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fallait à la légation de Berlin, plus qu'un homme d'esprit, plus qu'un homine de cœur. Frédéric, rebuté de l'alliance du Satrape Louis XV, par l'incapacité de ses ministres et l'empire de ses maîtresses, venait de conclure avec le cabinet de Saint-James un traité, le jour même où le nouvel ambassadeur arrivait pour l'en détourner. Plus heureux à Londres, en 1763, il y signa le traité dont la France avait alors grand besoin.

Sans accéder aux principes de la révolution, le duc de Nivernais n'avait pas désapprouvé toutes ses réformes; car les philosophies l'avaient rallié à bon nombre de leurs doctrines. Mais il avait failli être gouverneur du dauphin et s'était assis au tapis du conseil, dans les derniers temps du ministère Vergennes. Vainement, à l'origine de nos troubles civils, ce seigneur donna-t-il beaucoup; il n'y avait guère de composition possible avec le Minotaure de 1793. Dénoncé le 13 septembre par Chaumette, le duc de Nivernais fut incarcéré, et resta dans les prisons de Paris jusqu'au 9 thermidor. Gai et jovial, malgré son grand âge et la lugubre perspective qui s'offrait à lui, ce ci-devant, comme on appelait alors les nobles, répétait quelquefois à ses compagnons d'infortune, vers la fin de la terreur, ce mot du valet comique d'Azémia: Ils nous gardent pour la provision... et c'est bien à tort, ajoutait-il, en riant, car ici nous n'engraissons pas. Échappé à ce péril, le citoyen Mancini présida en 1796, l'assemblée électorale de la Seine, et fut sur le point d'être élu au conseil des anciens.

Comme homme du monde, le duc de Nivernais méritait une estime sans restriction: il était bon, généreux et toujours disposé, dans ses terres, à alléger les charges des cultivateurs qui tenaient de lui des biens à ferme. Sous le rapport de la littérature, ce duc n'a pas droit à un éloge aussi complet. Sans doute il avait de l'esprit, de la grâce, de la délicatesse; mais tout ce qu'il a laisé est traité à fleur de sujet. « Il n'est plus duc à la cour, disait de lui l'abbé Barthélemy, » en 1790; mais il l'est toujours au Parnasse.» Les fables du duc de Nivernais doivent être citées après celles de Florian: s'il en a hasardé un trop grand nombre, on en compte au moins une cinquantaine dans le recueil, qui ont droit d'échapper à l'oubli. Les critiques y trouvent trop d'esprit, trop de cette finesse qui, dans l'apologue, peut dégénérer en froideur. Mais parce que Lafontaine a su créer une naïveté sublime, doit-on bannir des ressources du fabuliste, cette raison ingénieuse, que Florian a su mettre en œuvre avec tant de charme? Les Dialogues des Morts et les Lettres morales de Nivernais, respirent une douce philosophie, et ses Vies des Troubadours se distinguent par une narration toujours piquante. Il y a souvent de la négligence dans les morceaux que cet écrivain a imités d'Anacréon, d'Ovide, de Tibulle, et dans ceux traduits

de Milton, de l'Arioste et de Métastase; mais il est rare qu'on n'y trouve pas des passages pleins de séduction. Les discours académiques du même auteur sont des modèles d'une touche délicate, d'une convenance soutenue: personne n'entendit mieux ce que l'on pourrait appeler l'urbanité littéraire, qualité entièrement bannie de la plupart des écrits contemporains. Dans ses Réflexions sur le Génie d'Horace, de Despréaux et de J.-B. Rousseau, le duc de Nivernais a fait preuve d'un goût épuré, d'une critique presque toujours judicieuse; et ce qui prouve qu'il avait bien compris le poëte de Tibur, c'est qu'il l'a traduit souvent avec bonheur.

Le duc de Nivernais a donc clos avec honneur la série des seigneurs apanagistes de cette province, qui a joui ainsi de la bonne fortune, assez rare, de posséder un gouverneur, homme supérieur à la fois par son rang et par son mérite. C'est, il faut en convenir, un avantage dont son voisin, le Berry, n'a pu se prévaloir jusqu'au moment de la révolution. Durant les quatre dernières années de sa vie, le duc de Nivernais traîna une vieillesse languissante et souffreteuse; enfin, il mourut, âgé de quatre-vingt-deux ans, le 25 février 1798. Il ne vit luire que dans le lointain, l'étoile qui devait bientôt répandre un si vif éclat sur la France; mais, bon appréciateur des tendances politiques, il avait dit à ses amis: « La république est une pros» tituée qui se jettera à la tête de Bonaparte, quand elle sera à la veille » de vendre son dernier jupon.

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Ainay-le-Vieil. Canton de Château-Meillant.

Diverses localités.

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Canton de SaintCanton de Saulzais-le-Potier. La ville. Culan. Canton du Châtelet.

Canton de Lignières. Chezal-Benoît. Canton de Châteauneuf. La ville.

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Il est rare qu'un département offre dans toute son étendue une seule nature de terrein : même dans les pays les moins accidentés, comme les plaines de la Beauce et de l'Artois, le sol présente des variétés géologiques qui nécessairement en font admettre dans l'exploitation agricole. Nous examinerons donc séparément, sous ce rapport, chacun des arrondissements appartenant aux deux départements formant la section dont nous abordons

la description. L'arrondissement de Saint-Amand ( Cher), sur lequel nous

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pénétrons d'abord, présente à son extrémité sud une partie montueuse bien prononcée, dépendant des cantons de Château-Meillant et de Saulzais-lePotiers: c'est une dernière ramification des éminences du Bourbonnais, dans lesquelles se sont progressivement fondues en s'abaissant, les hautes montagnes de l'Auvergne. Néanmoins le point culminant de cette partie du département est la Côte du Belvédère, près Saint-Amand, dont la hauteur est de 328 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ces collines renfoncées appartiennent par leur nature aux terreins primitifs, ainsi que les montagnes dont elles sont la continuation, ou si l'on veut l'amortissement. On remarque dans leur formation le gneiss, le mica schiste et le quartz yalin, en roches indépendantes; on y trouve aussi quelques portions de granit. Les hauteurs qui nous occupent sont arrondies à leur sommet, et presque partout revêtues d'une couche de terre végétale assez mince, à laquelle se mêle un détritus des éléments de leur composition intérieure.

Les terres siliceuses et argilo-siliceuses dominent dans la plus grande partie de l'arrondissement de Saint-Amand; beaucoup de communes y présentent des terres siliceuses proprement dites, composées de sable ou de cailloux, fragments de roches quartzeuzes; ce qui constitue un sol maigre, mais que l'on peut amender avec la marne que l'on trouve dans quelques autres communes de la même contrée. L'arrondissement de Saint-Amand renferme aussi des terres calcaires et des terres argilo-calcaires: ces dernières sont ordinairement de bonne qualité et productives.

Dans les terreins siliceux et argilo-siliceux de cet arrondissement, situés particulièrement au sud, on cultive le seigle d'hiver et de mars, l'avoine, le sarrazin, les pommes de terre et les raves plates. Le chanvre et le lin y viennent aussi, mais seulement auprès des habitations. Les terres calcaires ou argilo-calcaires, particulièrement les dernières, offrent une grande variété de productions: elles conviennent à toutes les espèces de céréales, au colza, à la gesse, à la vesce, aux plantes légumineuses et au chanvre : ce dernier se cultive surtout en grand dans le Val-de-Saint-Amand. Ce terrein convient peu à la vigne: il en existe toutefois dans les cantons de Lignières, Châteauneuf, Charenton, Saulzais et Saint-Amamd. Il y a dans l'arrondissement des terreins propres aux prairies artificielles; mais on néglige d'y en établir, parce que les pacages y sont communs, et propres à l'engrais des bestiaux.

Ici, l'assolement est assez généralement triennal. Cependant on y trouve encore, de distance en distance, de vastes brandes couvertes d'ajoncs, de bruyères et de hautes fougères: terre promise des chasseurs indigènes. On met ces terreins en culture à l'aide de l'écobuage rendues arables, elles

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