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1682-1684 et spirituels; mais le libertinage y donnoit le Et. 61-63 ton. La Fontaine, dont les goûts, malgré le poids des années, étoient encore jeunes et joyeux, ne se

me de leur

société exerce

taine une fâ

cheuse fluence.

ressentit que trop de l'influence de ces nouvelles Le cynis- liaisons. Ses moeurs (il faut l'avouer, puisque nous avons promis de tout dire), depuis cette époque jusqu'à celle de sa conversion, contractèrent quelque chose du cynisme de ceux qu'il fréquentoit le plus habituellement. Ses véritables amis, tels que Racine et Maucroix, s'en affligèrent; mais leur affection pour lui n'en fut point altérée, car ils savoient que son cœur étoit excellent, et ses intentions pures; ils savoient qu'il étoit entraîné par l'empire des habitudes et de l'exemple: ses principes et sa morale leur étoient connus, et ils espéroient toujours le ramener. La suite a prouvé qu'ils ne s'étoient point trompés à cet égard.

Toutefois le premier effet des nouvelles sociétés 11 rompt que La Fontaine fréquenta, fut de lui faire rompre l'engagement qu'il avoit pris de ne plus composer de nouveaux de nouveaux contes; et la promesse qu'il avoit faite

l'engagement qu'il avoit pris de ne plus écrire

contes.

à ce sujet, en vers et publiquement, il l'abjura de même dans le prologue du conte de la Clochette.

O combien l'homme est inconstant, divers,

Foible, léger, tenant mal sa parole!
J'avois juré hautement en mes vers
De renoncer à tout conte frivole;

Et quand juré? c'est ce qui me confond,
Depuis deux jours j'ai fait cette promesse :
Et puis fiez-vous à rimeur qui répond

D'un seul moment. Dieu ne fit la

sagesse

Pour les cerveaux qui hantent les Neuf Sœurs ;

Trop bien ont-ils quelque art qui vous peut plaire,

Quelque jargon plein d'assez de douceurs,
Mais d'être sûrs ce n'est là leur affaire 46.

1682-168.4

Et. 61-63

Il met seu

lement plus

retenue

dans ses nouveaux contes,

Cependant il faut avouer qu'il fut plus retenu, et que le petit nombre de contes qu'il a fait paroître, de depuis sa réception à l'Académie, n'approchent pas de la licence de plusieurs de ceux des recueils précédents : aussi mème en violant sa promesse, il avoit pris, avec lui-même, l'engagement d'être plus sage; et, comme il ne prenoit pas une résolution sans en faire confidence à sa Muse, après le prologue de la Clochette, il dit dans celui du conte du Scamandre:

Me voilà prêt à conter de plus belle;

Amour le veut, et rit de mon serment:
Hommes et dieux, tout est sous sa tutelle;
Tout obéit, tout cède à cet enfant :
J'ai désormais besoin en le chantant

De traits moins forts et déguisant la chose :

Car après tout, je ne veux être cause

D'aucun abus : que plutôt mes écrits

Manquent de sel, et ne soient d'aucun prix 47.

est intime

le comte de

Le comte de Fiesque, lié avec La Fontaine, des- La Fontaine cendoit des Fiesques de Gènes 48, qui avoient été ment lié avec chassés de leur patrie et obligés de se réfugier en Fiesque. France, après la conspiration formée par Louis de Fiesque, comte de Lavagne, en 1547. Les Génois, au mépris de leur alliance avec la France, entretenoient des intelligences avec l'Espagne, et même avec les Algériens, dont ils favorisoient les pirateries. Louis XIV leur en demanda réparation. Ils la refusèrent ; alors il fit bombarder Gènes au mois de mai 1684, par Duquesne 49. Le comte de Fiesque, qui étoit fort pauvre, et qui, si l'on en croit Bussy-Rabutin 50 ne

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1682-1684 subsistoit que par les libéralités de Mme de Lionne, £t. 61-63 dont il étoit l'amant, saisit cette occasion pour faire Réclamation valoir des prétentions sur la république de Gènes,

du comte de

Fiesque en

Fees la répa qu'il avoit développées dans un mémoire, imprimé

vers

blique Gènes.

de

en 1681. Il remit alors ce mémoire au roi, et il eut l'adresse de lui faire l'abandon de tous ses droits. L'ambitieux monarque pensoit alors à s'emparer de Gènes, et faisoit publier des écrits pour démontrer la justice de cette usurpation, et même pour prouver aux Génois que leur réunion à la France leur seroit avantageuse 5. Mais, le pape ayant intervenu dans cette affaire, Louis XIV se contenta de la satisfaction que lui donna la république, qui lui Louis XIV envoya son doge et quatre sénateurs, pour faire des cent mille excuses; et qui se soumit en outre à payer cent mille république écus comptant au comte de Fiesque, en attendant qu'on eût liquidé ses prétentions et jugé son affaire. La Fontaine La Fontaine alors composa, sur ce sujet, un com

lui fait payer

écus par cette

compose à ce

sujet un com

pliment pliment en vers, que le comte de Fiesque récita

au

roi pour le

comte

Fiesque.

de au roi le 7 novembre 1684, lorsqu'il alla le remercier de la bonté qu'il avoit eue de s'occuper de ses intérêts 52.

J'étois près de céder aux destins ennemis,

Quand j'ai vu les Génois soumis,

Malgré les faveurs de Neptune,

Malgré des murs où l'art humain
Croyoit enchaîner la fortune
Que vous tenez en votre main.

Cette main me relève ayant abaissé Gènes.

....

Vous témoignez en tout une bonté profonde,
Et joignez aux bienfaits un air si gracieux,

Qu'on ne vit jamais dans le monde

De roi qui donnât plus, ni qui sût donner mieux.

le comte de

Le comte de Fiesque avoit beaucoup d'instruc- 1684-1687 tion; il savoit par cœur les bons poëtes latins et fran- Æt. 63-66 çais, qu'il citoit souvent et toujours à propos. Il a Détails sur donné les inscriptions tirées de Virgile, que le grand Fiesque. Condé avoit fait mettre à Chantilly. Son goût exquis lui faisoit préférer, dans les auteurs, tout ce qui étoit simple et naturel. Il avoit une prédilection particulière pour La Fontaine, et le nommoit son poëte. Il ne chercha point à s'attribuer la petite pièce qu'il avoit récitée au roi, car elle fut publiée peu de temps après, par La Fontaine lui-même, dans un recueil dont nous parlerons bientôt 53.

comédie de

représentée

en 1685.

Vers le milieu de l'année 1685, on représenta sur Le Florentin, le Théâtre-Français une comédie intitulée le Floren- La Fontaine, tin, qui, d'abord, en trois ou en deux actes, paroît avoir eu peu de succès, mais qui réussit lorsqu'elle eut été réduite par l'auteur en un seul acte. Parmi les petites pièces, c'est une de celles, que depuis plus d'un siècle, on a le plus souvent jouée, et que le public revoit avec le plus de plaisir. L'intrigue en est foible, mais la scène entre le jaloux Harpajème et sa pupille Hortense, est préparée avec art, et est d'un effet très-piquant; cette scène est dialoguée avec beaucoup de finesse et de naturel; elle est digne de La Fontaine, auquel cette pièce est attribuée, et elle paroît être en effet de lui 54. Cependant il ne l'a jamais avouée ni fait imprimer de son vivant. Il avoit commencé une tragédie d'Achille, dont les deux premiers actes, écrits de sa main, ont été déposés par d'Olivet à la Bibliothèque du Roi, et imprimés de

1684-1687 puis 55. Si à ces fragments on ajoute les fragments Et. 63-66 de Galatée, l'opéra de Daphné, dont nous avons Des pièces fait mention, celui d'Astrée, dont nous parlerons

qui compo

sent réelle

tre de La Fon

taine.

ment le Thed- en son lieu, puis si l'on veut aussi Climène, puisque l'auteur lui a donné le titre de comédie, et, enfin l'Eunuque et le Florentin, on aura réuni tout ce qui doit composer le théâtre de La Fontaine. Ses nouveaux éditeurs, trompés par les historiens de notre théâtre, qui, eux-mêmes, avoient été dupes des impostures mercantiles des libraires de Hollande, y ont ajouté: Je vous prends sans vert, pièce en un acte que La Fontaine a faite en commun avec Champmeslé 56; ils ont ajouté aussi l'ignoble et longue farce de Ragotin, en cinq actes, à laquelle La Fontaine n'eut certainement aucune part, et dont l'auteur n'est pas connu ; ils y ont joint encore

la Coupe Enchantée, en un acte, faite d'après un On a im- conte de La Fontaine, mais non par lui 57. Le lises euvres des braire de Hollande, Adrien Moetjens 58, qui publia

primé parmi

piècesde théâ

tre qui ne

sont pas de le premier un prétendu recueil de Pièces de théâtre

lui.

de La Fontaine, en 1702, mit aussi en tête, comme étant de lui, la tragédie de Pénélope, qui avoit été représentée sur le Théâtre-Français en 1684, un an avant le Florentin. L'abbé Saint-Genest, qui étoit l'auteur de cette tragédie, réclama contre le tort qui lui étoit fait par un éditeur ignorant, et fit alors imprimer sa pièce plus correctement 59. Mais personne n'a eu le courage de s'avouer l'auteur de Ragotin, qui n'avoit point eu de succès, et n'en méritoit aucun, qu'Adrien Moetjens a mis aussi dans son recueil des

et

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