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El. 37-43 »

1658-1664 » ne vois dans les défauts des personnes non plus qu'une taupe qui auroit cent pieds de terre sur >> elle? Dès que j'ai un grain d'amour, je ne manque » pas d'y mêler tout ce qu'il y a d'encens dans mon magasin; cela fait les meilleurs effets du monde :

Des poésies Jégères de La Fontaine.

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je dis des sottises en vers et en prose, et serois » fâché d'en avoir dit une qui ne fût pas solennelle.

» Enfin je loue de toutes mes forces. Homo sum qui ex stultis insanos reddam. Ce qu'il y a, c'est

>>

>> que

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l'inconstance remet les choses en leur ordre. Ne vous étonnez donc plus; voyez seulement ma palinodie; mais voyez-la sans vous en scanda>> liser. >>>

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Si Claudine n'avoit pas voulu jouer le rôle de bel esprit, et paroître autre qu'elle n'étoit, La Fontaine n'auroit pas fait contre elle des stances satiriques, et probablement ne l'auroit pas quittée si promptement; il n'avoit que trop de goût pour les amours vulgaires il parle d'après sa propre conviction quand il nous dit qu'une grisette est un trésor, et il en fait connoître de suite la raison,

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On en vient aisément à bout;

On lui dit ce qu'on veut, bien souvent rien du tout.

La condition que La Fontaine avoit faite d'acquitter par des vers chaque quartier de sa pension, lui fit composer à cette époque différentes petites pièces qui n'ont rien aujourd'hui de remarquable, mais qui le paroîtront beaucoup si on les compare avec les recueils de sonnets, de madrigaux et autres poésies que publioient les Hesnault, les Colletet,

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les Perrin, les Bonnecorse, et tant d'autres poëtes 1658-1664
de cette époque. On ne connoissoit, en quelque Æt. 37-43
sorte, que le style maniéré et recherché dont Voi-
ture étoit le modèle; le style froidement ampoulé
de Ronsard et de Brébeuf, et l'ignoble burlesque
mis à la mode par Scarron. Les Muses françaises
sembloient avoir perdu, depuis Marot, l'art de
badiner avec grâce. La Fontaine, qui avoit fait une
étude approfondie de cet ancien poëte, aimoit à
s'approprier ses tours si énergiques dans leur naïve
précision, à enrichir sa langue des mots expressifs
de nos vieux auteurs, que l'usage et le temps avoient
laissé perdre; et, guidé par son heureux instinct et
par l'excellent modèle qu'il s'étoit choisi, il fut le
premier qui, dans les petits vers de circonstance,
fut aisé, naturel et vrai. Sous ce rapport, ses pre--
mières poésies méritent attention, et sont en quelque
sorte des monuments pour notre histoire littéraire.
La Fontaine réunit, par le caractère et le style de
ses écrits, les deux beaux siècles de François Ier et
de Louis XIV. Il a les grâces ingénues et spirituelles
du premier, et s'élève souvent à la pompe et à la
magnificence du second. C'est non seulement par le
choix heureux de vieilles expressions rajeunies par
lui, mais encore par la forme même de ses pre-
miers essais, qu'il s'est rapproché heureusement des
poëtes du 16° siècle. Du temps de La Fontaine, il
semble qu'on ne pouvoit s'exprimer que par des
sonnets ou des madrigaux. La Fontaine en a com-
posé très-peu. Dans toutes les petites pièces de vers

1658-1664 qu'il fit ou pour Fouquet ou par ses ordres, il s'assuEt. 37-43 jétit au mètre de la ballade chevaleresque, du rondeau gaulois, du sixain ou du dizain des troubadours, de l'épître familière, et de l'ode anacréontique.

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Quelquefois, en s'adressant au surintendant, il badine sur l'engagement qu'il avoit pris avec lui.

Il me faudra quatre termes égaux.
A la Saint-Jean je promets madrigaux
Courts et troussés et de taille mignonne :
Longue lecture en été n'est pas bonne.

Pâques, jour saint, veut autre poésie.
J'enverrai lors, si Dieu me prète vie,
Pour achever toute la pension,
Quelques sonnets pleins de dévotion.
Ce terme-là pourroit être le pire;

On me voit peu sur tels sujets écrire 41.

On s'aperçoit, par ces vers, que La Fontaine s'étoit bien écarté des idées qui l'avoient fait entrer, vingt ans avant, à la congrégation de l'Oratoire. Il ajoute :

Mais tout au moins je serai diligent;

Et, si j'y manque, envoyez un sergent;
Faites saisir, sans aucune remise,
Stances, rondeaux, et vers de toute guise.
Ce sont nos biens; les doctes nourrissons
N'amassent rien, si ce n'est des chansons.

Et je prétends...

Qu'au bout de l'an le compte y soit entier;
Deux en six mois, un par chaque quartier.
Pour sûreté j'oblige par promesse

Le bien que j'ai sur le bord du Permesse.
Même au besoin notre ami Pelisson

Me pleigera d'un couplet de chanson 42.

Ce fut Pelisson, l'ami constant de notre poëte, qui transmit à Fouquet cette épître, et qui envoya

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en même temps au surintendant d'autres petites 1658-1664
pièces de La Fontaine, parmi lesquelles étoit l'Epi- Et. 37-43.
taphe d'un paresseux, épigramme que La Fontaine,
dans un accès de gaieté, avoit faite contre lui-même,
qui a été tant de fois réimprimée à la suite des
contes et des fables, sous le titre d'Epitaphe de Epitaphe
La Fontaine, mais qu'il faut toujours transcrire,
parce qu'elle peint avec vérité sa molle indolence
et son aversion pour tous les tracas de la vie.

Jean s'en alla comme il étoit venu,
Mangea le fonds avec le revenu,
Tint les trésors chose peu nécessaire;
Quant à son temps bien sut le dispenser;
Deux parts en fit, dont il souloit passer
L'une à dormir, et l'autre à ne rien faire 43.

La date de cette pièce prouve que La Fontaine
avoit déjà vendu une portion de son patrimoine
pour subvenir à sa dépense. Sa fortune, sans être
considérable, étoit honnête, et eût été suffisante
si lui et sa femme eussent su la gérer.

d'un pares

seux.

Ballade pour le pont

Thierry.

Cependant, s'il ne faisoit pas ses propres affaires,
il se mêloit quelquefois, par bonté, de celles des de Chateau
autres; il rendoit la faveur dont il jouissoit auprès du
surintendant, utile à ses compatriotes et à sa ville
natale, et au moyen d'une ballade dont le refrain est
L'argent surtout est chose nécessaire,

il obtint que le pont et la chaussée de Château-
Thierry, renversés par les débordemens de la Marne,
seroient réparés aux frais de l'Etat.

Un impromptu suffisoit souvent à La Fontaine

1658-1664 pour payer un quartier de sa pension, comme celui Et. 37-43 qu'il fit pour le mariage projeté de M. de Mezière

Æt.

ses pour Mad. Fouquet.

avec la fille du maréchal d'Aumont, qui devoit se

célébrer à Vaux 4. Pour acquitter la dette qu'il avoit contractée, notre poëte n'oublioit pas d'adresPièces diver- ser à madame la surintendante une ode ou une épître, lors de la naissance de chacun de ses enfants 45, et il ne laissoit passer presque aucun événement sans le chanter, sur un ton ou sérieux ou badin. Ballade sur le Le siége que soutinrent les Augustins, en 1658, Augustins, en contre les archers du parlement, qui vouloit les

siége fait aux

1658.

contraindre à recommencer une élection, lui inspira une ballade qui fit alors du bruit dans la société, et qui parut tellement plaisante que Boileau, longtemps après, et lorsqu'elle n'avoit pas encore été imprimée, la récitoit presque en entier. La Fontaine, par moments assez curieux de sa nature, croyant qu'un combat entrepris contre des religieux ne pouvoit être ni long ni meurtrier, couroit pour aller voir cette bagarre, lorsqu'un de ses amis le rencontra sur le Pont-Neuf, et lui demanda où il alloit; il répondit en riant: « Je vais voir tuer des Augus

tins. » Cette plaisanterie, si simple dans une telle occasion, a été rapportée par quelques biographes comme un trait de distraction ou d'insensibilité, parce qu'en effet il y eut malheureusement deux Augustins qui perdirent la vie dans cette occasion 46.

La Fontaine se consoloit de tout en faisant des vers, et son naturel heureux, jovial et doux, trouvoit, jusque dans ces petites misères qui altèrent

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