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servant de faire plus tard les recherches nécessaires, afin de tracer ensuite une esquisse de la propagation du christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, depuis l'apostolat de saint Thomas jusqu'à nos jours.

Tel est le travail historique dont nous entreprenons la publication. De même qu'en parlant des peuples et des pays de la haute Asie, nous n'avons pas laissé alors de fixer quelquefois nos regards sur les œuvres des missionnaires répandus dans ces lointaines contrées, ainsi, aujourd'hui, en même temps que nous raconterons plus particulièrement les laborieux voyages, les combats, les triomphes et les martyres des apôtres de l'Évangile, nous étudierons encore les Tartares, les Chinois et les Thibétains des siècles passés; nous aurons souvent l'occasion de les comparer avec les populations que nous avons naguère si longuement visitées; plus d'une fois il nous sera facile de reconnaitre dans leurs mœurs, dans leurs pratiques religieuses, les traces d'un enseignement chrétien, et d'y recueillir l'histoire traditionnelle des longs efforts, des luttes opiniâtres de nos devanciers.

On connaît

peu les nombreuses tentatives qui

ont été faites dans les premiers siècles de notre ère, et principalement au moyen âge, pour introduire le christianisme au sein de la vieille civilisation chinoise, et parmi les tribus alors si remuantes, si belliqueuses de la Tartarie et du Thibet. Nos grandes histoires modernes s'occupent peu, dans leurs récits, de ces peuples fameux de la haute Asie; et cependant ces lointains pays, aujourd'hui presque entièrement oubliés, n'ont-ils pas été autrefois le théâtre des plus gigantesques événements, des révolutions les plus étonnantes? Quelles secousses terribles n'ont pas imprimées à la terre les incroyables conquêtes de Tchinguiz et de Timour! Quels drames! quels mélanges de nations!

Et puis, au milieu de ces incomparables bouleversements, le phénomène inouï de cette antique civilisation chinoise s'avançant d'âge en âge, à travers mille révolutions, toujours appuyée sur elle-mème, n'empruntant rien aux autres peuples, léguant au contraire à l'Occident la boussole, la poudre à canon, l'imprimerie; merveilleuses découvertes qui, fécondées par le génie européen, ont donné une impulsion si vive à notre civilisation, pendant que leurs premiers inventeurs végètent encore

a.

dans leurs vieilles institutions, dans leurs routines séculaires. Il nous sera facile, dans le cours de notre récit, de suivre les traces de ces grandes découvertes, de démontrer qu'elles nous sont venues primitivement du plateau de la haute

Asie.

L'Europe, après avoir longtemps reçu la lumière de l'Orient, est destinée par la Providence à régénérer les Asiatiques, dont la séve intellectuelle et morale paraît épuisée. Tout sentiment religieux et politique va tous les jours s'affaiblissant de plus en plus au sein de ces nombreuses populations; nous assistons au trépas et à la décomposition de l'Asie. Qui ranimera les membres de ce grand cadavre? Qui s'emparera de ces vieux éléments pour les vivifier?

Il est hors de doute que les destinées de l'humanité sont désormais entre les mains de la race européenne. Il suffit pour s'en convaincre de jeter un regard sur ce qui se passe dans le monde, de voir les nombreuses colonies des peuples chrétiens s'avancer et s'étendre insensiblement dans les hautes régions de l'Asie. Il est écrit dans la Genèse que Noé, prophétisant les destinées des races futures, dit à ses trois enfants :

Que Dieu dilate les possessions de Japhet, et

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qu'il habite dans les tabernacles de Sem (4).

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Tout ce que nous voyons nous autorise à penser que les enfants de Japhet ne tarderont pas à recueillir l'héritage qui leur a été légué, après le déluge, par le testament de Noé. Cependant, il ne faut pas se le dissimuler, il y aura une lutte acharnée; ce ne sera pas sans se débattre énergiquement que la vieille Asie se laissera absorber par l'Europe.

La guerre de Crimée a été un événement d'une haute signification. L'empire ottoman menaçait de s'écrouler; un monarque voisin, un formidable enfant de Sem, étendait déjà son bras puissant pour s'emparer des débris du croissant... Mais l'épée de l'Europe a refoulé les convoitises du csar asiatique. Durant ce drame mémorable, la France a été vue occupant toujours le rang qui lui appartient. Durant les péripéties de la guerre, comme dans les conclusions de la paix, elle n'a pas permis qu'aucune autre nation prévalût sur elle, ni en sagesse, ni en courage. Elle a glorieusement relevé son

(1) Dilatet Deus Japhet, et habitet in tabernaculis Sem. (Gen., ch. IX,

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influence traditionnelle sur les affaires d'Orient.

La paix a été signée. Mais qu'on ne s'y trompe pas; cette paix n'est qu'une trève. Les grandes questions qui couvent dans le monde iront inévitablement se vider sur un théâtre plus vaste et plus éloigné. On sait que la Chine, en proie depuis plusieurs années à une formidable insurrection, à d'affreuses commotions intestines, est menacée d'une dissolution prochaine. Ce royaume immense doit exciter bien autrement l'intérêt de l'Europe que l'empire ottoman. Bientôt la politique sera forcée de détourner ses regards de Constantinople pour les fixer sur Péking.

Autrefois on avait peu à se préoccuper de ces incroyables Chinois, relégués au bout du monde, et menant, derrière leur grande muraille, une vie toute mystérieuse. On se contentait de savourer leur thé, d'admirer leur porcelaine et de rire des magots venus de cette bizarre contrée. La religion seule prenait la Chine au sérieux, et lui envoyait à toutes les époques, et sans se jamais décourager, de nombreux prédicateurs de l'Évangile. Cette propagande chrétienne fut poursuivie avec ardeur et

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