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l'empreinte est la même, sont semblables à celles des règnes précédents, c'est-à-dire, qu'elles ont pour type au droit un châtel, avec deux légendes concentriques : BENEDICTV, etc., et le nom royal, KAROLVS REX; et au revers la rangée de douze fleurs de lis, avec la légende: TVRONVS CIVIS OU TVRON VS ARGENTEVS, ou enfin TVRONVS FRANCORVM, autour d'une croix. Ces deux dernières légendes ne se rencontrent cependant jamais sur les pièces des règnes précédents.

Charles le Bel fit enfin frapper des deniers parisis, simples et doubles, des doubles tournois, des deniers tournois, et des oboles tournois. Les doubles parisis portaient dans le champ

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le nom du roi en trois lignes : olvs,

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et en légende: FRANCORVM REX; au revers une croix latine, et au pourtour la légende SIT NOMEN, etc. Les deniers parisis avaient conservé leur ancien type; on y lisait toujours, comme du temps de Louis VII : au pourtour le nom du roi : KAROLVS REX, et au revers: PARISIVS CIVIS. Ces pièces étaient à la taille de vingthuit au mare, et à quatre deniers douze grains de fin. On ne sait pas au juste quelle était la taille et le degré de fin des tournois; mais la valeur de ces pièces devait être proportionnelle à celle des parisis. Sur les doubles, on voyait au droit un K accosté de deux annelets, et couronné d'un large diadème fleurdelisé, avec la légende: FRANCORVM REX; et au revers, une croix, fleurdelisée aussi, et coupant les mots: BONGTA NOVA. Les tournois simples présentent, comme ceux de Philippe le Bel, au droit un débris de châtel, avec le mot : TVRONVS CIVIS; et au revers la légende: KAROLVS F REX, avec une croix dans le champ. L'obole est semblable, si ce n'est qu'on y lit: OBOLVS CIVIS au lieu de TVRO

NVS CIVIS.

Charles le Bel rendit sur les monnaies plusieurs ordonnances dont les dispositions sont pleines de sagesse.

Mais la guerre ayant de nouveau éclaté avec l'Angleterre, il se trouva bientôt obligé, pour remplir son trésor épuisé, de continuer le déplorable système suivi par son père et par ses deux frères. Un seul fait suffit pour montrer jusqu'à quel point fut porté sous son règne Tabus de Paltération des monnaies: le gros tournois, qui, à l'époque de son avénement, valait douze deniers parisis, en valait vingt en 1328.

CHARLES V, dit le Sage, fils du roi Jean et de Bonne de Luxembourg, naquit à Vincennes le 21 janvier 1337. Lorsque les Anglais eurent emmené à Londres le roi Jean, qu'ils avaient fait captif, à la bataille de Poitiers, Charles s'empressa de saisir en France le pouvoir (1356), et de convoquer les états de la langue d'Oc et de la langue d'Oil, pour leur demander des levées et des subsides. Cette assemblée lui accorda les sommes qu'il lui avait demandées; mais il les dépensa en fêtes et en folles prodigalités, et se vit obligé, dès l'année suivante, de convoquer une nouvelle assemblée. Cette fois les états de la langue d'Oil, dirigés par Robert le Coq, évêque de Laon, et par le fameux Étienne Marcel, prévôt des marchands de Paris, exigèrent des garanties. Ils obtinrent le droit de s'assembler deux fois par an, même sans avoir été convoqués, et celui de désigner trentesix commissaires choisis à nombre égal dans la noblesse, le tiers état et le clergé, pour assister le régent dans le gouvernement du royaume. Mais ces commissaires n'eurent pas plutôt commencé leurs fonctions, que les maréchaux de Champagne et de Normandie excitèrent le jeune prince à les renvoyer. Étienne Marcel fit massacrer ces deux officiers en présence du dauphin, sur lequel leur sang rejaillit, et qui, pour échapper à la fureur du peuple, fut forcé de se couvrir la tête d'un chaperon aux couleurs parisiennes (rouge et bleu) que lui présenta le prévôt des marchands. Charles sortit alors de Paris, et il eut l'adresse de semer la désunion entre Étienne Marcel et le roi de Navarre, Charles le

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Mauvais, qui jusqu'alors avalt soutenu le parti des bourgeois. Au sein même de Paris, le parti royaliste releva bientôt la tête; Étienne Marcel périt assassiné (1357), et Charles rentra dans la capitale, appuyé sur le bras du meurtrier de ce magistrat. Ce fut alors qu'il signa ce funeste traité de Brétigny, par lequel la France cédait aux Anglais les provinces de Guienne, Querci, Rouergue, Périgord, Agénois, Angoumois, Poitou, Saintonge, pour les posséder, non plus à titre de fief, mais à titre de souveraineté libre et indépendante. Elle devait en outre payer trois millions d'écus d'or pour la rançon du roi Jean. Ce malheureux prince mourut quatre ans après, en 1364, et Charles V lui succéda.

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La France était alors ravagée par les compagnies. C'étaient les soldats d'Edouard III, licenciés après le traité de Brétigny, et forcés, pour vivre, de chercher dans les brigandages des ressources que la guerre leur offrait plus. Charles V les prit à sa solde pour en délivrer le pays, et les envoya, sous la conduite de du Guesclin, détrôner le roi de Castille, Pierre le Cruel, coupable du meurtre de Blanche de Bourbon. Pierre le Cruel fut vaincu sans combat; mais il fut bientôt ramené par les Anglais, qui, sous la conduite du prince de Galles, remportèrent la victoire de Najara, et firent prisonnier du Guesclin. Cependant, les Gascons, mécontents de la domination des Anglais, qui établissaient sans cesse de nouveaux impôts, s'adressèrent à Charles V, comme à leur ancien suzerain, pour obtenir justice, ajoutant, avec leur vivacité méridionale, que, s'ils ne l'obtenaient pas de leur seigneur naturel, ils s'adresseraient à un autre. Charles V hésita longtemps; mais fin, il apprit que le prince de Galles était retenu malade dans son lit, que les médecins anglais lui recommandaient d'aller respirer les brouillards de son pays natal, et que, d'un autre côté, Pierre le Cruel, vaincu à Montiel, avait été poignardé par son

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frère, Henri de Transtamarre; alors il accueillit ouvertement les réclamations des Gascons; c'était contrevenir au traité de Brétigny, et déclarer la guerre aux Anglais.

Cette fois on ne leur livra pas de bataille rangée. La guerre fut purement défensive de la part de la France. Charles V défendit expressément à ses généraux d'attendre l'ennemi en rase campagne. Il leur commanda de s'enfermer dans les places fortes et d'abandonner les plaines aux ennemis. Ceux-ci dévastèrent en effet tout le plat pays. Bientôt il ne resta plus une maison debout depuis Laon jusqu'à la frontière d'Allemagne. Mais ils ne tardèrent pas à éprouver eux-mêmes les conséquences de leurs dévastations; le pays qu'ils avaient changé en désert ne leur fournit plus de subsistances, et bientôt les populations entières se levèrent en masse contre ces incendiaires, qui se disaient les soldats du roi légitime. Charles V profita de leur détresse, et, poussant devant lui les débris de leurs armées, il reprit le Poitou, la Saintonge, la Guienne, et ne leur laissa que Čalais, Bordeaux et Bayonne.

Charles V n'était ni aimé ni estimé du peuple lorsqu'il monta sur le trône. Les soldats et la noblesse lui reprochaient d'avoir montré, à Poitiers, une lâcheté qui avait causé la perte de la bataille, la captivité de son père, et le danger, presque la ruine du royaume. Les bourgeois avaient été trompés et sacrifiés par lui; enfin, les paysans avaient éprouvé par sa faute toutes les calamités de la guerre, et ils avaient pu croire, lors de la Jacquerie (voyez ce mot), qu'il désirait leur extermination. Cependant Charles V est connu de la postérité sous le nom de Charles le Sage, et son règne, placé entre deux des époques les plus malheureuses de l'histoire de France, présente, si ce n'est une période de prospérité, du moins un retour assez marqué, au dedans, vers l'affermissement de l'ordre; au dehors, vers le rétablissement de la puissance. Les désastres que son père et son aïeul

avaient attirés sur la France furent à peu près réparés pendant son règne de seize ans ; et on lui a tenu compte non-seulement de tout le bien qu'il avait fait, et de tout celui qui, de son temps, s'était fait de soi-même, mais encore de tout le mal que s'étaient fait ses adversaires.

Charles V fut surnommé par ses contemporains plutôt le savant, sapiens, que le sage, parce qu'il avait reçu une éducation plus littéraire que les princes auxquels on le comparait. Une pédante, fille de son astrologue, Christine de Pisan, nous a laissé son panégyrique c'est un écrit où il est aussi difficile de trouver un trait caractéristique du prince qui en est l'objet, qu'un sentiment vrai, une pensée digne d'éloges dans l'auteur. Christine de Pisan mérite cependant d'être crue quand elle parle de l'érudition du roi qu'elle célèbre. « La sage administra«tration de son père le fit, dit-elle, « introduire en lettres, moult suffi<< samment, et tant que complétement << entendoit son latin, et suffisam«ment savoit les règles de grammaire; laquelle chose plût à Dieu que ainsi << fût accoutumée entre les princes.. » En effet, Charles V fut le premier de nos rois qui comprit l'influence lente, mais certaine, des livres sur l'esprit public. Il en amassa une collection fort considérable pour son temps (voyez l'article BIBLIOTHÈQUES), fit traduire la Bible en langue vulgaire, et augmenta la juridiction et les priviléges de l'Université. Dès qu'il eut commencé de régner, «< il fit en tous pays, ajoute << Christine de Pisan, querre et cher<< cher et appeler à soi, clercs solemnels, philosophes fondés en sciences « mathématiques et spéculatives. >>

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Toutefois, ce n'est pas à cause de la confiance qu'il accorda aux astrologues, ou des progrès qu'il fit lui-même en astrologie, que la postérité lui a confirmé le nom de sage. Elle a été frappée du contraste que présentent son immobilité et ses conquêtes. Il était faible, maladif, d'un caractère peureux; il ne parut plus dans les armées après la bataille de Poitiers ;

dans son palais même, il vécut caché en quelque sorte; il n'attira l'attention par aucune action brillante; il ne laissa ni dans les lois, ni dans les actes diplomatiques, aucune trace signalée: et cependant il regagna presque toutes les provinces que les Anglais avaient enlevées à son père.

Au reste, le sentiment qu'inspire Charles V par les succès constants de son règne est mêlé d'étonnement et presque de terreur, jamais de sympathie. Il se dérobe si soigneusement à tous les regards, qu'on oublie presque ses qualités personnelles, et qu'on ne remarque qu'une puissance occulte qui frappe l'un après l'autre ses ennemis. Implacable dans sa haine, il attend cependant des années avant d'exercer ses vengeances; mais aucun pardon, aucune réconciliation, aucunes promesses ne peuvent sauver ceux qui en sont les objets. Il relève la puissance de la France, sans pardonner jamais au peuple qui l'a humilié et fait trembler comme dauphin; lorsque ce peuple souffre, il ne ressent pour lui aucune pitié; dans l'incendie des maisons du pauvre, il ne voit que des fumées qui ne le chasseront pas de son héritage. << Laissez-les aller », répond-il à ses généraux, lorsqu'ils veulent mettre un terme aux dévastations des Anglais; «< par fumières, ne peuvent venir à << notre héritage. Il leur ennuiera, et << iront tous à néant. Quoique un orage << et une tempête se appert à la fois en << un pays, si se départ depuis et se dégaste de soi-même, ainsi advien<< dra-t-il de ces gens anglais (*). »

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CHARLES V (monnaies de). - On connaît quatre monnaies d'or frappées sous le règne de Charles V: ce sont des francs à cheval, des francs a pied, ou fleurs de lis, des florins et des royaux. Le franc à pied était d'or fin, à la taille de soixante-quatre pièces au marc, et valait 20 sous; il était ainsi appelé, parce que le roi y

(*) Voyez M. de Sismondi, Histoire des Français, t. XI. Nous avons beaucoup emprunté à son livre pour la rédaction de cet article.

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