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- Détails qui la concernent jusqu'à l'époque de la révolution française.

MARIE-ANTOINETTE-JOSÈPHE-JEANNE DE Lorraine, ARCHIDUCHESSE D'AUTRICHE, naquit le 2 novembre 1755, de François I, empereur d'Allemagne, et de l'immortelle Marie-Thérèse, impératrice d'Allemagne, reine de Hongrie et de Bohème.

Aux approches de sa naissance, l'impératrice sa mère donna ordre à sa grande-maîtresse de lui chercher une nourrice dans une famille d'un état honorable, et qui joignît à cette première recommandation celle plus précieuse encore de mœurs pures et d'un caractère sans reproche. Mes vertueux parens, qu'il me soit permis de leur rendre cet hommage, réunissaient toutes ces conditions.

Mon père, Jean-George Weber, était conseiller de la magistrature de Vienne, et chef du bureau de l'approvisionnement des vivres ; ma mère, Marie-Constance Hoffmann, était citée pour sa belle figure et pour son ame plus belle encore; leur union avait constamment présenté celle de toutes les vertus domestiques; ma mère fut choisie; et j'étais à son sein depuis trois mois, lorsqu'elle eut l'honneur d'être la nourrice de l'archiduchesse.

Marie-Thérèse était aussi bonne mère que grande reine. Sa sensibilité se montrait aussi affable que son courage avait paru majestueux et sublime. Dès qu'elle eut confié son enfant à ma mère, elle nous adopta tous. Elle récompensa les longs services de mon père par une forte pension et par un logement dans l'hôtel de sa chancellerie. Une pension fut assurée à ma mère; une à chacun de ses enfans; et quant à moi, à qui le ciel avait accordé de sucer le même lait que Marie-Antoinette, S. M. l'impératrice voulut que, pendant mes premières années, ma mère me menât avec elle, chaque fois qu'elle allait faire sa cour à la jeune princesse qu'elle avait nourrie. La fille des Césars m'associait alors aux jeux de son enfance, l'impératrice s'y mêlait ellemême; et comme à cet âge rien ne m'avertissait encore de la distance infinie qui me séparait de celle avec qui je jouais dans un même lieu, l'auguste et bonne Marie-Thérèse craignit souvent de m'affliger par un partage inégal de ses caresses, me prit souvent sur un de ses genoux, quand sur l'autre elle

prenait sa fille, et m'honora des mêmes embrassemens qu'elle lui prodiguait. C'est ma mère, c'est son excellence madame la comtesse de Brandeis (1) qui m'ont depuis raconté toutes ces scènes de bonté, et je ne les ai pas apprises, je ne me les suis jamais retracées sans un frémissement de respect et d'a

mour.

L'enfance de Marie-Antoinette fut celle des grâces et de la bonté, auxquelles se mêla de bonne heure ce genre de noblesse qui lui fut particulier pendant toute sa vie, et qui, tempéré par la sensibilité, inspirait le respect en y faisant trouver des charmes. Avec tous les dons de la nature, la vigilance d'une mère telle que Marie-Thérèse, les soins d'une gouvernante telle que madame de Brandeis, il n'y avait rien de grand, rien de bon qu'on ne dût attendre de la jeune archiduchesse.

Marie-Thérèse partageait son temps entre les devoirs de souveraine et ceux de mère. Elle surveillait l'éducation des archiduchesses ses filles avec l'attention la plus touchante, et assistait à leurs leçons. Les meilleurs maîtres, les plus habiles instituteurs étaient chargés de diriger les premiers efforts de l'intelligence de Marie-Antoinette, d'orner sa mémoire, d'éclairer sa raison, de cultiver son esprit. Tel fut, parmi les derniers, l'abbé de Vermont, qui joignait les qualités les plus rares à l'esprit, à la finesse et à la réserve qui font réussir

(1) Grande-maîtresse de S. A. R. madame l'archiduchesse.

dans les cours. Il fut envoyé par le duc de Choiseul à qui l'impératrice avait demandé un homme capable de faire connaître la France à celle qui devait y régner. Heureux de la confiance de son illustre élève, il lui resta dévoué toute sa vie; et, refusant toujours les témoignages trop éclatans de sa bonté, il força enfin l'estime de ceux-là même

qui auraient pu lui porter envie. Ses leçons augmentèrent sans doute cette prédilection pour la France que Marie-Antoinette manifesta de si bonne heure. Son auguste mère la questionnant un jour sur le caractère des divers peuples de l'Europe, et lui demandant sur lequel elle préférerait de régner si elle était appelée à choisir : « Sur les Français, » répondit-elle sans hésiter, c'est sur eux qu'ont >> régné Henri IV et Louis XIV, dont l'un donne » l'idée du bon, et l'autre celle du grand.» Marie-Thérèse se plaisait à répéter cette réponse, dont elle avait été si enchantée, qu'elle avait prié l'ambassadeur de France de la transmettre au roi son maître.

Marie-Antoinette fit des progrès très rapides dans toutes ses études; elle savait le latin, parlait et écrivait très-élégamment l'allemand, le français et l'italien. Elle était douée des plus heureuses dispositions pour les beaux-arts, et particulièrement pour celui qui a le plus de charmes pour les ames sensibles. Ses talens pour la musique ont souvent fait les délices des cercles choisis qu'elle réunissait à Bellevue, à Trianon et à Versailles. Là,

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