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dans les Hommes illustres de Perrault, a été le plus souvent copié; mais d'Olivet, qui avoit vu La Fontaine, remarque qu'il a été flatté dans ce portrait (1). Celui qui est en tête de notre histoire a été fait d'après un tableau peint par le célèbre Le Brun, qui appartient au libraire-éditeur. M. Laitier qui a été chargé par le gouvernement d'exécuter une nouvelle statue en marbre de La Fontaine, après avoir étudié avec tout le soin dont il est capable les tentatives que l'on a faites pour retracer les traits de notre poëte, nous a déclaré qu'il n'avoit rien trouvé de plus remarquable en ce genre que ce tableau de Le Brun. Selon M. Laitier, l'expression simple et vraie de la physionomie, le mélange si naturel et si caractéristique de douceur, de bonhomie, de naïveté et de finesse, décèlent dans ce portrait une ressemblance parfaite avec l'original vivant. L'habile

OEuvres de La Fontaine, en 3 vol. in-4°, 1726, est fait d'après de Troy. Le portrait de Ficquet est copié d'après celui d'Edelinck, dans les Hommes illustres de Perrault. Edelinck a gravé d'après un tableau de Rigault.

(1) D'Olivet, Histoire de l'Académie Française, 1729, in-4°, p. 280.

sculpteur, dans une lettre qu'il a bien voulu nous écrire à ce sujet, rend aussi témoignage à l'exactitude avec laquelle le graveur a su reproduire ce tableau de Le Brun, et il avoue que cette copie, exécutée par un excellent burin, lui a été d'une grande utilité pour l'exécution de sa statue.

DE LA VIE ET DES OUVRAGES

DE

J. DE LA FONTAINE,

LIVRE PREMIER.

J'ENTREPRENDS d'écrire la vie de La Fontaine, ou plutôt je vais entretenir mes lecteurs de La Fontaine et de ses ouvrages; car aucun événement digne d'être raconté n'a signalé le cours de sa longue et heureuse carrière. Ses premières poésies, dès qu'elles parurent, lui acquirent une grande réputation. Il fut chéri et loué par les écrivains les plus illustres de son temps; les hommes les plus remarquables par leurs hauts faits, leurs talents, leur puissance ou leurs richesses, les femmes les plus célèbres par le rang, les grâces ou l'esprit, recherchèrent sa société, protégèrent ou charmèrent ses loisirs: l'amitié lui épargna même jusqu'aux soins et aux soucis de sa propre existence. Il laissa doucement couler ses jours, et s'abandonna sans contrainte à ses goûts et à son

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génie. Quand il ne fut plus, par un privilége spécial, on dispensa sa famille d'acquitter les charges publiques; et lorsque la gloire, la science, la vertu, l'innocence et la beauté ne pouvoient fléchir le cœur des bourreaux de la France, le nom seul de La Fontaine sauva d'une mort inévitable ses derniers descendants. Enfin, de nos jours où l'on s'est plu à déprécier le grand siècle qui le vit naître, non seulement il échappa à l'ingratitude de cette envieuse postérité, mais presque tous ceux qui vou→ lurent le peindre lui prêtèrent, dans leurs notices ou leurs éloges, des vertus qu'il n'avoit pas. L'enthousiasme qu'ont fait naître ses délicieux ouvrages n'est pas la seule cause de cette disposition de tous à la bienveillance pour ce qui le concerne. La bonté, qui faisoit le fonds de son caractère, et qui se manifeste dans ses écrits, exerce sur les âmes un empire plus puissant que le génie même; celui-ci excite l'admiration, mais l'autre inspire l'amour, et l'amour veut être indulgent pour l'objet de ses affections. Cependant, si La Fontaine pouvoit reparoître un instant parmi nous, il nous diroit : « Ce » n'est point servir ma mémoire selon mon gré » que de s'écarter du vrai et du naturel. J'ai donné » dans mes fables des leçons de sagesse pour tous » les rangs et pour tous les âges; mais, vous le sa» vez, je n'ai pas toujours été sage dans ma conduite » et dans mes vers. Si vous parlez de moi, que ce » soit donc, comme je l'ai fait moi-même, sans » dissimulation et sans réserve. »

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JEAN DE LA FONTAINE naquit le 8 juillet 1621, 1621-1643 à Château-Thierry 3, de Jean de La Fontaine, Et. 1-22 maître des eaux et forêts, et de Françoise Pidoux,

Naissance.

fille du bailli de Coulommiers; sa famille étoit fort
ancienne, et avoit même quelque prétention à la
noblesse. Son éducation paroît avoir été négligée,
et on croit qu'il étudia d'abord dans une école de
village, et ensuite à Reims 5, ville pour laquelle il Education.
avoit une prédilection particulière. Lorsqu'il eut
terminé des études imparfaites, un chanoine de Sois-
sons, nommé G. Héricart, lui fit présent de quelques
livres de piété, et il crut avoir du penchant pour l'état
ecclésiastique. Ce n'est pas une des moindres singu-
larités de cet homme célèbre, lorsqu'on considère
son caractère, ses goûts, les inclinations qui l'ont
dominé pendant tant d'années, et la nature d'un
grand nombre de ses écrits, de voir que le com-
mencement et la fin de sa vie ont été consacrés à la
religion et à la piété. Il fut reçu à l'institution de
l'Oratoire le 27 avril 1641. Son exemple'y attira l'Oratoire.
la même année, au mois d'octobre, Claude de La
Fontaine son frère puîné, qui n'en sortit qu'en 1
Jean fut envoyé au séminaire de Saint-Magloire,
le 28 octobre, et il y resta environ un an. Après ce
temps, il n'est plus fait mention de lui sur les re-
gistres de cette congrégation 7. Il est probable que
G. Héricart, qui l'avoit engagé à y entrer, s'étant
aperçu qu'il n'avoit point une vocation véritable, l'en
fit sortir, et arrangea son mariage avec une de ses
parentes. La Fontaine étoit à peine rentré dans le

1650.

Il entre à

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