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mathématiques au Collége royal (Collége de France), et fut nommé médecin de Charles IX. Partisan et commentateur d'Aristote, il se trouva en opposition avec Pierre Ramus, adversaire déclaré du grand philosophe grec. Selon Moréri, Charpentier défendit ses opinions avec trop de chaleur. On l'accuse même d'avoir participé au meurtre de Ramus dans la journée de la SaintBarthélemy. Ce fait, s'il est vrai, est un singulier exemple d'intolérance en matière de philosophie. Charpentier survécut peu à son malheureux rival. « Il tomba, dit Éloi, dans une mélancolie que rien ne put dissiper, et qui le plongea dans la phthisie, dont il mourut, au mois de janvier 1574. » On a de lui: Descriptio universæ naturæ ex Aristot.; de putredine et coctione; Paris, 1562, in-4"; Ad expositionem Disputationis de methodo, contra Thessalum Ossatum responsio; Paris, 1564, in-4°; Orationes contra Ramum; 1566, in-8°; Epistola in Alcinoum; 1569, in-8°;—Libri XIV, qui Aristotelis esse dicuntur, de secretiore parte divinæ Sapientiæ secundum Egyptios, ex arabico sermone, etc.; Paris, 1572, in-4°; Comparatio Platonis cum Aristotele in universa philosophia; Paris, 1573, in-4°.

Moreri, Grand dictionnaire historique. — Éloy, Dictionnaire historique de la médecine. Biographie médicale.

CHARPENTIER (Jean-Frédéric-Guillaume), minéralogiste allemand, né à Dresde, le 24 juin 1738, mort le 27 juillet 1805. Il professa les mathématiques à l'Académie des mines de Freiberg en 1766. En 1784 il devint directeur des mines d'alun de Schwemsal, en Prusse; puis il alla en Hongrie pour y étudier et expérimenter la méthode d'amalgamation (Amalgamir - Méthode), et à son retour il fut chargé de diriger, d'après son plan, l'établissement de Freiberg. Il fut anobli par l'empereur Joseph, en 1791. En 1800 il devint vice-directeur, et en 1801 directeur des mines. Ses principaux ouvrages sont : Mineralogische Geographie des Kursächsischen Landes (géographie minéralogique de la Saxe électorale); Leipzig, 1778; Beobachtungen ueber die Lagerstætte der Erze (observations sur les gîtes des minerais); Leipzig, 1799; Beitrage zur geognostischen Kenntniss des Riesengebirgs (documents sur la géologie de la montagne des Géants); Leipzig, 1804.

Conversations-Lexicon.

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CHARPENTIER (Louis), littérateur français, né à Brie-Comte-Robert, vivait en 1776. On a de lui: Lettres critiques sur divers écrits de nos jours contraires à la religion et aux mœurs; Londres (Paris), 1751, 2 vol. in-12; la Décence en elle-même, dans les nations, dans les personnes et dans les dignités, prouvée par les faits; Paris, 1767, in-12; Contes moraux; Amsterdam, 1767, 2 vol. in-12; Nouveaux Contes moraux, ou historiettes galantes et morales; Paris, 1767, 3 parties ia-12; — l'Orphelin normand, ou les petites

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CHARPENTIER (Jean-Jacques BEAUVARLET). Voy. BEAUVARLET.

CHARPENTIER (Marc-Antoine), musicien français, né à Paris, en 1634, mort dans la même ville, en 1702. Il se rendit à Rome trèsjeune, dans le dessein d'y étudier la peinture. Un jour il entra dans une église, et entendit un motet composé par Carissimi. Il avait quelque connaissance en musique; et dès ce jour il abandonna la peinture pour se faire musicien. Carissimi lui donna des leçons, et en fit un des plus habiles compositeurs de son temps. Les mor ceaux qu'il écrivit en Italie lui attirèrent même une si grande réputation dans ce pays, qu'on l'y surnomma le phénix de la France. De retour dans sa patrie, il fut nommé maître en la chapelle de Monseigneur; mais Lulli, qui redoutait un rival, fit si bien, que le roi retira cette place à Charpentier et la joignit à celle de son maître de chapelle et de maître de chapelle de la reine, que Lulli possédait déjà. Charpentier accepta alors la place de maître de la musique de mademoiselle de Guise, et composa d'excellents morceaux. Insensiblement il changea de manière, et composa de la musique pleine d'harmonie et d'effets jusque alors inconnus en France. Ce style nouveau et tout différent de celui auquel Lulli avait accoutumé les oreilles lui attira de la part des ignorants le nom de «< compositeur dur et barbare». Le duc d'Orléans, depuis régent, le choisit cependant pour maître, et lui donna l'intendance de sa musique. Dégoûté du théâtre par l'injustice publique et la jalousie de Lulli, Charpentier ne voulut plus composer que de la musique sacrée. Il fut nommé maître de chapelle de l'église du collège et de la maison professe des jé suites de la rue Saint-Antoine, à Paris, où tous les amateurs de bonne musique se rendaient en foule pour l'entendre. Il devint ensuite maître de la musique de la Sainte-Chapelle, et mourut après avoir professé pendant quarante ans.

Charpentier a composé plusieurs opéras; son son meilleur ouvrage est Médée. On y trouve des morceaux fort bien faits, et particulièrement un usage tres-heureux des instruments de l'orchestre. Ila composé aussi la musique du Malade imaginaire, faussement attribuée à Lulli. On a, enfin, de lui plusieurs recueils d'airs à boire, des motets à une, deux, trois et quatre parties, des messes, etc. [ Enc. des g. du m.] Fétis, Biographie universelle des musiciens. CHARPENTIER (Paul), littérateur français, né à Paris, le 30 janvier 1696, mort à Lagny, le

28 avril 1773. Il entra dans l'ordre des PetitsAugustins, et y devint provincial. On a de lui : Histoire du siége de Rhodes, trad. du latin de Guichard, publiée dans le Mercure d'avril 1766; - Lettre encyclique sur les affaires d'Espagne; Paris, 1767, in-12, et deux poëmes inachevés sur l'horlogerie et la fabrication du papier.

Chaudon et Delandine, Dictionnaire universel. Barbier, Examen des dictionnaires historiques. Quérard, la France littéraire.

CHARPENTIER (René), sculpteur français, né à Paris, en 1580, mort dans la même ville, le 15 mai 1723. Il était élève de Girardon, et fut reçu à l'Académie de peinture. Girardon employa cet artiste à la sculpture du tombeau de sa femme, à Saint-Landry. On estime particulièrement les travaux que Charpentier a exécutés dans l'église Saint-Roch à Paris, entre autres le tombeau du comte Rangoni.

Feller, Dictionnaire historique. Chaudon et Delandine, Dictionnaire universel.

CHARPENTIER, en latin CARPENTARIUS (Pierre), jurisconsulte français, né à Toulouse, mort vers 1586. Il se déclara, étant encore fort jeune, en faveur de la réforme, se rendit à 'Genève, et y enseigna le droit; il se brouilla avec Bèze et les autres chefs du calvinisme; puis, après avoir quitté Genève, « mécontent et sans dire adieu à ses créanciers », dit Bayle, il vint à Paris en 1572, et offrit bientôt le spectacle étrange d'un protestant justifiant la Saint-Barthélemy. Cette apologie parut sous le titre de Lettre qui monstre que les persécutions des Églises de France sont advenues, non par la faulte de ceux qui faisoient profession de la religion, mais de ceux qui nourrissoient les factions et conspirations. Composé en latin, traduit en français (probablement par l'auteur lui-même), cet écrit vit le jour en septembre 1572, quelques semaines après la Saint-Barthélemy. De graves accusations y sont lancées contre les chefs du parti de la réforme, accusés de se servir du prétexte de la religion pour couvrir leurs projets de révolte contre le roi. F. Lortis, auquel la Lettre était adressée, y répondit l'année suivante. L'attaque et la réponse furent reproduites en 1574 dans le 1er volume des Mémoires sur l'estat de la France sous Charles IX. Les calvinistes n'épargnèrent pas les injures et les reproches à Charpentier. Voici dans quels termes de Thou, traduit par Jurieu, s'exprime au sujet de Charpentier: «Un nommé Pierre Charpentier, qui étoit de Toulouse, et qui avoit publiquement enseigné le droit à Genève, étant entré fort avant dans la familiarité de Bellièvre, se sauva chez lui pendant le massacre avec plusieurs autres personnes distinguées... Pour s'accommoder à la fortune, et par un effet de son humeur, qui luy faisoit défendre le parti où son parti l'obligeoit d'entrer, il commença à se déchatner, non contre les auteurs du massacre, ni contre l'horrible boucherie qu'ils avoient faite, mais contre ce qu'il appeloit la cause, c'est-à-dire contre la faction des protes

tants, pour laquelle il témoignoit une grande hor reur et qu'il disoit que Dieu avoit justement punie pour tous ses désordres, parce qu'elle s'étoit servie du prétexte de la religion pour couvrir son esprit de sédition et de révolte. »

Après ce préambule, le sévère historien ajoute qu'on jugea Charpentier « fort propre pour le dessein qu'avoient le roy et la reine de justifier le massacre le mieux qu'ils pourroient. Il se chargea volontiers de cette commission, et après avoir reçu une somme d'argent qu'on luy donna et de grandes promesses qu'on luy fit de l'élever à de grandes charges, promesses qu'on luy tint ensuite religieusement, quelque indigne qu'il en fust, il partit de Paris, etc. » Il n'en faut pas davantage pour avoir une idée de la manière dont ses adversaires le jugeaient. Il laissa dire, et devint avocat du roi au grand conseil. On ignore l'époque exacte de sa mort.

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II. p.' 95. Bayle, Dict. Jurieu le

Leber, Catalogue de la bibliothèque, t. Bulletin du bibliophile, 1836, p. 183. historique. — De Thou, Hist., livre LIII. 'Livre de la rclig, des Jésuites. — La Croix du Maine, Bibl. *CHARPENTIER (Jean-Pierre), littérateur français, né le 20 juin 1797, à Saint-Prest (Eureet-Loir). Il fit ses études à Paris, au lycée impérial (Louis le Grand); puis, après avoir traversé les différents degrés du professorat, occupa successivement la chaire de rhétorique aux lycées Louis-le-Grand et Saint-Louis. Agrégé de la Faculté de Paris, il y suppléa pendant onze ans, de 1833 à 1844, M. Leclerc, dans la chaire d'élo. quence latine. Devenu, en 1843, inspecteur de l'Académie de Paris, il exerça pendant dix années ces fonctions, dont il conserve actuellement, dans sa retraite, le titre honorifique. On a de lui: Études morales et historiques sur la littérature romaine; 1 vol. in-8°, 1829; Essai sur l'histoire littéraire du moyen âge; 1 vol. in-8°, 1833; — Tableau historique de la littérature française aux quinzième et seizième siècles; 1 vol. in-8°, 1835; Tertullien et Apulée; 1 vol. in-8°, 1839; Histoire de la renaissance des lettres en Europe, au quinzième siècle; 2 vol. in-8°, 1843; - Études sur les Pères de l'Église; 2 vol. in-8°, 1853. -. Indépendamment de ces ouvrages, M. Charpentier est auteur d'un Discours qui a remporté le prix proposé au meilleur mémoire sur cette question: A laquelle des deux littératures, latine ou grecque, la littérature, française est-elle le plus redevable; 1828, in-8o, de 48 pages. 11 a, de 1836 à 1838, publié, en collaboration de M. Burette, des Cahiers d'histcire littéraire ancienne et moderne, qui contiennent, entre autres parties dues spécialement à la plume de M. Charpentier, l'Abrégé de l'histoire de la littérature grecque; 1 vol. in-12, 1837. Il a dirigé la publication des classiques latins (textes), édition publiée par M. Panckoucke sous le titre de Nova scriptorum latinorum Bibliotheca; in-8°, 18331838. Il a donné dans la Bibliothèque fran çaise du même auteur une traduction des Bu

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CHARPENTIER-COSSIGNY. Voy. CoSSIGNY. CHARPY, dit SAINTE-CROIX (Nicolas), aventurier et visionnaire français, né à Sainte-Croix (Bresse), mort vers 1670. Voici ce qu'en dit Mézerai : « Il avoit été secrétaire de M. de CinqMars, et étoit hors de son service quand il fut arrêté à Narbonne. Il s'étoit mêlé de bien des choses. En 1648 il avoit fait un faux sceau. Deux de ses

compagnons furent pris; un mourut en prison, l'autre s'évada durant la guerre par un trou de la Conciergerie avec quatre-vingts autres prisonniers. Ils avoient accusé Charpy, qui fut pendu en effigie à la Grève. Il se tint caché pendant près d'un mois dans une cave, jusqu'à ce que la cour se fut enfuie la nuit de Paris. Dans ce désordre, il gagna les frontières, et alla en Savoye, où il se fit nommer Sainte-Croix. Depuis il est revenu en France, est fort bien à la cour et un des

sous-ministres. Il est tombé en dévotion enthousiastique, et fait le prophète. >> Dom Calmet dit que Charpy était prêtre et théologien. On a de lui: Le Hérault de la fin des temps, ou histoire de l'Église triomphante; Paris (sans date), chez Guillaume Desprez, in-4o, de 8 pages; L'ancienne nouveauté de l'Écriture Sainte, ou l'Église triomphante en terre; Paris, 1657, in-8°. L'auteur établit dans cet ouvrage qu'il doit se faire prochainement une réformation générale de l'Église, et que tous les peuples sont sur le point d'être convertis à la vraie foi. Ces merveilles devaient s'accomplir par un certain lieutenant de J.-C., de la race de Juda, auquel s'appliquaient les plus claires prophéties du Messie. Charpy annonçait que l'Anti-Christ devait naître dans le dix-septième siècle, et qu'après avoir excité une cruelle persécution contre l'Église, sa puissance serait détruite par le lieutenant du Christ; que sous le règne de ce lieutenant les Juifs se convertiraient à la foi chrétienne; qu'ils rebâtiraient le temple de Jérusalem, et deviendraient les maitres de la terre; qu'enfin deux mille ans après l'Ascension de J.-C., tous les hommes seraient rétablis dans la justice originelle, et qu'ils passeraient sans mourir de la terre au ciel. Charpy tire toutes ces prédictions du rapport qu'il y a entre le corps naturel de J.-C. et son corps mystique, qui est l'Église; et comme il admet que J.-C. est ressuscité quarante heures après sa mort, et qu'il a apparu huit heures après à ses disciples, il en conclut qu'il

enverra son lieutenant au bout de quarante heures et viendra en personne après la quarante-huitième, c'est-à-dire après deux mille ans, à prendre mille ans pour vingt-quatre heures. Voilà l'analyse de l'ouvrage de Charpy, qui fut réfuté par Arnauld, ans des Remarques sur les principales erreurs d'un livre intitulé l'Ancienne nouveauté, avec un avertissement de Nicole; Paris, 1665, in-8° (très - rare), et 1735, in-12. On a encore sous le nom de Sainte-Croix Charpy: Catéchisme eucharistique en deux journées; Paris, 1668, in-8°. Dans le recueil des Harangues de Brice Bauderon de Senecé, imprimé en 1685, on voit trois lettres de Nicolas Charpy de Sainte-Croix.

Moréri, Grand dictionnaire' historique, IX, 72. Dupin, Table des auteurs ecclésiastiques ( dix-septième siècle), no 2296. Dom Calmet, Dictionnaire de la Bible. Papillon, Biblioth. des Auteurs de Bourgogne.

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CHARPY (Gaétan), théatin et littérateur français, né à Mâcon, en 1683. Il était de la congrégation des Théatins, dont il devint le supérieur à Paris. On a de lui: Vie du B. Gaétan de Thienne, fondateur des clercs réguliers; Paris, 1657,in-4°;-Elogium cardinalis Mazarini apologeticum, seu historia Gallo-Mazarina compendium, en prose quarrée; Paris, 1658, in-8°; - Histoire de l'Éthiopie orientale, trad. du portugais de Jean de Santo, dominicain; Paris, 1684, in-12. Relation de la mission faite en France par les théatins en 1644 (manuscrit).

Moréri, Grand dictionnaire historique, IX, 72. — Papillon, Bibliothèque des auteurs de Bourgogne.

CHARPY (Jean DE), abbé de Sainte-Croix, poëte français, vivait vers le milieu du dix-septième siècle. L'abbé de Marolles, dans le dénombrement des auteurs qui est à la fin de son Discours sur les Œuvres d'Ovide, le cite comme son ami. On a de lui: Paraphrase, en vers, des Lamentations de Jérémie et plusieurs pièces sur des sujets de piété ou à la louange de Louis XIV.

Moréri, Grand dictionnaire historique.

CHARPY DE SAINTE-CROIX (Louis), litté rateur français, vivait en 1689. Il était de la famille du précédent, et a été souvent confondu avec lui. On a de Louis Charpy : Le juste Prince, ou le miroir des princes en la vie de Louis XIII; Paris, 1638, in-4°. Paraphrase du psaume LXXI, sur la naissance du dauphin, in-4°; Epitre à l'hiver sur

le voyage de la reine de Pologne, in-4°; Abrégé des grands, ou de la vie de tous ceux qui ont porté le nom de grands, en vers latins et français; Paris, 1689, in-4°.

Morers, Grand dictionnaire historique.

CHARREL (Pierre-François ), homme politique français, mort à Constance, en 1817. JI accueillit avec enthousiasme les principes de la révolution. I accepta à Grenoble des fonctions municipales, fut envoyé, en septembre 1792, comme député de l'Isère à la Convention

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CHARRI (Jacques PREVOST, seigneur DE) gentilhomme languedocien, assassiné à Paris, le 30 décembre 1563. Il s'était distingué par sa valeur dans les armées françaises dès les premières guerres de François Ier. Le maréchal Blaise de Montluc l'aimait beaucoup, et le regardait comme un des meilleurs officiers de son temps. Il en était aussi un des plus sévères, à ce que rapporte Boivin de Villars. Dans un combat où Charri défit avec quelques hommes trois cents Allemands de la garnison de Crescentino, i abattit d'un revers d'épée le bras du capitaine de cette troupe, quoiqu'il fût couvert d'un brassard et d'une manche de mailles; ce bras fut porté tout armé à l'amiral Bonniyet, qui admira la force de ce coup. En 1563, la reine Catherine de Médicis forma pour la garde du roi Charles IX un régiment de dix enseignes de gens de pied français, et en donna le commandement à Charri, qui fut le premier maître de camp des gardes françaises, dont l'institution remonte à cette époque. Charri, enflé d'orgueil, commença dès lors à braver Dandelot, colonel général de l'infanterie française, et à ne plus vouloir le reconnaître pour son supérieur, prétendant ne recevoir d'ordres que du roi directement. Ils eurent une querelle assez vive à ce sujet sur l'escalier du Louvre. Brantôme avertit dès lors, à ce qu'il affirme, Charri qu'il se perdait, « les grands étant en effet toujours entourés de gens empressés à embrasser leurs querelles et exercer leurs vengeances ». Un gentilhomme protestant du Poitou, attaché à Dandelot, Chastelier-Pourtaut, se souvint tout à coup qu'il devait venger son frère, tué en duel par Charri quatorze ans auparavant, à La Mirandole. Il se cacha dans la boutique d'un armurier, sur le pont Saint-Michel, avec le brave de Mourans, un soldat aux gages de Dandelot, nommé Constantin et onze autres. Au moment où Charri entra sur le pont, accompagné par deux de ses officiers, Chastelier s'élança sur lui avec ses satellites, en lui criant : «< Souviens-toi, Charri, du tort que tu m'as fait; » et lui plongeant son épée dans le corps, il la tourna par deux fois pour rendre la plaie mortelle. Un des compagnons de Charri fut aussi tué; après quoi, les meurtriers se retirèrent lentement par le quai des Augustins au faubourg Saint-Germain, où des chevaux les attendaient pour les mettre en sûreté. » — « Le roi et la reine et la plupart de la cour, ajoute Brantôme, ne doutoient nullement que M. Dandelot n'eust suscité et persuadé

le coup, dont plusieurs l'excusoient pour ne pouvoir être patient des bravades et insolences du dit Charri. Toutefois, cette cause demeura indécise, et aussi que rien ne put vérifier ni prouver, et ne fut autre chose de ce meurtre. » Montluc, Commentaires. Boivin du Villars, Histoire des guerres du Piemont. - Brantôme, des Colonels de l'infanteric françoise, IV, 279. — D'Aubigné, Histoire universelle, IV, ch. 3, p. 202.- La Poplinière, Histoire de France, liv. X, fol. 375. - De Thou, Histoire, liv. XXXV, p. 429.

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CHARRIER (Marc-Antoine), homme politique français, né à Nabinals (Gévaudan), en 1753, exécuté à Rhodez, le 17 août 1793. II était fils d'un notaire de Mende, fut reçu avocat à Toulouse, s'engagea dans le régiment de Bourbonnais, et fit trois ans la guerre en Corse. Il reprit ensuite la charge de son père. En 1789 il fut élu député aux états généraux par le tiers état du Gévaudan, et signa les protestations des 12 et 15 septembre 1791. Entraîné par les agents des princes émigrés, il souleva quelques bandes de royalistes dans la Lozère. Décrété d'accusation le 12 avril 1792, il se réfugia dans les montagnes jusqu'en mars 1793, époque à laquelle il prit l'offensive, défit les troupes républicaines en trois rencontres, s'empara de Marvejols, puis de Mende, et fit insurger toute la Lozère. Ces troubles furent rapidement arrêtés : cerné de toutes parts, vendu par un de ses parents, Charrier tomba aux mains des républicains. On le conduisit devant le tribunal criminel de l'Aveyron, qui le condamna à mort, le 16 août 1793. L'exécution eut lieu le lendemain. Biographie moderne.

CHARRIER DE LA ROCHE (Louis), prélat français, de la famille du précédent, né à Lyon, le 17 mai 1738, mort le 17 mars 1827. Reçu docteur le 15 mars 1764, il ne tarda pas à être nommé grand-vicaire de Lyon et vice-gérant de l'officialité. Charrier passait pour être attaché au parti janséniste, ainsi que MTM de Muntozet, archevêque de Lyon, dont il était le grand-vicaire. M1 de Marbeuf, ayant pris possession du siége de Lyon, ne continua point Charrier dans les fonctions que celui-ci remplissait auprès de MS" de Montozet. Élu député aux états généraux par le clergé de Lyon, Charrier commença à se montrer lors des protestations et réclamations contre le décret du 13 avril 1790, concernant la religion d'État. Dans cette circonstance, il se sépara de la majorité de ses collègues, et publia une petite lettre, qui fut attaquée par Mauthot, dans son Examen de l'Ultimatum de Bertholio. Cette polémique produisit une nouvelle brochure de Charrier, sur le Culte public de la religion nationale catholique en France; l'auteur, partisan de réformes modérées, exhorte le clergé à ne point les repousser. En 1791 il prêta le serment à la constitution civile du clergé, et fut nommé évêque constitutionnel dans le département de la Seine-Inférieure. Il

publia en cette qualité plusieurs pastorales sur le nouvel ordre de choses, sur la nécessité de la conciliation entre les partis, etc., ainsi qu'une circulaire, approuvée par Gobel et autres evêques constitutionnels, ayant pour but de prémunir les curés de son diocèse contre les brefs du pape. Le 26 octobre 1791 Charrier adressa sa démission aux électeurs du département; et il écrivit en même temps une lettre à plusieurs de ses confrères pour les inviter à suivre son exemple. Rentré dans son pays, Charrier publia un Examen du décret du 27 août 1791, qui considérait le mariage comme un contrat civil, où l'on trouve de bonnes réflexions sur le célibat ecclésiastique et contre le divorce. Après la Terreur, il se réconcilia avec le saint-siége, et depuis ce moment ses rapports avec les constitutionnels cessèrent entièrement. Nommé évêque de Versailles en 1802, puis premier aumônier de Bonaparte en 1804, Mgr Charrier assista au concile de Paris qui eut lieu en 1811. Outre les publications signalées dans le cours de cette notice, on a de lui: Réfutation de l'instruction pastorale de l'évêque de Boulogne sur l'autorité spirituelle, 1791, in-8°; Questions sur les affaires présentes de l'Église de France, 1792, in-8°.

Ami de la religion

A. R.

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CHARRIÈRE (Ernest), littérateur français, né à Grenoble, en 1805. Il a complété ses études par des voyages, et a publié : Sainte-Hélène, ou souvenir d'un voyage aux GrandesIndes, poëme lyrique; Paris, 1826, in-4°; la Chute de l'empire, drame-épopée, précédée de Considérations sur l'avenir de l'Europe; Paris; 1836;- Chronique de Bertrand du Guesclin par Cuvelier, complétée par E. Charrière, au moyen d'une chronique bretonne de Guillaume de Saint-André; Paris, F. Didot, 1839, 2 vol. in-4°; Description des hordes et des steppes des Kirghiz-Kazaks ou Kirghiz-Kaissaks, trad. du russe d'Alexis de Levchine; Paris, Imprimerie royale, 1840, grand in-8°, avec planches et cartes : c'est une monographie complète et très-curieuse des Kirguises; la Politique de l'histoire; Paris, 1841-42, 2 vol. in-8° ce livre contient d'intéressants détails sur les peuples slaves; - Négociations diplomatiques entre la France et le Levant: cet ouvrage, en cours de publication, a obtenu le prix Gobert, décerné par l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1853. Il fait partie, ainsi que la chronique de du Quesclin, de

la Collection des documents inédits relatifs à l'histoire de France publiés, à partir de 1834, sous les auspices du gouvernement.

Dubeux, Tartarie, dans l'Univers pittoresque, p. 119. - Quérard, la France littéraire. — Louandre et Bourquelot, la Littérature française contemporaine.

CHARRIÈRE ( Joseph DE LA), médecin français. Voyez LA CHARRIÈRE.

CHARRIÈRES (Mme SAINT-HYACINTHE DE), romancière, née en Hollande, vers 1740, morte le 27 décembre 1805, près de Neuchâtel, en Suisse. Elle sortait d'une famille noble, mais sans fortune. Jeune encore, elle écrivait déjà en français avec une netteté et un naturel remarquables; elle lisait avec avidité les meilleurs auteurs et les appréciait avec finesse. Au retour d'un voyage qu'elle fit en Angleterre, en 1766, elle épousa M. de Charrières, gentilhomme vaudois, et elle le suivit dans la Suisse française. Établie à Colombin, à une lieue de Neuchâtel, elle observa les mœurs du pays; et elle les peignit avec bonheur et avec une douce sensibilité dans des écrits auxquels elle ne songea d'abord que pour occuper ses loisirs. Son premier roman, les Lettres Neuchâteloises, parurent en 1784. Nous renvoyons pour cet ouvrage à la longue analyse qu'en a donnée M. SainteBeuve. Cet ingénieux critique regarde ces lettres (qui ne forment qu'une centaine de pages) comme une petite perle dans le genre naturel : « A défaut, dit-il, de passion proprement dite, un pathétique discret et doucement profond s'y mêle à la vérité railleuse, à la vie familière prise sur le fait. Quelque chose du détail hollandais, mais sans l'application ni la minutie, et avec une rapidité bien française. » Deux ans après, en 1786, parut Caliste, ou lettres écrites de Lausanne. « Pas de drame, des citations très-simples et un intérêt attachant. » Divers ouvrages suivirent; de petites comédies, des contes, des diminutifs de roman. Mme de Charrières composait pour elle et ses amis, au jour le jour et sans prétention. On distingue dans tout ceci son roman des Trois Femmes, « bien remarquable philosophiquement, bien agréable; c'est un roman du Directoire, mais qui se peut avouer et relire, même après toutes les restaurations »>. · Cette femme spirituelle eut une vieillesse assez triste; mais elle renferma stoïquement sa plainte. Elle était liée avec Benjamin Constant, alors fort jeune, et de 1787 à 1795 une correspondance pleine d'intérêt, de révélations piquantes, de vues parfois amères et toujours justes sur la société, s'échangea entre eux. Madame de Charrières connut aussi madame de Staël : les lettres qu'elles s'écrivirent sont restées dans l'ombre. Il faut reconnaître chez cette personne, qui a longtemps et injustement été oubliée, une des femmes les plus distinguées du dix-huitième siècle, parfaitement originale de grâce, de pensée et de destinée; née en Hollande et vivant en Suisse, elle

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