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avoir récité ce prologue, elle commanda aux divi- 1658-1664
nités qui lui étoient soumises de s'animer, et les t. 37-43
termes et les statues qui ornoient le théâtre furent
transformés en faunes et en bacchantes qui dan-
sèrent un ballet, accompagné de chants et de mu-
sique. Après le ballet, on joua la comédie, dont le
sujet, dit La Fontaine, « est un homme qui, sur
» le point d'aller à une assignation amoureuse, est
arrêté par toutes sortes de gens. >>

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C'est un ouvrage de Molière.
Cet écrivain par sa manière
Charme à présent toute la cour.

J'en suis ravi, car c'est mon homme.
Te souvient-il bien qu'autrefois
Nous avons conclu d'une voix

Qu'il alloit ramener en France
Le bon goût et l'air de Térence?
..... Jamais il ne fit si bon
Se trouver à la comédie,
Car ne pense pas qu'on y rie
De maint trait jadis admiré,
Et bon in illo tempore.
Nous avons changé de méthode,
Jodelet n'est plus à la mode,
Et maintenant il ne faut pas
Quitter la nature d'un pas.

La Fontaine peint ensuite le feu d'artifice qui termina cette superbe fête.

Figure-toi qu'en même temps
On vit partir mille fusées,
Qui par des routes embrasées
Se firent toutes dans les airs

Un chemin tout rempli d'éclairs,
Chassant la nuit, brisant ses voiles.

Après le feu d'artifice, il y eut un bal, et l'on dansa

ly

1658-1664 jusqu'à trois heures du matin; ensuite on servit une El. 37-43 collation magnifique : lorsqu'on se retira, des milliers de fusées volantes répandirent la plus brillante clarté au milieu de la nuit la plus obscure.

Non seulement le roi, mais la reine-mère, MONSIEUR, MADAME, tous les princes et les seigneurs de la cour de Louis XIV se trouvoient présents. Dans le commencement de cette soirée, Fouquet croyoit avoir atteint le terme de ses désirs, et étoit comme enivré de son bonheur, lorsqu'il reçut tout à coup un billet de Mme du Plessis-Bellière, sa confidente et son amie 63, qui lui annonçoit que le roi avoit eu Le Roi donne le projet de le faire arrêter à Vaux, et que la reineter Fouquet. mère seule l'avoit fait changer de résolution. Ainsi,

ordre d'arrê

De Fouquet.

tandis que la foule jouissoit avec délices de tous les plaisirs réunis dans cette superbe fête, la colère, la haine, la jalousie, fermentoient dans le cœur du monarque auquel on la donnoit; et le maître de ces lieux enchanteurs, qui avoit tout préparé, tout ordonné, qui présidoit à tous ces jeux brillants, étoit frappé de crainte, et forcé de déguiser sous un front serein et par de continuels sourires, le noir chagrin dont il étoit obsédé.

Tout ce qui concerne Fouquet se trouve tellement lié avec la vie de notre poëte dont il fut si long-temps le protecteur et l'ami, que nous ne pouvons nous dispenser d'exposer avec quelques détails les causes de la disgrâce de ce dernier surintendant des finances 64.

Après la mort du marquis de Vieuville, Nicolas

Fouquet, déjà maître des requêtes et procureur gé- 1658-1664 néral au parlement de Paris, fut en 165365 nommé Æt. 37-43 surintendant principalement par l'influence de l'abbé Fouquet, son frère, qui avoit du crédit auprès de la reine - mère et du premier ministre Mazarin. Quoique Nicolas Fouquet ne fût pas le seul surintendant, et eût un collègue dans Servien, cependant sa grande habileté le fit bientôt considérer comme le principal administrateur des finances du royaume. Quand il fut nommé, le trésor, ou l'épargne, comme on s'exprimoit alors, étoit dénué d'argent. Fouquet fit face à tout par son seul crédit; il engagea ses biens, ceux de son épouse, emprunta sur sa signature des sommes considérables à Mazarin luimême; ét, trouvant des ressources pour subvenir à toutes les dépenses, il déguisa toujours la pénurie de finances 66

Comme il les gouvernoit seul, et qu'il en eut seul le secret, il amassa des sommes immenses, et osa exploiter à son profit certaines branches de revenu public, tandis que le premier ministre s'étoit fait un patrimoine des places et des dignités, dont il trafiquoit ouvertement. Mais Mazarin étoit avare, et Fouquet étoit généreux, et même prodigue. Le premier ministre n'amassoit tant de millions que pour les renfermer dans ses coffres; le surintendant ne sembloit en quelque sorte désirer des richesses que pour les dépenser et les répandre. Mazarin vendoit toutes les grâces de la couronne. L'argent de Fouquet alloit trouver ceux qui en avoient besoin.

Causes de son élévation;

De ses richesses;

Causes

de

sa puissance.

1658-1664 Il avoit en quelque sorte à sa solde les poëtes, les Æt. 37-43 artistes, et tous les hommes de mérite de ce temps, et donnoit ainsi un noble exemple au jeune monarque, dont les vues sordidés de Mazarin auroient pu rétrécir les idées. Il faisoit des pensions à tous les hommes puissants de la cour qui vouloient s'attacher à ses intérêts; et un grand personnage de ce temps dit, dans ses Mémoires, que, pour être porté sur sa liste, il n'y avoit en quelque sorte qu'à le vouloir 7. Fouquet, par une telle conduite, fit bientôt ombrage au premier ministre ; il s'étoit aussi brouillé avec son frère qui, l'ayant porté par son crédit à la place qu'il occupoit, avoit cru pouvoir le gouverner. L'abbé Fouquet, homme débauché, imprévoyant, excita dans sa colère contre le surintendant plusieurs femmes qui avoient du crédit auprès de la reinemère, entre autres la duchesse de Chevreuse habile en intrigue. Il se forma donc à la cour deux partis, l'un pour renverser Fouquet, l'autre pour le mainOn se ligue tenir. D'un côté étoient les vieux courtisans qui, refusant les grâces du surintendant, ne s'attachoient qu'au premier ministre; de l'autre les jeunes seigneurs qui ne songeoient qu'à se divertir et à jouir des bienfaits de Fouquet 68: mais son principal soutien étoit l'art de se rendre nécessaire; plus le désordre des finances étoit grand, plus il étoit difficile de le remplacer, surtout depuis que la mort de Servien, qui eut lieu en 1659 69, l'avoit laissé le seul maître de cette partie du gouvernement.

contre lui.

Lorsque Mazarin eut conclu la paix des Pyrénées,

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Mazarin sures pour le

prend des me

perdre.

et marié le roi avec l'infante d'Espagne, il se crut 1658-1664
assez puissant pour rétablir l'ordre dans les finances. t. 37-43
Le premier pas à faire, étoit de se débarrasser du
surintendant. Il fit rédiger par Colbert un projet,
dans lequel une chambre de justice devoit être insti-
tuée pour juger Fouquet, et tous ceux qui avoient pré-
variqué sous lui. Ce projet écrit de la main même de
Colbert fut confié au surintendant par un subalterne,
en secret d'intelligence avec lui. Fouquet alarmé
appela Gourville, lui révéla ce secret, et fit avec lui
une copie de ce projet. Gourville, qui de simple
valet-de-chambre du duc de la Rochefoucauld, étoit
devenu un financier adroit, et un habile négociateur,
conjura l'orage". Il alla trouver Mazarin; et, dissi-
mulant ce qu'il savoit de ses desseins, il fit seulement
entendre au premier ministre que dans le moment
même où la conclusion de la paix occasionnoit le plus
de dépenses, les bruits qui couroient sur la disgrâce
du surintendant nuisoient à son crédit; et que si
son Eminence ne prouvoit pas, par des démonstra-
tions publiques, que ces bruits n'avoient aucun fon-
dement réel, il seroit impossible à Fouquet et à ses
amis, de trouver l'argent dont on avoit besoin pour
les dépenses que les circonstances rendoient néces-
saires. Ces considérations empêchèrent Mazarin
d'exécuter le projet qu'il avoit conçu. D'ailleurs n y renonce
naturellement timide, il n'osa pas attaquer de front
un homme qui s'étoit fait de si puissants appuis.
Toutefois, Fouquet, averti du danger, le redoutoit
toujours; et, jugeant mal sa position et les temps,

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