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plus clair et quelquefois moins singulier, cet écrit nous a paru renfermer beaucoup d'excellentes vues exprimées souvent d'une manière originale et ingénieuse.

Le principal objet de cette brochure est de faire valoir les avantages de l'exportation libre ou forcée comme un des moyens les plus propres à combattre le fléau de la mendicité. On y expose d'abord dans un très-grand jour tous les inconvéniens et tous les abus des ateliers de charité existans; on ne dissimule point que dans l'état actuel ce sont pour ainsi dire autant d'arsenaux à la disposition du premier factieux qui aurait le talent ou l'audace de les employer avec succès. N'est-il pas à craindre que le peuple ne se dise bientôt à lui-même : Voilà donc ceux que je solde par mes privations ou aux dépens de mon nécessaire? Ils profanent l'impôt, ils prostituent les dons que je fais à la Patrie, ils insultent à la bienfaisance même. Ce ne sera point assez, ajoute l'auteur, de l'ordre qu'exige la division des ouvriers en escouades et en différentes autres fractions; d'une règle qui établisse leur responsabilité envers leurs chefs, d'une discipline qui l'assure, d'une force suffisante et toujours présente qui apprenne à des gens qu'on s'est plu à redouter qu'ils ne sont plus craints; on n'aura point assez fait en fixant un travail réglé sur leurs forces, si on ne le rend pas non-seulement lucratif, mais même attrayant par des récompenses

graduées.... On ferait renaître l'émulation par des marques-monnaies portant une valeur, délivrées et enregistrées sur-le-champ, à titre de récompense. Ces marques ne pourraient servir qu'à l'homme dont elles porteraient le nom; elles lui assureraient une ressource qu'il ne pourrait divertir, dont il lui serait impossible d'abuser, et qui lui servirait en Europe et dans les Colonies. Cette monnaie perdant toute sa valeur par la désertion, elle l'empêcherait. Le sujet le plus laborieux et le plus utile ayant été le mieux récompensé et ayant obtenu davantage de marques-monnaies, serait le plus enchaîné; sa richesse le retiendrait, il aurait enfin quelque chose à perdre, et il pourrait être puni par des amendes payées en même monnaie....

La transportation serait une récompense lorsque, désirée, demandée et méritée, elle serait obtenue, d'après toutes les vraisemblances que le sujet qui va s'expatrier a les qualités et les moyens nécessaires pour réussir dans son entreprise. L'espèce et l'étendue de la propriété, des secours et des avances qui lui seraient accordés formeraient l'échelle graduée de ses récompenses : l'exportation, employée comme punition, entraînerait pour un nombre d'années, proportionné de mème au délit, un engagement envers la Nation et particulièrement envers la commune de la Colonie dans laquelle serait envoyé l'homme puni pour y travailler aux ateliers publics, etc.

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Dans une assez longue digression sur l'influence que la Religion et les Dames pourraient avoir sur le bonheur de la société, M. d'Estaing conseille aux Dames de prendre pour guide dans leur première législature madame Necker et madame de La Fayette. « Elles sont surtout savantes, dit-il, dans le grand art de faire le bien avec discernement.... La vertu ne leur a caché aucun de ses trésors; elles possèdent au suprême degré ce que les recherches de la réflexion et la continuation de cette habitude, qui n'a jamais laissé échapper une occasion, peuvent accumuler de connaissances et d'expériences. La confiance du riche irait comme celle du pauvre au-devant de leurs décisions la pauvreté et le vice, fléaux qui absorbent tant de moyens, seraient attaqués par un héroïsme irrésistible; ce serait une circonstance aussi heureuse que frappante dans l'histoire de la Révolution, que de voir les compagnes des deux grands hommes qui en supportent le plus terrible fardeau tracer à leur sexe, d'une main sûre, les principes d'une telle association. On n'apercevrait dans ces deux femmes célèbres et si intéressantes d'autres vues personnelles en le faisant que le même sentiment qu'elles ne peuvent cacher dans tout ce qu'elles pratiquent, celui de contribuer à la gloire de leurs époux. Ah! si la postérité jugeait trop sévèrement de nos mœurs, ce trait seul nous rendrait la gloire de la pureté des premiers âges. »

M. d'Estaing termine ses réflexions par un vœu

pour la transportation des criminels, et ce vœu est accompagné d'idées touchantes. « L'habitude du bien existe comme celle du mal; c'est une douce contagion que celle de la paix de l'âme. La vie patriarcale, des Colonies, l'abondance du nécessaire, l'oubli des, superfluités, celui de ses fautes que tout ne reproche plus, redonnent l'orgueil de la vertu; un autre climat, une nature différente n'offrent point aux remords de ces témoins muets qui, en déposant contre le criminel, l'avilissent à sent a ses propres yeux. Forcé à l'obéissance, s'il peut apprendre à rougir, il redeviendra honnête; s'il ne désespère pas de luimême, si les rayons de l'estime réchauffent, son âme, il redeviendra un homme, etc. »

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PARMI le grand nombre d'imitations ou de suites que l'on a données de la Folle Journée, ou du Mariage de Figaro, nous croyons devoir distinguer les Deux Figaro, cómédie en cinq actes, représentée dernièrement au Théâtre du PalaisRoyal, ci-devant des Variétés amusantes (1)'. Quoique ce Théâtre ne soit pas de ceux qu'on appelait autrefois Théâtres royaux, nous aurions à craindre d'être soupçonnés de principes anticonstitutionnels, de passer au moins pour de vrais aristocrates en matière de spectacle et de goût, si nous négligions de vous faire connaître les ouvrages qui ont eu quelque succes sur ce nouveau Theatre, même sur le dernier des tréteaux de la Foire, d'autant plus qu'il n'en est aucun qui ne soit aujourd'hui dans le sens le plus rigoureux de la Révolution.

Les Deux Figaro sont d'un acteur de la troupe de Bordeaux, du sieur Martelli, ci-devant avocat, et tellement estimé pour sa conduite et ses mœurs,

(1) La nouvelle salle qu'occupe cette troupe a été construite par M. Louis, l'architecte qui a bâti celle de Bordeaux. Elle est toute entière en pierre et en fer, et l'on assure qu'elle a coûté à M. le duc d'Orléans près de deux millions. Ce n'est pourtant pas un monament de grand style, mais le plan en est singulièrement ingénieux la distribution agréable et commode; et quant à la décoration de l'intérieur, elle n'est que trop riche, trop recherchée, et forme un contraste presque ridicule avec le genre des ouvrages qu'on yea' vIỆ représenter jusqu'ici.

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