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1667-1669 quelques vers, qu'on a imprimés après sa mort 93. Et. 46-48 L'idée bizarre qu'ils expriment est sans doute le résultat de quelque gageure, ou de quelques plaisanteries de société. Le tort n'est pas aux poëtes qui composent par complaisance ou par occasion ces petites pièces insignifiantes ou médiocres, mais à ceux qui les publient et les font sortir de l'obscurité à laquelle ils les avoient condamnées. Toutefois, le sentiment parle encore un langage vrai dans cette petite pièce si peu digne, d'ailleurs, de notre fabuliste.

Le Faste et l'Amitié sont deux divinités
Enclines, comme on sait, aux libéralités;
Discerner leurs présents n'est pas petite affaire :
L'Amitié donne peu, le Faste beaucoup plus,
Beaucoup plus aux yeux du vulgaire ;

Vous jugez autrement de ces dons superflus..

LIVRE TROISIÈME.

Le premier recueil des fables de La Fontaine eut un 1669-1671 prodigieux succès, et fut réimprimé l'année d'ensuite Æt. 48-50 sous un plus petit format. Dans l'épilogue qui le Fables choitermine, La Fontaine disoit :

Bornons ici notre carrière;

Les longs ouvrages me font peur;
Loin d'épuiser une matière,

On n'en doit prendre que la fleur.

Amour, ce tyran de ma vie,

Veut que je change de sujets;

Il faut contenter son envie.

Retournons à Psyché : Damon, vous m'exhortez
A peindre ses malheurs et ses félicités;

J'y consens...

2

sies mises en vers. In- 12. 1669.

Les Amours in- de Cupidon. La vier 1669.

de Psyché et

In-8°.31 jan

En effet, Psyché parut en 1669. De toutes les fables de l'antiquité, celle de Psyché est la plus génieuse et la plus intéressante; mais, dit Harpe 3, elle est racontée dans l'original avec un sérieux trop monotone, et n'est pas exempte de mauvais goût il y a des pensées ridiculement recherchées; La Fontaine l'a rendue plus agréable, en y mêlant ce badinage, qui naissoit si facilement sous sa plume 4. La Harpe blâme cependant avec raison la longueur des épisodes de ce roman, et voici ce qui fut la cause principale de ce défaut. Louis XIV, ennuyé du séjour de Saint-Germainen-Laye, voulut, en 1661, agrandir le petit bâti- de Psyché.

Versailles est la cause des défauts

1669-1671 ment, que Louis XIII avoit fait bâtir pour rendezEt. 48-50 vous de chasse, dans la terre de Versailles, au Val de Galie, acquise pour cet effet en 1627 5. Comme la cour de Louis XIV étoit plus nombreuse que celle de son père, le pavillon qu'avoit construit Louis XIII, et qu'on vouloit entourer, devint un superbe château. Ensuite, entraîné par ces premiers embellissements, Louis XIV prodigua des millions; et les Mansard, les Le Nostre, les Le Brun, les Puget, les Coustou, et cette foule d'artistes habiles en tout genre, que ce siècle a produits, furent appelés à déployer dans ces beaux lieux toute l'étendue de leur génie. Versailles devint une des plus étonnantes merveilles du monde entier. La Fontaine assistoit en quelque sorte à cette création, qui n'étoit pas encore complète, lorsqu'il écrivoit sa Psyché; mais il prévoyoit ce qu'elle deviendroit un jour; et, éminemment sensible à tous les charmes des beaux arts, il ne put résister au plaisir de célébrer ce chef-d'oeuvre de grandeur et de gloire. Il a donc cherché par des épisodes à rattacher la description de Versailles au récit des aventures de Psyché, qui n'y ont aucun rapport; ce qui allonge et refroidit sa narration. D'ailleurs La Fontaine étoit hors de son talent : il réussit parfaitement quand il faut peindre par des traits énergiques et précis; mais quand il faut tracer des tableaux chargés de détails, son style est contraint et embrouillé. En général, dans le roman de Psyché, la prose de l'auteur est préférable

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à ses vers; et il dit lui-même, dans sa préface, qu'elle 1669-1671 lui a coûté davantage : il faut cependant excepter Et. 48-50 quelques morceaux, dont les vers sont vraiment dignes de lui, et même au nombre de ses meilleurs: telle est la chanson que Psyché entend dans le palais de l'Amour; tel est aussi le tableau de Vénus portée sur les eaux dans une conque marine; et enfin l'hymne

à la Volupté, qui se termine par ces vers charmants, La Fontaino où notre poëte s'est peint tout entier 6.

Volupté, Volupté, qui fut jadis maîtresse

Du plus bel esprit de la Grèce,

Ne me dédaigne pas; viens-t'en loger chez moi :
Tu n'y seras pas sans emploi.

J'aime le jeu, l'amour, les livres, la musique,

La ville et la campagne, enfin tout : il n'est rien
Qui ne me soit souverain bien,

Jusqu'aux sombres plaisirs d'un cœur mélancolique.
Viens donc......

avoue ses penchants

pour

tous les genres de plai

sirs.

On voit qu'il justifie parfaitement le nom de Polyphile, aimant beaucoup de choses, qu'il s'est donné dans ce roman. Quand Polyphile visite les enfers, ill place en nous raconte qu'il a vu, entre les mains des cruelles qui n'aiment Euménides 7,

les auteurs de maint hymen forcé,
L'amant chiche, et la dame au cœur intéressé,
La troupe des censeurs, peuple à l'amour rebelle,
Ceux enfin dont les vers ont noirci quelque belle.

Chacun se fait un enfer comme un paradis à sa façon : quant à La Fontaine, il y plaçoit alors ceux qui étoient rebelles à l'amour; cela lui paroissoit un péché impardonnable.

Le roman de Psyché eut, malgré ses défauts, un très-grand succès, ce qui détermina Molière à en

enfer ceux

pas.

1669-1671 composer un opéra, qui fut représenté dans l'hiver Et. 48-50 qui suivit la publication de l'ouvrage de La Fontaine. Molière et Molière, pressé par le temps, engagea le grand

Corneille font

Psyché.

un opéra de Corneille à l'aider dans la composition de son opéra, et l'auteur de Cinna, dit Voltaire, fit, à l'âge de soixante-sept ans, cette déclaration de Psyché à l'Amour, qui passe encore pour un des morceaux les plus tendres et les plus naturels, qui soit au théâtre 8

Adonis, poëme.

avoient traité

La Fontaine.

A la suite de Psyché, se trouve le poëme d'Adonis, imprimé dans ce volume pour la première fois, mais qui, ainsi que nous l'apprend l'auteur dans l'avertissement, étoit composé depuis long-temps. Ce sujet avoit acquis une sorte de vogue, depuis que Marini avoit publié en 1623, en italien, son De ceux qui long poëme d'Adonis, imprimé à Paris, avec une ce sujet avant préface de Chapelain, pour le justifier des critiques qu'on en avoit faites dans les lectures particulières 9. Un président, Nicole, à qui nous devons un mauvais recueil de poésies, traduisit en vers le premier chant en 1662°. Un anonyme dont nous n'avons pu lever le voile, en fit paroitre douze chants entiers également traduits en vers français, deux ans avant la publication du poëme d'Adonis de La Fontaine". Malgré la réputation qu'avoit acquise en France Marini, qui même avoit formé une sorte de secte littéraire, La Fontaine se garda bien de suivre un aussi mauvais modèle : admirateur passionné des anciens, il imita Ovide, mais il l'imita en maître. A cette époque l'Art poétique et le Lutrin n'avoient

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