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1 MOLIÈRE, Racine, Boileau, Chapelle, Bernier, Pélisson, La Bruyère, Fénélon, Bayle, Saint-Evremond, de Maucroix, ont été au nombre des amis de La Fontaine, et en ont fait l'éloge. Il eut aussi pour protecteurs et pour amis Turenne, le grand Condé, les deux princes de Conti, Fouquet, le duc de Vendôme, son frère le grand-prieur, La Rochefoucauld, le duc de Guise, le duc et le cardinal de Bouillon, les ambassadeurs Bonrepaux et Barillon, la duchesse de Bouillon, sa sœur la duchesse de Mazarin, Mãe de Montespan, Mme de Thianges, Mme de Sévigné, MTM de Grignan, Me de La Fayette, la duchesse douairière d'Orléans, Mme de La Sablière, Mme Hervart, etc. Naigeon, dans la notice qui se trouve en tête des Fables de La Fontaine, de Didot, Collection du Dauphin (p. lxvij, in-18), a dépeint La Fontaine comme un homme ignoré de ses contemporains, menant une vie très-retirée, et ne vivant que pour un très-petit nombre d'amis. Il y eut, au contraire, peu d'hommes de lettres aussi répandus dans le monde que lui.

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Des diverses vies et notices qu'on a publiées de La Fontaine, celles qui, pour les faits, méritent attention, sont les suivantes : 1o. celle que Perrault a publiée en 1696, un an après la mort de La Fontaine, dans son ouvrage des Hommes illustres, p. 83; 2o. celle de Me Ulrich, en tête des OEuvres posthumes de La Fontaine, 1696, in-12; 3°. celle de d'Olivet, dans l'Histoire de l'Académie, in-4°, p. 277 à 314, en 1729; 4°. celle de Mathieu Marais, qui n'a été imprimée qu'en 1811, par Chardon de la Rochette, mais qui fut composée avant celle de d'Olivet; 5°. celle du père Niceron, dans les Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes illustres, t. XVIII, in-12, 1732, p. 314; 6°. celle de Titon du Tillet, dans le Parnasse Français, in-folio, 1732, , p. 460; 7°. celle que Montenault a mise en tête de l'édition des Fables dite des Fermiers généraux, 4 vol. in-folio, 1755:

il a été aidé par l'abbé d'Olivet, ainsi qu'il le dit lui-même; 8°. celle de Chauffepié, Supplément de Bayle, in-folio, 1750, article LA FONTAINE, t. II, p. 66 de la lettre F; 9°. celle de Fréron, insérée dans l'édition des Fables, par Barbou, et dans ses Mélanges. Tous ces auteurs ont été, ou contemporains de La Fontaine, ou ont reçu des renseignements des enfants même de La Fontaine, ou de ceux qui avoient connu cet homme célèbre. Ce sont aussi les seuls dont on puisse s'appuyer, quoique, ainsi que nous le verrons, ils ne soient pas exempts d'erreurs. Il y a eu depuis un grand nombre de notices sur La Fontaine; mais leurs auteurs ont écrit dans un temps trop éloigné de celui où il a vécu, pour pouvoir être considérés comme témoins historiques.

2 MESDAMES, filles de Louis XV, se chargèrent de l'éducation d'une des arrière-petites-filles de La Fontaine, qu'elles firent élever dans un couvent près de Versailles, et qu'elles marièrent, plus tard, à M. le comte de Marson. Me de Marson, après avoir perdu toute sa fortune, par suite des malheurs de la révolution, vivoit obscurément, à Versailles, avec son fils et sa fille, et s'occupoit de leur éducation, quand on surprit une lettre que lui écrivoit un de ses parents, qui étoit hors de France. Mandée au comité révolutionnaire de Versailles, Mc de Marson y comparut accompagnée de ses enfants. Il étoit incontestable qu'elle avoit été en correspondance avec un parent proscrit: on lui prononçoit son arrestation, qui, d'après un fait alors si criminel, la perdoit infailliblement, lorsqu'un des nombreux témoins de cette scène, un homme du peuple, qui venoit souvent dans la maison, s'écria : « O ciel! faire périr une petite-fille de La Fontaine, une dame qui élève si bien ses enfants! » Cette exclamation fit le plus grand effet sur l'assemblée, et même sur le comité. Le président, se tournant vers le petit Marson, alors âgé de dix ans, lui dit : Que t'apprend-on? L'enfant répondit : On m'enseigne à être bon. A ce mot si touchant, ces hommes de fer sentirent leurs entrailles s'amollir. On fit encore quelques questions à l'enfant qui y répondit tout aussi bien; la mère fut renvoyée chez elle, et l'affaire fut assoupie. (Creuzé de Lesser, Vie de La Fontaine, t. I. p. xxix de l'édit. in-8° des Fables de La Fontaine, par Didot l'aîné, 1813. Voyez encore sur les descendants de La Fontaine, dans le Journal des Débats, une lettre de M. Lullier

Winslow, en date du 10 novembre 1818, et les Mémoires de Coulanges, p. 506. M. La Fontaine-Marson reçoit une modique pension du Roi. Mme Despotz, arrière-petite-fille de La Fontaine, demeure encore à Château-Thierry; nous tenons d'elle quelques renseignements.)

3 Cette date précise a été donnée en premier par d'Olivet (Histoire de l'Académie française, p. 277). Mathieu Marais (Histoire de la Vie et des Ouvrages de La Fontaine, Paris, 1811, in-12, p. 1 et 108), qui ne la connoissoit pas, disserte à tort sur l'époque de la naissance de notre auteur. D'Olivet a induit tous les biographes de La Fontaine et nous-même, en erreur sur le nom du père de notre poëte. Il se nommoit Charles de La Fontaine; c'est le parrain du fabuliste, qui s'appeloit, comme lui, Jean de La Fontaine; sa marraine fut Claude Josse, femme de Louis Germain; il fut baptisé dans l'église de la paroisse de SaintCrespin de la ville de Château-Thierry. Voyez l'extrait de baptême de La Fontaine, inséré dans les Mémoires de Coulanges, p. 506. Le père de La Fontaine est aussi nommé Charles de La Fontaine dans l'acte de vente que notre poëte fit de sa maison à Antoine Pintrel, le 2 janvier 1676.

4 Mémoires pour l'Histoire des Sciences et des Beaux-Arts, commencés d'être imprimés l'an 1701, à Trévoux. Février 1759, p. 393, et année 1755, juillet. Ces journalistes assurent que l'indolence seule de La Fontaine l'empêcha de produire ses titres de noblesse, dans le temps de la recherche des nobles de la généralité de Soissons. Mais ceci n'est pas exact; et, au contraire, les prétentions de la famille de La Fontaine coûtèrent cher à notre poëte, et lui attirèrent une affaire désagréable. Une commission fut chargée, en 1657, de rechercher les usurpateurs de noblesse. On produisit des actes dans lesquels La Fontaine étoit qualifié d'écuyer; le fisc dirigea des poursuites contre lui, et, en son absence, un arrêt par défaut le condamna à deux mille francs d'amende. La Fontaine s'adressa alors à son protecteur naturel, le duc de Bouillon, qui étoit seigneur de Château-Thierry. Il lui écrivit et le supplia dans son langage ordinaire, c'est-à-dire en de mettre ses doléances sous les yeux de Colbert, et de le faire décharger de cette condamnation. Cette épître est de l'an 1662, et postérieure au mois d'avril de cette année, puisqu'il y est question de la duchesse de Bouillon. On voit, dans

vers,

cette pièce, que La Fontaine reconnoissoit qu'il n'étoit pas noble

Je ne dis pas qu'il soit juste qu'on voie

Le nom de noble à toutes gens en proie;
C'est un abus, il faut le prévenir,

Et sans pitié les coupables punir;

Il le faut, dis-je, et c'est où nous en sommes;
Mais le moins fier, mais le moins vain des hommes,

Qui n'a jamais prétendu s'appuyer

Du vain honneur de ce mot d'écuyer,

Qui rit de ceux qui veulent le paroître,

Qui ne l'est point, qui n'a point voulu l'être !
C'est ce qui rend mon esprit étonné.
Avec cela je me vois condamné,

Mais par défaut. J'étois lors en Champagne,
Dormant, rêvant, allant par la

campagne,
Mon procureur dessus quelque autre point,
Et ne songeant à moi ni peu ni point,
Tant il croyoit que l'affaire étoit bonne.
On l'a surpris; que Dieu le lui pardonne !
Il est bon homme, habile, et mon ami,
Sait tous les tours; mais il s'est endormi.

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Cette épître se trouve dans le manuscrit de la Bibliothèque de MONSIEUR, ou de l'Arsenal, dont j'ai parlé dans mon avertissement. Ce manuscrit, intitulé Recueil de Pièces, est num. 151; l'épître à M. de Bouillon est dans le tome I, p. 821. Boileau eut un procès semblable à celui de La Fontaine, mais il le gagna. Voyez sa Lettre à Brossette, en date du 9 mai 1699, et les Mémoires de Mirautmont sur l'origine du Parlement, 1612, p. 38, cités p. 6 de l'avertissement des Mém. de M.de Coulanges.

:

5 D'Olivet (p. 304), et Fréron (Vie de La Fontaine, p. vj, en tête de l'édition des Fables, de Barbou), cherchent à concilier les deux narrations d'Olivet est un contemporain de La Fontaine. Fréron a eu, pour composer sa Vie, un mémoire du fils même de cet homme célèbre. D'Olivet dit : « Il étudia sous des maîtres de campagne. »

6 Il n'est cité que je préfère à Reims.

La Fontaine, Conte des Rémois.

Il alloit souvent à Reims, même après son mariage, et demeuroit alors chez son ami Maucroix. Il y passa l'hiver de 1656. Voyez les Mémoires de M. de Coulanges, Paris, 1820, in-8°, P. 497.

7 Adry, dans ses notes sur la Vie de La Fontaine, par Fréron, p. xxij, de l'édit. des Fables, par Barbou. M. Adry étoit luimême oratorien, et a compulsé les registres. Il possédoit un Lactance, édition de Lyon, 1548, qui avoit été donné à cette époque par G. Héricart à La Fontaine.

Claude de La Fontaine se retira à Nogent-l'Arthaut, près Château-Thierry, et y mourut, du vivant de son frère. Il avoit fait, en 1649, donation de tous ses biens à Jean de La Fontaine, à condition de lui payer une rente viagère. Notre poëte oublioit quelquefois l'époque du paiement, et son frère étoit obligé de l'en faire ressouvenir par actes d'huissiers. Voyez les Mémoires de M. de Coulanges, suivis de lettres inédites de Sévigné, Paris, 1820, in-8°, p. 461. Dans l'acte de vente faite par notre poëte de sa maison de Château-Thierry, en 1676, on a fait intervenir Claude de La Fontaine, ecclésiastique, demeurant à Nogentl'Arthaut.

8 D'Olivet, Hist. de l'Académie, in-4°, p. 278. Montenault, Fables, in-folio, t. I, p. x. Niceron, t. XVIII, p. 315. Toutes ces autorités se réduisent à celle de d'Olivet. On ignore dans la famille de La Fontaine, quelle fut l'époque précise de son mariage. On croit que ce fut en 1648.-Voyez les Mémoires de M. de Coulanges, p. 506. On sait que Mme de La Fontaine étoit encore mineure en 1656; ce qui prouve seulement qu'alors elle n'avoit pas vingt-cinq ans. On croit, dans la famille, que le fils de La Fontaine est né le 8 octobre 1653. L'éditeur des Mémoires de

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