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six puissances appelées amschaspands par les Parses. Le premier est Bahman, ou le bon vouloir; le second, Ardibehesct, la sincérité; le troisième, Schariver, l'équité; le quatrième, Sapandomad, la piété, génie particulier de la terre; le cinquième, Kordad, la puissance; le sixième, Amerdad, l'immortalité. A la suite de ces archanges viennent vingt-huit izeds, rois ou chefs de l'armée céleste (1), et autant de fervers, ou anges, qu'il y a d'êtres. La loi a son ferver, qui est son esprit et sa vie. Ormuzd a le sien, puisque l'Éternel se contemple dans le Verbe tout-puissant, et cette image de l'être ineffable est le ferver d'Ormuzd. Chaque jour a son ange; l'année a le sien, toutes les conceptions de l'esprit et les affections ont le leur. Les fervers sont, en un mot, le monde invisible, type du monde visible; ainsi la religion des mages se présente sous l'aspect d'un véritable idéalisme, avec un caractère essentiellement moral. C'est pourquoi la liturgie offre de fréquentes invocations aux anges et les litanies de leurs perfections; l'adoration de ces anges est un abus qui devait s'introduire facilement dans le magisme.

Ormuzd façonna d'abord la voûte des cieux, puis la terre sur laquelle elle est étayée, et où il éleva le mont Albordi, dont la cime se dresse à travers toutes les sphères célestes jusqu'à la lumière primitive. C'est là qu'il fixa son séjour. Du sommet de cette montagne, le pont Chinevad conduit à la voûte des cieux (Gorotman), demeure des fervers et des bienheureux, suspendue sur l'abîme (Douzak) où règne Ahrimane.

Afin de soutenir la lutte contre Ahrimane, lutte qu'il savait devoir

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(1) Quelques-uns veulent reconnaître les sept planètes dans les sept amschaspands, d'autres le soleil, la lune, le feu, l'eau et leurs différents aspects; mais, dans le véritable système du Zend-Avesta, ce sont des êtres mythologiques trèscomplexes. PLUTARQUE les représente sous un singulier point de vue lorsqu'il dit : «< Oromaze créa six dieux le premier de la bienveillance, le second de la vérité, le troisième de la justice; puis ceux de la science, de la richesse, de la joie, fruit de la vertu. ( D'Isis et d'Osiris, ch. XLVII.) Les noms des vingthuit izeds ou génies sont : Mithras, Corseid, Aban (génie de l'eau ), Aser (du feu), Anahid (planète de Vénus), Aniran ( première lumière ), Ard et Arsching (femelles ), Ardvisour ( céleste source des eaux; vierge, fille d'Ormuzd ), Arstad ( génie de l'abondance), Asman (ciel, opposé à Douzak, l'abîme), Barzo ( génie de l'Albordi, auxiliaire de Taschter-Beram), Daman, Din (génie de la loi), Farvardim ( génie des fervers), Gosc ( qui donne tous les biens), très-rapproché de Goschoroum (âme des animaux), Mah ( la lune ), Mansrespand ( génie de la parole divine), Neriosengh ( génie du feu qui anime les rois), Parvand ( en rapport avec Ard), Ramesné Carom ( génie de la révolution du temps et du ciel, ainsi que des plaisirs durables), Rasné Rast ( génie de la vérité et de la justice), Serosc Taschter ou Tir (astre de la pluie ), Vad ( génie du vent), Venant (astre qui donne la santé), Zemiad ( génie de la terre). Voy. le Zend Avesta de KLEUKER, I, 16; RHODE, HAMMER, SEEL, etc.

commencer à la fin du premier âge, Ormuzd tint prête une armée splendide dont faisaient partie les cieux, le soleil, la lune et les étoiles. Il réserva pour lui la dernière des trois sphères célestes, où il établit son trône au sein de l'ineffable lumière; au-dessus de ce trône il plaça le soleil, qui tourne autour de la terre dans une sphère supérieure, puis la lune, qui gravite dans une sphère un peu plus basse; enfin il distribua dans une région plus inférieure encore les cinq planètes secondaires et l'innombrable multitude des étoiles. Les astres sont divisés en douze bataillons dirigés par les constellations zodiacales, et ils forment en tout six millions quatre cent quatre-vingt mille êtres combattant contre Ahrimane. Quatre sentinelles veillent aux quatre points cardinaux, et une cinquième est postée au centre.

Ahrimane, venant du sud et s'étant allié aux planètes, opposa à la création des êtres de lumière celle des êtres ténébreux, égaux aux premiers en nombre et en force. Eschem, démon de l'envie, avec sept têtes, est le chef des dévis et l'antagoniste de Sérosc, prince de la terre; des génies inférieurs obéissent aux sept dévis principaux. Les fils de la lumière croient et adorent; ceux des ténèbres disent peut-être.

Quelques efforts que fit Ormuzd pour conserver la paix, Ahrimane, ne respirant que la haine et la colère, engagea le combat; mais bientôt, ébloui, confondu à la vue de l'Éternel et des fervers, il renonça à son entreprise, et, vaincu par la parole puissante du Bien, il fut plongé dans l'abîme, où il passa toute la seconde ère.

Cependant Ormuzd continuait la création lumineuse; mais Ahrimane, loin de s'endormir, opposait à chaque créature de lumière, une créature de ténèbres douée d'une puissance égale. Ainsi naquirent d'autres dévis et leurs chefs, distribués dans un ordre analogue aux amschaspands et aux izeds.

Les deux créations terminées, Ormuzd régnait encore seul avec les siens sur la terre, et avait produit le taureau primitif, contenant le germe de toute la vie organique, quand Ahrimane, au commencement du troisième âge, voyant son temps arrivé, envahit le royaume d'Ormuzd. Il s'avança à la tête de sa légion, qu'il laissa en arrière pour s'élancer contre les cieux; mais il fut saisi d'un tel effroi qu'il sauta de là sur la terre sous la forme d'un serpent: il pénétra jusqu'au centre du globe, se glissant dans tout ce qu'il contenait, même dans le taureau et dans le feu, symbole visible d'Ormuzd, et le souilla de fumée. De la terre il remonta au ciel, à la tête des siens, en répandant partout l'impureté et les ténèbres; enfin Ormuzd, avec ses anges et les fervers des justes, le refoula de

nouveau dans le profond Douzak, après une bataille de quatrevingt-dix jours et d'autant de nuits. Cependant il n'y demeura point, et, s'étant frayé un chemin à travers la terre, il partagea l'empire avec Ormuzd. Depuis lors, tout ce qui est entre le ciel et la terre resta divisé en lumières et en ténèbres, en jour et en nuit.

Le taureau mourut de ses blessures; mais de son épaule droite sortit Kaïoumort, le premier homme; de la gauche, Goschoroum, âme du taureau, qui devint le génie tutélaire de la création animale. Ormuzd fit naître de Goschoroum deux autres taureaux, d'où provinrent toutes les espèces d'animaux purs. Leurs cornes produisirent les fruits; leur nez, les plantes potagères; leur sang, le raisin; leur queue, vingt-cinq espèces de grains. Ahrimane se vengea en créant un monde impur: de là, deux séries d'êtres vivants qui sont ici-bas dans une hostilité perpétuelle.

Mais Ahrimane ne sut rien opposer au premier homme; c'est pourquoi il résolut de le faire périr. Kaïoumort, mâle et femelle, accomplissait alors sa trentième année. Au moment de sa mort, sa liqueur prolifique s'épancha sur le sol, où le soleil la purifia; des génies tutélaires veillèrent sur elle; après quarante ans révolus, Ormuzd en fit sortir un arbre qui continua à croître durant dix années, sous la figure d'un homme et d'une femme accouplés. Ses fruits étaient dix couples humains à chaque récolte, et dans le nombre furent Meschias et Meschiane, premiers parents de l'espèce humaine.

Ils vivaient innocents et purs; mais, séduits par Ahrimane, ils burent du lait de chèvre et goûtèrent certains fruits qui leur firent perdre les cent béatitudes, une seule exceptée. La femme fut la première à sacrifier aux dévis. A cinquante ans, ils engendrèrent Siamek et Veschak. Ils moururent à cent ans, et ils subiront dans les enfers le châtiment de leur péché jusqu'au jour de la résurrection.

La mort ne fut introduite sur la terre que par Ahrimane, à cause du péché du premier homme; mais elle est une délivrance pour le Perse, qui lui doit la fin de sa lutte contre le mal. Les âmes des mortels, créées toutes dès le principe par Ormuzd, habitent le ciel, d'où elles sont contraintes de descendre pour s'unir aux corps et accomplir le pèlerinage terrestre, sentier à double issue. Celles qui ont fait le bien, sont reçues par les esprits célestes et conduites au pont Chinevad sous la garde du chien Soura (1); les autres y sont

(1) Chez les Égyptiens, c'est Sirius Anubis qui guide les âmes, et il est, ainsi que le Soura des Perses, préposé comme sentinelle à la garde des étoiles. Nous

traînées par les dévis. Là, elles sont toutes jugées par Ormuzd: celles des justes traversent le pont et sont accueillies dans le séjour de la félicité, au milieu des transports de joie des amschaspands; celle des méchants sont précipitées dans l'abîme, au sein de tourments atroces qui dureront en proportion des péchés, et qui peuvent être abrégés par les expiations des parents et des hommes d'une vie sainte; mais la plupart y resteront jusqu'à la consommation des siècles.

Avant qu'elle arrive, et lorsque les hommes, livrés à la merci d'Ahrimane, auront enduré tous les maux, Ormuzd enverra le prophète Sosiosc pour les préparer à la résurrection universelle. Tout à coup Gourzscher, comète malfaisante, se dérobant à la garde de la lune, s'élancera sur la terre et l'embrasera. Tous les êtres, Ahrimane lui-même et les siens, devront passer à travers ces torrents de flammes pour se purifier durant un espace de temps proportionné (1). Puis, l'incendie éteint, il en sortira une terre nouvelle, pure, parfaite, telle qu'elle était au moment de la création, et qui ne périra plus. Ormuzd y apparaîtra d'abord, puis Ahrimane, chacun avec les siens, comme prêtres de l'Éternel, pour célébrer ses louanges, consommer le sacrifice et faire régner sa sainte loi (2).

avons laissé aux lecteurs le soin de remarquer les concordances de cette cosmogonie avec celles d'autres religions.

(1) Plutarque rapporte une opinion, soutenue encore par une secte des Parsis et appuyée sur certains passages des livres sacrés, selon laquelle Ahrimane et les siens, essentiellement pervers, seraient anéantis.

(2) MM. Vullers et Olshausen s'étaient proposé de recueillir et de publier tout ce qu'ils trouveraient chez les Orientaux de relatif à Zoroastre; nous ne savons s'ils persistent dans cette intention. Vullers a déjà fait paraître : Fragmente über die Religion des Zoroasters (Bonn, 1831), avec des commentaires étendus où sont cités plusieurs passages d'auteurs divers qui fournissent des lumières sur cette religion. Nous rapporterons deux courts extraits de l'Oulemaï Islam, autrement interprétés que par Anquetil et Vullers, et conformes à la correction de Sylvestre de Sacy.

A cette demande : « Le monde est-il éternel? » il est répondu comme il suit : « Tout ce qui est susceptible de formation et de destruction a nécessairement une cause. Avoir une cause ne saurait convenir à Dieu. Il faut donc conclure que le monde n'a pas toujours existé et qu'il fut créé. Or une chose créée doit avoir un créateur. En outre, dans la religion pelvi ( c'est-à-dire des anciens Perses), professée par les disciples de Zoroastre, on croit le monde créé; or une chose créée suppose de nécessité un créateur. Mais qui le créa? quand? comment? pourquoi ?

<< Dans la religion de Zoroastre, il est évident que tout fut créé, excepté le Temps; le créateur est le Temps, puisque le Temps n'a ni limites, ni hauteur, ni profondeur (racine); il a toujours été et sera toujours. Quiconque a l'esprit sain ne demandera pas d'où vient le Temps. Malgré ces prérogatives insignes pos

Chacun aura pu remarquer que les connaissances astronomiques se mêlent à ces doctrines, de même que dans tout le système persan. Les douze mille ans dans l'espace desquels se développe la création céleste et terrestre, divisés en quatre âges, sont empruntés à la division de l'année en mois et en saisons; il est même dit, dans quelques passages du Zend-Avesta, que la création fut terminée en six époques et trois cent soixante-cinq jours: ce fut en mémoire de cela que Schemschid institua l'année, distribuée en six Gahambars, du nom des six fêtes célébrées par Ormuzd après chacun de ses travaux. Ces fêtes étaient rappelées par les solennités des Perses. Le Neurouz, ou nouvel an, se célébrait au mois de farvardin, vers l'équinoxe de printemps (1); le Meherdgian, ou

sédées par le Temps, il n'était personne qui voulût lui donner le nom de créateur. Et pourquoi ? Parce qu'il n'avait rien créé. It créa ensuite le feu et l'eau ; et lorsqu'il les eut mis en contact, Ormuzd reçut l'existence. Alors le Temps fut créateur et seigneur, par suite de la création opérée...

« Le Temps fixa la durée et la divinité d'Ormuzd; et la mesure est de douze mille ans. Il fit le firmament, l'empyrée et les principales étoiles qui y sont attachées (les constellations); il assigna mille ans à chacun des douze signes qui sont dans le firmament. L'œuvre spirituelle (la création des esprits) fut terminée en trois mille ans; alors le Bélier, le Taureau et les Gémeaux dirigeaient le monde chacun pendant un espace de mille ans.

(1) Parmi les nombreuses fêtes des Persans modernes, quelques-unes remontent très-haut. Celle de Goul-ryze, c'est-à-dire de la profusion des roses, est déjà mentionnée par les anciens comme d'usage à l'entrée des rois. Il faut ajouter la fête des flammes (Idi-nir am ), celle des eaux ( Abri-Zegan), celle des sacrifices (Idi-Kourban ), le Ramazan et le petit Bayram à la musulmane, l'Aschoura ou martyre de Houssan et Houssein. Mais la plus splendide de toutes et la seule qui soit civile est celle du nouvel an (Neurouz ).

Le jour de l'équinoxe du printemps, des salves de canons et de mousquets annoncent la fête au peuple. Les astrologues se rendent en costume magnifique au palais du roi ou du gouverneur de la province, quelques heures avant l'équinoxe, pour en observer l'instant. Ils font un signal lorsqu'il est arrivé, et alors les décharges d'artillerie, les fanfares, le son des timbales, des cors et des trompettes, retentissent dans les airs. A Ispahan, pendant les huit jours que dure la fête, la musique ne cesse pas devant la porte du roi; on y voit des danses, des feux d'artifice, des comédies, comme dans une foire, et c'est une huitaine de réjouissances générales.

Les Persans appellent aussi cette solennité la Fête des habits neufs, parce qu'il n'est personne, si pauvre qu'il soit, qui ne renouvelle alors les siens, et les riches en changent chaque jour. On fait partout échange de cadeaux, et l'on s'envoie la veille des œufs peints ou dorés. Le roi en distribue quelques cents dans son sérail, aux principales dames, dans de riches bassins. L'œuf est revêtu d'or, et l'on voit sur les côtés quatre figurines ou miniatures très-fines. Il y en a qui coûtent jusqu'à 300 sequins.

Le moment de l'équinoxe passé, les grands, la tête couverte du tadge orné de pierres précieuses, vont souhaiter la bonne fête au roi, dans la voiture la plus légère.qu'ils puissent se procurer, et tous lui offrent des présents, des bijoux, des

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