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décidée pour les Français, quoique inférieurs en nombre à leurs ennemis. Ceux-ci tentèrent un effort sur le centre de notre armée, mais la garde impériale se déploya et repoussa vivement leurs attaques.

Cependant la garde impériale russe fut envoyée pour rétablir la communication du centre avec la gauche. La cavalerie de cette garde chargea et culbuta un bataillon du 4o de ligne, commandé par le général Schinner. « Napoléon m'ordonna, dit le

général Rapp, de prendre les mamelouks, deux >> escadrons, un des grenadiers de la garde, et de » me porter en avant pour reconnaître l'état des >> choses. Je partis au galop, et n'étais pas à une » portée de canon, que j'aperçus le désastre. La >> cavalerie (ennemie) était au milieu de nos car>> rés et sabrait nos soldats.... L'ennemi lâcha prise » et accourut à ma rencontre. Quatre pièces d'ar>> tillerie arrivèrent au galop et se mirent en bat>>terie. J'avançai en bon ordre; j'avais à ma gau» che le brave colonel Morland, et le général » Dallemagne à ma droite. Vous voyez, dis-je à » ma troupe, nos frères, nos amis qu'on foule » aux pieds: vengeons-les, vengeons nos dra» peaux. Nous nous précipitâmes sur l'artillerie » qui fut enlevée. La cavalerie nous attendit de » pied ferme et fut culbutée du même choc; elle » s'enfuit en désordre, passant ainsi que nous,

Il fut tué dans le combat.

» sur le corps de nos carrés enfoncés. Les soldats » qui n'étaient pas blessés se rallièrent. Un esca» dron de grenadiers à cheval vint me renforcer. » Je fus à même de recevoir les réserves qui arri>> vaient au secours de la garde russe. Nous recom» mençâmes. La charge fut terrible. L'infanterie » n'osait hasarder son feu, tout était pêle-mêle >> nous combattions corps-à-corps. Enfin l'intré>> pidité de nos troupes triomphe de tous les obs>> tacles; les Russes fuient et se débandent...........' »

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Cette garde qui, dans l'opinion des Russes était seule capable de vaincre l'armée française, fut taillée en pièces par une faible partie de cette armée. Artillerie, étendards, tout fut enlevé, le prince Repnin et plusieurs autres chefs furent faits prisonniers. Le régiment du grand-duc Constantin fut écrasé, et lui-même ne dut son salut qu'à la vitesse de son cheval.

Deux colonnes russes composées chacune de quatre mille hommes furent cernées et faites prisonnières.

Les deux empereurs de Russie et d'Autriche placés sur les hauteurs d'Austerlitz, contemplaient

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'Mémoires du général Rapp, pag. 60, 61.— « J'allai ren» dre compte de cette affaire à l'empereur, dit le général Rapp; mon sabre à moitié cassé, ma blessure, le sang dont j'étais couvert, un avantage décisif remporté avec aussi peu de monde sur l'élite des troupes ennemies, lui inspirèrent l'idée du tableau qui fut exécuté par Gérard. »

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la défaite totale de cette garde impériale sur laquelle reposaient toutes leurs espérances; contemplaient les désastres d'une guerre qu'ils avaient trop légèrement entreprise, cédant aux sollicitations de l'Angleterre. Ces souverains doués des .sentimens, des facultés intellectuelles et du jugement des autres hommes, à l'aspect horrible que présente un champ de bataille, aux cris des mourans à la vue de tant de mutilations, de membres épars, de sang répandu, durent faire de graves réflexions et se dire: Nous ordonnons la guerre pour nos intérêts, et nous ne nous battons pas. Des milliers d'hommes ont la complaisance de se battre, de se faire estropier, de se faire tuer pour nous. Leurs malheurs, leurs souffrances sont notre ouvrage ! etc.

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Les détails de cette grande bataille sont nombreux; je ne puis en offrir que les suivans. Les Russes montrèrent généralement beaucoup de courage; mais leurs dispositions étaient mal entendues; quatre de leurs bataillons et les débris d'une colonne protégeant une batterie de cinquante pièces de canon traversaient une vaste pièce d'eau dont la glace paraissait très-forte. Arrivés au milieu, cette glace se brise sous leur poids. Tout est englouti, hommes, chevaux, voitures canons. Une heure après la même scène se reproduisit sur les étangs de Ménitz. Une partie d'infanterie russe, vivement poursuivie, passe sur la glace qui couvre ses eaux; elle est pareillement abîmée.

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Mais ici les canonnades françaises contribuèrent

beaucoup à rompre la glace.

Le commandant de l'artillerie

fait pri

sonnier, rencontre Napoléon, et lui crie: Général, faites-moi fusiller, je viens de perdre mes pièces. Jeune homme, lui répond l'empereur des Français, j'apprécie vos larmes ; mais on peut étre battu par l'armée française et avoir encore des titres de gloire.

Il faudrait nommer tous les généraux, tous les officiers, tous les soldats pour raconter les nombreux traits de bravoure qui illustrèrent cette bataille; je me borne à ses résultats. Les Français prirent cent cinquante canons, quarante-trois drapeaux et tous les étendards de la garde impériale.

Après des recherches exactes, on s'assura qu'il y avait eu dix-huit mille Russes tués et sept mille blessés; six cents Autrichiens tués; neuf cents Français tués et trois mille blessés. Quinze généraux russes furent faits prisonniers, beaucoup d'autres moururent sur le champ de bataille. Parmi les morts russes, on compte aussi quatre ou cinq cents officiers, dont vingt majors ou lieutenanscolonels et plus de cent capitaines.

Le 12, à la pointe du jour, le prince Jean de Lichtenstein, commandant de l'armée autrichienne, vint trouver Napoléon à son quartier-général établi dans une grange. Il eut avec lui une audience assez longue. Les propositions que dut faire ce négociateur n'empêchèrent pas les Français de pour

T. V.

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suivre leurs avantages. L'ennemi se retirait d'Austerlitz à Godding. L'armée française était sur ses derrières.

Le 13, Napoléon fut instruit des nouveaux succès de l'armée d'Italie et de la capitulation de l'armée autrichienne, commandée par le lieutenant-général Jellachich.

Napoléon partit, le 13 frimaire, d'Austerlitz et se rendit aux avant-postes de Saruschitz; c'est là qu'il plaça son bivouac, et que, dans un fossé, il reçut l'empereur d'Allemagne : ils eurent ensemble une entrevue qui dura deux heures. Voici ce qu'on lit dans le Bulletin de la grande armée, du 14 frimaire, sur leur conversation:

On rapporte que Napoléon, en faisant approcher l'empereur d'Autriche du feu de son bivouac, lui dit: Je vous reçois dans le seul palais que j'habite depuis deux mois; cet empereur lui répondit : Vous tirez si bon parti de cette habitation, qu'elle doit vous plaire.

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L'empereur d'Autriche n'a pas dissimulé, tant » de sa part que de celle de l'empereur de Russie, >> tout le mépris que leur inspirait la conduite de l'Angleterre. Ce sont des marchands, a-t-il ré» pété, qui mettent en feu le continent pour s'as» surer le commerce du monde.

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>> Ces princes sont convenus d'un armistice et >> des principales conditions de la paix qui sera >> négociée et terminée dans peu de jours. L'em» pereur d'Autriche a fait connaître à l'empereur

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