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talens, je vous dirai que la cuirasse du dieu Mars blesserait la délicatesse de Vénus ou de Minerve.

M. Jourdain. Et qu'est-ce que c'est que Mars? Le Philosophe. Vous en parliez tout-à-l'heure. M. Jourdain. Et Vénus et Minerve, qu'est-ce cela? que que

c'est

Le Philosophe. Ce sont les noms poétiques que l'on donne à la Beauté et à la Vertu.

M. Jourdain. Ce sont donc deux personnes différentes?

Le Philosophe. Ordinairement; cependant il n'est pas impossible que cela ne fasse qu'un.

M. Jourdain. Je n'entends pas tout cela. Donnez-moi vite quelque chose à dire à une princesse, afin qu'elle n'aille pas me prendre pour un hourgeois. Il me faudrait encore une petite chansonnette, mais sur un air plus doux; car la princesse que je dois voir a l'air si doux! si doux!

Le Philosophe, Bien pensé; Aristote lui-même n'aurait pas mieux jugé des convenances. Je crois que j'ai encore quelque chose qui pourra vous

convenir.

M. Jourdain. Donnez.

Vous dont l'aspect est un délice

Pour tous les cœurs, pour tous les yeux,

On voit en vous l'astre propice

Qu'imploraient tant de malheureux,

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Oh! cela n'est pas un beau compliment, et si je le dis à la princesse, j'ai peur qu'elle n'en soit offensée et qu'elle ne me donne un soufflet.

Le Philosophe. Allez, Monsieur, si cela arrive, je le prends sur ma joue.

M. Jourdain. A la bonne heure. Je vous rec mercie, et vous prie de revenir demain.

Quand la Victoire

Adopte un favori,

S'il fuit la gloire,

Elle court après lui;

Et voilà l'histoire

De notre prince Henri.

Guerrier terrible

Dans le fort du combat,

Quoiqu'invincible,

Souvent le cœur lui bat ;

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Le vendredi 6 mars, les Comédiens français ont donné la première représentation d'Auguste et Théodore, ou les deux Pages, drame en deux actes, imité du Page, comédie allemande de M. Engel, par M. de Sauvigny, l'auteur des Illinois, du Théâtre de Société, etc. Il paraît que la pièce avait été arrangée d'abord pour le Théâtre italien. M. Dezède en avait composé la musique, et c'est lui-même qui l'a présentée ensuite à lą Comédie française. Pour que sa composition ne entièrement perdue, on a voulu en couserver au moins deux ou trois morceaux dont le chant est assez agréable, mais qui n'ajoutent rien à l'intérêt de la scène.

fût pas

Cette pièce, malgré quelques longueurs et beaucoup de détails insignifians, a paru faire un extrême plaisir. La scène du second acte, entre le page et le roi, est vraiment neuve et touchante; mais rien n'a plus contribué au succès de ce petit ouvrage que la manière dont il a été joué : il y avait long-temps qu'on n'avait vu de comédie représentée avec autant de chaleur, d'ensemble et de

vérité (1). Le sieur Fleury, chargé du rôle de Frédéric, à l'observation la plus exacte du costume a su joindre le talent de saisir si parfaitement les gestes et la physionomie du héros, qu'il a fait illusion même aux spectateurs qui avaient eu le plus souvent le bonheur d'approcher l'auguste modèle. On assure que cet acteur avait reçu plusieurs leçons d'un gentilhomme de la suite du prince Henri; quoi qu'il en soit, il a paru que l'art ne pouvait guère être porté plus loin dans ce genre d'imitation; et le mérite d'offrir une copie si naturelle et si frappante d'un roi qui fut l'admiration de son siècle, comme il le sera sans doute des siècles à venir, ce seul mérite aurait décidé le succès de la représentation. M. le comte d'Oëls a été, sans en être prévenu, le témoin de l'hommage que la Nation rendait à son frère; on avait engagé le maréchal de Beauvau à conduire l'illustre voyageur dans une loge où le public pouvait jouir de la satisfaction de lui adresser les applaudissemens dont on faisait retentir la salle; ils ont redoublé lorsqu'à la fin de la pièce on a chanté au jeune page le couplet que voici :

Vous allez voir un guerrier
Qui sut toujours être invincible,
Qui joignant le myrte au laurier
Sut être modeste et sensible;

(1) Les rôles des deux pages ont été rendus avec beaucoup d'intelligence par madame Petit-Vanhove et par mademoiselle Contat cadette.

Vous allez donc voir ce héros

Qui vous reçoit sous ses drapeaux.
Si la gloire vous paraît belle,

Si vous voulez par des faits brillans
Unir les vertus aux talens,
Prenez ce héros pour modèle,

La séance publique de l'Académie française, pour la réception de M. le duc d'Harcourt à la place de M. le maréchal de Richelieu, eut lieu le jeudi 26 février. M. le comte d'Oëls l'honora de sa présence; il était entouré de toutes les beautés contemporaines de l'illustre récipiendaire, mesdamesde Brionne, d'Harcourt, de Coaslin, etc. etc.

L'éloge du maréchal de Richelieu pouvait fournir sans doute une foule de traits ingénieux, de contrastes et de rapprochemens peu communs; mais la dignité du lieu, bien plus encore celle du caractère personnel de l'orateur et l'auguste ministère dont il se trouve chargé, semblaient lui interdire également le seul moyen de conserver à son sujet tout l'intérêt, toute l'originalité dont il était susceptible: aussi M. le duc d'Harcourt s'estil borné à rappeler d'une manière élégante et précise les différentes campagnes du maréchal de Richelieu, sans oublier aucun événement de sa carrière militaire, depuis l'époque où il fit ses premières armes dans les Mousquetaires, en 1712, jusqu'à la fameuse convention de Closter-Seven, après laquelle il reçut du Roi de Prusse cette lettre remarquable, que l'orateur a cru devoir citer

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