, un amas de matériaux plutôt qu'un édifice; ils ont reproché à l'auteur d'avoir traité quelques objets d'une manière trop concise, d'autres avec des détails beaucoup trop minutieux. En général, on croit s'apercevoir que M. de Mirabeau a voulu faire un très-gros livre et l'achever promptement. 11 a trop compté peut-être et sur l'utilité réelle de son plan et sur l'extrême facilité de son génie; il n'a pas donné assez de soins à la distribution de chaque partie relativement à l'ensemble; en écrivant un grand ouvrage comme on écrit un pamphlet, il a oublié qu'on jugeait tout autrement ce qui n'exige que quelques heures d'une lecture rapide, et ce qui demande une longue attention, une attention qui puisse se soutenir et se renouveler à plusieurs reprises.

La Monarchie Prussienne est certainement de toutes les productions de M. de Mirabeau la plus importante et la plus utile; mais nous ne serions pas étonnés qu'elle n'ajoutât pas infiniment à l'idée qu'on avait de son talent. Il y a telle de ses brochures où l'on trouve peut-être de plus belles pages que dans ces sept ou huit volumes; et dans ces sept ou huit volumes que de pages étrangères à son génie, à son style, et où l'on ne retrouve que la main fatiguée de l'ouvrier pressé de grossir les produits de son travail !

M. de Mirabeau a dédié son livre à son père, et

cette épître dédicatoire est assurément le plus bel éloge que l'on ait encore fait de l'Ami des Hommes.

Novembre, 1788.

Traduction de l'ode d'Horace à Pyrrha: Quis multa gracilis te puer, etc.

Pyrrha, quel est l'amant heureux
Qui, le front couronné de roses,
Dans le réduit où tu reposes
Te presse d'un bras amoureux ?

Pour qui, mêlant dans ta parure
La grâce à la simplicité,
Relèves-tu la chevelure
Dont s'enorgueillit ta beauté ?
Crédule, il jouit de tes charmes,
Sans prévoir que bientôt ses yeux
Accuseront, baignés de larmes,
Tes sermens trompeurs et les Dieux.
Oh! combien son âme étonnée
Maudira ses folles amours,

Quand la tempête déchaînée
Obscurcira de si beaux jours!
D'une ivresse, hélas! passagère,
Son cœur éternise l'instant,
Et de ta faveur mensongère
Ignore le souffle inconstant.
Malheurenx qui te voit sourire,
Beauté qui trahis et qui plais,
Sans avoir essayé l'empire
Et le danger de tes attraits!
Echappé des ondes perfides,
Je consacre, au port arrivé,

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Mes vêtemens encor humides

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Au Dieu des mers qui m'a sauvé.

Dernièrement, au foyer de la comédie Française, Florence disait; M. le prince d'H... a la petite vérole.-Comment donc ! lui répondit quelqu'un, je ne savais pas que mademoiselle... peignit en miniature.

Les vertus, disait l'autre jour madame de Coaslin, les vertus ne sont que d'institution humaine, les passions sont d'institution divine.

Un homme fort accoutumé à mentir racontait une nouvelle. Je parie contre, dit M. Martin.-Vous auriez tort, lui dit à l'oreille son voisin, rien n'est plus vrai.-Eh bien, si c'est vrai, pourquoi le dit-il?

Mémoires de M. le Duc de Saint-Simon, où l'Obser

vateur véridique, sur le règne de Louis XIV et sur les premières époques du règne suivant; trois volumes in-8..

(L'ouvrage original a onze volumes in-folio, mais il est hérissé de détails rebutans et de redites fatigantes.)

Les trois volumes que nous avons l'honneur de vous annoncer ne sont qu'un extrait des Mémoires de M. de Saint-Simon, mais où l'on assure avoir conservé scrupuleusement les expressions de l'origi nal, sans s'être permis d'y ajouter une seule phrase. Si c'est, comme on l'a dit dans le monde, l'extrait qu'en avait fait anciennement l'abbé de Voisenon pour M. le duc de Choiseul, il est à présumer que l'ouvrage a été imprimé sur une copie fort défectueuse, car on y rencontre à tout moment des

phrases qui n'ont ni fin ni liaison, et de ces sortes de fautes qui ne peuvent être attribuées qu'à l'impéritie de l'imprimeur ou du copiste. Quoi qu'il en soit, les Mémoires de M. de Saint-Simon, dont il existait depuis long-temps plusieurs copies manuscrites, ont été cités si souvent par nos meilleurs écrivains, que l'extrait qu'on nous en donne aurait été plus imparfait encore, qu'il ne pouvait manquer d'exciter une grande curiosité. On ne trouve guère dans ces trois volumes que des anecdotes domestiques sur le caractère de Louis XIV et de ses ministres, sur celui du Régent et de ses favoris, sur la cour de Philippe V; mais il en est un assez grand nombre dont l'originalité est vraiment fort piquante. Si le style de M. de Saint-Simon est en général d'une grande négligence, il étincelle quelquefois d'expressions infiniment énergiques, de traits que n'eût point désavoués le génie de Tacite et de Montesquieu. Si l'amertume et la causticité sont les caractères habituels de sa manière de voir, il n'en loue pas avec moins de grâce; personne n'a peint avec plus de charme l'âme et les vertus de Fénélon; voici ce qu'il dit de sa physionomie :

"Elle ne pouvait s'oublier, ne l'aurait-on vue "qu'une fois; elle rassemblait tout, et les contraires "ne s'y combattaient point; elle avait de la gravité

et de l'agrément, du sérieux et de la gaieté; elle "sentait également le docteur, l'évêque et le grand "seigneur; ce qui y surnageait, ainsi que dans "toute sa personne, c'était la finesse, l'esprit, les

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grâces, la décence, surtout la noblesse. Il fallait "faire effort pour cesser de le regarder."

Malgré la multitude des ouvrages écrits sur le règne de Louis XIV, il semble que l'énigme fastueuse du caractère de ce prince ne se débrouille entièrement à vos yeux qu'en lisant les Mémoires de l'Observateur véridiqué, beaucoup trop véridique sans doute pour l'intérêt d'une gloire qui en imposa si long-temps à l'Europe entière.

Nouveau Voyage en Espagne, ou Tablean de l'état actuel de cette Monarchie, contenant les détails les plus récens sur la constitution politique, les tribunaux, l'inquisition, les forces de terre et de mer, le commerce et les mauufactures, principalement celles de soierie et de drap, etc.; ouvrage dans lequel on a présenté avec impartialité tout ce qu'on peut dire de plus neuf, de plus avéré et de plus intéressant sur l'Espagne depuis 1782 jusqu'à présent; 3 gros vol. in-8°.

Nous ne croyons pas qu'il existe dans ce moment, en aucune langue, un livre qui soit aussi propre à faire connaître l'Espagne telle qu'elle est aujourd'hui sous autant de rapports, avec plus d'exactitude et de vérité, Ce n'est ni un ouvrage profond, ni un ouvrage brillant, mais on y trouve partout l'empreinte d'un esprit sage et mesuré, d'un bon esprit qui cherche à bien voir, et qui juge tout ce qu'il voit avec une grande impartialité. Ce nouveau tableau de l'Espagne est de M. le chevalier de Bour

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