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rants mongols, comme Gengis-Kan, ou comme Haïder-Ali, qui était toujours accompagné de quarante écrivains.

Telle fut l'origine des Chroniques officielles, déposées à Suze, à Ecbatane, à Babylone; malheureusement, ce que le temps avait épargné fut détruit par les mahométans.

Néanmoins, de même que l'on conserve les Védas à l'est de l'Indus, ainsi l'on possède en deçà des livres de la plus haute antiquité, dans un alphabet et une langue dont l'usage est perdu, et qui sont vénérés comme le fondement de la religion nationale. Naskas est leur nom; Zoroastre, leur auteur présumé, et la langue, le zend, langue dont on vient à peine de découvrir les éléments; il est donc difficile d'en tirer des inductions, d'autant plus que le manque de toute chronologie positive empêche de déterminer l'âge de ces livres, même par comparaison.

Les Hébreux, surtout pendant leur servitude, en ont parlé quelquefois, et l'on voit que Daniel connut la religion de ces peuples, à laquelle Ézéchiel emprunta quelques-unes de ses images. L'auteur du livre d'Esther, ainsi qu'Esdras et Néhémie, nous ont introduits dans les palais de ces souverains. Les Grecs, auxquels manquait le sentiment de la civilisation orientale, défigurèrent les faits et passèrent pour menteurs, lorsque leur seul tort était souvent d'avoir mal compris. Hérodote et Ctésias purent probablement consulter les archives et les annales dans lesquelles les rois de Perse faisaient consigner tous les événements notables: la Retraite des Dix mille et les Helléniques de Xénophon sont riches en détails pleins de vérité et d'exactitude, rapportés avec la naïveté qui est le caractère des mémoires; et, quoique la Cyropédie soit un roman, un œil exercé peut aisément discerner la vérité dans le tableau qu'a peint le disciple de Socrate pour représenter l'idéal d'un monarque parfait et d'un empire heureux à l'orientale. D'autres historiens entremêlèrent aux vicissitudes de leur patrie les événements concernant la Perse (1); mais il y a lieu de s'étonner que, non contents

(1) Strabon, Arrien, Philostrate, dans la Vie d'Apollonius; DIOGÈNE Laerce, CLÉMENT D'ALEXANDRIE, Eusèbe, dans la Préparation évangélique; DAMASCIUS, Des Principes; PLUTARQUE, PLINE L'ANCIEN, QUINTE-CURCE, les auteurs de l'Historia augusta, JUSTIN, etc.

On peut consulter de plus :

MALCOLM, History of Persia.

BARNABÉ BRISSON, De régio Persarum principatu, libri III; compilation excellente pour tout ce qui concerne les usages, les lois, les croyances, et devenue plus importante par les notes de Sylburg, édit. de Lederlin.

PASTORET, Histoire de la législation. — Zoroastre, Confucius et Mahomet; Paris, 1787.

d'en altérer l'ordre et le temps, ils aient même défiguré les noms; ce qui ferait croire que la plupart étaient des titres ou des surnoms. Ainsi, on appelait Darius le puissant, Xerxès le guerrier, et les diverses nations qui leur obéissaient auront traduit ces mots dans leur langue, ou les auront adaptés aux circonstances qui leur étaient propres (1).

En poursuivant notre récit, interrompu au règne de Sardanapale, nous chercherons à tirer le meilleur parti possible de l'étude critique des écrivains grecs et hébreux, et nous dirons qu'Arbace, satrape de Médie, et Bélésis, satrape de Babylone, lesquels s'étaient révoltés contre ce prince, devinrent les chefs de deux dynasties (2).

bactrien. 759.

Les Mèdes, montagnards farouches, belliqueux et indépen- Empire médodants, originaires d'un pays froid et mal cultivé, s'amollirent une fois descendus dans les plaines de l'Asie, où ils étendirent leur empire jusqu'au Tigre et à l'Ali. Ainsi qu'il arrive d'ordinaire, les commencements de cette révolution furent orageux; les principaux chefs, ne se croyant obligés à l'obéissance envers personne, ne reconnaissaient pour loi que leur volonté. Enfin Déjocès, magistrat politique ou juge, parvint à se concilier l'opinion publique,

BECK, Anleitung zur allgem. Weltgeschichte.

DOROW, Morgenlandische Alterthümer. La première livraison contient une savante dissertation de GROTEFEND sur les monuments persans symboliques. LICHTENSTEIN, Tentamen paleographix Assyrio-Persicæ.

VANS KENNEDY, Examen de l'histoire persane, selon les musulmans, antérieure à Alexandre le Grand, dans les Transactions of the litterary society of Bombay.

L. DUBEUX, la Perse, Univers pittoresque; Paris, Didot, 1841.

Les voyageurs plus récents, NIEBÜHR, Reise nach Arabien; OLIVIER, Voyage dans l'empire ottoman et la Perse; BRUYN, Voyage dans le Levant; CHARDIN, FRANKLIN, FORSTER, abondent en renseignements sur tout ce qui concerne l'antiquité comparée.

De Hammer a inséré des travaux importants sur la Perse dans les Annales de Vienne, de Heidelberg, et dans les Fundgruben des Orients, bearbeitet durch eine Gesellschaft von Liebhaber.

Voyez aussi, quant à la langue : RICHARDSON, On the language of eastern nations, au commencement du Dictionnaire persan, et WASH, Histoire des langues orientales.

Burnouf, dans le vol. X de la 2me série du Journal asiatique, p. 5, 237, 320, disserte sur la langue et les textes zends, outre le Commentaire sur l'Yaçna; Paris, 1835, 2 vol, in-4°.

(1) Müller, dans le Journal asiatique, 1839, p. 300, démontre que les noms de l'Astyage grec, de l'Azidaac pelvi, du Doac ou Zoac des Persans modernes, et de l'Aïdaac des Arméniens, sont tout à fait identiques.

(2) La chronologie est très-incertaine; les uns font régner Sardanapale de 797 à 759, les autres de 707 à 667.

Déjocès. 710-657.

au point de paraître le seul capable d'apporter remède aux maux de la patrie. Il promulgua des lois, institua des magistrats, fit rendre la justice; puis, dégoûté du pouvoir, il y renonça. Aussitôt, comme alors qu'une digue est rompue, les désordres reprirent leur cours avec une nouvelle violence; Déjocès, auquel on eut recours pour les apaiser, prit le titre de roi, et établit une monarchie non moins rigide que celle des Assyriens. Renfermé dans son sérail, à l'abri de murailles fortifiées, visible seulement pour les officiers du palais, auxquels devait s'adresser celui qui avait à lui parler (1), il punissait de mort quiconque osait rire ou cracher en sa présence. Il fonda Ecbatane, qu'il fit entourer de sept murailles, l'une plus élevée que l'autre de toute la hauteur des créneaux : chaque enceinte était distinguée par la couleur différente de ces créneaux, blancs, noirs, rouges, bleus et orange; les deux derniers rangs étaient, l'un argenté, l'autre doré (2).

(1) L'échanson Sacas était l'introducteur auprès d'Astyage. Voy. Cyropédie, I, 3.

(2) Ecbatane, qui devint ensuite la capitale de l'ancienne Médie Atropatène, dans son plus grand développement, était, selon Hérodote (I, 98), égale en étendue à Athènes, y compris le Pirée. Selon Polybe (X, 27), le palais seul du roi avait sept stades de tour, et Diodore (XVII, 110) donne à la ville une circonférence de deux cent cinquante stades (environ 40 kilomètres). En lisant dans la version latine du livre de Judith, Arphaxad ædificavit civitatem potentissimam quam appellavit Ecbatana, on doit remarquer que le texte grec dit: Kai ᾠκοδόμησεν ἐπ' Εκβατάνων κύκλῳ τείχη, c'est-à-dire: « il construisit des murs autour d'Ecbatane. >>

Les sept enceintes de cette ville représentaient les sept sphères célestes, et leurs couleurs étaient affectées particulièrement aux dieux qui présidaient aux planètes et leur servaient de guides. Winkelmann non plus que les hellénistes n'attachèrent pas grande importance à l'usage allégorique des couleurs, et ne comprirent pas l'architecture symbolique; il est pourtant hors de doute que, dans l'art antique, certaines couleurs étaient rituelles. Ainsi, Saturne, Memnon, OsirisSérapis, Knef-Ammon-Agathodémon-Nil, Vischnou-Narajana, Krischna, Bouddha, étaient noirs ou bleu foncé, probablement parce qu'ils se rapportaient à l'eau; Jupiter, couleur de terre ou de feu, comme Ita et Çiva-Ganesa; Mars, rouge, comme Sabramania, Osiris-Horus, Sem ou Somi, etc.; le Soleil, couleur d'or; Vénus, de pourpre; on faisait Mercure d'une pierre azurée; le temple de la Lune, en pierre verte. Voy. GEORRES, Mythengeschichte. JEAN-LAUR. LYDUS dit : « Le rouge était consacré à Mars, le blanc à Jupiter, le vert à Aphrodite, le bleu à Kronos et à Poseidon... en rapport avec les quatre éléments; le rouge étant dédié au feu pour sa couleur, le vert à la terre pour les fleurs, le bleu à l'air, le blanc à l'eau; ou bien aux quatre saisons, c'est-à-dire le vert au printemps, le rouge à l'été, le bleu pâle à l'automne, le blanc à l'hiver. C'était un mauvais présage pour les Romains quand (dans les combats du cirque) le vert avait l'avantage, etc. » Jo.-LAUR. LYDUS, de Mensibus, liv. III, c. 25-56.

Cette symbolique des couleurs a une grande part dans les monuments, ainsi que dans les cérémonies chrétiennes. Indépendamment de la couleur différente

La nation était divisée en six castes, sur lesquelles dominaient les mages, les prêtres et les guerriers. Les rois ne pouvaient révoquer une loi promulguée : immobilité conforme au génie oriental, qui excluait le progrès et le redressement des erreurs ou des abus reconnus, tandis qu'elle ne mettait aucun obstacle à l'arbitraire absolu du monarque (1). Les Mèdes se peignaient le tour des yeux, mettaient du fard et portaient de faux cheveux ; ils étalaient un grand luxe en manteaux et en colliers d'or, en chevaux aux caparaçons et aux freins en or (2). Les fils du roi étaient élevés au milieu de la lâche soumission des eunuques; la polygamie n'était pas seulement permise, mais commandée. Néanmoins nous ne saurions concilier deux faits rapportés par Strabon : l'un, que dans les pays de montagnes tout homme devait avoir au moins sept femmes; l'autre, que la femme était méprisée si elle avait moins de cinq maris.

des ornements, certaines parties des églises gothiques ont des couleurs prescrites; l'abside est d'or et d'azur; Marie, reine des cieux, est revêtue du manteau bleu, couleur de l'air; Jésus-Christ, soleil naissant, est habillé de rouge. Les couleurs des bannières, dans nos processions, celles du costume des cardinaux, etc., sont symboliques.

Le nombre sept revient à chaque instant dans les annales des Perses. Le roi a sept conseillers et sept eunuques principaux (Esther, I, 10); sept jeunes filles servaient Esther (II, 9); sept capitaines commandaient l'armée sous les ordres du général (Hérod., V, 17). Le banquet donné au peuple de Suze dura sept jours (Esther, I, 5). Il y avait sept temples principaux consacrés au feu. Généralement, les nombres ne sont jamais arbitraires dans les institutions de l'antiquité. A Rome, les trois cents sénateurs correspondent aux jours des dix mois de l'année cyclique. Carthage avait cent quatre sénateurs, c'est-à-dire le double des semaines d'une année. Les trois cent soixante maisons d'Athènes, les trois cent soixante amphictyons étaient en rapport avec les jours de l'année solaire, comme les sénateurs de Rome avec ceux de l'année cyclique. C'est ainsi qu'il y a trente sénateurs à Sparte, trente confréries chez les Souliotes modernes, trente ducs longobards, et que la truie aperçue par Énée à l'endroit où Rome s'éleva depuis, avait mis bas trente petits trente villes composaient la confédération latine; trente Sabines furent enlevées par les Romains, et Romulus donna leur nom aux trente curies. Les collines de Rome étaient au nombre de sept, de deux fois sept les quartiers d'Auguste, de sept ceux de Rome chrétienne; il y avait douze tribus d'Israël ; les Pélasges avaient fondé douze cités sur le Pô, en Étrurie, au midi du Tibre.

A Athènes, les douze πόλεις étaient distribuées en douze δῆμοι, douze φρατρίαι, douze quλaí: l'aréopage commence avec les douze dieux; douze vautours apparaissent à Romulus; il y a douze dieux scandinaves, douze compagnons d'Odin, douze chevaliers de la Table ronde d'Arthur, douze paladins à la cour de Charlemagne.

(1) Cela indique seulement, sans doute, le respect que le souverain devait avoir pour les priviléges de chaque caste.

(2) Xénophon (Cyropédie, II, 3) représente Cyrus comme élevé dans la sobriété des Perses, par opposition à la mollesse de la cour d'Astyage (I, 3).

Phraorte. 657-635.

Cyaxare.

€34.

625.

Déjocès régna cinquante-trois ans, et eut pour successeur Phraorte, qui fit la conquête de la Perse, fut vaincu par les Assyriens, et tué dans la vingt-deuxième année de son règne. Cyaxare, son fils, recouvra ses États, et forma ses sujets à l'art militaire, qui jusque-là n'avait consisté qu'en excursions dévastatrices. Cela ne le mit point à l'abri des Scythes et des Cimmériens, dont les hordes pénétrèrent dans le pays, et le rendirent leur tributaire durant vingt-huit années, au bout desquelles il s'affranchit de la même manière que les Siciliens se délivrèrent des Français. Il fit ensuite la guerre aux Lydiens; puis, s'étant allié avec le roi de Babylone, il alla combattre Chinaladan, roi des Assyriens. Cette nation avait perdu l'empire de l'Asie, mais s'était conservée indépendante jusqu'au moment où Cyaxare s'empara de Ninive et détruisit ce royaume. Cyaxare eut pour successeur Astyage, dernier roi des Mèdes, qui fut détrôné par Cyrus.

Tel est le récit d'Hérodote; mais Diodore, copiant Ctésias, qui avait consulté les archives de la Perse, raconte de tout autres événements sous des noms bien divers. Selon lui, Mandace aurait succédé à Arbace et régné dix-huit ans; puis, Sésarme aurait régné trente ans, Artyès cinquante, Arbiane vingt-deux, Artée quarante, Artinès vingt-deux. Ce dernier aurait eu à soutenir de rudes combats contre les Saces et les Cardusiens; enfin, après avoir donné un règne de quatorze ans à Artibarne, il fait commencer la dynastie d'Astyage. Xénophon parle aussi d'Astyage, mais lui donne pour successeur Cyaxare II, son fils.

Lequel croire? Faut-il rejeter leurs récits comme fabuleux, ainsi que l'exigeraient la longueur des règnes et leurs circonstances miraculeuses? ou faut-il supposer que Diodore a confondu, avec celle des Mèdes, une autre dynastie régnant dans les mêmes contrées et sortie de la même révolution?

Babylone, ayant secoué le joug des Assyriens, tombe sous la domination des Chasdjim ou Chaldéens. Quel était ce peuple dont parle tant l'antiquité? Représentait-il les habitants primitifs qui renaissaient alors? Était-il nomade, ou ce nom de Chasdjim était-il commun à tous les barbares du Nord? Leurs hordes, descendues un siècle auparavant dans le Kurdistan, où les Curdes actuels semblent perpétuer leur race, se seraient-elles répandues dans la Mésopotamie, puis mises à la solde des Assyriens, jusqu'à ce que, soumettant ces derniers, elles eussent, avec leur empire, usurpé dans la postérité la gloire acquise à leur savoir? ou bien encore est-ce le nom d'une caste sacerdotale qui se serait servie de la valeur des peuples du Caucase pour s'emparer du pouvoir dans la

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