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persion inégale dans les divers milieux, afin de corriger la couleur, par la combinaison de verres, au foyer objectif des télescopes; idée reprise par Jean Dollond, qui perfectionna le télescope achromatique. Rochon appliqua le prisme aux lunettes pour décomposer la lumière des étoiles, et trouva le moyen de mesurer exactement les lois de la réfraction et de la diffraction. D'autres recherchèrent les puissances réfractives et dispersives des corps transparents, et la théorie mathématique des rayons optiques. L'invention du cadran d'Halley, en 1731, fournit le moyen de faire des observations sur les navires. Leroy et Berthoud fabriquèrent d'excellentes montres marines, et Harrisson en fit d'autres pour les longitudes. L'Ecossais Jacques Fergusson trouva la roue astronomique pour ob server les éclipses de lune (1776). Le mécanicien anglais Ramsden, que la perfection de ces instruments astronomiques rangea parmi les savants, fit une foule de sextants pour la marine, en perfectionnant une grande machine pour les diviser avec promptitude et facilité.

1756.

1738-1822.

Les télescopes à réflexion furent perfectionnés en Angleterre; mais les télescopes catadioptriques de Guillaume Herschell eurent Herschell. une force inattendue. On n'en faisait pas auparavant qui grossissent au delà de quatre cents fois ; il arriva à six mille, en abandonnant les procédés habituels pour la fabrication des miroirs, et rendit en outre ses télescopes commodes. Il passait des années sans se coucher une seule nuit: toujours en plein air, et pensant que c'était la méthode la meilleure pour les observations, il employait des jours entiers à polir ses miroirs, en recevant la nourriture de la main de sa sœur. Il commença ses observations en 1774, avec un télescope de vingt pieds; puis il en termina en 1787 un de quarante et de quatre d'ouverture, à l'aide duquel la nébuleuse d'Orion étincelle d'une vive clarté. Il vit avec ce télescope le sixième, puis le septième satellite de Saturne, et vérifia l'existence d'un volcan dans la lune.

Mais Lahire calcula que, pour y apercevoir une tache grande comme Paris, il suffit d'une lentille qui grandisse cent fois, et qu'il faut un agrandissement de soixante mille fois pour voir un corps ayant une toise d'étendue.

Lorsqu'une fois les instruments furent perfectionnés et que toute chose eut été soumise au calcul, le ciel sembla récompenser les peines qu'on s'était données, en révélant d'autres corps perdus

dans son immensité. Dans la nuit du 13 mars 1781, Maskelyne avait observé une étoile mobile, que l'on crut pendant quelques mois être une comète. Enfin son orbite ne se dessinant pas en parabole, Herschell acquit la certitude que c'était une planète, à laquelle il donna le nom d'Astre géorgien, et Bode celui d'Uranus ; d'autres l'ont appelée Herschell; car, outre qu'il la découvrit, il vit et détermina les six satellites qui l'entourent.

Képler, guidé par l'idée de l'harmonie avec laquelle le Créateur a disposé l'univers, avait vu que les planètes sont, par rapport au soleil, à des distances représentées par les séries 4, 7, 10, 16, 28, 52, 100. Toutefois il manquait celle qui aurait dû se placer au nombre 28, entre Mars et Jupiter. Or Joseph Piazzi, de la Valteline, qui avait établi l'observatoire de Palerme, ayant fait construire par Ramsden, non plus un quart de cercle mural, avec lequel on peut se tromper de quatre ou cinq secondes, mais un cercle entier qui ne permet pas même l'erreur d'une seconde, porta jusqu'à 6,748 le catalogue des étoiles; puis, le 1er janvier 1801, il aperçut une petite planète qu'il appela Cérès. Une autre, Pallas, fut signalée à Brême par Olbers le 28 mars ; ensuite Junon, par Harding, le 2 septembre 1804, et Vesta, le 29 mars 1807. Ce sont de très-petites planètes, dont les orbites sont plus inclinés que les autres par rapport au plan de l'écliptique, et que l'on sup. pose être des débris de la grande planète qui devait occuper la place vacante dans la progression de Képler.

Nous avons mentionné par anticipation les astronomes qui ont agrandi, de notre temps, la connaissance de l'univers. Schröter a donné la description la plus exacte de la lune, et discuté sur l'atmosphère de cette planète. D'autres y établirent leur observatoire pour décrire les phénomènes qu'ils apercevraient de là; Delambre et Zach dressèrent les meilleures tables du soleil ; Herschell étudia les groupes des nébuleuses, ainsi que les doubles changeantes; et il croyait pouvoir, à l'aide de son instrument, pénétrer quatre cent quatre-vingt-dix-sept fois plus loin que Sirius en conséquence il calculait que cent seize mille étoiles passaient par le champ visuel, ce qui supposait un angle de quinze minutes. La voûte entière du ciel contiendrait done plus de cinq billions d'étoiles; or, si chacune est un soleil entouré de planètes, et si celles-ci sont entourées de satellites, quelle immensité prodigieuse s'ouvre

aux regards de l'homme pour lui faire admirer de plus en plus la gloire de Celui qui fait tout se mouvoir par des lois d'une si grande simplicité !

La connaissance de notre planète s'étendait avec celle du ciel; Géographie. et toutes les sciences demandaient des arguments et des preuves à des voyages entrepris dans un but plus raisonné (1). On ne faisait plus, comme un siècle auparavant, le tour du monde pour trouver des mines, mais pour y porter la civilisation et en rapporter des connaissances. Byron, Wallis, Carteret, sortirent des ports d'Angleterre pour visiter les mers du Sud. Le duc de Choiseul chargea Bougainville de faire un voyage dans la mer Pacifique, où il surpassa les Anglais en hardiesse et en exactitude: il donna la description de ces sociétés si variées, des délices de Taïti; et on lui dut la découverte de l'archipel des Navigateurs. Le capitaine Cook, voyageur scientifique par excellence, eut pour compagnons des savants du premier ordre, Banks, Solander, Green, Sparrmann, Forster, Anderson; académie nomade qui travaillait sur les deux frégates qu'il commandait, et observait les phénomènes variés de la nature, l'enfance malheureuse ou la décrépitude de la société, la formation de nouvelles îles, ou leur réunion en continents par les isthmes de corail; puis la comparaison des usages et des langues les mettait à même de reconnaître les anciennes migrations: heureux lorsqu'ils ne trouvaient pas les sauvages de ces contrées assez farouches pour repousser avec jalousie les dons qu'ils leur portaient, le blé, la vigne, les légumes, les animaux domestiques !

En même temps l'Allemand Damberger, au service de la compagnie bollandaise, partit du Cap pour gagner la Barbarie (17811797); les côtes de cette dernière contrée furent décrites par Desfontaines; l'Anglais Patterson se rendit chez les Hottentots; Boufflers et Golbery visitèrent d'autres parties de l'Afrique; Bruce, l'Abyssinie; Iserre, la Guinée et les Caraïbes (1773); Barrow, le Cap, de même que le Hollandais Stavorinus, qui poussa jusqu'à Surate. Sparrmann et Levaillant, partant du Cap, se hasardèrent à la chasse périlleuse des bêtes féroces, qui jusqu'alors s'étaient soustraites au fusil de l'Européen et même aux flèches du sauvage.

(1) Voyez livre XIV, ch. 26 et 27.

Le Danois Hoest explorait le Maroc à la solde de la Russie, et les académiciens de Pétersbourg (Gmelin, Pallas, Steller, Gueldenstädt, Georgi, etc.) parcouraient l'immense empire du czar, du pôle au Caucase, et révélaient la nature du septentrion. La Société des savants de l'Inde et celle du nord de l'Amérique firent faire des progrès à la connaissance des pays anciens et des contrées nouvelles. Le Danemark envoyait Niebuhr explorer l'Arabie ; Coxe publiait les découvertes des Russes, et faisait connaître le commerce avec la Chine (1781). La meilleure description de l'empire du milieu était donnée par les jésuites, dont les Lettres édifiantes (1717-1774) étaient une mine abondante de renseigne

ments.

L'amour des sciences portait Stedman dans la Guiane, Charlevoix au Japon et au Paraguay, Boyle au Tibet, le major anglais Henri Rooke sur les côtes de l'Arabie heureuse et en Égypte, Kerquely dans les mers australes (1782), Forster dans le Nord, le commodore anglais Billurgs dans la Russie asiatique (1785-1794), Samuel Turner au Tibet et au Boutan. Richard Chandler voyageait dans l'Asie mineure, Lechevalier dans la Troade; ChoiseulGouffier éveillait les sympathies pour l'Hellade, en décrivant ses ruines et ses misères inexpiées. Volney cherchait dans les débris de l'Egypte et de la Syrie des inspirations, des élégies, et des arguments pour l'impiété.

Les récits de voyages, dégagés des aventures romanesques, offraient plus de vérité dans les descriptions et dans les planches. Le Voyage pittoresque dans l'Inde, de l'Anglais Hodget, nous présenta des spectacles nouveaux; la description de Palmyre et de Balbeck, par Wood et Dawkins (1753-1757), ne permit plus de considérer comme des fables les merveilles d'une découverte récente. Le baron de Tott traçait la configuration de l'empire ottoman, auquel il venait de fournir des moyens de défense. Anquetil, Legentil et Sonnerat interrogeaient les Guèbres et les brahmines sur les débris d'une grande civilisation perdue, dont quelques Anglais, expiant en quelque sorte les massacres commis par leurs concitoyens, faisaient aussi l'objet de leurs recherches. Legentil se rendit dans l'Inde pour y observer le passage de Vénus; et comme le temps l'empêcha de faire cette observation, il y proJongea son séjour au profit de la science, s'informant des courants, des marées, des moussons, des trajets les plus courts, et en même

temps des usages et des opinions du pays. Il examina surtout l'astronomie des brahmines, alors vantée; il prouva qu'elle n'ajoutait rien aux connaissances des Chaldéens, et que leurs iougas sont les nombres de périodes astronomiques.

On commença alors à appeler statistique la géographie politique; et Guthrie donna (1770) un Cours complet de géographie.

France.

Nous avons parlé ailleurs des découvertes faites en grand nombre dans ce siècle, et des vérifications bien plus nombreuses encore, ainsi que des arts nouveaux dont profita la science. Nous avons vu trois générations de la famille Cassini travailler à la mesure du méridien à travers la France, opération qui amena, en soulevant une foule de discussions, à préciser la forme de la terre. Les cassinistes parcouraient la France en la mesurant et Cartes de en la décrivant, de telle sorte que le royaume se trouva couvert d'un réseau de grands triangles entre les cités principales, auxquelles des villes secondaires se rattachaient aussi par des triangles plus petits. Pour faire la carte de France, César-François Cassini adopta la proportion d'une ligne pour cent toises, c'est-àdire 1,864,000. Il pensait qu'il suffirait de dix années, et de 90,000 livres par an; illusions ordinaires des grandes entreprises, qui ont du moins l'avantage de ne pas en détourner en effrayant sur les moyens d'exécution. Les besoins de la guerre ayant 1714-1784. fait suspendre le travail, Cassini proposa de le reprendre aux frais d'une société qui se couvrirait de ses déboursés par la vente des cartes. Mais les dépenses étaient excessives; plusieurs provinces, loin de s'associer à l'entreprise, s'y opposaient, au point de chasser par la force les ingénieurs ; et Cassini mourut avant d'avoir vu terminée la tâche à laquelle il avait consacré trente-quatre années de sa vie.

Son fils, Jacques-Dominique, l'achevait précisément au moment où la révolution vint changer l'ancienne division du pays : ce travail devint donc la base de la distribution nouvelle. Le comité de salut public vint en aide à la compagnie pour qu'elle pût terminer l'entreprise; et la France donna ainsi l'exemple d'une carte entièrement établie sur des vérifications astronomiques; exemple qui fut ensuite imité par le reste de l'Europe.

Cet art fut aussi appliqué à l'histoire pour rechercher la géographie des temps passés. Déjà Delisle et les deux Samson avaient dessiné des cartes meilleures que celles de leurs devan

T. XVII.

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