JEANNE D'ARC. Jeanne d'Arc. Laissez-moi auparavant vous faire connaître celle que vous condamnez. Je ne suis point la fille d'un berger; je suis issue de la race des rois. Vertueuse et sainte, élue par le ciel, inspirée par sa grâce pour accomplir sur la terre des actes surnaturels, je n'ai jamais eu commerce avec les esprits impurs. Mais vous, corrumpus par la débauche, couverts d'un sang innocent, souillés d'innombrables vices, parce que vous n'avez pas la grâce que d'autres possèdent, vous jugez impossible d'opérer des miracles autrement que par le secours des démons. Désabusez-vous: Jeanne d'Arc est vierge depuis son enfance: sa pensée est restée chaste et pure; et la voix de son sang virginal que votre cruauté va répandre, montera jusqu'aux cieux et demandera vengeance. York. Allons;-qu'on la conduise au supplice. [Les gardes emmènent Jeanne d'Arc. HENRI VI.-1ère Partie, Acte V. Scène IV. MARGARET. Margaret. What though I be enthrall'd! he seems a knight, And will not any way dishonour me. Suffolk. Lady, vouchsafe to listen what I say. [Aside. Margaret. Perhaps, I shall be rescued by the French; And then I need not crave his courtesy. [Aside. Suffolk. Sweet madam, give me hearing in a cause— Margaret. Tush! women have been captivate ere now. [Aside. you so? Margaret. I cry you mercy, 'tis but quid for quo. Suffolk. Say, gentle princess, would you not suppose Your bondage happy, to be made a queen? Margaret. To be a queen in bondage is more vile Than is a slave in base servility: For princes should be free. If happy England's royal king be free. Margaret. Why, what concerns his freedom unto me? To put a golden sceptre in thy hand, And set a precious crown upon thy head, If thou wilt condescend to be my— Margaret. I am unworthy to be Henry's wife. To woo so fair a dame to be his wife, And have no portion in the choice myself. How say you, madam; are you so content? Margaret. An if my father please, I am content. Suffolk. Then call our captains and our colours forth; And, madam, at your father's castle walls We'll crave a parley, to confer with him. KING HENRY VI., Part I.—Act V. Scene III. MARGUERITE. Marguerite. (A part.) Qu'importe que je sois captive? Il m'a l'air d'un chevalier, et je n'ai à craindre de lui aucune insulte. Suffolk. Madame, veuillez entendre ce que j'ai à vous dire? Marguerite. (A part.) Peut-être serai-je délivrée par les Français; et dans ce cas, je n'ai pas besoin de sa courtoisie. Suffolk. Madame, j'ai à vous entretenir d'un objet Marguerite. (A part.) Bah! je ne suis pas la première femme qui se soit vue captive. Suffolk. Madame, pourquoi vous parlez-vous ainsi à vous-même ? Marguerite. Je vous demande mille pardons; c'est un quid pro quo. Suffolk. Dites-moi, charmante princesse, ne béniriez-vous pas votre captivité, si vous deveniez reine. Marguerite. Etre reine dans l'esclavage, c'est une destinée plus vile que celle du dernier des esclaves; car les princes doivent être libres. Suffolk. Et vous le serez aussi, si le roi de l'heureuse Angleterre est libre. Marguerite. Qu'il soit libre ou non, en quoi cela peut-il me toucher? Suffolk. Je me fais fort de vous donner le roi Henri pour époux, de mettre dans vos mains un sceptre d'or, et sur votre tête une riche couronne, si vous daignez répondre à mon Marguerite. A quoi? Suffolk. A son amour. Marguerite. Je suis indigne d'être l'épouse de Henri. Suffolk. Non, madame, c'est moi qui suis indigne de lui servir d'interprète auprès d'une beauté si ravissante, et je ne suis personnellement pour rien dans ce choix. Qu'en dites-vous, madame? y consentez-vous? Marguerite. Si mon père l'a pour agréable, j'y consens. Suffolk. (A l'un de ses officiers.) Faites avancer nos guerriers et nos étendards. (A Marguerite.) Madame, nous allons appeler votre père sur les remparts et entrer avec lui en pourparler. HENRI VI.-1ère Partie, Acte V. Scène III |