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ressentit une douleur sincère; son coeur n'était point entièrement satisfait."

Toutes ces circonstances ont été attestées par différentes personnes notables de la ville de Noyon, qui étaient venues pour donner du secours, notam. ment M. Sezille, lieutenant-général du bailliage, M. de Breuille, vicaire-général du diocèse, M. Joyant, commissaire de police, etc. et le procèsverbal en a été dressé le lendemain de l'évènement, c'est-à-dire le 1er Avril, 1788.

Le roi a donné à Catherine Vassent des marques de bonté ; le grand prince dans l'apanage du quel est Noyon l'a comblée d'honneurs et de bienfaits; il a étendu ces mêmes bienfaits sur les trois hommes qu'elle a sauvés, et sur la famille de celui qu'elle n'a pu sauver. Tous ses compatriotes sentent combien ils s'honorent en l'honorant, ce sont les propres paroles de M. Gaillard remplissant les fonctions de directeur de l'Académie.

Cette séance a été terminée par la lecture qu'a faite M. Gaillard d'un excellent morceau d'histoire et de littérature, sur l'Eloge de Vauban, proposé par l'Académie depuis deux ans, et réservé pour l'année prochaine. L'auteur y discute avec beaucoup de justesse comment et jusqu'à quel point on peut se permettre les détails dans un discours oratoire, surtout les détails qui tiennent à une science, à un art. Il rappelle ensuite d'une manière fort intéressante les principaux traits du caractère de Vauban. "Moins grand, dit-il, moins grand peut

être encore dans l'art de fortifier les places que dans l'art de les attaquer avec la moindre perte possible, Phumanité même applaudit à ses triomphes. Dérober à la guerre des victimes, ménager le sang, sauver les hommes, voilà l'étude continuelle de Vauban, le chef-d'œuvre de son art; toute son industrie n'a pas d'autre but; c'est surtout ce caractère de conservateur des hommes qui distingue Vauban des autres guerriers, et c'est surtout ce caractère qu'il faut peindre. Mais ôtez à Vauban ses talens, ses travaux, ses fortifications, ses siéges, ses victoires, il lui restera ses vertus, ses vertus de citoyen, il lui restera tout ce qu'il a proposé pour le bonheur de l'Etat, tout ce qu'il a écrit pour la défense et le soulagement en tout genre du faible, du pauvre, du malheureux, de l'opprimé. Simple particulier, il lui restera la gloire d'avoir fait ou projeté plus de bien que de grands potentats n'ont fait même de mal...... Après qu'il eut enfin consenti d'être fait maréchal de France, il demanda de servir comme ingénieur sous La Feuillade, au siége de Turin: " je laisserai, dit-il, le bâton de maréchal à la porte, et je le reprendrai quand nous serons dans la place......" Quel trait, et surtout dans la bouche d'un militaire et d'un Français ! On sait combien l'on eut à se repentir de n'avoir pas voulu accepter ses offres, Turin fut délivré, et les Français chassés d'Italie.

Le sujet du prix de poésie, qui sera double l'année prochaine, c'est l'Edit de Novembre, 1787, en faveur

des non-catholiques. Celui du nouveau prix que M. l'abbé Raynal vient de fonder à perpétuité, pour un ouvrage de littérature, sera donué, au premier concours de 1789, au meilleur discours historique sur le caractère et la politique de Louis XI.

Les ambassadeurs de Tippo-Saib ont assisté à cette séance, mais ils n'ont pas eu la patience de rester jusqu'à la fin; est-ce parce qu'ils n'entendaient pas, ou parce qu'ils entendaient trop bien? C'est au sortir de cette séance qu'on leur apprit la chute du grand-visir; ils demandèrent avec beaucoup d'empressement s'ils ne pourraient pas voir sa tête: oh! non, car il n'en avait pas. Quel est l'évènement de notre histoire qui ne soit marqué par quelque calembourg plus ou moins ridicule, plus ou moins plaisant?

Octobre, 1788.

Epigramme de M. de Rhulière, de l'Académie
Française, contre M. Barthès, médecin de feu
M. le Duc d'Orléans, conseiller de la Cour des
aides et chancelier de l'Université de Montpellier.
Ce magistrat, docteur en médecine
Et chancelier de la gent assassine,
Dans je ne sais lequel de ses fatras
Prône beaucoup le moment du trépas :
Agoniser est un plaisir extrême,

Et rendre l'âme est la volupté même.

On reconnait à l'œuvre l'ouvrier.

Un jour de deuil lui semble un jour de noce
C'est bien avoir l'amour de son métier.

Vous êtes bien orfévre, monsieur Josse.

H

Relation des les Pelew, situées dans la partie occidentale de l'Océan Pacifique, composée sur les journaux et la communication du capitaine Henri Wilson et de quelques-uns de ses officiers qui, en Août 1783, y ont fait naufrage sur l'Antelope, etc., traduite de l'Anglais de George Keate, écuyer. A Paris, un volume in-4°. ou 2 volumes in8°. Les deux éditions, de l'imprimerie de Didot le jeune, sont enrichies de quelques portraits, de ceux du capitaine Wilson, du roi des îles Pelew,de son fils, d'une de ses femmes, d'une demi-douzaine d'autres gravures, et d'une carte des îles Pelew et autres adjacentes.

Il ne faut pas s'attendre à trouver dans cette relation des découvertes bien importantes ou des vues bien nouvelles; mais à travers une foule de détails assez minutieux pour le lecteur, quelque intéressans qu'ils fussent dans le moment pour le repos et la sûreté des naufragés, on trouve plusieurs traits infiniment touchans sur les mœurs du peuple simple et hospitalier dont nous ne devons la connaissance qu'à l'infortune de M. Wilson. Après tous les secours que le roi de cette contrée offrit aux Anglais échoués sur ses bords, combien l'on est touchée de la confiance avec laquelle il engagea le capitaine à se charger de l'un de ses fils et à le conduire en Europe pour s'instruire de nos mœurs et de nos usages! Avec quel attendrissement l'on

* La traduction a été revue par M. le comte de Mirabeau.

partage la douleur qu'eut ce brave officier de voir mourir, peu de temps après son arrivée à Londres, ce jeune prince qui paraissait si reconnaissant de ses soins et dont les progrès donnaient déjà les plus grandes espérances! On ne peut se défendre aussi de prendre un grand intérêt à la destinée d'un jeune matelot Anglais, nommé Blanchart, qui, malgré les instances de ses camarades et les représentations de son capitaine, voulut absolument rester aux îles Pelew; c'était, dit l'auteur de la relation, un homme d'un caractère singulier, âgé d'environ vingt ans, d'une tournure d'esprit assez sérieuse, quoique doué d'un grand talent pour la bonne plaisanterie. Ce qui rend sa résolution plus étonnante, c'est qu'on sait qu'il n'avait formé dans l'île aucun attachement particulier.

De la Monarchie Prussienne sous Frédéric le Grand, avec un appendice contenant des recherches sur la situation actuelle des principales contrées de l'Allemagne, par le comte de Mirabeau. Sept volumes in 8°. avec cette épigraphe :

Habuerunt virtutes spatium exemplorum. TACIT.

et un volume in-folio, contenant un atlas de la Monarchie Prussienne, suivi de tableaux statistiques et d'un grand nombre de planches relatives à la partie militaire.

L'objet que s'est proposé M. de Mirabeau n'est pes d'écrire l'histoire de Frédéric II. il a voulu

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