Imatges de pàgina
PDF
EPUB

bération qui regarde le nouveau député, et le prie de vouloir bien se retirer quelques instans. Tacticus, ajoute-t-on, accoutumé à sortir sans qu'on l'en priât si poliment, répondit qu'il n'avait rien à refuser à ses confrères, et sortit par la porte.- Nul doute, dit Nestoret (d'Aguesseau de Frène), que Tacticus soit exclu de toute Assemblée nationale, civilement, oui, littérairement, non.... Ainsi, Messieurs, ce serait faire une injure gratuite à un galant homme dont la conscience est pure que de casser sa nomination, -Tout le monde applaudit à cette sage distinction, et l'on pria Tacticus de rentrer....

Cette facétie est terminée par le projet d'instruction pour la députation académique; en voici quelques articles :

Article I. Que dorénavant la Nation s'assemblera périodiquement tous les cinquante ans; ces Assemblées donnant lieu à des nuées d'écrits patriotiques qui absorbent l'attention des lecteurs et les distraient des lectures essentielles, telles que les dithyrambes et les productions soignées de la prose bien coloriée.

Art. IV. Que Sa Majesté accordera la liberté de la presse à l'Académie française seulement.... Art. V. Que les propriétés personnelles, mobilières et foncières soient assurées, de manière que, sous aucun prétexte, on ne puisse voler à T'un ses idées, à l'autre ses sujets, et que tout plagiaire convaincu puisse être dénoncé.

Art. VI. Que l'Académie sera maintenue dans

le droit exclusif de faire l'éloge du cardinal de Richelieu, l'ami de la liberté et le Ministre le plus humain.

[ocr errors]

Art. XI. Le député aura un pouvoir illimité de concourir à régler tout ce que le temps permettra aux États-Généraux de statuer sur les améliorations de tous les genres et sur la poursuite des principaux abus qui affligent le Royaume, et: en particulier sur le maintien du goût, etc., enfin, sur la suppression des entrées vexatoires de livres étrangers, qui font oublier les productions du sol, tels que la Richesse des Nations, par Smith; les Recherches sur les Grecs, par M. de Paw, etc.

Sur quelques Contrées de l'Europe, ou Lettres du Chevalier de *** ( c'est-à-dire de La Tremblaye), à madame la Comtesse de ***, deux volumes in-12, avec cette épigraphe :

Quiconque ne voit guère,
N'a guère à dire aussi.

LA FONTAINE.

M. le chevalier de La Tremblaye est un homme du monde qui a fait autrefois, il y a trente ans, des odes, des élégies, des épîtres, dont quelquesunes même ont remporté, je crois, le prix de l'Académie des Jeux Floraux à Toulouse. L'ouvrage que nous avons l'honneur de vous annoncer est le fruit de ses voyages en Italie et en Suisse. Il ne faut pas s'attendre à y trouver des observations bien neuves, bien profondes; mais on y

que

verra souvent des détails agréables, de la finesse, de la bonhomie, et même assez de légèreté dans le style, au moins dans la prose; car les vers, et il y en a beaucoup, nous ont paru en général trèsfaibles. Zurich lui doit des remercîmens; il dit c'est l'Athènes de la Suisse : M. Lavater lui paraît, après M. Diderot, l'homme de l'imagination la plus forte qui puisse exister peut-être. Ce rapprochement n'étonnera point ceux qui ont connu l'un et l'autre. Quel homme que Diderot, s'il n'eût pas été athée! Quel homme, diront d'autres, que Lavater, s'il n'eût pas été chrétien!

C'ÉTAIT sans doute un assez beau spectacle que celui qu'on vit à Versailles le mardi 5 mai, et quelque différent qu'il soit de tous ceux dont nous avons l'honneur de vous entretenir habituellement, l'impuissance où nous nous sentons de faire un tableau digne de la majesté du modèle ne nous fera point renoncer au désir de vous en présenter une légère esquisse, sûrs au moins qu'elle aura le mérite de la plus exacte vérité.

Commençons par donner une idée du local. C'est une grande et belle salle de cent vingt pieds de longueur sur cinquante-sept de largeur en dedans des colonnes : ces colonnes sont canelées, d'ordre ionique, sans piédestaux, à la manière grecque; l'entablement est enrichi d'oves, et audessus s'élève un plafond percé en ovale dans le milieu. Le jour principal qui vient par cet ovale était adouci par une espèce de tente en taffetas blanc. Dans les deux extrémités de la salle on a ménagé deux jours pareils qui suivent la direction de l'entablement et la courbe du plafond : cette manière d'éclairer la salle y répandait partout une lumière douce et parfaitement égale, qui faisait distinguer jusqu'aux moindres objets, en donnant aux yeux le moins de fatigue possible. Dans les bas côtés on avait disposé pour les spectateurs des gradins, et à une certaine hauteur des travées

ornées de balustrades. L'extrémité de la salle destinée à former l'estrade pour le Roi et pour la Cour était surmontée d'un magnifique dais, dont les retroussis étaient attachés aux colonnes. Cette enceinte, élevée de quelques pieds en forme de demi-cercle, était tapissée toute entière de velours violet, semé de fleurs de lis d'or. Au fond, sous un superbe baldaquin, garni de longues franges d'or, était placé le trône. Au côté gauche du trône, un grand fauteuil pour la Reine et des tabourets pour les Princesses; au côté droit, des plians pour les Princes; au pied du trône, à gauche, une chaise à bras pour le Garde des Sceaux; à droite, un pliant pour le Grand-Chambellan; au bas de l'estrade était adossé un banc pour les Ser crétaires d'état, et devant eux, une grande table couverte d'un tapis de velours violet; à droite et à gauche de cette table il y avait des banquettes res couvertes de velours violet, semé de fleurs de lis d'or celles de la droite étaient destinées aux quinze Conseillers d'état et aux vingt Maîtres des requêtes invités à la séance; celles de la gauche aux Gouverneurs et Lieutenans-Généraux des provinces. Dans la longueur de la salle, à droite étaient d'autres banquettes pour les Députés du Clergé; à gauche, pour ceux de la Noblesse, et dans le fond, en face du trône, pour ceux des Communes. Tous les planchers de la salle étaient couverts des plus beaux tapis de la Savonnerie.

Dès le matin avant neuf heures il n'y avait plus de gradins, plus de tribunes qui ne fussent oc

« AnteriorContinua »