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les seigneurs protestants, qui l'offensaient autant par leur morgue aristocratique que par leur mépris affecté pour toutes les cérémonies du culte catholique. Lorsque Charles IX apprit qu'un coup d'arquebuse avait été tiré sur Coligny, il s'écria avec fureur: « Mort de Dieu! je ne serai << donc jamais tranquille! » Puis il alla visiter Coligny blessé, le combla des marques les plus affectueuses de son attachement, et jura de le venger. Quelques jours après, sa mère le faisait consentir à ce massacre qui a flétri sa mémoire. « Qu'on tue donc l'amiral, s'écria-t-il, dáns un accès de << rage frénétique, et avec lui tous les << huguenots, afin qu'il n'en reste pas << un seul qui me le puisse reprocher « un jour! » On dit qu'il prit luimême une part active au massacre de la Saint-Barthélemy. Mais, depuis cette nuit fatale, Charles IX ne fit plus que languir, et il mourut le 30 mai 1574, en proie à d'affreux remords, sans avoir retiré de son crime les fruits qu'il en avait attendus. « L'ardeur qu'il avoit, dit de Thou, pour les exerci<< ces violents, la chasse, le ballon, les << danses outrées, la fabrication des « armes, l'avoit rendu presque insen«<sible aux plaisirs de l'amour, et on << ne lui a point su de maîtresses ‹ qu'une jeune fille d'Orléans, dont il << eut un fils nommé Charles, comte d'Auvergne et d'Angoulême. Il mangeoit peu et dormoit peu; et, depuis << la Saint-Barthélemy, son sommeil << étoit souvent interrompu par un << frisson d'horreur qui le saisissoit << tout à coup. Pour le rendormir, on « faisoit chanter ses pages. » Voy. les ANNALES, t. Ier, p. 345 et suiv., et au Dictionnaire les art. BARTHÉLEMY (massacres de la Saint-),CALVINISTES et CATHERINE DE MÉDICIS.

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CHARLES IX (monn. de). - L'histoire monétaire du règne de Charles IX s'ouvre par une particularité assez remarquable. Il paraît que depuis la mort de Henri II, on n'avait pas encore eu le temps de faire de nouveaux coins; pendant tout le règne de François II, on s'était servi des

coins employés sous le règne précédent; on continua à s'en servir au commencement du règne de Charles IX, de sorte que bien que Henri II fût mort en 1558, on trouve encore des pièces marquées à son nom et à son effigie, avec le millésime de 1561. Un peu plus tard, cependant, on fit, au nom et à l'effigie de Charles IX, des écus d'or, des testons, des sols tournois, des liards, des doubles et des deniers. Les écus d'or valaient 50 sous en 1561, quand on commença à en frapper; mais le peuple donnant bientôt à ces pièces une valeur supérieure, on fut obligé, en 1570, d'en fixer le cours à 54 sous. Le titre était de 23 carats, et l'on taillait 72 pièces et demie au marc. Le type représentait au droit l'écu de France, surmonté d'une couronne fermée, avec la légende CAROLVS VIIII DG FRANCO REX et le millésime en chiffres romains; et, au revers, une croix fleurdelisée avec la légende CHRISTVS REGNAT VINCIT ET IMPERAT. Sur les testons, on voyait l'effigie du roi, avec une légende qui différait seulement de celle des écus d'or, en ce que le millésime était en chiffres arabes; la croix du revers était flanquée de deux c couronnés, avec la légende BENEDICTVM SIT NOMEN DOMINI. Ces pièces ne valaient, en 1561, que 9 sous 4 deniers, mais elles furent portées à 13 sous en 1573; elles étaient d'ailleurs de 10 deniers 18 grains trois quarts de fin, et l'on en taillait 25 1⁄2 au marc. Les monnaies les plus remarquables du règne de Charles IX sont les écus d'or et les testons; les autres sont moins importantes; nous nous y arrêterons à peine. Le sol parisis présentait au droit les armes de France couronnées, et au revers une croix formée de quatre c et de quatre fleur de lis; le double sol parisis, au droit 3 fleurs de lis couronnées, et au revers une croix fleurdelisée; le douzain, au droit les armes de France, couronnées et accostées de deux c,et au revers une croix échancrée, contournée de deux couronnes et de deux fleurs de lis; le liard, au droit un c couronné,

et au revers une croix fleurdelisée, ou bien un L accosté de deux fleurs de lis et une croix; le double tournois, les armes de France couronnées dans un trèfle; au droit et au revers, une croix fleuronnée, dont le centre était occupé par deux centrelacés ; le denier tournois, deux fleurs de lis couronnées, et une croix à branches égales.

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CHARLES X (monnaies de). cardinal de Bourbon (voyez VENDÔME [maison de]), après avoir accepté, à la mort de Henri III, le titre de roi de France, et pris le nom de Charles X, décida, par un édit du 15 décembre 1589, que l'on cesserait, à partir du 1er janvier suivant, de frapper des francs et des demi-francs au nom de Henri III, et que l'on commencerait à fabriquer à son nom des écus et des demi-écus au soleil, des quarts d'écu, des demi-quarts d'écu d'argent, et des douzains, aux mêmes conditions que sous le règne précédent. L'écu d'or devait être à peu près du même poids que sous le règne de Charles IX, mais d'un cours un peu plus élevé. Ainsi, il devait valoir 55 sous au lieu de 54. Le franc devait être au titre de 10 deniers 10 grains de fin, et à la taille de 17 au marc; le quart d'écu était à 11 deniers de fin, et à la taille de 25 à la livre.

L'écu d'or au soleil avait le même type à peu près que celui de Charles IX, et il en était de même du douzain. Quant au double tournois et au franc, ils portaient l'effigie du prince. Les quarts d'écu présentent, d'un côté, les armes de France, accostées du chiffre IIII; et, de l'autre, une croix fleurdelisée. Ils doivent être rangés, avec les francs de Charles X, parmi les plus belles monnaies de France, et ils sont, en effet, fort recherchés des amateurs. Les poinçons à l'effigie de Charles X furent déposés sur le bureau de la cour des monnaies le 21 janvier 1590; quatre mois après, Henri IV décria ces monnaies par des lettres datées du camp de Chelles, le 21 mai 1590, et adressées à la chambre des comptes séant à Tours. Le cardinal de Bourbon mourut en 1594; mais il paraît qu'on ne

cessa pas pour cela de battre monnaie à son effigie; car on a de lui des quarts d'écu qui portent la date de 1597. Lorsqu'il n'était encore que cardinal légat, il avait fait frapper, en cette qualité, des monnaies à son effigie dans la ville d'Avignon. Nous en parlerons à l'article COMTAT VENAISSIN (monnaies du).

CHARLES X (Charles-Philippe), le second des frères de Louis XVI, naquit à Versailles le 9 octobre 1757, et porta, jusqu'à son avénement au trône, le titre de comte d'Artois. Il épousa, le 16 novembre 1773, Marie-Thérèse de Savoie, sœur de Marie-JoséphineLouise de Savoie, mariée en 1771 au comte de Provence, depuis Louis XVIII. Marie-Thérèse mourut en Angleterre pendant l'émigration, le 2 juin 1805, après avoir donné au comte d'Artois trois enfants: une fille, princesse Sophie, décédée en bas âge, et deux fils, le duc d'Angoulême et le duc de Berri.

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Désespérant de jamais parvenir à la couronne, d'où le séparait effectivement une grande distance, le comte d'Artois chercha de bonne heure des distractions dans le plaisir. Les avantages personnels dont l'avait doué la nature, et la légèreté de son esprit, le livraient sans défense aux séductions d'une cour encore pleine des souvenirs de la régence et du règne de Louis XV. Aussi, pendant que Louis XVI, prince rangé et modeste, s'essayait à l'art difficile du gouverne ment, et cherchait à réparer les fautes de ses prédécesseurs; pendant que comte de Provence, naturellement studieux et raisonneur, suivait la marche de l'esprit philosophique, le comte d'Artois, peu soucieux d'imiter ses aînés, ne songeait qu'à déployer les grâces de sa taille, et à faire dire qu'il était le chevalier de France le plus re nommé pour ses belles manières et sa tournure à la promenade, à la chasse ou au bal. C'était dans les boudoirs de toutes les femmes galantes de l'époque qu'il allait prendre des leçons de politique et de philosophie. A la veille d'une révolution

comme celle qui allait éclater, ces faiblesses ne devaient pas lui concilier l'estime de la France; il ne tarda pas à être aussi mal vu de la nation qu'il était à la mode dans la société aristocratique; et, comme d'ailleurs il ne passait pas pour avoir un grand courage, cette première qualité des anciens chevaliers, il fut bientôt aussi tourné en ridicule par ceux-là même dont il ambitionnait le plus les suffrages.

Il a été écrit des volumes sur les aventures du comte d'Artois; mais nous nous estimons heureux que notre cadre ne nous permette pas d'entrer dans ces tristes détails. Avec ses mœurs faciles, ce prince compromit jusqu'à la reine, qui était cependant la femme de son frère. A côté de ces intrigues de haute volée, on cite de lui des orgies de bas étage, où il oublia toute dignité personnelle. Cependant, avant de parler de sa carrière politique, nous devons dire un mot du démêlé qu'il eut en 1778 avec le duc de Bourbon, démêlé qui se termina par un duel sans résultat, après avoir égayé longtemps le public. Dans un bal de l'Opéra, le comte d'Artois avait témoigné pour madame de Canillac un empressement qui choqua vivement la duchesse de Bourbon. Celle-ci alla s'asseoir auprès du prince au moment où il venait de quitter sa rivale, et après avoir fait de vains efforts pour lui prouver qu'elle l'avait reconnu, leva si vivement le masque du coupable, que les cordons s'en détachèrent. De son côté, le prince arracha le masque de la duchesse, et s'en alla sans lui faire aucune excuse. Le duc de Bourbon se crut obligé de demander raison de cette insulte, qui avait fait connaître à tout le monde les transports jaloux de sa femme pour un autre que lui. La cour se divisa en deux partis, l'un qui voulait le duel, l'autre qui ne le voulait pas. Le comte d'Artois penchait pour le dernier parti; mais la reine repoussait toute espèce de transaction; et le duel eut lieu. Les deux nobles adversaires se battirent à l'épée, et se défendirent l'un et l'autre

avec tant d'adresse, que personne ne fut blessé.

La première mission politique dont ce prince fut chargé remonte à 1777; il dut alors visiter les ports du royau⚫ me, pour y activer le développement de notre marine. Il alla ensuite, en 1782, en Espagne, pour prendre du service comme volontaire dans la campagne contre Gibraltar; mais ses exploits se bornèrent à une tournée à la cour de Madrid et à un séjour d'environ une semaine au camp de SaintRoch. Cette expédition n'était pas faite pour diminuer son impopularité, à laquelle les premiers événements de la révolution allaient bientôt mettre le comble. On ne saurait croire jusqu'où allait sa prodigalité : à l'âge de vingtsix ans, il avait déjà près de huit millions de dettes; quatre ans plus tard, il devait plus de quatorze millions, dont treize étaient exigibles; et cela, bien que, d'après le livre rouge, quatre millions et demi lui fussent alloués pour les dépenses de sa maison. Il est vrai que les ministres du roi son frère étaient là pour faire honneur à ses engagements. Lorsque de Calonne, pour dissimuler la détresse des finances et inspirer de la confiance aux capitalistes, multiplia comme à plaisir le nombre des pensions, le comte d'Artois profita des bonnes dispositions du ministre. « Quand je vis << tout le monde tendre la main, « a-t-il dit lui-même, je tendis mon

chapeau ce ne fut pas en vain.» On conçoit après cela pourquoi, dès le début de la révolution, il se prononça avec tant d'énergie contre toutes les tentatives de réforme. Lors de la convocation de l'assemblée des notables, Louis XVI ayant nommé chacun de ses frères président d'un bureau, le comte d'Artois entraîna le sien dans une opposition systématique à toute idée d'amélioration; et la minorité dont il était le chef osa prendre le nom de comité des francs. Aussi, lorsque lui et le comte de Provence furent envoyés à la cour des comptes et à la cour des aides pour y faire enregistrer

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