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guide, causaient du désordre dans les rangs. Alors on eut recours aux mercenaires grecs, hyrcaniens, parthes et saces. Les premiers nous ont appris que la paye était d'une darique, c'est-à-dire d'un ducat par mois.

Germains.

Nous avons plus d'une fois indiqué les ressemblances qui exis- Origine, des tent entre les Perses et les Germains, thème sur lequel se sont exercés beaucoup de savants modernes, dont quelques-uns ont prétendu retrouver la patrie des Germains dans le Kerman antique; un Écossais a même tracé la route suivie par ce peuple pour venir de la Perse jusque dans sa patrie. La principale base de ce système est le langage. Bien qu'il ne soit pas vrai, comme l'a avancé Leibnitz, que des lignes entières, écrites dans l'idiome persan, sont comprises par un Allemand (1), il est certain que tous les dialectes persans offrent un grand nombre de racines, d'inflexions; de constructions germaniques, ainsi que de mots danois, islandais, anglais, tout à fait gothiques (2); et, chose plus étrange encore, ils suivent en partie les règles extrêmement bizarres de la versification islandaise (3). Mais quiconque nous aura suivi dans nos appréciations, ne se laissera pas entraîner à

(1) Integri versus persice scribi possunt, quos Germanus intelligat. Ed. d'Hanovre, p. 152.

(2) ADELUNG, dans le Mithridates, I, 284, a recueilli deux cent vingt et une racines allemandes, tirées du parsis. Les infinitifs se terminent aussi dans cette langue en ten et den: les articles et les préfixes der, bi, gi, correspondent aux der, be, ge allemands, etc., etc.

Ainsi, en langue zende, fretem signifie grandeur, fretaum, nourrissant ; en islandais, Freya, nom d'une divinité mentionnée aussi par Tacite, veut dire force nutritive. En zend, thranfd signifie aliment, et, en danois, trives, s'engraisser; en zend, troupeau se dit gueochte, et, en danois, gueg. En parsis, Dieu s'appelle Khouda, et en suédois, Gud; en anglais, God; Got en allemand. En pehlvi, saint se dit halaëh, en islandais, halog, et en allemand, heilig, etc. Les Perses appelaient dar, c'est-à-dire porte, le palais de leur roi, comme les Turcs d'aujourd'hui, et porte se dit, en danois, dor; en allemand, thor; en anglais, door. Les Grecs appelèrent Pasargade la ville capitale de la Perse, et, quand nous trouvons qu'en islandais parsa gard signifie camp retranché, nous acquérons la certitude que Parsagard devait être le véritable nom de cette ville, altéré ensuite par les écrivains classiques.

Tir est, chez les Persans, le nom de l'ange qui préside aux troupeaux de bœufs et au mois de juin; or, selon l'Edda des Scandinaves, Tyr est le dieu de la force aveugle, le dieu des batailles, avant qu'il soit supplanté par Thor et par Odina En danois et en suédois, taureau se dit tyr: nous pouvons donc croire que la divinité adorée par les Cimbres sous l'emblème d'un taureau d'airain n'était autre que celle de l'Edda.

(3) Comparez GLADWIN, Persian Rhetorices, avec la Scalda ou avec OLAFSEN, Poétique des anciens Scandinaves (Danois).

Langue zende.

des déductions partiales; il n'apercevra dans ce fait qu'une conséquence de la communauté d'origine entre tout ce groupe de peuples que nous avons appelés indo-germaniques, surtout s'il réfléchit que des ressemblances pareilles et plus grandes encore se rencontrent entre l'allemand et le sanscrit, entre celui-ci et le grec et le latin: un critique (1) a même fait remarquer tout récemment que l'ancien slave, qui ressemble beaucoup au persan, a plus d'affinité avec l'allemand et l'islandais que les idiomes slaves modernes.

Le zend, dans lequel sont écrits les livres sacrés, est donc une langue intermédiaire entre le sanscrit et les idiomes germaniques, plus concise et plus mâle que le premier (2). Il paraît décidé qu'il faut désormais classer parmi les sémitiques les caractères cunéiformes, figures de coins ou plutôt de queues d'aronde ou dards qui vont de haut en bas ou de droite à gauche, élément unique dont les combinaisons forment l'alphabet entier; le zend, au contraire, avait un alphabet qui tient du système sanscrit et du chaldaïque, ressemblant à celui-ci par la forme des caractères, et s'écrivant de droite à gauche, mais reproduisant les voyelles usitées en Europe et toutes les articulations de l'indien (3). On n'a pas encore découvert où cette langue fut parlée; peut-être était-elle particulière à la classe sacerdotale, tandis que les guerriers parlaient le pehlvi, langue de la cour des successeurs de Cyrus, et encore vivante parmi quelques tribus septentrionales de la Perse, comme les Paddares du Chirvan on a fait une traduction des livres sacrés dans cet idiome, qui a été employé dans beaucoup d'inscriptions de l'époque des Sassanides. Mais ces princes introduisirent dans la suite le parsis, dialecte des Pharsistans, probablement en usage chez les anciens Perses; car on y retrouve les racines de la plupart des noms perses conservés par les Grecs et les Latins. Il fut plus tard banni par les Arabes dans le cinquième siècle. Lorsque les Dilémites, en 977, le remirent en honneur, il

(1) SCHLOEZER, dans l'édition de Nestor.

(2) Voyez, sur le zend et son affinité avec les langues germaniques, un mémoire de M. Eugène Burnouf dans le Journal asiatique, 2o série. t. IX, p. 53 et suiv. Voyez encore: Burton, Historia veteris linguæ persicæ, Londres, 1657. Paulin de S. Barthélemy, de Antiquitate linguæ zendicæ dissertatio, Rome, - Rask, Ueber das Alter und die Echtheit der zend Sprache, Berlin, De Bohlen, de Origine linguæ zendicæ, Journ. des Sav., août 1832. J. A. Vullers, Institutiones linguæ persicæ cum sanscrita et zendica lingua comparatæ, Giessen, 1840. (Note de la 2o éd. française. )

1798.
1826.

(3) BURNOUF, Vendidad Sadé. —BOPP, Grammaire comparée.

reparut étrangement altéré et mélangé, et constitua le persan mo- Langue parsis. derne ou déri; mais le parsis, qui s'était répandu dans la cour du

Grand Mogol, fut conservé par les Guèbres, adorateurs du feu,

et immortalisé par le poëme de Firdoussy (1).

Toute la littérature qu'il nous a laissée consiste dans les Littérature. livres zends (2): ils font vivre vers l'an 1000 Lokman, l'auteur des apologues, dont ils racontent les mêmes merveilles que les Indiens de Vichnou-Sarma, et les Grecs d'Ésope. Il ne faut probablement voir en lui, comme en eux, qu'un personnage collectif auquel ont été attribuées des productions successives du même genre (3). Uschenk, qui d'abord porta le nom de Picsdad, parce

(1) Il a écrit : « L'idiome des Perses était divisé en sept dialectes: le souki, l'harohi, le sagzi, le sevali, tombèrent et désuétude; mais le parsis, le déri, le pehlvi sont encore en usage. Le parsis, qui se distingue par sa douceur, se parle principalement sur le territoire d'Istakhar; le déri, issu de l'antique parsis, et vanté pour sa perfection et son élégance, se parle surtout à Balk, MervichahDjihan et Boukara, quelques-uns disent aussi à Bedackhan. » Le kurde est du persan mêlé de chaldéen, comme le pehlvi.

(2) Voyez le mémoire de M. E. Burnouf sur la langue et les textes zends dans le 10° volume de la 2e série du Journal asiatique, p. 5, 237, 320, et dans les volumes suivants. Voyez aussi le commentaire du même orientaliste sur le Yaçna, Paris, 1835, vol. in-4°. (Note de la 2e éd. française.)

(3) Ces fables, qui existent en arabe, furent publiées en latin en 1676 : c'est le livre sur lequel on commence d'ordinaire l'étude de la langue arabe, comme celle du grec sur les fables d'Ésope.

Lokman est en si grande réputation parmi les Orientaux, qu'un de leurs proverbes dit: Il n'est pas besoin d'enseigner à Lokman, comme les Latins disaient: Ne sus Minervam. Mahomet, attentif à caresser les sympathies des peuples qu'il voulait gagner à sa foi, lui décerne de grandes louanges dans le chapitre Xxxi du Coran, qui, par ce motif, est intitulé Lokman : « J'ai donné ( dit Dieu ) à Lokman l'intelligence, et je lui ai enseigné à me rendre grâces. Celui qui remercie Dieu de ses bienfaits rend service à son âme, parce que Dieu a en horreur les ingrats, et un tribut de louanges doit lui être payé en tout lieu. Souviens-toi que Lokman dit à son fils:... O mon fils, ne crois pas qu'un autre puisse être égal à Dieu; ce serait un horrible péché. J'ai commandé à l'homme d'honorer son père et sa mère. Sa mère l'enfante et le nourrit pendant deux années. N'oublie pas les bienfaits de Dieu. Honore ton père et ta mère, parce qu'un jour tu comparaîtras au tribunal de l'Etre suprême, etc. >>

Tout le chapitre continue ainsi en admonitions que Mahomet attribue à Lokman; aussi les mahométans l'ont-ils en grande estime et l'appellent-ils Al-Hakim, le sage. On raconte qu'il naquit en Éthiopie, d'une famille obscure; ayant été vendu comme esclave, il erra de pays en pays, puis s'en vint en Israël lorsque David et Salomon y régnaient. Toujours esclave, il s'endormit à la chaleur du jour et fut réveillé par les anges, qui le saluèrent en lui disant : «< Lokman, nous venons, messagers de Dieu, ton créateur et le nôtre, pour te dire qu'il changera ton sort en celui d'un monarque, et que tu seras son vicaire sur la terre. » Après un instant de silence, Lokman répondit : « Si Dieu me destine le sort << que vous dites, que sa volonté soit faite; mais j'espère qu'il ne me refusera

qu'il avait toujours à la bouche les mots justice, équité, compósa le livre du Droit éternel Dgiavidam Khired (1), qui existe encore; mais nous n'oserions affirmer qu'il soit réellement une

«< pas sa grâce pour que je puisse exécuter ses commandements. Si pourtant sa << bonté me laissait le choix, je préférerais rester dans l'obscurité et éviter le danger de l'offenser. Sans cela, les honneurs ne sont qu'un fardeau. » Dieu l'exauça, et lui donna tant de sagesse qu'il put composer dix mille apologues et sentences morales, dont chacune valait mieux que le monde entier. Une autre fois qu'il se trouvait au milieu d'une foule qui l'écoutait attentivement, un Hébreu lui demanda s'il n'était pas l'esclave noir qu'il avait vu peu de temps auparavant tondre les moutons: << Oui, c'est moi, répondit Lokman.

« Et comment as-tu fait des progrès si rapides dans la vertu ? reprit cet homme.

<< Sans beaucoup de peine, repartit Lokman; j'ai toujours dit la vérité, toujours tenu ma parole; je ne me suis pas mêlé des affaires qui ne me regardaient pas.» Son maître l'avait envoyé avec d'autres esclaves cueillir des fruits dans le jardin; ceux-ci mangèrent les meilleurs, puis jurèrent au maître que c'était Lokman. « C'est chose facile à vérifier, dit Lokman: buvons de l'eau tiède, puis prenons-nous la main, et mettons-nous à tourner en rond. >>

L'expérience faite, il fut le seul à rejeter l'eau pure. Le narrateur persan auquel nous empruntons cette anecdote ajoute: « Quand au jour du jugement nous boirons tous de cette eau destinée à l'épreuve, tout ce que nous aurons caché à la vue des hommes apparaîtra aux regards de l'univers, et l'hypocrite qui passait pour un saint sera couvert de confusion. >>

Chacun saura bien faire des rapprochements faciles entre Lokman et l'Ésope de Phrygie si connu de tout le monde. Ce dernier vivait, si toutefois il a existé, sous le règne de Crésus; Lokman, du temps de David. Il ne saurait donc y avoir de doute sur celui des deux qui aurait emprunté à l'autre ; mais peut-être Vichnou-Sarma florissait-il avant tout autre; or, quand nous songeons à quel point la croyance de la métempsycose est enracinée chez les Indiens, nous inclinons à penser que la fable a pris naissance dans l'Inde.

En voici, au surplus, quelques-unes de Lokman :

L'OIE ET L'HIirondelle.

<< L'oie et l'hirondelle, s'étant associées, allaient ensemble en quête de leur nourriture. Il advint qu'elles furent surprises par des oiseleurs. L'hirondelle, les ayant aperçus, s'envola rapidement ; mais l'oie, ne pouvant faire usage de ses ailes, fut prise et tuée. »

L'ENFANT DANS LA RIVIÈRE.

« Un enfant s'élança un jour dans une rivière sans savoir nager. Il ne s'en fallait de rien qu'il ne se noyât. Un homine, accouru à ses cris, se mit à lui faire des reproches. Mais l'enfant répondit : « Sauvez-moi d'abord, vous me gronderez après.

LE CHIEN DU FORGERON.

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« Un forgeron avait un chien qui, tandis que son maître travaillait, dormait de la bonne manière; mais, aussitôt qu'il cessait de battre l'enclume pour se mettre à table avec ses compagnons, le chien se réveillait immédiatement. Le forgeron lui dit un jour : « Méchant animal, comment, lorsque le bruit des marteaux ne te réveille jamais, entends-tu le mouvement des mâchoires qui en font si peu ? »>

(1) D'Herbelot le confond à tort avec Kalila et Dimna. DE SACY parle du Dgia

traduction véritable de l'ancien ouvrage : il est du moins trèsantérieur à l'islamisme, et peut donner une idée des maximes qui servaient de règles de conduite aux Perses. Sa forme proverbiale le rapproche beaucoup de nos livres de la Sa-. gesse.

<< Dieu est principe et fin; ce n'est qu'à lui qu'il est utile d'avoir << recours : les actions de grâces ne sont dues qu'à lui.

« Les œuvres sont le soutien de la science; les œuvres reposent << sur la loi; accomplir la loi, c'est observer le juste milieu.

<< Les œuvres de piété se divisent en quatre classes: science, << pratique, simplicité de cœur et renoncement aux choses mon<< daines.

<< Tout ce qui est nécessaire à l'homme se réduit à quatre qua«lités savoir, prudence, abstinence, justice.

« La douceur consiste à renoncer à la vengeance quand on en << a le pouvoir.

« Trois choses ne s'obtiennent pas à l'aide de trois autres : les « richesses, par les désirs; la jeunesse, avec le fard; la santé, << par les médicaments. Trois choses acquièrent du prix de trois << circonstances: secourir les malheureux quand on souffre soi« même de la faim; dire la vérité quand on est en colère; par« donner lorsqu'on est puissant. >>

Quant aux beaux-arts, il faut chercher les monuments de l'Iran Monuments. antérieurs à Cyrus dans la Grande-Médie ou Irak-Agemi, avec partie du Kurdistan; là, près de Kirmancha, dans les lieux appelés Takti-Bostan, montagne du Jardin, et Bisoutoum (Baghistan), sans colonnes, se voient les ruines des constructions attribuées à Sémiramis. C'est dans cette contrée aussi qu'il faut chercher les débris d'Ecbatane, résidence des rois mèdes, bâtie par Déjocès à l'endroit où s'élève aujourd'hui Hamadan.

Mais, dans la Perse proprement dite, ou dans le Pharsistan, apparaissent les restes les plus authentiques et les plus remarquables de la grandeur des Achéménides. On y trouve les ruines de Persépolis ou Estakar, confondue quelquefois avec Pasargade (1),

vidam Khired, dans les Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, t. IX, 1831, p. 1.

(1) Opinion soutenue par HEEREN.

C. FR. Hock a résumé les travaux et les opinions des voyageurs et des érudits jusqu'à J. Morier et Heeren, sur les monuments persans (Veteris Persiæ et Mediæ monumenta ; Goettingen, 1818 ).

HAMMER, dans le Wiener Jahrbücher der Litteratur, t. VII et VIII, continua cette revue jusqu'au second voyage de Morier et à celui de sir W. Ouseley.

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