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menaces du parlement, qui s'empressa de prendre en main la défense de la foi; mais le germe qu'ils avaient jeté dans les consciences devait porter ses fruits, et l'œuvre de la réforme allait être continuée par une main plus puissante que la leur.

Luther n'avait guère fait que détruire, Calvin entreprit d'édifier. Théologien jurisconsulte, il sut imprimer à son Eglise cette forte organisation qui, dès l'origine, en fit une puis sance capable de porter l'alarme aussi bien sous l'hermine royale que sous la pourpre sacrée. François Ier flotta quelque temps indécis. Si, d'un côté, les conciles de Lyon, de Bourges, de Paris, lui demandaient, en 1528, l'extermination de l'hérésie, de l'autre, Henri VIII le sollicitait, en 1532, de secouer, à son exemple, le joug pontifical. Mais le roi chevalier était lié par un concordat; et puis, les membres du clergé ne lui payaient-ils pas bien par leurs subsides le droit de poursuivre leurs nouveaux ennemis ? Cependant le petit troupeau, nom par lequel les calvinistes aimaient à se désigner, grossissait rapidement. Il se recrutait de gens de toutes les conditions; d'hommes d'église que la réforme affranchissait de vœux toujours gênants, quoique souvent enfreints, et d'hommes d'épée dont l'exercice d'un culte persécuté piquait l'orgueilleux courage; d'artisans qui voyaient dans la simplicité des formes de la nouvelle religion une sorte de sympathie pour leur pauvreté, et de nobles dames qui préféraient le naïf français des psaumes de Marot au mystérieux latin de la Vulgate et de leurs Heures. Mais il était évident que trop d'intérêts se rattachaient à l'ancienne Eglise pour qu'il fût permis à la nouvelle de s'établir sans opposition; et, d'ailleurs, les avantages qu'avait déjà obtenus celle-ci enflaient trop l'orgueil de ses chefs pour que leur ambition se contentât d'un partage. Les deux croyances durent, en conséquence, se disputer l'une à l'autre sinon les consciences, du moins les personnes; et, comme les arguments n'étaient sans réplique d'aucun côté, la

force des armes dut suppléer à celle de la logique. De là, les premiers conflits.

Mais les questions théologiques n'occupaient pas tellement les esprits qu'elles étouffassent dans les cœurs tout intérêt pour les objets étrangers au salut. Les rivaux, dans les affaires du monde, exploitèrent donc au profit de leur politique le zèle aveugle des anciens religionnaires et celui des nouveaux. De là, cette part si active prise dans la guerre des deux sectes par tout ce que la nation avait de puissant ou d'ambitieux. Et enfin, comme le peuple avait été accoutumé à voir ses princes employer des troupes étrangères à la garde de leurs personnes que ne protégeait plus assez la vieille majesté du trône, les calvinistes crurent qu'ils pouvaient, à leur tour, appeler l'étranger au secours de leur foi qu'attaquaient les forces réunies du Louvre et du Vatican. Les alliés que comptaient l'un et l'autre camps ne portaient pas tous, du reste, l'arquebuse et la cuirasse: car l'Italie avait lancé dans cette arène ses femmes et ses prêtres, et l'Allemagne, ses docteurs.

Notre intention n'est pas de revenir ici sur le détail de ces guerres; mais tout en signalant quelques faits particuliers que le point de vue sous lequel nous considérons la question ne nous permettait pas de négliger, nous nous attacherons aux résultats moraux bien plus qu'aux faits eux-mêmes qui ont été suffisamment exposés dans les ANNALES.

Dès le règne de François Ier, et pendant les premières persécutions, les calvinistes trouvèrent un refuge dans la Navarre et le midi de la France, d'où, sortant aux premiers moments de calme, ils se répandirent dans tout l'ouest et jusqu'au cœur du royaume. Les rigueurs exercées contre eux ne les empêchèrent pas de dominer bientôt dans une foule de villes. François Ier meurt; mais, tout en armant contre le pape, Henri II renouvelle, en 1551, les édits de son père contre les hérétiques, et croit devoir y ajouter l'obligation d'un certificat de catholicisme pour l'admission aux charges publiques. Sous lui, quelques réformés veulent mettre l'espace

des mers entre eux et leurs persécuteurs; et, en 1555, un fort parti d'entre eux, sous la conduite de Durand de Villegagnon, va fonder sur la côte du Brésil, aux environs de Rio-Janeiro, une colonie que ne tarde pas à ruiner la mésintelligence qui se met parmi ses membres. En France, cependant, le parti prenait chaque jour de nouvelles forces. L'université était remplie de ses adeptes; et le Pré aux Clercs, où ils se réunissaient le soir pour chanter leurs psaumes, fut maintes fois le théâtre de rixes violentes avec les moines qui revendiquaient la possession du lieu. L'année suivante, les prétentions des calvinistes étaient devenues telles que leurs députés, assemblés à Nantes, déclaraient constituer les états du royaume. En Provence, ils guerroyaient sous Paulon de Mouvans; en Dauphiné, ils avaient mis à leur tête du Puy de Montbrun; enfin, sous la protection de Coligny, on faisait publiquement le prêche à Dieppe, au Havre et à Caen. Lors de l'assemblée des notables tenue à Fontainebleau, on vit l'amiral réclamer la liberté du culte au nom de cinquante mille calvinistes de la seule p ovince de Normandie. En 1561, les religionnaires avaient en France plus de deux mille temples, et, dans leur fanatique aveuglement, ils se crurent si forts qu'ils osèrent sommer le jeune roi Charles IX, ou, pour mieux dire, sa mère, de faire disparaître ce qu'ils appelaient les monuments de l'idolâtrie catholique, c'est à-dire, les images et les reliques des églises. Sur le refus qu'ils éprouvèrent, quelques-uns d'entre eux se chargerent de commencer l'œuvre de destruction, et portèrent leurs outrages jusque sur les hosties consacrées. Si ces imprudentes et sacriléges démonstrations n'empêchèrent pas la régente d'admettre leurs docteurs à la discussion solennelle de leur profession de foi à Poissy, elles contribuèrent sans doute à neutraliser les efforts tentés par les gens modérés des deux partis pour opérer une réconciliation, et la sanglante scène de Vassy finit par rendre impossible cet heureux résultat.

Comme toutes les luttes religieuses, celles-ci furent cruelles dans leurs hostilités, perfides dans leurs trêves. Les calvinistes firent expier aux catholiques leurs échafauds et leurs bûchers. Dans leur retraite, après la bataille de Saint-Denis, ils passèrent au fil de l'épée la population de Pont-surYonne, et quand ils eurent pénétré dans Nîmes, après la déroute de Moncontour, ils massacrèrent lâchement le clergé de la cathédrale. Les suspensions d'armes ne servaient qu'à faire prendre aux deux partis de nouvelles forces pour de nouvelles attaques du

A peine le traité d'Amboise, 12 mars 1563, était-il signé, que tous les conseillers de la cour, à la tête desquels étaient les envoyés du pape et de l'empereur, en attaquaient la validité. Il n'avait d'ailleurs été enregistré que << par provision, et à cause de la nécessité des temps, » et cette horrible maxime s'était etablie, qu'on n'était point engagé par un serment fait à un hérétique. En prenant, dans leur synode général de Lyon, l'initiative d'une nouvelle levée de boucliers, les calvinistes pouvaient donc se croire encore dans les bornes d'une légitime défense. Les traités qui servirent de denoaments aux divers actes de cette grande tragédie, eurent cependant cela de remarquable, que le parti calviniste, qui, surtout dans les derniers temps de la lutte, n'arrivait à des trêves que par des défaites, semblait pourtant avoir la plus grande part au règlement des articles, gagnant de plus en plus dans les transactions diplomatiques à mesure qu'il essuyait plus de pertes sur le champ de bataille, jusqu'au jour où, par la sanglante exécution de la Saint-Barthélemy, les catholiques reprirent, le poignard à la main, les concessions successives que leur avaient arrachées leurs adversaires. Longtemps encore la lutte se prolongea. Les deux partis eurent leurs alternatives de succès et de revers, et usèrent avec une égale cruauté de la victoire.

Enfin, le bras des bourreaux se lassa, les haines s'assoupirent, et de nouveaux événements rapprochèrent les intérêts.

Les calvinistes virent monter sur le trône un des leurs, et, s'ils lui gardèrent quelque rancune d'avoir pensé que Paris valait bien une messe, ils n'en éprouvè rent pas moins les effets de sa sympathie. Malheureusement Henri IV passa les bornes d'une généreuse protection, et l'édit même par lequel il croyait assurer la concorde renfermait le germe de nouvelles divisions. Les calvinistes constituèrent dans l'État un corps légalement reconnu. Une partie du territoire continua même à être, en leur faveur, soustrait à la juridiction royale; enfin, on sembla avoir opéré « le rapprochement de deux peuples plutôt que la fusion de deux partis (*).» Les anciens adversaires des réformés ne leur pardonnèrent pas d'avoir obtenu des priviléges qui, suivant eux, n'avaient été accordés qu'aux dépens des leurs; et quand Louis XIII eut succédé à l'auteur de l'édit de Nantes, on entendit, aux états généraux de 1614, le cardinal Duperron assimiler les protestants à des condamnés dont le supplice a seulement éprouvé un sursis. Il est juste d'ailleurs d'ajouter que la longue période de résistance armée d'où les calvinistes sortaient à peine les avait mal préparés à la jouissance paisible des avantages qu'ils venaient d'obtenir, et que, remuants et inquiets, ils menaçaient encore, du fond de leurs forteresses, la tranquillité de l'État. En 1621, époque à laquelle l'intérêt de leurs consciences ne pouvait plus servir d'excuse à leurs ambitieuses entreprises, ils voulurent, dans une assemblée tenue à la Rochelle, dresser pour la France le plan d'une république fédérative divisée en huit cercles, ou plutôt de huit principautés réunies par le seul lien de la communauté de culte, et qu'ils destinaient aux plus influents d'entre eux. On ne sait pas quelles places ils réservaient aux catholiques dans cette organisation. Quoi qu'il en soit, Richelieu, en renversant leur rempart, rendit vain ce dernier effort du fanatisme enté sur les débris de la féodalité.

C'était une haute politique, et non (*) De l'état du protestantisme en France depuis le seizième siècle, par M. Aignan.

un zèle inconsidéré, qui avait dicté la conduite du cardinal; aussi, après avoir abattu les forces du parti, respectat-il les libertés de la secte. Mazarin suivit son exemple. Les calvinistes redevinrent citoyens, toute distinction entre les Français des deux croyances disparut un moment. La carrière des honneurs fut même ouverte aux réformés, et Rulhières, dans ses Éclaircissements sur les causes de la révocation de l'édit de Nantes, leur rend cet honorable témoignage, que les satires dirigées contre les financiers furent suspendues lorsque les principaux emplois de la finance se trouvèrent occupés par des protestants, et plus tard, quand, par un retour d'intolérance, la carrière des fonctions publiques leur fut interdite, l'industrie, florissante entre leurs mains, paya généreusement à la patrie le reste de protection que le souverain continuait à leur accorder.

Mais, tandis que les calvinistes perdaient graduellement la faveur momentanée dont ils avaient joui, un corps puissant, par une gradation contraire, s'était élevé dans l'Église et dans l'État. Satellites avancés du chef romain, les enfants de Loyola épiaient en France le moment de frapper l'hydre de l'hérésie. Ils avaient obtenu l'oreille d'un vieux monarque, qui avait vu s'évanouir ses gloires terrestres, et s'étaient assurés de l'active coopération de la calviniste convertie qui partageait la couche royale. Leurs prédicateurs tonnaient contre les réformés, qu'ils n'appelaient que les portes de l'enfer et les prostituées de Satan. En 1682, la France venait d'humilier Rome par la déclaration de son clergé. Peut-être fut-ce aux yeux du roi une obligation de plus de donner à la chrétienté une éclatante preuve de sa foi. La conversion des hérétiques fut la pieuse victoire que l'on offrit à son zèle. La Chaise, Letellier et Louvois en répondaient. Il n'y eut pas de séductions mondaines qu'on n'offrît aux calvinistes pour qu'ils consentissent à se laisser engager dans le chemin du salut. Mais on trouva bien

tôt que a voie de la persuasion ne menait pas assez vite au but. Hâtonsnous d'ajouter pourtant que le zèle religieux n'animait pas seul Louis XIV. Depuis longtemps, le patriotisme des calvinistes s'était effacé devant leurs sympathies religieuses; dans la lutte de la France contre la Hollande, leurs vœux n'avaient pas été pour la mère patrie; ils entretenaient des intelligences coupables avec l'étranger (voyez CAMISARDS et CÉVENNES), qui comptait sur leur appui, et qui les avait même décidés à se soulever dans plusieurs provinces. A la veille d'une guerre contre l'Europe entière, devaiton laisser dans le pays une secte nombreuse et hostile qui pouvait, riche comme elle l'était, faire une diversion dangereuse, et porter de nouvelles atteintes à l'unité et à l'indépendance nationales? On se décida donc à frapper un grand coup, et Louis XIV, ên 1685, déchira l'édit de son aïeul. Mais, on doit le reconnaître, si sous le rapport politique cette mesure était nécessaire, sous plus d'un autre rapport elle eut de graves inconvénients. En employant la force, disons-le, la violence, pour faire rentrer au bercail des brebis égarées, la France livra à l'étranger cinq cent mille de ses plus utiles citoyens. En vain, sous des peines sévères, l'émigration fut-elle défendue: les manufactures se dépeuplèrent; Schomberg loua son épée aux Anglais, et un autre réfugié alla préparer chez eux cette machine, à juste titre nommée infernale, qui faillit, en 1693, détruire Saint-Malo. Nous conviendrons encore que les moyens de conversion employés par Louis XIV furent odieux, et que les dragonnades seront une honte éternelle et pour ceux qui les ordonnèrent, et pour ceux qui ne rougirent pas de les approuver. Qui oserait dire que c'était le seul moyen à employer à l'égard d'une secte qui avait donné à la France Turenne et Duquesne, et qui pouvait présenter à l'estime de ses compatriotes des hommes tels que Ramus, le restaurateur de la philosophie en France; le sculpteur Jean Goujon; Ambroise Paré, le premier

chirurgien de son siècle; les Estienne; Olivier de Serre, le père de l'agriculture française; Joseph Scaliger, un des plus savants hommes de son temps; Bernard Palissy, le créateur de la chimie industrielle, et l'érudit Basnage!

Une fois rentré dans la voie des rigueurs, le pouvoir poursuivit par tous les moyens la tâche qu'il s'était imposée. Ainsi, une déclaration de 1693 frappa de bâtardise les enfants des calvinistes qui n'avaient point abjuré. Privés de la jouissance de leurs temples et du ministère de leurs pasteurs, leurs pères avaient été réduits à aller faire consacrer leurs mariages au désert, c'est-à-dire, dans des réunions qui se tenaient dans quelque lieu isolé où l'on espérait tromper l'œil jaloux des persécuteurs, mais qui, plus d'une fois, furent dispersées par le fer et le feu. Quand, traqué dans les campagnes comme dans les villes, le calvinisme se fut réfugié derrière les pics des Cévennes, l'impitoyable Louvois y donna à la France épouvantée le spectacle d'une Saint-Barthélemy prolongée.

Sous Louis XV, ce prince dont la foi s'émut en découvrant une protestante parmi les filles de son sérail, on vit le parlement de Grenoble condamner, en 1747, trois cents calvinistes, les hommes aux galères, et les femmes à la réclusion; et dans ce même dix-huitième siècle, au sacre de Louis XVI, Turgot ne put faire rayer du formulaire que devait jurer le roi, le serment d'exterminer les hérétiques. Hâtons-nous d'arriver à des actes plus éclairés et plus humains. Malesherbes, dans un chaleureux mé moire présenté en 1785, réclama l'état civil pour les protestants. Ce droit leur fut accordé, sur le rapport du baron de Breteuil, et l'édit fut enregistré dans la séance royale de 1787.

La révolution de 1789, en proclamant le principe de la liberté des cultes, rendit enfin aux calvinistes tous les droits qu'ils avaient perdus. Depuis 1802, le culte calviniste est officiellement reconnu par l'État, qui

en salarie les ministres. La confession

de foi, qu'on regarde comme sa règle,

T. IV. 3 Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

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fut rédigée dans le synode tenu à la Rochelle en 1571; mais le temps a apporté des modifications à l'œuvre du réformateur. La conduite des disciples de Calvin se distingue aujourd'hui par cette tolérance dont nous avons vu qu'il était si éloigné lui-même, et par ce doux enseignement moral que nous avons signalé comme l'élément qui manquait le plus à sa doctrine. Les ministres réformés de France ne sont plus orthodoxes, il est vrai, aux yeux d'un bon nombre de leurs coreligionnaires de l'étranger, qui trouvant trop de morale et pas assez de dogme dans leurs instructions, les accusent de tendre à abandonner la loi évangélique pour les simples préceptes de la raison humaine. C'est une question qu'il ne nous appartient pas de décider. Nous n'irons pas non plus rechercher jusqu'à quel point on peut reconnaître les cent erreurs que reproche aux calvinistes le P. Gaultier dans sa chronique, et à plus forte raison les quatorze cents que leur impute le P. François Fenardent dans sa Theomachia calvinista.

Nous croyons devoir terminer cet article par quelques mots sur les différentes dénominations qui ont servi à désigner en France les partisans de la réforme de Calvin. Le terme générique de protestants, le plus en usage aujourd'hui, mais qui s'applique à une foule de sectes différentes; leur a été donné par suite de la protestation que firent, en 1529, les réformés contre la diète de Spire, qui voulait déférer à un concile le jugement de leur doctrine. Celui de huguenots, que l'on employa presque exclusivement pendant les guerres de religion du seizième siècle, et que l'on écrivit d'abord égnots, vient de l'allemand Eid-genossen, qui signifie allié par serment. Il désigna d'abord, selon Maimbourg, les Génevois qui s'étaient réunis aux habitants de Fribourg contre le duc de Savoie, et ne s'appliqua exclusivement aux calvinistes que quand ceuxci furent devenus le parti dominant à Genève. On employa encore le nom. de sacramentaires pour désigner ceux des protestants qui. comme les zwin

gliens et les calvinistes, adoptèrent le sens figuré dans l'explication des paroles sacramentelles de l'eucharistie.

CALVISSON, petite ville du département du Gard, à douze kilomètres de Nîmes; population, deux mille six cent quatre-vingt-douze habitants. Cette ville, qui était autrefois une des vingtdeux baronnies des états de Languedoc, fut érigée en marquisat en 1644. CAMAIL.-Vêtement ecclésiastique qui doit son origine à la chape des anciens temps, ou tout au moins au capuchon des moines. Ce ne fut que vers la fin du quatorzième siècle ou au commencement du quinzième, que les chanoines et les autres ecclésiastiques commencèrent à s'en revêtir. Un concile tenu à Bâle en 1435, un concile provincial, pour le diocèse de Reims, tenu à Soissons en 1456, et les conciles provinciaux de Sens, en 1460 et en 1485, défendirent aux chanoines de porter le camail pendant les offices divins; mais un autre concile provincial du diocèse de Sens, tenu à Paris, en 1528, ayant révoqué cette défense tous les gens d'Église ont porté, depuis ce temps, le camail à l'église, sauf quelques clercs réguliers dans le temps où il y en avait. On lit dans nos vieux historiens que les chevaliers avaient, en mailles de fer, une armure de tête que l'on appelait camail, ou mieux, cap de mailles. Il est présumer que c'est de là que vient, sinon le camail des gens d'Église, du moins le nom que porte ce vêtement.

CAMALDULES, ordre d'ermites, soumis à la règle de Saint-Benoît, fondé vers le dixième siècle par saint Romuald, gentilhomme de Ravennes, dans la solitude de Camaldoli, au milieu des Apennins. Ces religieux portent l'habit blanc, la barbe longue, et sont chaussés de sandales. Ils avaient six maisons en France avant la révolution. Celle de Grosbois (Voy. ce mot), où résidait le supérieur général, était la plus considérable.

CAMARGUE (la), Camaria, ou insula de Camaricis, grande île formée par les deux branches principales du Rhône à son embouchure. Cette île renferme neuf villages, un grand nom

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