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LA Politique d'une femme honnéte et sensible. A une dame, quelques jours avant son mariage.

Quand vous aurez prononcé le serment

De rendre heureux l'époux qui vous aura choisie,
Semez de fleurs tous les jours de sa vie,

Il

Aimez en lui votre ami, votre amant,

Que dans vos bras paisiblement

répose; soyez son ange tutélaire,

Veillez, loin de son cœur classez les noirs chagrins;
Qu'il trouve auprès de vous plus purs et plus sereins
L'air qu'il respire et le jour qui l'éclaire;
C'est ainsi qu'en vos fers vous saurez l'arrêter,
Si malgré tant de soins il devient infidèle,
En reproches amers gardez-vous d'éclater;
Mais offrez-lui des mœurs un si parfait modèle
Qu'il soit forcé de l'imiter;

Et si votre exemple le touche,

S'il revient à vos pieds abjurer son erreur,

Qu'il trouve en arrivant l'amour sur votre bouche

Et le pardon dans votre cœur.

FRAGMENT de la comédie des Sentimens secrets, par madame la baronne de Staël.

C'est la comtesse qui dit à Sophie, sa pupille et sa rivale sans le savoir :

On se désintéresse à la fin de soi-même,

On cesse de s'aimer si quelqu'un ne nous aime,

Et d'insipides jours l'un sur l'autre entassés

Se

Ne

De

passent lentement et sont vite effacés.

pensez pas non plus qu'il suffise, Sophie,

songer au bonheur dans l'hiver de la vie; Celui qu'on goûte alors du passé doit venir.

Ceux qui nous ont aimés peuvent seuls nous chérir.

C'est par le don heureux des jours de sa jeunesse
Qu'on mérite l'amour jusque dans la vieillesse.
Le cœur qui fut à nous vit de ses souvenirs,

Et les prend quelquefois pour de nouveaux plaisirs.

IMPROMPTU à la première et derniène représentation de l'opéra de Vert-Vert.

SUR l'air : Quand je bois du vin clairet.

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Le Portrait, ou la Divinité du Sauvage, comédie lyrique en deux actes, a été représentée pour la première fois sur le Théâtre de l'Académie royale de musique le vendredi 22 octobre. Les paroles sont de M. Rochon de Chabannes, la musique de M. Champein.

Dans ce ridicule ouvrage, si quelque chose peut se comparer à la sottise de l'invention, c'est la platitude du style et des vers. Quant à la musique, on n'y a remarqué qu'un ou deux airs d'une facture facile et d'un chant agréable, le reste est un tissu de réminiscences et de trivialités; ajoutez à cela que tout est presque dans la même modulation. C'est le sieur Laïs qui fait le Sauvage avec tout l'esprit de Panurge, c'est la belle madame Ponteuil qui joue le rôle de Julie, et mademoiselle Rousselois celui de Finette.

C'est à l'époque de la plus grande décadence du Théâtre qu'un décret solennel vient de rendre aux Comédiens tous les droits civils et ecclésiastiques dont un préjugé barbare les avait dépouillés jusqu'alors, et des Dorival, des Vanhoye, des Raucour, des La Chassaigne obtiennent une justice qu'on avait constamment refusée aux Le Kain, aux Brizard, aux Clairon, aux Dumesnil; mais c'est aussi depuis qu'échappés du joug honteux et tyrannique des gentilshommes de la chambre ils ont l'honneur d'être les comédiens de la Nation au lieu d'être modestement comme jadis de simples pensionnaires du Roi, c'est depuis cette heureuse Révolution qu'ils reçoivent plus d'ordres arbitraires, qu'ils éprouvent plus de dégoûts et de vexations de toute espèce qu'ils n'en avaient jamais essuyé auparavant, Le parterre prétend les assujettir tous les jours à de nouvelles fantaisies, à de nouveaux caprices ; la Municipalité, vu la volonté du peuple, ne manque pas une occasion de leur faire sentir tout le poids de son autorité, et messieurs les Auteurs, dont les ouvrages leur font gagner aujourd'hui moins d'argent que jamais, achèvent de les accabler par une réclamation qui ne tend pas à moins qu'à ruiner leur Théâtre de fond en comble.

M. de La Harpe, à la tête d'une députation fort imposante, celle du plus grand nombre des Auteurs dramatiques, est venu présenter à l'Assemblée nationale une longue adresse, dans laquelle, après avoir rappelé avec un juste sentiment de fierté patriotique ce que la plus auguste Assemblée de

l'univers doit aux gens de lettres qui seuls ont préparé la grande et sublime œuvre qu'elle vient d'accomplir, puisque ce sont eux, et eux seuls qui ont affranchi l'esprit humain, l'illustre orateur fait sentir combien il importe au salut de l'État qu'à l'avenir ses propres chefs-d'oeuvre et ceux de ses confrères soient infiniment mieux payés que ne le furent jusqu'ici les faibles essais de Corneille, de Racine, de Voltaire, etc.

L'égalité seule, comme on le voit si bien, pouvant rétablir l'ordre, et la seule concurrence pouvant faire naître l'émulation, ces Messieurs demandent essentiellement deux choses, 1° la concurrence légalement établie entre plusieurs troupes de Comédiens légalement autorisées à jouer toutes les pièces des Auteurs morts ou vivans; 2o la propriété des ouvrages des Auteurs vivans assurée et garantie de manière qu'ils ne puissent être représentés sur aucun Théâtre public, dans toute l'étendue du Royaume, sans leur consentement formel et par écrit, c'est-à-dire sans un marché trèsavantageux pour les Auteurs et par conséquent assez ruineux pour les Comédiens. Ce n'est que cinq ans après la mort des Auteurs qu'il sera permis de représenter leurs ouvrages sur tous les Théâtres, sans que personne puisse en exiger de rétribution, à moins qu'ils n'en eussent fait une cession particulière à telle ou telle troupe, etc.

En attendant la décision de l'auguste Assemblée, les Comédiens ont répondu à l'adresse de messieurs les Auteurs

Que le privilége des Comédiens français avait été détruit lorsque les Représentans de la Nation avaient détruit tous les priviléges; qu'eux-mêmes ne demandaient pas à le conserver, mais qu'on pourrait bien s'apercevoir dans quelques années « que lorsque Louis XIV, si sensible aux jouis» sances d'un art dans lequel il mettait une partie » de sa gloire, avait voulu que tous les grands » talens fussent réunis sur la même scène et qu'ils >> s'excitassent encore par cette réunion qui les >> plaçait ainsi en présence et qui les encourageait >> en quelque sorte à se surpasser mutuellement, >> il avait eu une idée aussi juste que profonde, et » qu'en effet le véritable secret de l'art du Théâtre » est bien plutôt dans ce rassemblement qui mêle >> et qui unit les talens illustrés dans des genres divers » et qui en fait comme un foyer où ils s'échauffent >>> les uns les autres par une rivalité obligée et toujours renaissante, que dans cette prétendue con>>currence qui les empêche d'être eux-mêmes leurs » propres témoins et qui les disperse ou qui les >> sépare. »

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En abandonnant cependant cette opinion, qui ne paraîtrait pas si dépourvue de toute justesse si le développement en eût été moins amphigourique, les Comédiens insistent sur le droit que ne peut leur ôter l'établissement d'une seconde troupe, celui de jouer exclusivement les pièces dont la propriété légalement acquise par leur Théâtre ne peut devenir la proie d'aucun autre.

Les Comédiens français soutiennent que les

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