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généreux magistrat avoit abandonné une charge des plus considérables du royaume, et des biens en fonds de terre et en argent qui le rendoient un des plus riches et des plus puissants de la compagnie. Il a fini tranquillement une si belle vie par une mort douce et édifiante, laissant le soin d'une belle et nombreuse famille à une épouse sage et vertueuse, qui, avec la bénédiction de Dieu, en a déjà établi solidement une partie en Hollande et en Angleterre. » Cette épouse étoit, ainsi que nous l'apprend notre note manuscrite, une demoiselle La Sablière, que Misson a dû épouser en 1678, ou 1679 au plus tôt. Il résulte aussi du livre d'Ancillon que Misson étoit mort avant le mois de décembre 1708, date de la dédicace de ce livre : par conséquent il y a faute dans la 8 édition du Dict. hist. de Chaudon, t. VIII, p. 319, où il est dit que Misson mourut à Londres en 1721. Quant aux inclinations de M. de La Sablière pour d'autres femmes que la sienne, ce que dit notre note à ce sujet se trouve confirmé par Richelet, qui a publié du vivant même de madame de La Sablière, un recueil intitulé les plus belles Lettres des meilleurs Auteurs français, avec des notes. Lyon, 1689, in-12 (le privilége est de 1687). Ce recueil, p. 5 à 22, commence par les Billets d'une amante à son amant. Ils sont au nombre de seize. Richelet, qui les produit comme modèles en ce genre, nous apprend dans les notes qu'ils sont d'une maîtresse de l'agréable M. de La Sablière, dont le nom lui étoit connu. « Demoiselle bien faite et de bon air. » Dans le septième billet cette demoiselle se montre jalouse d'une rivale nommée Iris; et c'est précisément à une Iris que La Sablière a adressé la plupart de ses madrigaux; c'est aussi d'Iris que La Sablière déplora la perte dans le madrigal le plus touchant de son recueil. Iris étoit donc Me Vanganguel : Richelet, dans ses notes, nous apprend qu'elle étoit belle, mais qu'elle n'avoit pas de si beaux yeux ni autant d'esprit que sa rivale.

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La note que nous avons rapportée a été écrite sur l'exemplaire broché des Madrigaux de La Sablière; car l'extrémité et le commencement des lettres de chaque ligne ont été coupés par le ciseau du relieur, et recouverts de la couleur rouge mise sur la tranche; la reliure du livre est toute noire et brûlée temps, en veau, mais avec des armes très-grandes sur chacun des battants. Ces armes ne diffèrent de celles de la famille de Loren

par

le

chet de Bourgogne, qui se trouvent gravées dans l'Armorial de Dubuisson, pour les familles de l'Ile-de-France et de Paris, t. I, p. 212, n° 136, qu'en ce qu'elles ont deux molettes en chef, au lieu de trois; et elles sembleroient, d'après la définition de celles-ci, devoir être décrites ainsi : « D'azur à la fasce accompagné >> de deux molettes, en chef, et d'un léopard en pointe, le tout » d'or.» La première édition des madrigaux de M. de La Sablière, dans laquelle cette note est écrite, est un petit in-12 intitulé : Madrigaux de M. D. L. S., à Paris, chez Claude Barbin, 1680. Le nom de l'auteur, Antoine de Rambouillet, sieur de La Sablière, est en toutes lettres dans le privilége accordé à son fils. Les titres du père, qui précèdent son nom, sont conseiller, secrétaire, maison, couronne de France et de ses finances. Cette édition a été faite avec tant de négligence, que le second madrigal du livre I, p. 58, qui commence par ces mots :

Belle Iris, quand l'heure est venue,

se trouve répété une seconde fois, liv. iv, p. 101, et que celui de la page 44, qui commence ainsi ‹

Eh quoi! Philis, sans vous déplaire,

se trouve aussi répété, avec de légères variantes, å la page 82. Dans une très-jolie édition de ces madrigaux, encadrée en rouge, in-18, donnée en 1758, chez Duchesne, on a réimprimé l'ancien texte avec les mêmes fautes et les mêmes répétitions aux pages 60, 104, 46 et 84. Cette édition est précédée d'un avertissement, que M. Barbier dit être d'un abbé Sepher, qui a eu quelque célébrité comme bibliomane : cet avertissement est plein de fautes; l'auteur y fait mourir M. de La Sablière en 1681, tandis que par le privilége même qui précède l'édition des madrigaux, il est démontré qu'il mourut âgé d'environ soixante-cinq ans, en 1680, avant le 5 juillet, date de l'obtention de ce privilége. L'auteur de cet avertissement défigure tous les noms, et écrit Lesselin pour Hesselin, et Mocé pour Nocé, etc., etc. Titon du Tillet, Parnasse Français, p. 35g, fait mention d'une édition des madrigaux de La Sablière, imprimée à Liège en 1687. Je ne sais s'il existe des éditions où ces madrigaux ont été attribués à Mme de La Sablière, mais Bayle les lui a attribués.

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(Lettres choisies de Bayle, in-12, Rotterdam, 1714 (a), t. I, p. 141). L'éditeur des Lettres de Bayle, en relevant cette erreur, assure qu'une personne de la famille de M. de La Sablière avoit encore d'autres madrigaux de cet auteur, qui n'ont jamais été publiés ils ne l'ont pas été depuis. Quant à M. de La Sablière, Titon du Tillet (p. 360), après avoir réfuté l'erreur qui lui attribue les madrigaux, ajoute : « M. le comte de Nocé, gendre de M. et de Mme de La Sablière, et M. de Fontenelle, qui étoit de leurs amis, m'ont assuré que cette dame, qui s'est distinguée par son mérite et son savoir, n'a jamais composé de vers. »

Il nous reste de Mme de La Sablière, des Maximes chrétiennes qui n'ont été imprimées qu'après sa mort, et qu'on a jointes à celles de La Rochefoucauld, dans un grand nombre d'éditions. Sainte Foix attribue à Mme de La Sablière un mot heureux. Un magistrat, qui étoit son parent, lui disoit d'un ton grave : « Quoi! Madame, toujours de l'amour et des amants! les bêtes n'ont du moins qu'une saison. » — «< C'est que ce sont des bêtes,» réponditelle. Essais hist. sur Paris, t. V, p. 186, édit. de 1776, in-12. 45 Ouvrages de Prose et de Poésie des sieurs de Maucroix et de La Fontaine, p. 136.

46 Ibid., p. 137. La date seule de la publication de ce conte, qui est de 1685, suffit pour réfuter l'erreur de ceux qui l'ont cité comme une preuve que La Fontaine avoit composé des contes depuis sa conversion. Brossette, dans son Commentaire (OEuvres de Boileau Despréaux, avec des éclaireissements donnés par lui-même, t. II, in-4°, 1716, p. 317), a le premier accrédité cette erreur. Saint-Marc dans son édition de Boileau, 1747, in-8°, t. III, p. 183, l'a confirmée en disant qu'il tenoit d'un ami de Boileau, lui-même, que La Fontaine avoit écrit son conte de La Clochette, depuis sa conversion; mais Saint-Marc n'aura pas fait attention que Boileau n'avoit pu parler que de la promesse de conversion, faite par La Fontaine dans son discours de réception à l'Académie; inattention d'autant plus singulière que Saint-Marc renvoie lui-même à la lettre du père Pouget, qui fixe si bien la date de cette conversion. Cette erreur a été répétée par les auteurs de la Vie de La Fontaine,

(a) Cette édition a été donnée par Prosper Marchand; mais M. Des Maizeaux en a redonné une meilleure en 1729, sur les originaux.

dans la Petite Bibliothèque des Théâtres, t. VIII, p. 11, et par beaucoup d'autres.

47 Ouvrages de Prose et de Poésie des sieurs de Maucroix et de La Fontaine, p. 143 et 144. Baillet (Jugement des savants, édit. de 1729. in-4°, t. V, p. 412 et 414) reprocha cette rechute très-durement à La Fontaine.

48 Sur cette famille des Fiesque, voyez M. Sismonde de Sismondi, dans la Biographie universelle, t. XIV, p. 508. Celui dont il est question ici se nommoit Jean-Louis-Marie. Bayle ( Lettres, in-12, t. I, p. 145, édit. de 1714) donne l'analyse du mémoire publié par le comte de Fiesque en 1681, pour sa réclamation sur les Génois. Bayle trouve cette réclamation fondée.

49 D. Clément, Art de vérifier les dates, t. III, p. 740. Hénault, p. 676 et 678. Voltaire, Siècle de Louis XIV, c. XIV, t. XXIII, p. 166, édit. in-12.

50 Bussy-Rabutin, Histoire amoureuse des Gaules, t. II, p. 301, dans le morceau intitulé Des Vieilles amoureuses, et que je crois être de Bussy. Il est dans l'ancienne édition de la France galante, Cologne, 1695, p. 117. Il y a une édition plus ancienne aussi imprimée à Cologne, de 1680, intitulée Amours des Dames illustres de notre siècle. Le morceau Des Vieilles amoureuses ne s'y trouve pas. Je crois avoir la premiére édition de la première production de Bussy, et celle qui occasionna sa disgrâce. Elle est intitulée Histoire amoureuse des Gaules, in-18, sans nom d'imprimeur ni indication d'année; tous les noms sont déguisés; il y a un feuillet à la fin, non paginé, qui contient la clef. M. de Lionne, ministre pour les affaires étrangères, étoit mort en 1671.

51 Voyez Relation de l'état de Gennes, par M. Le Noble, in-12, 1685, p. 100 à 106. A la fin de cet écrit on a imprimé, en latin et en français, la cession de la seigneurie souveraine de Gênes à Charles VI, en 1396. Le Mémoire du comte de Fiesque fut imprimé à Paris, chez Guignard, in-4°, 1681. Voyez Mathieu Marais, p. 89.

52 Mémoires de Dangeau, t. I, p. 9o, au 7 novembre 1684. Sévigné, t. VII, p. 218, lettre 857, en date du 27 décembre 1684.

53 Ouvrages de Prose et de Poésie des sieurs de Maucroix et de La Fontaine, in-12, 1685, p. 62.

54 Les frères Parfaict, dans leur Histoire du ThéâtreFrançais, t. XII, p. 484, disent que cette pièce fut représentée

pour la première fois, le lundi, 23 juillet 1685, et qu'elle eut treize représentations. Ils ne disent point qu'elle ait jamais eu plus d'un acte. C'est le chevalier de Mouhy (Abrégé de l'Histoire du Théâtre-Français, t. I, p. 201 et 202), et La Vallière (Bibliothèque du même théâtre, t. III, p. 42), tous deux cités dans la Petite Biblioth. des Théâtres, t. VIII, p. iij des Jugements et Anecdotes sur le Florentin, qui disent qu'elle a été en trois et en deux actes: et en effet on lit dans Furetière (Nouveau Recueil des Factums, etc., in-12, 1694, p. 498): « J'avois dit que la pièce de théâtre de M. de La Fontaine n'a été jouée qu'une seule fois, j'ai appris depuis qu'il y avoit cu deux représentations. » Il est probable qu'il s'agit ici du Florentin, sous sa première forme, dont les deux représentations auront échappé aux historiens du Théâtre-Français.

55 Ces fragments se trouvent réunis avec les manuscrits de Maucroix, déposés à la Bibliothèque du Roi. Le certificat de l'abbé Sallier, à qui d'Olivet a remis ces fragments, est du 7 octobre 1740; on les a imprimés, je crois, pour la première fois dans la Petite Bibliothèque des Théâtres, 1785, in-12, t. VIII, OEuvres de La Fontaine, p. 51-79.

J'ai collationné le manuscrit autographe sur l'imprimé, et j'ai remarqué sur la marge d'une feuille deux vers du rôle de Briséis qui n'ont point été imprimés, et qui paroissent destinés à terminer la scène III de l'acte Ier. Les voici :

BRISEIS A ACHILLE.

Epargnez des Troyens les misérables restes;
Laissez durer encor l'œuvre des mains célestes.

56 J'ai déjà dit que Ribou avoit compris cette pièce parmi celles de Champmeslé, qu'il a réunies sous un titre commun en 1702. La compagnie des libraires, dans l'édition qu'elle a donnée des OEuvres de M. de Champmesté, en 1742, y a inséré : Je vous prends sans vert, p. 511-544.

57 Ragotin ou le Roman comique fut joué le 12 avril 1684, n'eut que neuf représentations, et n'a jamais été joué depuis. Histoire du Théâtre-Français, par les frères Parfaict, t. XII, p. 454. Voyez aussi la Bibliothèque du Théâtre-Français, Dresde, 1768, t. III, p. 42, et Beauchamp, Recherches sur les théâtres de France, t. II, p. 286,

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