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et lui concilier le respect et la confiance de la Nation, les lois doivent donner aux nonces une certaine dignité qui leur apprenne à se respecter

eux-mêmes.

La réforme que notre auteur trouve la plus indispensable et la plus difficile à faire est celle du Liberum Veto. Pour y préparer les esprits il proposed'établir d'abord que désormais le Veto n'aura lieu

que quand tous les nonces d'un Palatinat le prononceront d'une voix unanime. Permettre qu'un Palatinat s'oppose à la volonté de trentedeux provinces, c'est encore une absurdité; mais que faire ? Ce qui peut consoler d'une loi si imparfaite, c'est qu'ilsera très-rare que tous les députés d'un Palatinat concourent unanimement à prononcer le Veto.

En lisant les conseils que l'abbé de Mably donne aux Polonais sur la prudence avec laquelle il convient d'entreprendre la réforme des abus, il est permis de présumer que la conduite de nos jeunes Solons n'eût pas toujours échappé à sa censure, ou plutôt que lui-même eût été dénoncé comme un mauvais patriote, comme un ennemi secret de la Révolution, comme un aristocrate. Voici ce qu'il ose dire: En meditant une réforme, le point capital est de ne point se faire redouter et de se rendre au contraire agréable à tout le monde...... Si on veut attaquer à-la-fois tous les abus, je prévois que tous ceux qui en profitent feront une ligue générale pour les maintenir; et quelles lois, quels magistrats,

quelle puissance pourrait résister à la force de cette conjuration?.... S'il en était besoin, je vous citerais ici je ne sais combien de gens de bien qui, faute de politique, ont fait plus de mal à leur patrie que beaucoup d'hommes méchans dont le nom est déshonoré.... Que les Confédérés ne songent donc pas à mettre la dernière main à l'ouvrage dont ils ne sont destinés qu'à jeter les fondemens; leur réputation n'en souffrira pas, et la postérité, qui leur devra ses lumières, découvrira sans peine que son bonheur est l'ouvrage de leur circonspection.... C'est ce qu'avait déjà si bien dit à nos Représentans un Ministre aussi respectable aujourd'hui par ses disgrâces qu'il le fut par ses vertus. Ne soyez pas envieux des succès du temps.

C'est un Archiduc que M. l'abbé de Mably proposait de placer sur le Trône de Pologne. « Je gagerais, dit-il, que l'Impératrice - Reine, dont toute l'Europe admire les vertus, aura plutôt la politique d'une mère qui veut établir solidement ses enfans que celle d'une Princesse ambitieuse que le despotisme seul peut satisfaire.... Un Archiduc que vous élèveriez sur le Trône renoncerait à tout ce qu'il peut attendre des successions de sa maison, et par-là il s'attacherait plus étroitement à vous. Si la Cour de Vienne n'emploie que les voies de l'insinuation pour accroître l'autorité de son Archiduc votre Roi, vous pouvez vous suffire à vous-mêmes. Le patriotisme que votre nouveau gouvernement aura fait naître est un rempart impénétra

ble contre l'intrigue et la corruption. Si elle veut mettre en usage la force, ce qui n'est pas vraisemblable, vous trouverez des alliés tout faits dans les ennemis naturels de la maison d'Autri che, vous aurez la Porte, vous aurez les Princes de l'Empire, vous aurez peut-être la Russie... Le temps fera enfin ce que la politique seule aurait dû faire, et les branches autrichiennes qui régneront à Varsovie et à Vienne se regarderont comme des maisons étrangères. >>

En distribuant des Trônes, la munificence de l'abbé de Mably ne veut pas avoir à se reprocher de faire des présens trop magnifiques; il consent que la personne du Roi soit inviolable, mais il en conclut qu'il faut diminuer autant que possible ses devoirs, ses fonctions et sa prérogative. Il est juste qu'il ne puisse rien par luimême et par sa propre autorité, puisqu'on ne lui demandera compte de rien; c'est donc dans les mains du Sénat, dont le Roi ne sera que Président, qu'il veut qu'on dépose toute la puissance exécutive; et pour que la Nation donne toute sa confiance au Sénat, il lui paraît indispensable qu'elle choisisse elle-même les qui le composeront. Vous voyez, ajoute-t-il, combien les Anglais se trouvent mal de ne pas choisir eux-mêmes les Conseillers et les Ministres du Prince.....En effet, n'est-ce pas le peuple le plus mal gouverné de l'Europe, et par conséquent le plus, pauvre, le plus faible et le plus malheureux?

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personnes

LA Politique d'une femme honnéte et sensible. A une dame, quelques jours avant son mariage.

Quand vous aurez prononcé le serment

De rendre heureux l'époux qui vous aura choisie,
Semez de fleurs tous les jours de sa vie,
Aimez en lui votre ami, votre amant.

Que dans vos bras paisiblement

Il repose; soyez son ange tutélaire,

Veillez, loin de son cœur chassez les noirs chagrins;
Qu'il trouve auprès de vous plus purs et plus sereins
L'air qu'il respire et le jour qui l'éclaire;

C'est ainsi qu'en vos fers vous saurez l'arrêter.
Si malgré tant de soins il devient infidèle,
En reproches amers gardez-vous d'éclater;
Mais offrez-lui des mœurs un si parfait modèle
Qu'il soit forcé de l'imiter;

Et si votre exemple le touche,

S'il revient à vos pieds abjurer son erreur,

Qu'il trouve en arrivant l'amour sur votre bouche

Et le pardon dans votre cœur.

FRAGMENT de la comédie des Sentimens secrets, par madame la baronne de Staël.

C'est la comtesse qui dit à Sophie, sa pupille et sa rivale sans le savoir:

On se désintéresse à la fin de soi-même,

On cesse de s'aimer si quelqu'un ne nous aime,
Et d'insipides jours l'un sur l'autre entassés
Se passent lentement et sont vite effacés.
Ne pensez pas non plus qu'il suffise, Sophie,
De songer au bonheur dans l'hiver de la vie ;
Celui qu'on goûte alors du passé doit venir.
Ceux qui nous ont aimés peuvent seuls nous chérir.

C'est par le don heureux des jours de sa jeunesse
Qu'on mérite l'amour jusque dans la vieillesse.
Le cœur qui fut à nous vit de ses souvenirs,

Et les prend quelquefois pour de nouveaux plaisirs.

IMPROMPTU à la première et dernière représentation de l'opéra de Vert-Vert.

SUR l'air : Quand je bois du vin clairet.

Dans la Révolution

Tout tourne;

Le goûl tourne tout de bon

Le dos à la raison..

(bis.)

Le Portrait, ou la Divinité du Sauvage, cómédie lyrique en deux actes, a été représentée pour la première fois sur le Théâtre de l'Académie royale de musique le vendredi 22 octobre. Les paroles sont de M. Rochon de Chabannes, la muşique de M. Champein.

Dans ce ridicule ouvrage, si quelque chose peut se comparer à la sottise de l'invention, c'est la platitude du style et des vers. Quant à la musique, on n'y a remarqué qu'un ou deux airs d'une facture facile et d'un chant agréable, le reste est un tissu de réminiscences et de trivialités; ajoutez à cela que tout est presque dans la même modulation. C'est le sieur Laïs qui fait le Sauvage avec tout l'esprit de Panurge, c'est la belle madame Ponteuil qui joue le rôle de Julie, et mademoiselle Rousselois celui de Finette.

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