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Naxos.

Andros.

LES ILES.

La Grèce est entourée d'îles (1), les unes isolées, les autres par groupes, comme les Cyclades, les Échinades et les Sporades dans la mer Égée. Parmi les Cyclades, ainsi appelées parce qu'elles sont disposées en cercle autour de Délos, les plus renommées sont : Naxos, la plus grande et la plus fertile, consacrée à Bacchus, qui enseigna à ses habitants la culture de la vigne et du figuier; Andros, qui professait pour le même dieu un culte particulier, et voyait, dans certaines solennités, l'eau d'une fontaine se changer Mélos, Ténos, en vin; Mélos, patrie de l'athée Diagoras; Ténos, avec le bois et le temple de Neptune; Cos, patrie de Simonide, de Bacchylide et de Prodicus; ses habitants disaient : Que celui qui ne peut bien vivre, cesse de vivre mal; aussi, lorsqu'ils sentaient que leur corps et leur esprit déclinaient, ils réunissaient leurs amis dans un banquet, et, au milieu des coupes et des guirlandes, ils avalaient la ciguë.

Paros.

Lemnos.

A Paros, une multitude d'esclaves étaient occupés à tirer des marbres blancs des carrières du mont Marpesse; elle fut le berceau des peintres Polygnote, Arcésilas et Nicanor, et du satirique Archiloque.

Lemnos était en sinistre renom chez les Grecs pour deux méfaits signalés. Les femmes ayant outragé Vénus, la déesse leur fit exhaler une odeur si fétide, que leurs maris leur préférèrent des esclaves de Thrace; irritées de l'affront, elles les assassinèrent et se gouvernèrent seules jusqu'à l'époque où les Argonautes abordèrent sur leur rivage. Plus tard, les Lemniens, étant débarqués près d'Athènes pendant qu'on y célébrait une fête, enlevèrent un certain nombre de femmes, ainsi que firent les Istriotes à Venise : ils en eurent des enfants qui, élevés par leurs mères dans la langue et dans les arts de l'Attique, chérirent tendrement celles dont ils avaient reçu le jour; ce qui fit que les Lemniens massacrèrent les mères et les enfants. Telles sont les horreurs de Lemnos, Anuvia рya.

Délos, patrie d'Apollon, se livrait à un commerce très-actif; elle reçut en dépôt, durant la guerre médique, le trésor commun de la Grèce, qui fut mis sous la protection des dieux; chaque année, les Athéniens y envoyaient un vaisseau avec tout ce qui était nécessaire pour les jeux qu'on y célébrait. Afin de la purifier, tous les cadavres en furent enlevés, et l'on décréta que désormais per

(1) Voir dans l'Univers pittoresque les îles de la Grèce par Louis LACROIX, ancien membre de l'École française d'Athènes; Paris, Didot frères, 1853.

sonne ne devait plus y naître ni y mourir ; c'est pourquoi les femmes, près de leur terme, et les moribonds étaient transportés dans une île voisine, celle de Rhénée. Les Perses, bien qu'ennemis de toute idolâtrie, respectèrent l'île du soleil, et firent une offrande de trois cents talents d'encens à brûler en l'honneur du dieu. Les assemblées générales de la Grèce se réunissaient dans cette île, et ses habitants vivaient plus en sûreté sous la protection d'Apollon que derrière des tours et des murailles. Située sur la route de l'Italie, elle étendit beaucoup son commerce, surtout après la chute de Corinthe et de Carthage, jusqu'à ce que Mithridate la ruina de fond en comble. L'île consacrée au dieu de la lumière, lieu de réunion de la Grèce, était le principal entrepôt des esclaves que les pirates enlevaient de tous côtés, et dont ils trafiquaient en toute sûreté.

La Crète, patrie de Jupiter, et Chypre, consacrée à Vénus, plus grandes et plus célèbres que les autres îles, étaient isolées. Occupées d'abord par les Phéniciens, les Cariens, les Éthiopiens et d'autres étrangers, elles se rendirent ensuite indépendantes, et traversèrent presque les mêmes phases que le reste de la Grèce. Leurs différentes villes constituaient autant d'États qui se confédéraient entre eux. Puis, quand Athènes eut acquis la suprématie de la Grèce, elles se trouvèrent sous sa dépendance, mais avec le titre d'alliées, en conservant leurs constitutions intérieures.

Nous avons déjà parlé de la Crète; plusieurs de ses colonies s'établirent dans les Cyclades, où s'étaient implantés d'abord les Cariens, puis les Hellènes.

Chypre, dont on croit la principale ville d'origine éthiopienne, fut dominée longtemps par les Phéniciens; mais, lorsque Salmanazar assiégea Tyr, les Chypriotes relevèrent la tête et secouèrent le joug, tout en maintenant avec eux les mêmes relations de commerce. L'île resta divisée en beaucoup de petits États, dont neuf devinrent tributaires des Égyptiens sous Amasis, puis des Perses sous Cambyse, en conservant toutefois leurs lois et leurs princes nationaux. Durant la guerre médique et après, ils furent tantôt sujets des Perses et tantôt en révolte contre eux. Leurs rois étaient absolus, à telles enseignes que Pasicypros, tyran de Citium, vendit sa souveraineté à l'un de ses sujets; des femmes servaient de marchepied à la reine pour monter en char, et Nicocréon, tyran de Salamine, fit, sans autre forme de procès, broyer dans un mortier le philosophe Anaxarque. La tyrannie germait naturellement dans un pays où l'on rendait à Vénus des hommages licencieux. A certains jours fixés, les jeunes filles étaient envoyées sur le rivage de la mer, pour gagner leur dot en faisant à la déesse le sacrifice de

Chypre.

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Corcyre.

Égine.

Eubée.

leur virginité. Parmi la foule des divinités, Vénus était le plus en honneur, et, dans les initiations nocturnes à ses mystères, on donnait aux néophytes une poignée de sel et un phallus ; la prostitution était rituelle. Un commerce très-étendu accrut ses richesses à tel point que, lorsque les Romains la subjuguèrent, le butin ne fut pas, comme de coutume, abandonné au général et à l'armée, mais transporté à Rome, et jamais aucun triomphe n'étala autant d'opulence.

Corcyre, l'île des Phéaciens, célébrée dans l'Odyssée, était une colonie de Corinthe, avec laquelle elle rivalisait pour le trafic, les forces navales et la mollesse. Lorsque la guerre du Péloponèse éclata, guerre dont elle fut la principale cause, elle mit à la voile cent vingt navires de guerre.

La triangulaire Égine fut occupée par une colonie d'Épidauriens fuyant devant les Doriens; mais, lorsqu'elle eut secoué leur joug, elle grandit par le commerce et la marine, au point de surpasser même Athènes, sa rivale. L'esprit mercantile des Éginètes, qui les premiers tirèrent parti de leurs métaux et des productions de leur fertile territoire, était passé en proverbe. Leur cité renfermait des édifices magnifiques; on y admirait surtout les temples de Bacchus, de Diane, d'Apollon, d'Esculape, de Vénus, et surtout le fameux Panhellénium, élevé aux frais de toute la Grèce, en l'honneur de Jupiter, pour l'accomplissement d'un vœu fait à l'époque d'une grande disette, cinq siècles avant J.-C. Mais Thémistocle frappa Égine d'un tel coup qu'elle ne put jamais se relever (1). Chaque ville de l'Eubée avait son gouvernement propre; Chalcis et Érétrie occupaient le premier rang. Les hippobates ou cavaliers exerçaient l'autorité suprême. Chalcis eut plusieurs fois à subir la domination des tyrans.

Les îles de la Grèce étaient habitées par une population aguerrie au métier des armes, exercée à la navigation, gouvernée en général aristocratiquement, qui abandonnait les arts mécaniques à des esclaves pris à la guerre ou achetés aux pirates dont les mers voisines étaient couvertes; en outre, elle se montrait animée du sentiment énergique de la personnalité, de l'amour des richesses, des arts, du savoir, et surtout de cette aversion généreuse pour le joug de l'étranger dont elle donna des preuves signalées dans la guerre contre les Perses.

(1) Eginetarum liber, scripsit G. G. MÜLLER, 1817. - BOBLAY, Description d'Égine, précédée d'un discours de HENRI DE BLANCHETAIS, sur le commerce, la navigation, les colonies d'Égine; Paris, 1835. — Explication d'une inscription grecque de l'île d'Égine par PH. LE BAS; Paris, 1842.

CHAPITRE X.

COLONIES GRECQUES.

Aucun peuple de l'antiquité n'envoya au dehors autant de colonies que la Grèce; elles contribuèrent plus qu'on ne saurait le croire à la civilisation et à la richesse de la mère patrie. Leur puissance devint assez grande pour faire pencher la balance en sa faveur dans les plus graves événements politiques (1). Rien ne prouve autant le génie des Grecs, toujours portés au mouvement, que cette incessante activité à se répandre partout, des rivages de l'Asie Mineure aux anses les plus reculées de la mer Noire, du Nil aux côtes méridionales de la Gaule, de l'Espagne, et jusqu'à la Baltique (2). La jeunesse allait y chercher des aventures, les mar

D.

(1) SAINTE CROIX, sur les Colonies des peuples anciens; Paris, 1786. H. HEGEWISCH, Notions historiques et géographiques sur les colonies grecques; Altona, 1808. Excellent travail. — RAOUL-ROCHETTE, Histoire critique de l'établissement des colonies grecques; Paris, 1815; ouvrage qui embrasse et les anciennes colonies des Pélasges et les nouvelles colonies des Macédoniens, avec plus d'érudition que de méthode et de critique. C'est encore le traité le plus ample, le plus utile et le mieux fait sur cette question.

(2) Colonies éoliennes. Egées, Cume, Larisse, Grynium, Lesbos, Temnos, Pitane, Cilla, Notium, Égiroesse, Néontichos, Myrine avec ses dix villes, l'île de Ténédos. Dans l'Asie Mineure, Protosélène, Lyrnesse, Adramytte, Thèbes, Antandre, Assos, Hamaxite, Néandrie, Élée, Atarne, Andérie, Chrysa, l'antique Pergame, Teuthranie, Cébrène, Gargare, Sigée, Célène, Syllium, Carène, Cisthène, Astyra, Perpérène, Magnésie sur le Méandre, Sida en Pamphylie, Abydos. En Thrace, Énos, Alopéconnèse, Sestos. En Italie, Spina, sur le Pô, en considérant les Pélasges comme Grecs; Cume, dans le pays des Opiques; Parthénope et les îles Pithécuses.

Colonies ioniennes. Milet, Myonte, Priène, Ephèse, Colophon, Lébédos, Téos, Clazomène, Érythrée, Smyrne, Phocée, Samos, Chios, Mycale, Tralles, Néapolis, Phygèle, Panormos, Posidéon, Athymbra, Hydrèle, Coscinus, Orthosie, Mastaura, Acharaque, Thessalocé, Pélopé, Dascylium, Samorne, Parthénie, Héraclée de Carie, Myrlée en Bithynie, Cionte en Mysie, Polichna dans la Troade. Dans la Chalcidie, Sanos, Acanthe, Stagire. En Thrace, Amphipolis, Argile, Esymna, Galepsus, Éléonte, Abdère, Périnthe. Dans l'Égée, Thasos, Imbros, Lemnos, la Samothrace. Dans les Cyclades, Céos, Cythnos, Sériphe, Siphnos, Cimole, Andros, Gyare, Ténos, Syros, Délos, Mycone, Paros, Naxos, Amorgos; et Pharos, île voisine de l'Illyrie, plus Ammon en Libye.

Colonies doriennes. Indépendamment des villes principales de Milet, de Phocée, de Samos, d'Égine: Pédase, Mynde, Triopium, Mylase, Limyre, Thermes, Héraclée, Aspende, dans l'Asie Mineure. En Cilicie, Tarse, Lyrnesse, Mallos, Anchiale, Soli. Dans les Sporades, Pathmos, Calymne, Rhypara, Caryande près de la Carie et Carpathos. En Macédoine, Enos, Pydna, Mé

chands des richesses, les vaincus le repos. Les républiques y envoyaient les gens remuants et l'excès de leur population; car, dans les aristocraties plus ou moins développées, l'administration de l'État étant considérée comme une source de profits, les privilégiés désiraient être aussi peu nombreux que possible, pour augmenter d'autant leur part d'avantages.

L'aristocratie puisait de nouvelles forces dans les colonies, parce que les fondateurs étaient tenus pour sacrés, et, par gratitude, élevés au trône. Le territoire se partageait entre les colons avec cette égalité qui fut le rêve de tous les hommes d'État de la Grèce; mais cette égalité durait peu, et les colons enrichis retournaient dans la mère patrie.

Ces colonies faisaient revivre sur la terre étrangère les noms du pays natal, de même que les nôtres ont rempli l'Amérique et la Nouvelle-Hollande de noms européens. La communauté d'origine n'entraînait pas la communauté de pensées, et les colonies se développaient selon les circonstances locales. Les colonies que fondaient des exilés étaient tout d'abord indépendantes; mais celles qu'envoyaient les métropoles suivaient pour la plupart les lois de la mère patrie, et recevaient d'elle leurs prêtres et leurs magistrats: puis venait l'instant où la force manquait à la métropole pour les dominer; alors la dépendance se relâchait, et il ne restait plus guère qu'une confédération, ayant pour lien la communauté d'origine et

thone, Thermos. Chez les Chalcidiens, Potidée, Mende, Scione, Pallène, Égée, Aphytis, Olynthe, Torone, Sermylie, Chalcis, Spartole, Olophyxe, Cléone, Thysios, Apollonie, Dium, Acroate, Astacus. En Thrace, Eïon, Maronée, Sélymbrie, Byzance, Mésembrie; Issa, Nauloque, dans la Scythie. EnBithynie, Chalcédoine, Astacus, Scyros, Péparèthe, Sciathos, Astypalée. En Illyrie, les îles d'Issa, Tragurium et Corcyre la Noire; en outre, Épidamne, Apollonie, Lissos, Acrolissos, Orique. Chez les Molosses, Ambracie. Dans 'Acarnanie, Anactorium, Molycrie, Argos Amphilochique. Dans les iles Ioniennes, Corcyre, Céphallénie, Ithaque, Leucade, Zacynthe, les Échinades, Cythère, Mélos, l'unedes Cyclades. La seule ville de Milet avait pour colonies: Cyzique, Astace et Proconnèse, dans la Propontide; Milétopolis, en Mysie; autour de l'Hellespont, Priape, Colone, Parium, Lampsaque, Gergithe, Arisba, Limnée, Percote et Zélie, au pied de l'lda. Près de Milet étaient lasos, Latmos, Héraclée; dans les Sporades, Icarie, Léros; sur les côtes de la mer Noire, Heraclée des Mariandyns, Tium, Sinope, Cotyore, Sésame, Chromne, Amise, Cérasonte, Trébisonde; dans la Colchide, Phasis, Dioscuris; dans la Thrace, Anthéa, Anchialé, Apollonie, Thynias, Phinopolis, Andriacé, Crithote, Pactye, Cardie, Déultum ; chez les Scythes, Odessus, Cruni, Calathis, Tomi, Istropolis, Tyra, Olbie; dans la Chersonèse Taurique, Théodosie, Nymphée, Panticapée, Myrmécie; dans le Bosphore Cimmérien, Phanagorie, Hermonasse, Cépi; dans la Sarmatie, Tanaïs; en Chypre, Salamine; en Égypte, Naucratis, Chemmis-Paralie; sur le Tigre, Ampé; sur l'Euphrate, Clauda.

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