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tiraient d'Angleterre : ayant conçu
le projet d'affranchir son pays d'un
tribut onéreux, il entreprit, sur ces
cendres, des expériences multipliées
dont le résultat fut de reconnaître
qu'elles se composent d'oxides de
cuivre et de chaux, saturés d'acide
carbonique. Il parvint alors à fabri-
quer, à très-peu de frais, cette subs
tance. Un manufacturier de papiers-
peints, instruit de sa découverte, lui
offrit de grands avantages pour ob-
tenir son secret. Pelletier, loin de
se laisser tenter, rédige un Mé-
moire sur les cendres bleues, et le
lit à l'académie des sciences. « J'au-
>> rais pu, disait-il à cette compa
gnie, faire de ce travail un objet
» de spéculation; mais d'autres inté-
» rêts me conduisent. » La plupart
de ses Mémoires ont été insérés dans
le Journal de physique, et dans les
Annales de chimie, dont il était un
des auteurs. Son fils, qui suit la
même carrière, a recueilli, de con-
cert avec M. Sedillot jeune, ses
principaux écrits qui ont été réu-
nis en deux volumes in-8°., sous ce
titre: Mémoires et observations de
chimie, Paris, 1798. M. Sédillot à
placé en
en tête de cette édition un éloge
de l'auteur. Outre cet Eloge, inséré
dans le recueil de la société de mé-
decine de Paris (tome 1, pag. 185),
on en a un autre, par Lassus, dans
les Mémoires de l'institut (Sciences
physiques et mathématiques, tome
II, Histoire, pag. 138); un troisiè-
me, par M. Bouillon Lagrange,

dans le Journal de la société des
pharmaciens, 1, 107; et un qua-
trième, par Lartigue, dans le Jour.
nal de la société de santé et d'histoi-
re naturelle, de Bordeaux', tome 11,
pag. 104.

F-R. PELLETIER (LE). V. LEPELLETIER et PELETIER.

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PELLICAN (CONRAD ), en allemand Kürschner, naquit à Ruffach, en Alsace, le 8 janvier 1478. A l'âge de six ans, il commença ses études, et fut attaqué de la peste dont il guérit heureusement. En 1491 Josse Gall, son oncle maternel, recteur de l'université d'Heidelberg l'appela dans cette ville pour l'y faire continuer ses études; mais la modicité de sa fortune ne lui permettant pas de le retenir, il le renvoya l'année suivante à ses parents. Le jeune Pellican aida quel que temps le maître d'école de sa ville natale. En 1493, il entra chez les frères mineurs; et, un an après, ily fit profession. Ses supérieurs l'envoyèrent à Bâle pour son cours de théologie, et ensuite à Tubingue, à la prière de son oncle, pour prendre les leçons d'un cordelier, céfèbre professeur de philosophie et de mathématiques, sous lequel il profita beaucoup, et dont il se concilia l'estime et l'amitié. En 1499, ayant rencontré un de ses confrères né dans la religion judaïque, il lui témoigna le desir d'apprendre l'hebreu, en reçut quelques avis et un volume de la Bible. Muni de ce double renfort, il se livra à l'étude avec tant d'ardeur, qu'il parvint à entendre le volume, et à se faire un dictionnaire, sans aucun autre secours; bientôt les conversations de Reuchlin, et l'occasion qu'il eut d'avoir à sa disposition le reste de la Bible, le mirent en état de compléter son dictionnaire, et même de composer une grammaire. En 1501, il fut ordonné prêtre ; et, en 1502, il enseigna, dans le couvent de Bâle, la théologie, la philosophie et l'astronomie. En 1504, le cardinal Raimond, légat du pape, passant par Bâle, aurait conféré au jeune hébraisant le titre de docteur en théo

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opinions des théologastres. (Voyez l'Histoire de la réformation de la Suisse par Ruchat, tom. v.) Il devint veuf en 1536, et se remaria au commencement de janvier suivant. Il mourut à Zurich, le 5 avril 1556. Nous citerons de lui : I. La continuation de l'édition des OEuvres de saint Augustin, commencée par Augustin Dodon et François Wyler,

logie, si le gardien, par jalousie, ne s'y fût opposé. Ravi de ses talents, le cardinal l'emmenait en Italie; mais une maladie obligea Pellican de retourner à Bâle, et d'y reprendre les fonctions de professeur. En 1508, il alla les continuer dans le couvent de Ruffach. En 1511, il fut nommé gardien de Pfortzheim, et, en 1514, se crétaire de Gaspar Sazger, provincial de son ordre. Get emploi lui four- ́avec des arguments en tête de chanit les moyens d'amasser des livres pour son instruction. En 1516, il assista au chapitre général des cordeliers, qui se tint à Rouen, et en 1517, à celui qui se tint à Rome. A son retour il fut nommé gardien de Ruffach, et, deux ans après, de Bâle. Vers cette époque, il lut les ouvrages de Luther, et en adopta les opinions, sans néanmoins se déclarer ouvertement. Le provincial des cordeliers voulut le déposer en 1523; mais le sénat, qui protégeait les réformateurs, prit la défense de Pellican, et le maintint dans son poste. En 1526, Zwinglil'appela à Zurich pour occuper la chaire de langue hébraïque. Pellican cut quelque peine à l'accepter, ne se sentant pas capable, disait-il, de remplir cette place; mais ses amis l'encouragèrent et il se décida. C'est alors qu'il jeta le froc, et se maria à l'âge de quarante-huit ans. Son mariage lui fit perdre l'amitié d'Erasme, avec lequel il était intimement lié. En 1534, on lui offrit la place de professeur d'hebreu à Stuttgard; mais il la refusa, net voulant rien avoir à démêler avec des hommes qui osent, dit-il, se donner l'autorité de dominer sur notre foi, pour nous presser de croire ce qu'ils ne croient point eux-mêmes, puisqu'ils ne peuvent ni le comprendre, ni le prouver par l'Écriture; et qui ramènent au monde toutes les

que livre, Bâle, 1506, 9 vol. in-fol.
II. Psalterium Davidis ad hebraï-
cam veritatem interpretatum, cum
scholiis brevissimis,
scholiis brevissimis, Strasbourg,
1527, in-8°.; Zurich, 1532, in-8".,
édition plus soignée et plus complète.
III. Commentarii Bibliorum cum
vulgata editione, sed ad hebraï-
cam lectionem accuratè emendatá,
Zurich, depuis 1531 jusqu'à 1536,
in-fol., 5 vol., très-rares en France,
et presque inconnus aux protestants
même. Richard Simon a consacré
à l'examen de ces commentaires de
Pellican sur tout l'Ancien-Testament,
un article fort long dans sa Biblio-
thèque critique, tome III suivant
lui, « Pellican est plus exact que les
autres protestants, et bien moins
fécond en digressions contre les ca-
tholiques. Il s'attache ordinairement
au sens littéral sans perdre de vue
les paroles de son texte. Quoiqu'il
ait été fort versé dans la lecture des
rabbins, il n'a point rempli ses com-
mentaires d'une certaine érudition
rabbiniqué, qui se trouve dans la plu
part des docteurs allemands; il a
plutôt cherché à être utile à ses lec-
teurs, qu'à étaler son rabbinage. Il
dit judicieusement qu'il est bien plus
sûr, bien plus à propos et plus agréa-
ble, de n'emprunter des juifs que des
observations grammaticales; et, à
l'égard du sens, qu'il le faut tirer des
passages de l'Écriture comparés les

uns avec les autres, y joignant aussi les anciens commentateurs grecs et latins qui nous restent présentement. Comme son dessein est de donner un commentaire court et abrégé, il dit souvent beaucoup de choses en peu de mots; enfin, il est très-habile dans la critique des livres sacrés, et il ne ressemble point à ces protestants superstitieux, qui croient que la providence de Dieu n'a point permis qu'il arrivât le moindre changement dans ces livres divins.» Quelque pompeux que soient ces éloges, Richard Simon ne manque pourtant pas de relever les défauts de Pellican, qui lui sont communs avec la plupart des protestants. IV. Commentarii in Novum Testamentum, Zurich, 1537, in-folio, 2 vol. Pellican s'est montré moins habile dans ces commentaires que dans ceux qu'il a écrits sur l'Ancien-Testament. V. Grammatica hebraica, nec non et Margarita philosophica, Strasbourg, 1540, in-8°. Le père le Courayer prétend que Pellican a eu beaucoup de part dans les ouvrages de Reuchlin; il est bien certain qu'il a revu la Bible de Léon de Juda, et qu'il l'a ornée d'une préface. On peut voir la liste des autres ouvrages de Pellican et de ses traductions rabbiniques, dans sa Vie qu'il a composée lui-même, et que Melchior Adam a insérée dans ses Vitæ theologorum germanorum. On peut consulter aussi Chaufepié, Rodriguez de Castro (Escritores rabinos españoles), et surtout Schnurrer (Notices biographiq. et littér. sur les hébraïsants de Tubingue), p. 2 et suiv. L-B-E. PELLICER (JEAN - ANTOINE), bibliographe espagnol, naquit vers 1740. Il fut bibliothécaire du roi d'Espagne, et est mort à Madrid,

en 1806. On a de lui: I. Ensayo de una bibliotheca de traductores españoles, 1778, in-4o. L'auteur a eu raison de ne donner à son ouvrage que le titre d'Essai; car il n'y parle que de trente-sept traducteurs. Les notices sur chacun d'eux, sont faites avec méthode, et les titres des ouvrages, exacts; aussi ne sont-ils pris que sur les livres mêmes. L'Es sai est précédé de notices littéraires sur la vie de trois auteurs espaguols. Ces auteurs sont, Lupercio Leonardo y Argensola, Bartholomeo - Juan Leonardo y Argensola, son frère, et Miguel de Cervantes. Avant Pellicer, on ignorait le lieu de la naissance de l'auteur du Don Quixotte: Nicolas Antonio le disait Hispalensis (de Séville) natu aut origine; Mayans le faisait naître à Madrid; et ce n'était pas seulement entre ces deux villes, que les opinions étaient partagées. Pellicer établit qu'il est né à Alcalà de Hénarès, et qu'il a été baptisé le 9 octobre 1547. II. Des Dissertations sur des sujets d'histoire, d'antiquité, de littérature, et entre autres : Disertacion historico - geografica sobre el origen, nombre y poblacion de Madrid, asi en tempio des Moros como de Cristianos, Madrid, 1806, in-4°. Il avait achevé, en 1789, une Histoire de la bibliothèque royale (de Madrid), avec une Notice sur les bibliothécaires et autres écrivains : elle était sous presse en 1808, au moment de l'invasion des Français en Espagne. On ne peut dire, toutefois, si l'impression en a été terminée: mais on doit, Pellicer, une excellente édition avec notes, du Don Quixote de Cervantes, 1797,5 vol. petit in-8°. ; réim- primée avec des corrections, 17981800, neuf parties, petit in-8°. Les

Notes de Pellicer ont été reproduites dans l'édition de Paris, 1814, 7 vol. in-18, conforme, pour le texte ; à l'édition de l'académie royale espagnole.

A. B-T. PELLICIER (GUILLAUME), évêque et homme d'état, naquit vers la fin du quinzième siècle, à Melgueil ou Mauguio, en Languedoc, d'une famille distinguée. Il se fit connaître de bonne heure, par son érudition en théologie et en droit, qui lui a mérité l'honneur d'être cité par Cujas lui-même, comme l'un des hommes les plus habiles à résoudre les difficultés des lois. Il paraît que, dans sa jeunesse, il avait voyagé en France et en Italie, pour perfectionner ses connaissances. Son oncle, qui se nommait, comme lui, Guillaume PELLICIER, était évêque de Maguelone : il le nomma chanoine de sa cathédrale; et, en 1527, son grand âge l'ayant porté à quitter son siége, son neveu fut nommé à sa place, quoique n'étant pas encore dans les ordres sacrés. Plein de respect pour son bienfaiteur, le nouvel évêque lui laissa l'entier exercice de l'autorité épiscopale, jusqu'à sa mort, arrivée en 1529. François Ier., le père des lettres, connut Pellicier, et apprécia promptement son mérite. Il lui confia les missions les plus importantes, le fit entrer au conseil-d'état, et, plus tard, récompensa ses services en le nommant abbé de Lerins. La première ambassade de Pellicier fut à Cambrai, où il accompagna Louise de Savoie, qui allait traiter de la paix, au nom du roi son fils, avec l'empereur Charles - Quint: elle fut conclue en 1529, au moment même où Pellicier venait d'entrer en possession de son siége. En 1533, il fut en voyé à Marseille, pour régler, avec le pape Clément VII, les conditions

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du mariage du duc d'Orléans, second fils du roi, et de Catherine de Médicis, nièce du pontife. C'est alors qu'il commença de s'occuper du projet de faire transférer à Montpellier, l'évêché de Maguelone. Depuis que Charles - Martel avait détruit cette dernière ville, pour qu'elle ne servît plus de retraite aux Sarrasins, l'île où elle était située, s'était dépeuplée: on n'y voyait plus d'autres édifices que la cathédrale et la maison canoniale. Montpellier, au contraire, s'accroissant des pertes de Maguelone, devenait, de jour en jour, plus florissant. Pellicier se rendit à Rome, pour y suivre cette négociation difficile, qui dura deux années. Le pape Paul III autorisa cette translation, par bulle du 27 mars 1536. Cependant la France avait besoin, à Venise, d'un ambassadeur expérimenté. La paix durait encore entre Charles-Quint et le roi ; mais tous les états d'Italie étaient en armes les mêmes sujets de discorde existaient toujours entre ces deux rivaux puissants, prêts à entraîner leurs alliés dans leur querelle. Il fallait déjouer les intrigues de l'empereur, si supérieur à son adversaire dans ce genre de lutte, et maintenir Venise dans l'alliance de la France. Pellicier y vint, en 1540, et soutint, avec succès, les intérêts de son maître. Ce poste n'était pas sans péril. C'est pendant son séjour à Venise, qu'au mépris des droits les plus sacrés, deux ambassadeurs français, César Fregose et Antoine Rinçon, furent assassinés par ordre du marquis de Guast, gouverneur du Milanez. Dans une autre occasion, Pellicier fut exposé à une attaque personnelle. Le sénat poursuivait des traîtres qui avaient livré le secret de l'état au grand-seigneur,

un

et qui étaient venus chercher un asile au palais de l'ambassadeur : le sénat donna ordre d'aller les y saisir, et, les portes ayant été fermées, on fit avancer du canon. L'ambassadeur fut contraint de céder à la force, et n'obtint pour réparation que de vaines excuses. Mais de plus douces occupations délassaient le savant prélat. Il avait été chargé par le roi de recueillir des manuscrits d'auteurs anciens. Il apporta le plus grand zèle à l'exécution de cet ordre, et parvint à ramasser, à grands frais, nombre considérable d'ouvrages tant Grecs que syriaques et hébreux; faisant copier ceux qu'il ne pouvait obtenir, et remplir les lacunes de ceux qui étaient mutilés, employant à ce travail jusqu'à huit écrivains à la-fois, ainsi qu'il le raconte dans une lettre curieuse, du 29 août 1540, adressée au roi, et que Gariel a conservée. Ces manuscrits enrichissent encore aujourd'hui la bibliothèque du Roi. Les actes de son ambassade avaient été recueillis dans un manuscrit in-folio, que possédait M. de Colbert, un de ses successeurs dans l'évêché de Montpellier (V.le Catal. de sa bibl., t. 2, p. 448). La mort de François Ier, priva Pellicier d'un protecteur éclairé. Il fut laissé sans cmploi, et vit la fin de sa carrière semée des plus cruelles disgraces. De retour dans son diocèse, il s'était voué à ses fonctions; il avait eu le bonheur d'apaiser quelques dissensions qui s'étaient élevées dans son chapitre et dans sa ville épiscopale, lorsque la doctrine des réformés y excita des troubles bien plus dangereux. Le parlement de Toulouse, pour arrêter leurs déclamations, sévissait contre les ecclésiastiques peu réguliers. Écoutant trop facilement de fausses délations, il ordonna

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l'emprisonnement de Pellicier, et la saisie de ses revenus. On avait soupçonné ses sentiments à cause de ses liaisons avec Ramus; on avait inculpé ses mœurs. L'ordre du parlement fut exécuté avec rigueur par le comte de Villars, commandant du Languedoc. Pellicier fut renfermé au château de Beaucaire, et traité avec dureté. Mais bientôt le clergé de Narbonne prit sa défense. Son accusateur fut poursuivi, et, par un exemple bien rare, fut condamné à mort. Sa tête, exposée sur une des portes de la ville, y servit long-temps de monument de son crime et de l'innocence du prélat : ce qui l'atteste avec non moins d'éclat, c'est que Pellicier ne perdit rien de la considération dont il était environné; et on le vit jusqu'à sa mort, siéger, dans l'assemblée des états de la province, soit en qualité de commissaire du roi, soit comme président. Cependant les Calvinistes se portaient aux derniers excès. Pellicier implora, pour y mettre un terme, dit du cardinal de Lorraine, et la puissance de Catherine de Médicis. Sa lettre à cette princesse, et la réponse du cardinal, démontrent son orthodoxie. Les périls qui menaçaient sa vie, le forçaient à changer souvent de demeure. Il résida, pendant quelque temps au château d'Aigues-Mortes; à une autre époque, il fut obligé de se renfermer avec son chapitre dans son église, et de s'entourer de préparatifs de défense: il se retira plus tard à Maguelone, où il s'empressa de rétablir le culte catholique, ainsi qu'à Villeneuve, village voisin, dont il était seigneur. Il ne revint à Montpellier qu'à la fin de 1563. Lorsqu'après l'édit de pacification publié cette aunée, le duc de Montinorenci y cut

le cré

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