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aujourd'hui les Ossètes. Leur idiome offre de si nombreuses ressemblances avec le perse, le zend, le curde, que Klaproth les considère comme descendant des Mèdes.

Les Perses donnaient aux Scythes le nom de Saces, qui signifie chiens; le souvenir récent de leurs incursions, qui pouvaient à chaque instant se renouveler, faisait regarder comme nationale une guerre contre eux. Non-seulement, la race dominatrice ou noble prenait les armes pour les combattre, mais tous les peuples soumis étaient obligés d'en faire autant : ce qui rendait les armées innombrables et mettait obstacle à la discipline. Ce fut ainsi que Darius rassembla sept cent mille soldats; mais, comme il s'approchait du pays des Scythes, on lui apporta de la part de l'ennemi un oiseau, un rat, une grenouille et cinq flèches; langage symbolique des temps héroïques qu'un sage lui interpréta en ces termes : Si tu ne t'envoles comme un oiseau, ou ne te caches sous la terre comme un rat, ou ne te plonges dans les eaux comme une grenouille, tu n'echapperas pas aux flèches des Scythes (1).

Il est, en effet, mal aisé de subjuguer des peuples errants et sauvages. Après avoir passé le Dniester, le Bog, le Dnieper, le Don, et gagné les steppes nues de l'Ukraine, Darius eut à combattre la même tactique qui, de nos jours, triompha de Napoléon. Les Scythes, fuyant sans cesse devant la cavalerie légère de Darius, dévastaient le pays, tombaient sur la tête ou sur la queue de l'armée, sur les corps détachés, sur les maraudeurs, et disparaissaient aussitôt; aussi, vaincu sans jamais avoir pu combattre, le roi se vit obligé par la faim de faire retraite. Son expédition, néanmoins, ne fut pas sans résultat; car il occupa la Thrace et la Macédoine, mettant ainsi le pied en Europe, où il commença à faire la guerre aux Grecs.

Il fut plus heureux dans son entreprise contre l'Inde, où il avait envoyé d'abord le Grec Scylax pour explorer les pays et reconnaître les contrées le long de l'Indus; il y pénétra ensuite, et soumit à la domination perse le territoire montagneux situé au nord de ce fleuve, qui devint ainsi la frontière de son empire. Cependant, Aryande, l'un de ses satrapes, entreprit une expédition

(1) Dans le Schah-Nâmeh, Dara (Darius) fait présenter au Grec Sekander (Alexandre) une balle, une raquette et un sac de graines de sésame, le traitant en enfant par le don des deux premiers, et le sac faisant allusion à son innombrable armée. Sekander prit la raquette et, s'en servant pour lancer le ballon, il dit : « Voilà comment je ferai sauter la puissance de Dara, et je ferai de son armée comme cet animal de cette graine, » et il la donna à becqueter à un poulet. Il envoya en retour à Dara une coloquinte, par allusion à l'amertune qu'il lui causerait.

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en Egypte contre Barca, afin de punir les meurtriers du roi Arcésilas; après avoir détruit cette ville, il en transporta les habitants en Asie. En somme, l'empire de Darius eut pour confins, au sud, la mer des Indes, le golfe Persique et la péninsule Arabique dont les déserts opposèrent à tous les conquérants une barrière infranchissable; au nord, la mer Noire, le Caucase et la mer Caspienne, qu'aucune armée ne dépassa avant celle de Gengis-Kan; à l'est, l'Indus; à l'ouest, la Méditerranée : l'Euphrate le divisait en deux parts.

La haine des Grecs contre un monarque qui ne cessa de menacer leur indépendance, valut à sa mémoire de violentes attaques; on alla jusqu'à dire qu'un vieillard nommé Ébasus, l'ayant prié de lui laisser au moins un des trois fils qu'il avait sous les drapeaux pour soutenir sa vie défaillante, Darius lui répondit: Je veux faire plus, je te les laisse tous les trois, et qu'il les fit égorger. Mais les traditions perses, ainsi que l'injonction qu'il fit aux Carthaginois de s'abstenir des sacrifices humains, nous le représentent bien différemment.

Le fait le plus important de son règne est l'apparition de Zoroastre, le réformateur de la religion.

CHAPITRE III.

RELIGION DES MAGES (1)..

La religion des Perses ou Parsis est originaire des mêmes montagnes où prit naissance celle de l'Inde. Simple dans son principe et dirigée vers l'adoration de Dieu, dans la création qui le révèle,

(1) ZOEGA, Abhandlung, etc., avec les notes de WELCKER.

J. G. RHODE, Die heilige Sage und das gesammte Religions-System der alten Baktrer, Meder und Perser, oder des Zendvolks.; Francfort-sur-Mein, 1820. Voir aussi dans son Beytrage zur Alterthumskunde, etc., l'important traité Ueber Herodot und die Glaubwürdigkeit seiner Geschichten, besonders in Hinsicht der Religion und Geschichte der alten Perser.

SEEL., Die Mithrageheimnisse wahrend der vor-und urchristlichen Zeit, Aarau, 1823. C'est un assemblage confus de passages empruntés à ses devanciers.

HYDE, de Religione veterum Persarum, Oxon., 1700 : le premier qui ait fait des recherches sur le Zend-A vesta. Ce livre sacré fut rapporté par Anquetil du Perron, et publié sous le titre de Zend-Avesta, ouvrage traduit de Zoroastre; Paris, 1771. J. K. Kleuker le traduisit en allemand (1776, 1782, 1783),

dans les éléments, dans les fleuves, dans les astres les plus apparents, son culte n'avait point de temples; il était célébré sur la cime des monts par le sacrifice de certains animaux.

On donne aux Perses, pour premier législateur, Hom ou Homanès, que l'on vit paraître sur le mont Albordi, où il habite encore dans un palais soutenu par cent colonnes. Symbolisé par

avec des additions fort importantes, surtout les passages des auteurs grecs et latins sur la religion persane, réunis dans l'introduction.

W. JONES, Lettre à M. Anquetil, etc.; Londres, 1771; MEINERS et TYCHSEN, Mémoires, dans les Commentaires de la Société de Gottingen, ont écrit aussi sur le Zend-Avesta. WILLIAM ERSKINE, dans deux mémoires des Transactions of the literary society of Bombay, t. II, 1820, nie l'authenticité du livre. EUG. BURNOUF a publié une nouvelle traduction des écrits de Zoroastre, dans laquelle il rectifie les erreurs commises par Anquetil.

RASK, De l'antiquité de la langue zende et de l'authenticité du ZendAvesta; Copenhague, 1826.

EICHHORN, de Deo Sole invicto Mithra, dans les commentaires de l'Académie de Gættingue.

On peut voir les discussions engagées entre les Français, les Anglais et les Allemands, sur l'authenticité du Zend-Avesta et sur Zoroastre, résumées par Anquetil et Keukler jusqu'à Tychsen et Heeren, dans une note de M. Guizot sur Gibbon, tome II, p. 7 (Paris, 1819). Rhode, particulièrement dans son grand ouvrage Die heilige sage, etc., Enleitung, sans rechercher si les innombrables livres attribués à Zoroastre par l'antiquité sont ou non de lui, s'enquiert si les parties que nous en avons aujourd'hui sont vraiment celles que possédaient les anciens Perses; et il soutient, à l'aide de preuves intrinsèques et extrinsèques, que les livres zends sont une portion des livres sacrés que les Perses attribuaient à Zoroastre avant la conquête d'Alexandre, et un fragment des différents Nosks ou livres de l'Avesta. Il s'efforce laborieusement d'assigner une date à ces divers fragments, dont il juge les uns antérieurs, les autres postérieurs à Zoroastre, à qui il en attribue quelques-uns, et notamment le Vendidad. Le Bundehesc pelvi est une compilation d'auteurs d'époques diverses.

L'Académie des inscriptions et belles-lettres, en 1821, puis en 1823, proposa un prix pour la comparaison des monuments qui restent de l'ancien empire persan et chaldéen, soit en édifices, en bas-reliefs, statues, soit en inscriptions, amulettes, monnaies, pierres gravées, cylindres, etc., avec les doctrines et les allégories religieuses contenues dans le Zend-Avesta, ainsi qu'avec tout ce que les auteurs hébreux, grecs, latins et orientaux, nous ont conservé sur les opinions et les usages des Perses et des Chaldéens, en éclaircissant les uns par les autres. Aucun des concurrents n'a jusqu'ici dignement rempli la tâche.

En 1825, elle proposa ce sujet : Déterminer l'origine et la nature du culte de Mithras; signaler ses rapports avec le culte de Zoroastre et avec les autres systèmes religieux répandus dans la Perse; décrire les cérémonies et les emblèmes du culte; faire connaître l'époque et les causes de son introduction dans l'empire romain; remarquer les changements qu'il subit en se combinant avec les opinions religieuses et philosophiques des Grecs et des barbares; en retracer enfin l'histoire aussi complétement que possible, d'après les auteurs, les inscriptions et les monuments de l'art. Le prix fut décerné à M. FÉLIX LAJARD, et l'on accorda une mention honorable au baron de Hammer.

l'étoile du Sirius, il est lui-même le symbole de la première parole, l'arbre de la science, de la vie, et sa personnalité s'est perdue au milieu des mille idées astronomiques, physiques, mystiques accumulées sur lui. Peut-être prêcha-t-il aussi aux Indiens sa doctrine toute simple, lorsqu'ils étaient réunis aux Ériens : ce qui expliquerait les nombreuses ressemblances qu'on remarque dans la partie la plus ancienne de leurs croyances. Il paraîtrait que sous le règne de Schemschid, il aurait institué les mages (1), chargés de garder et d'enseigner la loi qui lui avait été révélée ; ils formaient une tribu particulière, comme les Lévites d'Israël, et peut-être comme les Chaldéens d'Assyrie, avec lesquels on les a souvent confondus. Néanmoins, ils ne constituaient pas une caste héréditaire; on les choisissait parmi la fleur de chaque tribu, et leur éducation les faisait passer par différents degrés. D'abord erbèdes, ou disciples, ils devenaient ensuite mogbèdes, maitres ou préfets; enfin, destour-mogbèdes, ou maîtres supérieurs. Des étrangers même étaient admis dans leurs rangs par grande distinction, comme le furent Daniel et Thémistocle. Ils portaient une écharpe, non pas au cou comme les brahmines, mais en ceinture, et le borsom, faisceau de verges attachées avec un ruban. Ils avaient à subir un long noviciat pour exercer leur patience; ainsi, il leur fallait creuser la terre jusqu'à ce qu'ils trouvassent de l'eau, passer à travers le feu, jeûner dans la solitude. Tout ce qui concerne la religion et la science était de leur ressort, comme interpréter les livres sacrés, observer le cours des astres, deviner l'avenir d'après leurs divers aspects et d'après les songes. Ils prenaient aussi part aux affaires publiques, étaient chargés de l'éducation du roi, siégeaient dans le conseil et dans les tribunaux, se mêlaient de l'administration du royaume, bien qu'ils n'eussent pas le sceptre, et, par l'autorité du ciel, ils limitaient celle du monarque.

Il serait extrêmement difficile de dire quelle était précisément l'ancienne doctrine des mages médo-bactriens; mais l'antiquité est unanime pour leur attribuer le culte du feu, joint au sabéisme et à l'astrologie, éléments communs à presque toutes les religions antiques. Il paraît qu'ils croyaient à deux principes (2), repré

(1) Mag ou mog, dans la langue pelvi, signifie prêtre; dans l'ancien idiome irlandais, science; en langue arménienne, sage.

(2) Dans le système des deux principes, très-ancien et dominant en Orient, le principe du bien est assimilé au jour, celui du mal à la nuit. Cela explique beaucoup de passages de l'Écriture, où le bien est indiqué par la lumière, et le mal par les ténèbres. Ainsi, nous lisons dans les psaumes: Exortum est in te

sentés par la lumière et les ténèbres; mais ils conservaient un ancien culte de Mithras en rapport avec celui des Assyriens et des Indiens.

La réforme que Zoroastre introduisit dans un temps de civilisation avancée, ne permet pas de reconnaître le sens primitif et les applications naturelles des noms et des hiérarchies.

Zoroastre est un de ces grands noms autour desquels la tradition accumule les faits les plus éloignés et les plus divers, et dont la trop vive splendeur confond au lieu d'éclairer. Quelques-uns le font vivre six mille ans avant notre ère; Volney le croit contemporain de Ninus, douze siècles avant J.-C.; d'autres voient le Darius, fils d'Hystaspe des Grecs, dans Gustasp contemporain de Zoroastre ; ce qui placerait ce dernier à la fin du sixième siècle (1).

nebris lumen rectis corde, — Fiant vix eorum tenebræ; et dans l'Évangile : Qui in tenebris et umbra mortis sedent; et dans la première épître de saint Jean: Quoniam Deus lux est, avec ce qui suit dans les chapitres I et II. Job dit: Rursus post tenebras spero lucem; l'Évangile : Vos estis lux mundi. C'est dans ce sens que nous implorons pour les morts la lumière éternelle, et que ceux qui nous aiment empruntent au soleil une étincelle, pour illuminer notre demeure souterraine (FOSCOLO). Peut-être faut-il entendre ainsi les ténèbres palpables de l'Égypte; quelques-uns ont pensé que le Fiat lux de la Genèse se rapportait à la création des anges, comme la séparation des ténèbres au châtiment infligé aux rebelles.

On voit sur beaucoup de vases étrusques une étoile au front de certains personnages, peut-être pour indiquer les bons; comme chez nous l'auréole distingue les saints. Hésiode appelle la nuit mère de toute tristesse, Homère appelle çiç ou pάos toute félicité; dans le premier livre de l'Iliade, il compare à la nuit Apollon irrité, et, dans le onzième de l'Odyssée, comme dernier trait de l'horrible peinture qu'il fait d'Hercule, il le compare à la nuit ténébreuse. Secourir les phalanges en déroute, c'est leur porter la lumière, et les capitaines disent: << Voyons s'il y a moyen de porter là la lumière! »>

(1) GORRES, HYDE, ANQUETIL, KLEUKER, HERDER, J. MUELLER, MALCOLM, HAMMER et autres. - Heeren, combattant l'opinion de Kleuker et de Tychsen, nie absolument que l'apparition de Zoroastre soit aussi récente, et il inclinerait à la rapporter au temps de Cyaxare, quatre-vingts ans avant Darius, mais non pas à coup sûr postérieurement au septième siècle av. J.-C. Platon fit le premier mention de Zoroastre, qu'il dit fils d'Oromaze (Alcibiade, I). D'autres le nomment Zaratas, Zaratus, et assignent à son nom différentes étymologies. En zend, on l'appelle Zeretoschtro, en pelvi Zeratoscht ou Zeradoscht, en parse Zerduscht. De quelque manière qu'on écrive ce nom, il paraît se rapprocher de Zere, couleur d'or, épithète donnée à Hom et à Taschter, étoile de Sirius. Souvent, dans les livres parses, on y joint le titre honorifique de sapetme ou sapetman. Les anciens lui attribuaient une quantité d'oracles magiques, que l'on crut longtemps des impostures néoplatoniciennes; mais la découverte des livres zends démontra que le fond du moins et les idées capitales sont antiques (Sibyllina oracula; accedunt oracula magica Zoroastri; Amsterdam, 1689, édit. de Gallæus ; -- TIEDMANN, Quæstio quæ fuerit artium magicarum origo ; Marburg, 1787).

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