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Tirynthe et Trézène, formaient, avec leur territoire, autant d'États distincts; mais les Argiens, ayant prévalu, détruisirent Mycènes, et forcèrent les Tirynthiens à se transférer à Argos, qui finit par dominer sur toute l'Argolide septentrionale.

Les rois et les prêtres de Sicyone se perdent dans les fables; elle fut d'abord habitée par les Ioniens, puis occupée, lors de l'invasion des Doriens, par Phalcès, fils de Téménus. Après avoir aboli la royauté, elle tomba dans une démocratie effrénée, qui lui fit bientôt subir le joug d'Orthagoras et de ses successeurs, jusqu'à Clisthène, époque à laquelle elle recouvra sa liberté. Les premiers artistes de la Grèce fleurirent dans son sein: Dédale, s'écartant du type si roide de l'art égyptien, détacha les pieds et les mains des statues; Cléanthe de Corinthe, ayant trouvé les couleurs, Eupompe de Sicyone perfectionna son école, et un décret ordonna que tous les enfants nés de citoyens apprissent le dessin. A peu de distance de la ville s'élevait un temple célèbre, dédié à Esculape et à Hygie.

Corinthe, sur l'isthme du Péloponèse (1), était dans la situation la plus heureuse; elle avait un port sur la mer Égée, un autre sur celle d'Ionie, dans les golfes Saronique et de Crissa, et se trouvait ainsi maîtresse du passage entre le Péloponèse et l'Attique, comme la Savoie entre la France et l'Italie. Elle était dominée par l'Acrocorinthe, citadelle qui renfermait le temple de Vénus armée, divinité dorique, et d'où l'on découvrait au nord jusqu'au Parnasse et à l'Hélicon; elle avait, au levant, l'île d'Égine, la forteresse d'Athènes et le promontoire de Sunium; au couchant, les fertiles campagnes de Sicyone. Sa position en avait fait comme le centre du commerce la Phénicie lui expédiait des dattes, Carthage des tapis, Syracuse ses blés et ses fromages, l'Eubée des poires et des pommes, la Phrygie et la Thessalie des esclaves. L'industrie y prospérait, surtout la fabrique des couvertures et celle des ouvrages en bronze ou en terre cuite; mais, en même temps, des milliers de courtisanes s'y livraient à leur obscène trafic. Déjà Homère avait célébré l'opulence accumulée dans Corinthe par les rois de la race de Sisyphe. Survinrent les

(1) En 576, Périandre essaya de couper l'isthme. Trois siècles après lui, Démétrius Poliorcète l'essaya encore et laissa le travail inachevé. César, Caligula, Néron, Hérode Atticus, projetèrent ou entreprirent la même opération; mais elle ne fut jamais menée à fin d'où le proverbe, Isthmum perfodere, pour exprimer une chose impossible.

425.

Sicyone.

664-564.

Corinthe.

1160-807.

Cypselus.

Périandre. 625.

Achale.

Héraclides, et Alétès y régna, puis cinq générations de rois, après lesquelles Télesse, Héraclide lui aussi et de la famille des Bacchiades, s'empara du pouvoir suprême et fonda une espèce d'oligarchie qui élisait dans sa famille un prytane annuel. Cet état de choses dura jusqu'à Cypsélus, qui restaura le pouvoir absolu. Il disait que le gouvernement populaire valait beaucoup mieux que celui d'un seul, et que la bienveillance générale était une sauvegarde plus sûre que les armes. Quelqu'un lui demandant alors pourquoi il conservait le pouvoir : « C'est répliqua-t-il, qu'il << est aussi dangereux d'y renoncer de son propre gré que de force.» Il fit des lois somptuaires; mais elles ne parvinrent pas à mettre un frein aux énormes dépenses des Corinthiens. Quel qu'eût été son motif, nous devons le louer d'avoir prohibé l'esclavage.

Périandre, son fils, est compté parmi les sept sages de la Grèce ; après avoir montré de l'humanité, il se rendit odieux par des attentats atroces. Il promit au dieu de Delphes, s'il lui faisait connaître exactement la fortune de chacun, le dixième des richesses qu'il amasserait, et la religion sacrifia les intérêts privés. Sous son successeur, les Corinthiens recouvrèrent leur liberté, qui néanmoins pencha toujours vers l'aristocratie, comme il arrive d'ordinaire dans les pays très-commerçants. Les principales familles, et les Bacchiades eux-mêmes, se livraient au négoce, comme les Médicis à Florence. Les droits d'entrée sur les marchandises constituaient le plus fort revenu de l'État. La loi défendait aux ambassadeurs de recevoir des présents des princes ou des peuples auprès desquels ils étaient envoyés.

Les Corinthiens avaient plusieurs colonies: à l'occident, Corcyre; Épidaure, célèbre par son temple d'Esculape; Leucade, où les amants allaient chercher un remède à leurs maux en se précipitant dans la mer, et la grande Syracuse; à l'orient, Potidée, qui toutefois ne lui resta pas longtemps soumise. Pour tenir ces établissements sous son obéissance et se défendre contre les corsaires, Corinthe arma une flotte; elle inventa les trirèmes, et, en 644, livra un combat naval aux Corcyréens, qui fut le premier en Grèce. Sur la terre ferme, elle stipendiait des soldats étrangers, ainsi que le fit Venise; puis, comme elle trouvait facilement des bras à acheter, elle prit une part active aux différentes guerres de la Grèce. L'ordre corinthien, qu'elle inventa, suffirait pour attester l'élégance de son goût.

L'Achaïe s'appelait d'abord Ægialée; elle appartint aux Ioniens jusqu'à l'époque où les Achéens, chassés d'Argos et de la Laconie

par les Doriens, vinrent s'y établir sous Tisamène, fils d'Oreste, dont la famille continua de régner. Les cruautés de Gygès provoquèrent son expulsion, et l'Achaïe se divisa en douze républiques, autant qu'elle comptait de villes, dont chacune dominait sur sept ou huit bourgades. Gouvernées populairement, ces villes formaient une confédération constituée sur la plus parfaite égalité; nous les verrons résister à Rome et recueillir le dernier soupir de la liberté grecque.

L'Élide, baignée par la mer Ionienne, était si belle qu'on l'appelait Calloscopie. Ses habitants vivaient dispersés dans la campagne, et la ville d'Élis ne fut bâtie qn'en 447; mais beaucoup de familles se vantaient de ne l'avoir pas vue depuis trois générations. Ses premiers habitants furent nommés Épéens, de leur roi Épéus; on compte parmi ses princes Endymion, Élée, Augias, tous célébrés par les poëtes. Les Étoliens, alliés aux Doriens dans leur expédition, s'établirent en ce pays sous Oxyle et se mêlèrent à la population primitive. Iphitus, contemporain de Lycurgue, est fameux pour avoir institué ou renouvelé les jeux Olympiques, qui s'y célébraient solennellement avec une pompe nationale. L'Élide leur devait d'être considérée comme une terre sainte; mais, pour s'assurer le droit d'y présider, les Éléens eurent à soutenir une guerre contre les Arcadiens. Lorsque la royauté fut abolie en Élide, on nomma pour régler les affaires publiques deux Hellanodices, dont le nombre fut ensuite porté à dix. Il y avait, en outre, un sénat composé de quatre-vingt-dix membres, nommés à vie.

con,

LA HELLADE.

La Hellade, ou la Grèce centrale, comprenait, outre l'Attique, sept États: la Mégaride, contiguë à l'isthme de Corinthe; la Béotie, pays de montagnes et de marais, où se trouvaient le lac Copaïs, cause d'un déluge, les sources si souvent chantées de l'Hélil'Asope, le Cithéron; la Phocide, avec le mont Parnasse et la ville de Delphes, tous deux consacrés à Apollon, le fleuve Céphise et le port de Cirrha, aux souvenirs poétiques; la Locride, où sont les fameux défilés des Thermopyles; la petite Doride, qui occupe le versant méridional du mont CEta; l'Étolie, la moins civilisée des provinces grecques; enfin, l'Acarnanie.

Les Mégariens prétendaient avoir été civilisés par l'Égyptien Lélex; ils dépendirent des Athéniens et des princes de la race de Cécrops jusqu'à ce que, Hypérion ayant été tué, ils instituèrent des magistrats électifs et amovibles. Lors de l'invasion des Doriens, les

Élide.

780.

Mégare.

Phocide.

335-46.

Locride.

Étolic.

Acarnanie.

Corinthiens occupèrent Mégare, la considérèrent comme leur colonie, et, pour la tenir dans la sujétion, ils lui firent plusieurs fois la guerre durant la domination des Bacchiades; mais elle se défendit à cette époque et depuis, tant par terre que par mer. Vers 600, Théagène parvint à y exercer la tyrannie; mais les Mégariens le chassèrent et rétablirent la république, qui devint ensuite tout à fait populaire.

Les descendants de Phocus, chef d'une colonie corinthienne qui s'établit dans la Phocide, y dominèrent d'abord. Les Doriens y introduisirent le gouvernement républicain. Nous passerons sous silence leurs guerres obscures avec les Thessaliens, et nous mentionnerons seulement celle que les Amphictyons déclarèrent à Crissa, pour venger les outrages dont ils l'accusaient envers le temple de Delphes. Cette guerre sacrée, qui dura dix ans, se termina par la destruction de Crissa, dont le territoire fut réuni aux autres domaines qui dépendaient de l'oracle. Les étrangers qui venaient en foule le consulter, et les péages établis sur les routes, étaient d'un abondant produit pour les Phocéens.

Ajax, fils d'Oïlée, « régnait sur la Locride quand on combattait sous les murs d'Ilion. » Puis, la royauté fit place, comme dans les autres pays, au gouvernement républicain. Les trois races de ses habitants (Ozoles, Opuntiens et Épicnémidiens) restèrent toujours distinctes, aussi bien quant à leurs intérêts que pour la manière de s'administrer.

Les Étoliens, mélange de nations diverses, vivaient de leurs rapines sur terre et sur mer. Célèbres d'abord par leurs héros primitifs, Étolus, Pénée, Méléagre, Diomède, ils ne se mêlent presque plus aux événements de la Grèce, jusqu'au moment où elle est prête à succomber.

L'Acarnanie, ainsi appelée d'Acarnan, fils d'Aleméon, son premier roi, semble avoir été, au temps de la guerre de Troie, soumise en partie à l'île d'Ithaque, sa voisine. Elle conquit ensuite son indépendance et sa liberté.

GRÈCE SEPTENTRIONALE.

Elle avait au levant la Thessalie, au couchant l'Épire.
On entre en Thessalie par le défilé des Thermopyles, dans le voi-

sinage duquel est Anthéla, où se réunissaient les Amphictyons. La cavalerie thessalienne jouissait d'une grande renommée; la femme, comme présent de noces, donnait à son mari un cheval enharnaché pour la guerre. C'était aussi le pays des danseurs célèbres, et on lui enviait les délices naturelles de la vallée de Tempé, arrosée par le Pénée, au pied du mont Olympe. L'Olympe, le Pinde, l'Ossa, l'OEta, montagnes de la Thessalie, furent le théâtre des fastes mythologiques, et devinrent même le séjour des dieux; ce qui indique que cette contrée fournit à la Grèce ses premiers instituteurs, et surtout les Hellènes qui en firent toujours leur principale demeure. Là les magiciens préparaient leurs puissants maléfices; là les Centaures combattirent contre les Lapithes; là s'embarquèrent les Argonautes; c'est là que mourut Hercule, que naquit Achille, que chantèrent Thamyris, Orphée et Linus.

Bien que la Thessalie n'ait pas plus de soixante-huit milles d'étendue du nord au sud, et quatre-vingt-un de l'est à l'ouest, elle ne comprenait pas moins de dix États au temps de la guerre de Troie. Chacun d'eux acquit par la suite la liberté; mais, parmi les petits princes féodaux qui vivaient dans des places fortes ou qui parcouraient le pays à cheval, il s'en trouvait facilement un pour subjuguer son voisinage; aussi Phères et Larisse, villes principales, furent-elles presque toujours gouvernées par des tyrans.

L'Épire, ou continent, ainsi appelée par opposition à l'île de Corcyre qui se trouve en face, est la partie la moins connue de la Hellade et le séjour des énigmatiques Pélasges; c'est là que furent transportées les peines de l'enfer égyptien, sur les bords des fleuves Achéron et Cocyte, près desquels s'ouvre la caverne d'Aornos. La forêt de Dodone était célèbre par ses chênes qui rendaient des oracles, antique vestige de la religion des Pélasges. L'Épire était renommée pour ses agiles coursiers, ses chiens de chasse, et pour sa population belle et fière à la fois, qui n'a pas dégénéré jusqu'à nos jours. Des Grecs et des étrangers s'établirent successivement dans cette contrée ; les plus remarquables furent les Molosses, à la tête desquels étaient les Éacides, descendants de Pyrrhus fils d'Achille. Leur dynastie échappa au sort commun et survécut à toutes les autres ; mais elle ne domina sur l'Épire entière qu'à l'époque où elle se réunit aux Macédoniens.

Arybas, l'un des rois Éacides, élevé à Athènes, institua un sénat pour mettre des limites à l'autorité royale. Les rois juraient sur l'autel de Jupiter de régner selon les lois, et les sénateurs, représentants du peuple, de défendre l'État conformément à ces mêmes lois.

Épire..

1270.

220.

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