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vemens avec ceux des premiers jours de prairial, fait penser que les uns et les autres appartenaient au même plan, étaient dirigés par les mêmes chefs'.

Les hommes qui, malgré la multitude de faits que j'ai cités pour prouver l'influence étrangère sur les événemens de la révolution, et qui les considèrent comme l'effet naturel des passions, repousseront aussi les témoignages suivans.

Une lettre datée de Soleure du 28 mai, porte :

«

J'ai rencontré ici (Soleure) l'ambassadeur anglais; il re» vient d'une conférence qu'il a eue à Bâle avec l'ambassa» deur d'Autriche et différens autres agens secrets qui attendaient l'événement arrivé le premier prairial. Il a été joint par un courrier qui lui a apporté la nouvelle que Toulon ? est aux Anglais....

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Je me suis trouvé à Bâle dans la même auberge avec des gens ouvertement attachés au gouvernement britannique; ce sont les intrigans les plus déliés, les plus actifs, les plus infatigables; le personnage le plus nfarquant parmi eux est la comtesse Roch.. Mortem.. Tous attendent la suite des événemens. »>

Les rédacteurs du Moniteur ajoutent une note qui tend à garantir l'authenticité de cette lettre et la véracité de son auteur. (Moniteur du 17 prairial an III.)

Le même journal garantit aussi la lettre suivante qui vient à l'appui de la première ; elle est datée d'Ulm en Allemagne, et du 8 juin :

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Il est hors de doute que les derniers grands mouvemens arrivés à Paris, ont été l'ouvrage de l'Angleterre, de l'Autriche et des émigrés. C'était un vaste plan préparé depuis bien des mois et mieux combiné que tous les précédens » complots de la coalition. Ils étaient (les coalisés) tellement surs de leurs succès qu'ils triomphaient d'avance, disant :

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La paix faite avec la Vendée et les chouans paraissait affermie : mais les intérêts de quelques cabinets européens, mais l'orgueil, la vengeance, les prétentions de quelques personnages jadis puissans, vinrent détruire d'aussi flatteuses espérances. Les cabinets, les personnages, ennemis de la prospérité générale, sans être épouvantés des intrigues, des perfidies, des crimes que nécessitait la rupture de la paix, ni des désastres et des calamités qu'elle entraînerait, n'hésitèrent pas à rallumer en France les feux de la guerre civile.

Cette rupture éclata vers les premiers jours de prairial. Le 6 de ce mois, les représentans Grenot et Bollet, en mission près des armées des côtes de

» Voilà le moment de notre gloire arrivé; dans quinze jours » nous sommes les maîtres de Paris et de la France. Toute » l'armée autrichienne était prête, tous les grands préparatifs étaient faits..., on devait passer le Rhin pour attaquer les Français de toutes parts; on attendait le signal de la

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• grande opération; c'était un courrier qui devait arriver de Bâle et apporter la nouvelle que le grand coup avait » réussi à Paris; car personne ne mettait en doute s'il réus⚫ sirait.

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» Le courrier arrive dans le quartier-général de Clairfayt, . il arrive dans la nuit du 29 et 30 mai; il apporte la triste > nouvelle que le coup a manqué totalement. Voilà des courriers qui partent comme l'éclair, pour porter aux différens corps d'armée des ordres qui changent toutes les dispositions. La conjuration de Toulon et la nouvelle révolte > des chouans ne serviront qu'à montrer de quelle énorme étendue avait été le complot, etc.» (Moniteur du 4 messidor an III, no 274.)

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Brest et de Cherbourg, firent à ce sujet une proclamation dont voici quelques phrases dictées par l'indignation: «< Français républicains, lisez! lisez ! » voyez la bonne foi trompée, trahie, les sermens » violés, et la plus épouvantable hypocrisie, à >> l'ombre des douces paroles de la paix, méditant » la révolte et le massacre !

» Hommes sincères qui avez posé les armes, » par le désir de voir cesser les maux qui dévorent » ces contrées, lisez ! »

Ils recommandent la lecture de plusieurs lettres interceptées, écrites par des chefs de chouans, dans lesquelles on lit que ces chefs nourrissaient l'espérance de pouvoir, à la première occasion favorable, reprendre les armes; qu'ils faisaient des emprunts pour cet effet; qu'ils établissaient entre eux une correspondance secrète; qu'ils étaient liés avec tous les royalistes de France, et contraints de dissimuler, etc.

Les chefs du dehors, qui considéraient la pacification comme une trève, excitaient les chouans et les Vendéens à une levée de boucliers, et faisaient arriver dans les départemens, théâtres des guerres des Vendéens et des chouans, des troupes d'émigrés dont l'orgueil et les prétentions déplu

1

Moniteur, 15 prairial an III, p. 1027. Correspondance secrète de Charette, Stofflet, de Puisaye, etc., t. I, p. 229 et suivantes.

Même Correspondance, t. I, p. 20.

rent à ceux qui s'insurgeaient. Quelques-uns de ces émigrés promirent de se rendre, ou se rendirent près de ces départemens. Des émissaires, ainsi que des provisions de guerre et de faux assignats, que M. le comte Joseph de Puisaye faisait noblement fabriquer en Angleterre, y arrivaient aussi.

Ces émissaires se répandirent et exercèrent leur funeste influence dans d'autres départemens, et agitèrent horriblement les habitans du midi de la France, où d'affreuses représailles éclatèrent.

A Lyon, le temps avait déjà assoupi tout ressentiment contre les hommes de la terreur. Mais les agens des ennemis de la république vinrent bientôt réveiller les haines, inspirer des alarmes et exciter une classe d'habitans à commettre des excès semblables aux crimes dont ces habitans avaient à se plaindre. Une sanglante réaction s'établit ; elle faisait d'affreux progrès. Les assassinats, les noyades étaient exécutés journellement par des jeunes gens organisés en compagnie dite de Jésus. Une liste fatale fut imprimée dans cette ville, où se lisait le nom de tous ceux qui, sous le règne de la terreur, avaient ou étaient accusés d'avoir fait quelques dénonciations, et en face de chaque nom se trouvait celui des dénoncées. La pupersonnes blicité de cette liste produisit des meurtres innombrables. La vengeance s'exerça à Lyon, non pendant quelques jours, quelques semaines, mais pendant le cours d'une année presqu'entière. Aussitôt que le cri de Matevon se faisait entendre dans une

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des habitans sortaient de leurs maisons, se jetaient, sans examen, sur le passant désigné par ce cri, et le malheureux était égorgé et jeté dans le Rhône. Ces violences étaient journalières. Les magistrats, par peur ou par connivence, autorisaient ces meurtres en les laissant impunis. L'action, toute atroce qu'elle avait été, fut plus illégale, plus criminelle que cette réaction prolongée; les Lyonnais qui avaient inspiré un vif intérêt comme victimes, n'inspirèrent que de l'indignation dès qu'ils s'abaissèrent jusqu'à remplir le rôle d'assassins, rôle bien plus odieux que celui de bourreau.

Mais ces massacreurs, ces noyeurs lyonnais étaient d'une classe facile à tromper, étaient des hommes séduits, excités par des agens du dehors. La preuve est contenue dans une lettre adressée par un royaliste dont l'initiale du nom est B... Voici ce qu'on y trouve : « Le porteur est un aide-de>> camp de M. de Précy: il mérite à tous égards >> votre confiance.... C'est un des premiers fonda»teurs de la Chouannerie dans le Lyonnais, le » Forès, etc. ' »

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Les crimes de l'action, comme les crimes de la réaction, furent l'ouvrage des mêmes auteurs, l'ouvrage des ennemis de la république et de leurs agens. M. l'abbé Guillon, dans son histoire des troubles de Lyon, cite l'écrit d'un négociant de cette ville,

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Correspondance secrète imprimée sur pièces originales, t. I, p. 46.

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