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nouveaux venus: la guerre en résulta, et ceux de Saint-Paul eurent le dessous. Peu après, don Pédro, régent de Portugal, voulut avoir sa part de ce riche butin ; et il envoya Antoine d'Albuquerque dans le district des mines, en qualité de gouverneur. Lorsqu'il fut parvenu, à l'aide de troupes réglées et de mesures habiles, à soumettre les deux factions, il fonda dans le pays une ville régulière qui fut appelée Rio-Janeiro, et fit des ordonnances concernant l'exploitation des mines et la répartition du produit entre l'État et les colons.

Mais lorsque don Pédro fut devenu roi à la mort d'Alphonse VI, il manqua aux conventions faites avec la France lors de la guerre de succession, et s'allia avec l'Angleterre, ce en quoi il fut imité par Jean V. Les armateurs français voulurent punir ces princes en s'attaquant à leur commerce; et le capitaine Duclère tenta de surprendre Rio-Janeiro. N'ayant que peu de troupes, il fut repoussé et contraint de capituler, puis massacré avec beaucoup des siens, au moment où il déposait les armes. Duguay-Trouin vint en tirer vengeance en bombardant Rio-Janeiro, qui, abandonné par la garnison, échappa à sa ruine moyennant une rançon de 600,000 cruzades. Si l'on ajoute à cette somme les marchandises enlevées, cinq bâtiments de guerre et plus de trente navires marchands capturés ou brûlés, le dommage dépassa 27 millions de francs.

Lorsque la paix fut faite, Rio-Janeiro se releva, et devint l'entrepôt du produit des mines. Les paulistes essayèrent de relever la tête; mais ils furent réprimés, et Villa-Ricca prospéra à tel point, que le quinzième de l'or dû à la couronne dépassait annuellement 12 millions. Les paulistes s'étant mis à la recherche d'autres mines, découvrirent sur la rive du Carmen celles de Mariana, puis celles de Cuiaba et de Goyaz. Il en résulta que la couronne toucha pour sa part 25 millions par an, sans compter ce qui était fraudé en assez grande quantité. Cependant, comme si ce n'eût pas encore été assez, une mine de diamants, la plus riche qu'il y ait, fut encore dé

couverte.

Le Brésil était donc extrêmement florissant, et il enrichissait non pas le commerce du Portugal, mais celui de l'Angleterre.

Pombal essaya de porter atteinte aux traités honteux qui donnaient à la Grande-Bretagne le despotisme commercial; mais il n'osa en affranchir son pays. Afin qu'elle ne pût pas soutirer tout l'or du Brésil à l'aide de son monopole général en Portugal, il dé

fendit toute extraction d'or, et ordonna que l'activité du commerce britannique fût balancée par l'exportation. Il en résulta des visites continuelles des magasins et des livres, vexations qui augmentèrent les plaintes; puis le cabinet de Londres enjoignit à Pombal de rapporter une ordonnance aussi misérable qu'imprudente.

Il crut aussi faire prospérer les manufactures indigènes en imposant une taxe de quatre pour cent sur toutes les marchandises étrangères, sous prétexte de la reconstruction des douanes, que le désastre avait renversées. Il accorda à une compagnie le monopole du commerce avec la Chine et les Indes; mais ce fut en réalité un monopole pour Félicien Velho d'Oldenbourg, où le roi était de moitié avec son ministre. Une autre compagnie, dont Pombal était le principal intéressé, obtint le privilége de la traite des nègres. Afin d'enlever aux Anglais le monopole des vins de Porto, il força les propriétaires de les vendre, à un prix déterminé, à une société des vins, dont il se fit nommer protecteur, avec un traitement énorme. Le mécontentement devint tel, que la révolte éclata à Oporto; Pombal l'étouffa dans le sang, priva la ville de tous ses avantages, et lui infligea de lourdes amendes. Dix-huit citoyens furent envoyés au gibet, vingt-six aux galères, quatre-vingt-dixneuf en exil. Beaucoup d'autres émigrèrent; quelques-uns coupèrent leurs vignes, plutôt que de les cultiver pour d'autres.

Il fut mieux inspiré en ouvrant le canal d'Oeyras, le seul qui existe en Portugal, et en adoucissant le sort des débiteurs insolvables. Il introduisit au Brésil les plantations de canne à sucre, de coton, de riz, d'indigo, de café et de cacao. Ses détracteurs se prirent à rire quand il fit construire à Lisbonne de vastes magasins pour y déposer le coton, dont dix livres 'furent envoyées comme essai en 1772. Mais en 1806 il en arrivait déjà de cent trente à cent quarante mille balles, de quatre arobes chacune; et ces vastes magasins ne suffisaient pas pour le café, le sucre et l'indigo du Brésil.

Trompé dans l'espoir de mettre la main sur les trésors des jésuites du Paraguay, Pombal chercha à annuler la cession de l'île du Saint-Sacrement, et refusa d'adhérer au pacte de famille des Bourbons. Il en résulta la guerre avec la France et l'Espagne, dont l'unique avantage fut de procurer une armée au Portugal. Il en fut redevable au comte de Lippe-Buckebourg, qui vainquit la

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répugnance des Portugais pour le service militaire; mais toutefois il ne réussit pas si complétement qu'il ne fallût recourir à des enrôlements étrangers.

Joseph était tenu dans une telle dépendance par son ministre, que les courtisans disaient: Allons trouver le roi dans sa cage. Déjà privé de l'usage de la parole par une attaque d'apoplexie, il Maric Ire. expira en 1777, et sa fille Marie lui succéda avec son mari Pierre III. Aussitôt le cri des peuples et des prisonniers d'Etat s'éleva contre la tyrannie de Pombal; et, bien qu'il eût fait trouver dans la caisse du roi 48 millions de cruzades et 30 millions dans celle des dimes, il fut congédié avec des honneurs et des pensions. Le tribunal d'inconfidenza fut supprimé, celui de la nonciature se rouvrit, la taxe du sel fut supprimée, et un traité d'alliance avec I'Espagne fut signé. Comme les plaintes des huit cents personnes qui venaient de sortir des prisons d'État s'élevaient incessamment contre Pombal, une enquête juridique s'ouvrit sur son administration; et il fut obligé à de nombreuses restitutions, en même temps qu'il eut à se défendre contre des invectives furieuses. Le procès des prétendus régicides ayant été révisé, quinze juges, dit-on, sur dix-huit les déclarèrent innocents; ils furent en conséquence réhabilités et réintégrés dans leurs charges, tandis que Pombal fut déclaré à l'unanimité digne d'un châtiment exemplaire. Néanmoins, comme il pouvait répondre à chaque inculpation, Le roi l'a voulu ainsi, la reine lui fit grâce de toute peine afflictive, et lui laissa ses biens, dont le revenu s'élevait à trois cent mille livres. Il fut seulement banni à vingt lieues de la cour, et mourut peu de temps après. On ajoute que les découvertes amenées par ces procès augmentèrent l'hypocondrie habituelle de la reine, à tel point qu'elle ne fut plus en état de gouverner, et que, tant qu'elle vécut (1816), don Jean, prince du Brésil, signa pour elle.

CHAPITRE XXVI.

ÉTATS GÉNÉRAUX.

La Hollande conservait l'amour de la patrie et de ses anciens usages. Les lourds impôts établis sur les terres, sur les contrats, sur le luxe, sur les objets de consommation, en même temps qu'ils portaient les habitants à un genre de vie réglé, y stimulaient l'industrie. Maîtres des soies de la Perse et des drogues de l'Asie, les Hollandais s'habillent d'étoffes de laine, vivent de poisson et de fruits; leurs maisons ont pour ornement la propreté et des fleurs, et ils ne connaissent pas l'économie lorsqu'il s'agit de bienfaisance publique ou d'instruction. Chaque ville se livre activement à quelque industrie particulière, et met sa gloire à la perfectionner.

Nous avons dit plus haut ce que nous pensions de sa liberté (1). L'avénement d'un de ses citoyens au trône de la Grande-Bretagne engagea de gré ou de force la Hollande dans tous les mouvements de l'Europe, lors même qu'elle n'y avait aucun intérêt. Son or fut le plus puissant auxiliaire de l'Autriche dans la guerre de la succession d'Espagne; néanmoins la paix ne fut point avantageuse à la Hollande, et elle la mit à même de comprendre combien la guerre l'avait dépeuplée et appauvrie. L'acquisition des places fortes n'eut pour résultat que de lourdes dépenses et de nouvelles hostilités ; et les guerres contre la France, mal conduites qu'elles furent, produisirent une révolution intérieure.

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Bien que la maison d'Orange ne dirigeât plus le gouvernement, depuis le commencement du siècle elle ne cessait d'intriguer, et d'avoir une grande influence dans les affaires publiques. Ses partisans, fort nombreux, faisaient de l'opposition au gouvernement : ils se mirent à dire qu'il voulait sacrifier l'armée de terre à la marine; et beaucoup d'entre eux, s'étant réunis à Terweere, ville demeurée indépendante, obligèrent le bourgmestre à proposer pour stathouder et capitaine général le prince d'Orange. Ce choix ayant été approuvé par la ville, la proposition fut portée aux états de la province; et bientôt Guillaume IV, soutenu par des Guillaume IV troupes autrichiennes et anglaises, fut proclamé stathouder géné

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ral, charge héréditaire même pour les femmes, et à laquelle fut réunie celle de gouverneur des Indes orientales.

Prince vertueux, il favorisa ce qui était l'âme de son pays, les manufactures et le commerce, sans négliger les sciences et les arts, instruit qu'il était lui-même. Généreux et tolérant, il eut un grand pouvoir parce qu'il était aimé; mais il en jouit peu.

Guillaume V, son fils, lui succéda à l'âge de trois ans, sous la tutelle d'Anne, sa. veuve, fille de George II d'Angleterre. Cette princesse, secondée par le duc Louis de Brunswick, feld maréchal de la république, continua les réformes commencées par son mari; elle se tint en dehors de la honteuse guerre de sept ans, profita de la décadence de la marine française, protégea les sciences, et réunit dans la société de Harlem des efforts disséminés, auxquels les encouragements avaient manqué jusque-là.

Lorsqu'elle mourut, le duc Louis demeura tuteur du jeune prince; et Guillaume V, devenu majeur, le pria de l'aider de ses conseils. Mais la décadence absolue de la république avait commencé. Le commerce languissait malgré les efforts du gouvernement, et la pêche du hareng était devenue très-peu productive. Les philosophes français trouvaient des partisans en Hollande, à tel point que Louis de Brunswick avait cru devoir restreindre la liberté de la presse : il défendit l'Émile de Rousseau, et il fut établi que les ouvrages des protestants relatifs à la religion devraient être approuvés par l'université de Leyde.

D'autres agitations étaient excitées dans le pays par les jansénistes qui s'y étaient réfugiés, et qui avaient eu un champion énergique dans le célèbre Quesnel. L'Église d'Utrecht en particulier se laissa entraîner par ces sectaires; tout le chapitre avait appelé contre la bulle Unigenitus, et l'on faisait ordonner les prêtres par des évêques de cette opinion. Depuis la réforme, la juridiction avait été exercée à Utrecht par des vicaires apostoliques: on élut alors un archevêque sans observer les formes régulières. Rome s'en plaignit ; et comme on ne l'écouta pas, il en résulta un véritable schisme qui fut soutenu par le célèbre jurisconsulte Van Espen, et qui n'est pas encore assoupi de nos jours.

La plupart des villes étaient régies aristocratiquement. A Amsterdam, le conseil se composait de trente-six membres et de douze bourgmestres, qui exerçaient leur charge par quatre à la fois, dirigeant les finances et nommant aux emplois. Le conseil

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