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Ostracisme.

Lois.

mort. En cas de révolution, les magistrats devaient se démettre immédiatement; sinon chaque citoyen était en droit de les tuer. Afin d'empêcher les pervers et les ambitieux de prévaloir dans les troubles civils, tandis que les gens de bien hésiteraient, Solon inscrivit dans la loi que chacun devrait, sous peine d'infamie, se déclarer pour un parti.

L'ostracisme avait encore pour but la conservation de l'État. Lorsque les grandes qualités d'un citoyen l'élevaient assez audessus des autres pour que son pouvoir ou son ascendant devînt redoutable, il était éloigné pour dix ans, dès que cette mesure était réclamée par le vote de six mille citoyens au moins.

Rien ne prouve que cette loi fût l'œuvre de Solon, et, en général, il est difficile de distinguer celles qui lui sont propres des additions qu'elles subirent par la suite; d'ailleurs un grand nombre des siennes ne sont pas parvenues jusqu'à nous; il en est qui ne se déduisent que des faits, d'autres n'ont jamais été écrites, et les Eumolpides les conservèrent seulement par tradition. Cela établi, cherchons à procéder par ordre dans l'examen des parties les plus importantes de cette constitution.

Si les institutions religieuses vinrent de l'Égypte dans la Grèce, religieuses. elles ne purent s'y conserver dans une caste exclusive et prédominante; mais elles servirent de contre-poids à la puissance égoïste d'une aristocratie guerrière, de sauvegarde aux droits des peuples et de frein à la fougue irréfléchie des démagogues. La fondation de l'oracle de Delphes auprès du conseil des amphictyons, suffirait déjà à démontrer quelle influence dut avoir la religion dans les délibérations publiques, non pour imposer aux grands, mais pour diriger le peuple, qui se soumettait à un signe du dieu plus qu'à toute autre raison, et pour inspirer des résolutions généreuses, patriotiques, prudentes, conciliatrices. Les mystères propageaient, sinon des mœurs plus pures, au moins

femmes; ils imposaient une amende à celles qui se distinguaient trop par leur luxe et par des parures recherchées. Les orphanistes soignaient les orphelins. Les phratores faisaient inscrire les enfants dans les registres de leurs tribus. Les astynomes surveillaient les charlatans, bateleurs, etc. Les clérèces suivaient les colonies pour le partage des terres. Les épiscopes étaient envoyés en mission dans les villes alliées pour en examiner la conduite et les dispositions. Les pylagores représentaient les amphictyons à l'assemblée de Delphes et des Thermophyles, et y parlaient au nom des villes grecques. Les stratéges, ou généraux, étaient nommés tous les ans par le peuple, ainsi que les taxiarques, lieutenants généraux, les hipparques, colonels de cavalerie, les phylarques, dont dix étaient sous les ordres d'un hipparque.

Voy. SCHLOSSER, Histoire universelle de l'antiquité.

:

des doctrines plus graves, des idées plus spiritualistes sur l'origine du monde les jeux publics rassemblaient, soit une province, soit la nation tout entière, afin d'entretenir l'union et de ranimer le sentiment de la fraternité.

Aucune ville n'accueillit jamais plus facilement qu'Athènes les divinités étrangères; pour ne mécontenter personne, elle érigea même un temple au dieu inconnu. L'impiété y était cependant punie, ainsi que ceux qui profanaient les oliviers sacrés, et l'on refusait la sépulture à quiconque avait dérobé des objets du culte. Protagoras fut banni pour avoir douté de l'existence des dieux; on brûla ses ouvrages, et ceux qui les possédaient durent les remettre au magistrat. Diagoras de Milet, qui professait l'athéisme, eut la tête tranchée. On condannait certains impies à mourir de faim, assis à une table abondamment servie (1). Nul ne pouvait être arrêté durant les fêtes de Cérès et de Bacchus ; dans les thes. mophories, on délivrait quelques prisonniers, et, lors des saturnales, on les mettait tous en liberté ; aucune exécution capitale ne pouvait avoir lieu tant que durait le voyage du navire qui portait à Délos les offrandes des Athéniens. Les rites d'Éleusis une fois accomplis, une commission spéciale s'assurait qu'ils n'avaient été altérés par aucune innovation.

Les traités conclus avec un gouvernement, même illégitime, étaient valables. Un criminel d'État pouvait, devait même être mis à mort par quiconque le rencontrait, et l'on décernait à celui qui le tuait une couronne de laurier, comme aux vainqueurs des jeux olympiques. Les fils d'un tyran étaient enveloppés dans la punition du père.

Les décrets du sénat avaient force de loi durant une année, à l'expiration de laquelle ils devaient être soumis à l'approbation du peuple. L'admission aux droits de citoyen était quelquefois accordée dans l'assemblée générale pour récompenser un mérite insigne, comme au philosophe Pyrrhon, qui avait tué un tyran de la Thrace. Cette distinction était réputée si honorable qu'elle fut ambitionnée par Perdiccas de Macédoine, Térée de Thrace, Denys de Syracuse, Évagoras de Chypre. Six mille voix au moins, presque le tiers du nombre total des citoyens athéniens, étaient nécessaires pour conférer la qualité de citoyen à un étranger, ou à quiconque était né d'une mère étrangère, pour réhabiliter un condamné, pour décréter l'ostracisme et pour d'autres décisions importantes. Celui qui n'acquittait pas la dette laissée par

(1) LYSIAS y fait allusion dans le fragment de la harangue acéphale.

Lois

politiques.

son père envers le trésor public, était déchu de tous droits civils (1), et privé de sa liberté jusqu'à ce que cette dette fût éteinte. Les débiteurs particuliers pouvaient aussi être mis en prison; un écriteau indiquait à tous la maison ou le fonds grevé d'hypothèques.

Les métèques, ou étrangers, ne jouissaient pas des droits de cité; ils payaient une imposition personnelle et devaient prendre pour patron un citoyen qui répondit d'eux et pût réclamer pour eux en justice contre un Athénien. Ils se nommaient un juge particulier, et répartissaient entre eux la taxe à payer au trésor public. Exposés à des railleries et à des humiliations, on les obligeait à porter, dans les fêtes de Bacchus, les vases pleins d'eau et les ustensiles pour les sacrifices, revêtus d'habits d'une couleur étrange; leurs femmes devaient tenir le parasol aux Athéniennes. Le métèque qui tuait un Athénien encourait la peine de mort, et l'Athénien qui attentait à la vie d'un étranger n'encourait que l'exil; l'étranger était aussi puni de mort s'il osait s'introduire dans l'assemblée ou se présenter à la tribune. Il ne suffisait pas, pour y monter, de jouir des droits de citoyen; il fallait, de plus, avoir une descendance légitime, des propriétés dans le pays, n'être pas né d'une courtisane, n'être pas débiteur du trésor. Quiconque avait outragé les dieux, refusé le service militaire, jeté son bouclier, frappé ses parents, dissipé son patrimoine ou fréquenté les femmes publiques, était exclu de la tribune.

Nous avons dit que l'on comptait vingt mille citoyens (2); car,

(1) Les Rhodiens, par un motif commercial, étendirent cette loi à toutes les dettes, même quand le fils n'acceptait pas la succession paternelle. A Thèbes, le débiteur insolvable était exposé sur la place publique avec une corbeille d'osier sur la tête.

(2) Quand les anciens auraient été moins étrangers aux observations de détail et plus soigneux d'instruire que de plaire, il n'aurait pas été en leur pouvoir de recueillir ces renseignements qui composent aujourd'hui la statistique. Aux difficultés que rencontrent les modernes, se joignait pour eux le mystère que faisait de ces documents la classe dominatrice, qui voulait accroître son importance en les tenant secrets. De là vient que l'on a pu soutenir avec des probabilités égales des opinions opposées en se fondant sur les notions que les anciens nous ont transmises. ISAAC VOSSIUS ( Observ. var.), Montesquieu ( Esprit des lois, XXIII, 17, 23 ), WALLACE ( Dissertation historique et politique sur la population des temps anciens ), prouvèrent que le monde était anciennement plus peuplé. HUME, au contraire ( Essays and Treaties on several subjects, Essay Ix), et d'autres encore soutinrent qu'il l'était moins. La même dissidence existe au sujet de la population de l'Attique. Wallace la porte à 524,000 têtes, Hume à 284,000 mais tous s'accordent à peu de chose près sur le nombre de 20,000 individus libres. La question est traitée de main de maître par Letronne ( Mémoires de l'Académie, t. v1). Il faudrait, selon lui, compter dans l'Attique, à partir de la guerre du Péloponèse jusqu'à la bataille de Chéronée :

lorsqu'on parle de la liberté antique, il faut toujours l'entendre du petit nombre de ceux qui, formant la classe dominatrice, possédaient cette liberté et en jouissaient seuls. Ainsi, bien que dans l'Attique la constitution ne reposât pas uniquement, comme nous l'avons vu, sur la noblesse héréditaire et sur la propriété foncière, mais aussi sur la fortune mobilière du commerce et de l'industrie, s'imaginerait à tort y rencontrer l'égalité mathématique, telle qu'elle existe, par exemple, dans les États-Unis d'Amérique.

on

Il importait donc de pourvoir à la conservation des familles; Lois civiles. or, dans ce but, il fut statué que le fils occuperait immédiatement la place de son père décédé, et, qu'à défaut de fils, un héritier naturel prendrait le nom du défunt. Celui qui n'avait pas de descendant légitime, testait en faveur de qui lui plaisait; s'il en avait, ses biens étaient partagés entre les enfants par portions égales. La famille même nous révèle le passage de l'unité orientale à la variété grecque, et l'identité du droit public avec le droit privé. Le mariage ne put être contracté qu'entre citoyens, mais par la seule formalité de fournir caution et de consigner une dot. La monogamie n'est pas en désaccord avec la liberté grecque. Le pouvoir paternel s'acquiert par le mariage, par la légitimation et par l'adoption; il ne consiste pas tant dans le droit moral de réprimer et de punir que dans une espèce de droit de propriété sur le fils; mais, quand le père en est mécontent, il déclare au magistrat qu'il cesse de le reconnaître : il le bannit de sa demeure, et tout lien est rompu.

La curie (ppaτpía) réunit dans son sein l'État, la famille, la religion en effet, lors des fêtes Apaturies, l'enfant âgé de moins d'un an était présenté à sa curie, et, au milieu d'un sacrifice solennel, le père jurait qu'il l'avait eu d'une Athénienne. Il lui était présenté de nouveau à l'âge de quinze ans, lors des mêmes fêtes, et une solennité de famille, dans laquelle on invoquait Hercule, Apollon et Diane, consacrait cette seconde admission. C'était par elle que, sous les auspices de la religion, la parenté passait du foyer domestique dans la cité, et prenait le caractère public.

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Plus, 20,000 étrangers environ: population inférieure à celle de beaucoup de villes modernes; et pourtant que de grandes choses elle opéra !

Le testament se fondait sur l'adoption, si bien que toute libéralité faite par disposition testamentaire était appelée adoption. La faculté de tester ne détruisait donc pas la famille, mais l'agrandissait au contraire; puis, comme la succession ab intestat qui, à ce qu'il paraît, s'étendait indéfiniment aux descendants et aux collatéraux (1), elle se combinait de manière à laisser à la famille sa hiérarchie, son existence, ses liens avec l'État, tout en donnant une liberté suffisante à l'individu : or l'accord de la liberté individuelle avec le pouvoir essentiel et l'unité de l'État produit seul cette harmonie de droits et de devoirs qui fait le charme de la vie sociale.

L'Athénien qui ne laissait qu'une fille pouvait instituer pour héritier son parent le plus proche, à la condition de l'épouser, ou, s'il en avait plusieurs, d'en épouser une et de placer convenablement les autres. Si l'héritière était déjà mariée, son époux devait la céder au parent héritier, et, si celui-ci était âgé, elle en pouvait choisir un plus jeune, pour assurer sa descendance. C'était ainsi que, dans l'intention de perpétuer les familles, on enlevait au mariage cette liberté qui est son premier droit et son premier intérêt, comme son premier moyen de bonheur. Le parent le plus proche était tenu de se charger de l'orpheline pauvre et de la doter. Le frère et la sœur consanguins pouvaient se marier, ainsi que firent Cimon et Elpinice. On ne devait pas oublier une poêle dans le trousseau de la fiancée, comme symbole des soins domestiques confiés à la mère de famille (2). On présentait aux époux des glands, et ils devaient manger à la même assiette avant de cohabiter. Le divorce était permis, mais avec des restrictions; si la femme le réclamait, elle devait porter son instance devant les tribunaux; si c'était le mari, il était tenu de lui rendre sa dot et de lui fournir des aliments. Les femmes adultères étaient exclues du service des dieux, et leur châtiment regardait le mari.

En général, la loi athénienne respectait bien plus les mœurs que celle de Sparte: on cherchait à mettre de la décence dans les jeux publics; l'accomplissement de certains rites était réservé à des

(1) BUNSEN voudrait que la succession des descendants eût été limitée au troisième degré; mais il est réfuté par GANS, Das Erbrecht in weltgeschitlicher Entwickelung ( Berlin, 1825), que nous suivons en cette partie.

(2) Plutarque fait consister la dot dans le seul trousseau; mais il paraît qu'il n'y avait de limite imposée qu'aux dons symboliques qui devaient l'accompagner. A Argos, la femme n'apportait point de dot; elle recevait au contraire des dons du mari. Chez les Béotiens, la nouvelle épouse était conduite dans un char dont on brûlait l'essieu pour indiquer qu'elle ne pouvait plus retourner en arrière. En Thessalie, l'époux offrait à sa femme un cheval couvert de l'armure de guerre.

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