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1671-1675

At. 50-54

pour se ven

tre elle des

vers ques.

satiri

Et ce cœur vif et tendre infiniment
Pour ses amis...

Et cet esprit qui, né du firmament,

A beauté d'homme avec grâces de femme; 38

Boileau seul ce sont tous les écrits, tous les mémoires du temps. ger, fait con- Elle eut le bonheur, tant qu'elle vécut, de recueillir les suffrages universels 39; et si Boileau, pour se venger de ce qu'elle avoit justement critiqué quelques uns de ses vers, la poursuivit de ses traits satiriques, ce fut du moins lorsqu'elle fut descendue dans la tombe 4o.

Molière, le

17 févr. 1673.

Mes lecteurs, qui connoissent maintenant l'amie de La Fontaine, tranquilles désormais sur le sort de ce poëte, pourront plus facilement fixer leur attention sur ce que nous avons à dire relativement à ses écrits.

Mort de Il eut la douleur de perdre, en 1673, son ami Molière, né seulement un an avant lui, et auquel il survécut plus de vingt ans. La prédiction que renferment les vers qu'il écrivit sur ce grand homme, sous le titre d'épitaphe, ne s'est malheureusement que trop vérifiée.

Son épitaphe par La Fontaine.

Virelai sur les
Hollandais.

Sous ce tombeau gisent Plaute et Térence,
Et cependant le seul Molière y gît.

Ils sont partis! et j'ai peu d'espérance
De les revoir. Malgré tous nos efforts,
Pour un long-temps, selon toute apparence,
Térence, et Plaute, et Molière sont morts.

Cette époque est celle des grandes conquêtes et 1 mai 1672. de la plus grande gloire de Louis XIV. Lorsqu'il

se disposoit à envahir la Hollande, il courut un

virelai assez plaisant que l'on attribua dans le 1671-1675 temps à La Fontaine, et que nous avons pour la £t. 50-54 première fois introduit dans les œuvres complètes de ce poëte", non que nous soyons convaincus qu'il est de lui, mais parce que l'éditeur de ces nouvelles œuvres complètes, à l'exemple de ceux qui l'ont précédé, a cru devoir réimprimer, non seulement les ouvrages qui sont réellement de La Fontaine, mais encore ceux qu'on lui a attribués, et dont les auteurs sont ignorés système condamnable, qui a surchargé les oeuvres de notre poëte de mauvaises pièces de vers, auxquelles il n'a eu aucune part, et qui sont indignes de lui".

Turenne joignoit à ses grands talents pour la guerre, un goût très-vif pour la littérature; il aimoit surtout nos anciens poëtes 43, et, par cette raison peut-être, il goûtoit beaucoup les ouvrages de La Fontaine; il l'honoroit, ainsi que nous l'avons dit, d'une amitié toute particulière. Lorsqu'après les succès de sa belle campagne sur le Rhin, Turenne eut dispersé, avec vingt mille hommes, une armée de soixante et dix mille Allemands commandés par Caprara et le vieux duc de Lorraine, La Fontaine lui adressa successivement deux lettres en vers, dans la première, il dit :

Grande est la gloire, et grande est la tuerie.

Et en effet, l'incendie du Palatinat, le sanglant combat de Sénef, livré par Condé, rendirent cette campagne fameuse par les désastres qu'elle occa

Epitres à Turenne.

A

1671-1675 sionna, et par les malheurs des peuples 4. Dans cette El. 50-54 épître, La Fontaine nomme Louis XIV le subjuLa Fontaine gueur de provinces. On a remarqué que nul de nos langue de auteurs classiques n'avoit, plus que La Fontaine, nou- enrichi la langue de mots heureusement créés ou

a enrichi la

beaucoup de

mots

veaux.

Eloge de

Turenne.

Turenne

le

empruntés à nos vieux auteurs. Les lexicographes, qui ont voulu ne rien omettre en ce genre 45, ont cependant négligé de recueillir celui-là.

Dans la seconde épître, La Fontaine dit qu'un temps viendra qu'on inscrira ces mots au temple de Mémoire :

Turenne eut tout la valeur, la prudence,
L'art de la guerre et les soins sans repos.
Romains et Grecs, vous cédez à la France;
Opposez-lui de semblables héros.

Mais le poëte, comme s'il étoit saisi d'une crainte
prophétique, avoit dit en commençant son épître :

Eh quoi! Seigneur, toujours nouveaux combats!
Toujours dangers! Vous ne croyez donc pas
Pouvoir mourir? Tout meurt, tout héros passe.
Songez-y bien; si ce n'est pas pour vous-même,
Pour nous, Seigneur...

Mort de Le 27 juillet 1675, c'est-à-dire quelques mois 27 juill. 1675. après que La Fontaine eut tracé ces vers, Turenne fut ravi à la France; les ennemis aussitôt en franchirent les frontières, et en ravagèrent le sol46.

Madame de Thianges, l'a

tectrice de

La Fontaine

comparée

Une des meilleures amies, et une des plus consmie ela pro tantes protectrices de La Fontaine, fut Mme de Thianges, soeur de Mme de Montespan et de l'abbesse de Fontevrault. Ces trois filles du duc de Mortemart plaisoient, ainsi que le duc de Vivonne leur frère,

ses sœurs,

Fontevrault,

par un tour singulier de conversation mêlée de plai- 1671-1675 santerie, de finesse et de naïveté, qu'on distinguoit Æ. 50-54 à la cour par la dénomination particulière d'esprit des Mortemart"; qui charmoit d'autant plus qu'il avoit une sorte de vertu communicative, et faisoit valoir l'esprit des autres. Mme de Fontevrault, la plus _Madame de jeune et la plus belle des trois sœurs, que SaintSimon nomme la reine des abbesses, joignoit encore aux qualités, communes à toute sa famille, un savoir rare et étendu. Religieuse sans vocation, elle chercha un amusement convenable à son état dans l'étude de l'Ecriture-Sainte, de la théologie, des Pères de l'Eglise, et des langues savantes qu'elle possédoit parfaitement. Elle étoit adorée dans son ordre, où elle donnoit l'exemple, et où elle entretenoit la plus grande régularité : chargée de son voile et de ses vœux, elle paroissoit fréquemment à la cour, y partageoit la faveur de ses sœurs, étoit de toutes les fêtes sans que jamais sa réputation en ait souffert la moindre atteinte 48. Les deux autres se ressembloient par leurs penchants pour les plaisirs, par la gaieté et la vivacité de leurs reparties, et par leur talent pour la raillerie; mais il y avoit cette différence, que les plaisanteries de Mme de Thianges n'avoient jamais rien de dur, ni d'injuste, tandis que Mme de Montespan étoit dénigrante et caustique, et si habile à saisir au premier coup d'œil, pan. les ridicules ou les défauts de chacun, que les officiers redoutoient de défiler devant le roi, lorsqu'elle se trouvoit à côté de lui, et qu'ils appeloient cela

de

et Madame

Montes

1671-1675 passer par les armes 49. Du reste, quoique haute et 1. 50-54 injurieuse, elle étoit la première à se moquer des ridicules préjugés de Mme de Thianges, qui se glorifioit de l'antiquité de sa race, et attribuoit l'avantage qu'elle se supposoit sur les autres, par la perfection de son tempérament et la délicatesse de ses organes, à la différence que la naissance avoit mise entre elle et le commun des mortels 50. Mme de Montespan, exempte de tout préjugé, concevoit ou encourageoit toutes les idées grandes et généreuses, qui pouvoient contribuer à la gloire personnelle du roi ou à la splendeur de son règne": femme qui eût paru vraiment digne d'être assise sur le trône, si, à côté de celle qui s'y trouvoit placée, elle n'avoit pas insolemment usurpé toute la puissance et tous les droits d'une reine. Elle appeloit auprès d'elle et protégeoit les gens de lettres. Mme de Thianges les admettoit dans sa familiarité, et s'en faisoit aimer; plus âgée que sa sœur de dix ans, et moins belle, il ne pouvoit exister entre elles aucune rivalité : aussi elles furent toujours unies; mais lorsque Mme de Madame de Montespan eut cessé d'être la maîtresse du roi, et safa se fut retirée de la cour, Mme de Thianges y resta, et

Thianges con

serve

veur

auprès

même après

de Louis XIV conserva, malgré la disgrâce de sa soeur, la faveur la disgrâce de et la confiance de Louis XIV: elle eut jusqu'à la

sa sœur.

fin de ses jours une forte pension de lui, et les entrées du cabinet, le soir après souper, avec les princesses 52. A l'époque dont nous nous occupons, elle avoit cessé d'être jeune, elle commençoit à donner dans la dévotion, ne mettoit plus de rouge ",

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