Ce neuvième monument du premier âge de la langue latine devrait être classé dans le second âge; car, à l'époque où ce senatus-consulte fut publié, Tarente était prise depuis plus d'un demi-siècle, Ennius habitait Rome depuis plusieurs années, Plaute avait fait jouer la plus grande partie de ses pièces, et Térence était né. Cependant, avant d'entrer dans cette ère nouvelle de la latinité, nous citerons encore quelques épitaphes de la sépulture des Scipions. 1o Sur un fils du premier Scipion l'Africain : QUEI APICEM INSIGNE DIALIS FLAMINIS GESISTEI, BREVIA, HONOS FAMA VIRTUSQUE GLORIA ATQUE INGENIUM: QUIBUS SEI FACILE FACTIS SUPERASES GLORIAM MAJORUM. QUARE RUBENS TE IN GREMIU SCIPIO RECIPIT TERRA PUBLI, PROGNATUM PUBLIO, CORneli. 2o Sur un fils de Cn. Cornélius Scipio nHispallus: CN. CORNELIUS GN. F. SCIPIO HISPANUS (sic). PR. AID. Q. TR. MIL. II. XVIR. LS. JUDIK XVIR sac. Fac (1). VIRTUTES GENERIS MIEIS MORIBUS ACCUMULAVI PROGENIEM GENUI FACTA PATRIS PETIEI MAJORUM OBTENNI LAUDEM UT SIBI ME ESSE CREATUM LETENTUR; STIRPEM NOBILITAVIT HONOR. 3o Sur un fils de Scipion l'Asiatique, petit-fils de Scipion l'Africain : L. CORNELI. L. F. P. N. SCIPIO QUAIST TR. MIL. ANNOS GNATUS XXXIII MORTUOS PATER REGEM ANTIOCO Pour clore cette série de monuments épigraphiques, nous rapporterons « S'il s'en trouve qui contreviennent à ce qui a été dit plus haut, il a été décidé qu'il leur serait intenté un action capitale. « Vous graverez ce décret sur une table d'airain, le sénat l'a ainsi décidé; et vous le ferez sceller dans le lieu où il sera le plus facile d'en prendre connais sance. « S'il existait quelques Bacchanales, à moins qu'elles ne soient consacrées par la religion, ainsi qu'il a été dit plus haut, vous ferez en sorte que, dans les dix jours de la réception de ce décret, elles aient disparu du territoire de Teura. » Traduction de M. Le Bas, Hist. rom., t. I, p. 538 ( Paris, Didot, 1847). » (1) C'est-à-dire : prætor, ædilis curulis, quæstor, tribunus mil., decemvir litibus judicandis, decemvir sacris faciundis. Il fut préteur vers 142 av. J.-C. une formule de dédicace, de l'an 645 de Rome, trouvée dans des fouilles à Capoue (Orelli, 2487): HEISCE MAGISTREIS VENERUS JOVIE MURUM AEDIFICANDUM COIRAVERUNT (pour cURAVERUNT ). SER. SULPICIO M. AURELIO COSS. Enfin le second âge de la langue latine s'inaugure (vers l'an de Rome 540, avant J.-C. 213 ); c'est Livius Andronicus et Cnéius Nævius qui en ouvrent l'histoire pour la poésie, comme pour la prose Fabius Pictor. Que dire de Plaute et de Térence, la gloire de cette époque? Leurs chefsd'œuvre sont connus. En conséquence, nous bornerons nos citations à quelques fragments choisis dans les poëtes contemporains et dans ceux qui les ont précédés ou suivis. Ils suffiront à l'esquisse du développement et des progrès de la langue et des lettres latines : NÆVIUS (1) (mort l'an de Rome 550 ). Quæ ego in theatro hic meis probavi plausibus, Sic Pœni contremiscunt artibus; universim Etiam qui Manu res magnas sæpe gessit gloriose, Cujus facta viva vigent nunc, qui apud gentes solus præstat, Une fille prie son père de ne pas la séparer de son mari : F. Injuria abs te afficior indigna, pater; Nam si improbum Cresphontem exstimaveras, Cur me his locabas nuptiis? Sin est probus, Cur falem invitam invitum cogis linquere? (1) On lui attribue l'invention des vers saturnins, Saturnium in honorem dei Nævius invenit. VARRON, VI. P. Nulla te indigna, nata, afficio injuria; Si probus est, bene locavi; sin est improbus, Erravi; post cognovi et fugio cognitum. Voici l'épitaphe que s'est composée Nævius, et qu'Aulu-Gelle a qualifiée de plenum superbiæ campanæ : Mortaleis immortaleis flere si foret fas, ENNIUS (mort l'an de Rome 584). Quam preimum cascei popolei tenuere latini.... Non habeo denique nauci Marsum augurem, At tuba terribilei sonitu tarantatara dixit. Moribus antiqueis res stat romana vireisque Stolidum genus Aeacidarum Homo qui erranti comiter monstrat viam, Nihilominus ipsi luceat, cum ille accenderit (1). Nec mi aurum posco, nec mi precium dederitis, Fortibus est Fortuna vireis data... Africa terribilei tremit horrida terra tumoltu Marsi filius in dictus popolaribus olleis Quei tum veivebant homines, atque aivom agitabant, Unus homo nobis curetando restituit rem ; Eo ego ingenio natus sum, amicitiam Philosophandum est paucis, nam omnino haud placet. Cæsa accidisset abiegna ad terram trabes; Colchis imperio regis Peliæ, per dolum! Nam numquam hera erraus mea domo efferet pedem Ego Deûm genus esse semper dixi et dicam cœlitum. Sed eos non curare opinor quid agat humanum genus; Nam si curent, bene boneis sit, male maleis, quod nunc abest. (1) Vers admirables par la simplicité, par la clarté de l'expression, et plus encore par le sentiment moral qu'ils renferment : « L'homme qui remet gracieusement dans la bonne voie celui qui s'égare, agit pour lui comme s'il lui permettait d'allumer son flambeau au sien ; il n'a rien perdu de sa propre lumière pour en avoir donné à un autre. »> (2) Traduit de la Médée d'Euripide, Eï0' åpeλ' "Apyouç, V. 1. Épitaphe de Scipion l'Africain : A sole exoriente supra Mæoti' palude Épitaphe d'Ennius par lui-même: Adspicite, o ceiveis, senis Ennii imagini' formam, PACUVIUS ( mort l'an de Rome 623). Nam istis qui linguam avium intelligunt, Ego odi homines ignava opera, et philosopha sententia. Comme Nævius, comme Ennius, Pacuvius a fait aussi son épitaphe : Adulescens, tametsi properas, hoc te saxum rogat Heic sunt poetæ Pacuvii Marcei sita Ossa. Hoc volebam nescius ne esses; vale. LUCIUS ATTIUS (vers l'an 938 de Rome). Nihil credo auguribus, qui aures verbis divitant Multi iniqui atque infideles regno, pauci sunt boni. Visum est in somnis pastorem ad me adpellere |