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Entre les bras de la pudeur
S'abandonner à la tendresse;
Goûter avec délicatesse

Le prix de la moindre faveur;
Au sein du plus tendre délire
Jouir de tout, ne perdre rien,
Heureux du peu que l'on obtient,
Plus heureux de ce qu'on désire;
Par la résistance irrité

Et retenu par la décence,
En l'économisant doubler la jouissance,
N'est-ce pas là la volupté ?

C'est sur les tréteaux de l'Ambigu comique, dans la belle pantomime de Dorothée, que nous avons vu pour la première fois des Moines et des Archevêques, grâce à l'heureuse liberté conquise par la Révolution de 1789. Ce grand exemple a été bientôt suivi par le Théâtre de la Nation, ci-devant le Théâtre français, et par celui des Variétés amusantes. Nous avons vu un Cardinal dans Charles IX et dans Louis XII, des Chartreux dans le Comte de Comminges, des Ursulines dans le Couvent de M. Laujon. On n'a pas voulu que la comédie italienne fût privée d'un genre de nouveauté si piquant, et l'on vient de nous donner sur ce Théâtre, le lundi 23 août, les Rigueurs du Cloître, comédie en deux actes, en prose, mêlée d'ariettes, paroles de M. Fiévé, musique de M. Le Breton.

Cette pièce est l'ouvrage d'un jeune homme, et la faveur des circonstances en a seule décidé le succès. La conduite en est assez maladroite,

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car l'exposition ne se fait véritablement que l'avant-dernière scène, où Lucile, avant de subir sa sentence, révèle dans un long discours tout le malheur de sa destinée, toutes les injustices dont elle fut la victime. Ce défaut n'empêche pas qu'il n'y ait dans le cours de l'ouvrage des scènes fort touchantes; l'idée de faire lire à Lucile la lettre qu'on soupçonne lui être adressée a paru ingénieuse, et l'effet en est dramatique. Il y a dans la musique un duo plein d'intérêt, et de fort beaux morceaux d'ensemble; le chœur surtout, où les religieuses, venant d'apprendre la découverte de la lettre, expriment tour-à-tour l'effroi, l'inquiétude et la curiosité qui les animent, est d'une vérité très-originale et très-piquante; c'est bien le caquetage des Nones.

Le rôle de Lucile a été rempli par madame Saint-Aubin avec infiniment d'intelligence et de sensibilité. Madame Desforges n'a pas eu beaude peine à donner à celui de l'Abbesse ce caractère d'austérité douce et sèche qui lui convenait si bien.

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RÉFLEXIONS sur l'ouvrage intitulé Projet de Con"tre - Révolution par les Somnambulistes, ou • Rapport dans l'affaire de messieurs d'Hosier et Petit-Jean (1), lu au Comité des recherches de 1 l'Assemblée nationale et de la Municipalité de ·Paris, le 29 juillet 1790, par J. P. Brissot,un des membres de ce dernier Comité; par Stanislas de Clermont-Tonnerre, député de Paris à l'As¿semblée nationale. Brochure in-8°, avec cette 'épigraphe tirée des Mémoires du cardinal de Retz:

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Et par ce moyen nous mêmes l'abomination dans le ridicule.

NOUVELLES Observations sur les Comités des Recherches; de Clermont-Tonnerre. •Stanislas Autre brochure in-8°, avec cette épigraphe tirée du Triumvirat de Crébillon.

- Un tyran à mes yeux ne vaut pas un esclave.

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Ces deux brochures sont un monuiment curieux et remarquable de l'esprit qui a dirigé les mesures et les procédés de nos Révolutionnaires.

On apprend dans la première partie que pour avoir écrit quelques phrases assez obscures, assez insignifiantes sous la dictée d'un somnambuliste, madame de Jumilhac, qui n'était légalement prévenue d'aucun délit, qui n'était, je ne dis pas chargée, mais indiquée que par le témoignage

(1) Deux jeunes gens dont les folies du mesmérisme ont troublé l'imagination, et qui furent arrêtés il y a quelque temps à SaintCloud, où ils prétendaient avoir été envoyés par la sainte Vierge pour révéler à Louis XVI les moyens de recouvrer sa couronne.

d'un seul hommae et d'un homme qui ne prouvait pas même l'existence du prétendu corps de délit qu'il annonçait, s'est vue arrêtée dans sa terre par deux officiers de la Garde nationale de Paris, soutenus par cinquante cavaliers du régiment Royal - Navarre, un détachement de la Garde nationale de Limoges, des brigades de la Maréchaussée, et conduite avec une partie de cette escorte armée en guerre jusqu'à Paris. Et d'après quel ordre? D'après un ordre signé Voidel, vice-président du Comité des Recherches, et Charles Cochon, secrétaire.

Dans les Nouvelles Observations, M. de Clermont - Tonnerre examine plus particulièrement l'utilité prétendue du Comité des Recherches et montre avec une grande force que cette utilité prétendue, toute-puissante lors de l'ancien régime, est nulle sous celui-ci. Du moment où la Constitution a dit : La volonté générale est la Loi, elle s'est interdit l'espionnage, la délation, la violence...... « Les complots? Qu'est-ce que les complots, si la volonté générale leur est contraire ?.... Je ne sais si je me trompe, mais je ne conçois pas, je ne concevrai jamais qu'il failleemployer tant de moyens pour empêcher que la minorité ne détruise ce que veut une majorité armée et toute-puissante, ce qu'adopte la volonté générale. Nos surveillans sont l'esprit public, le vœu universel, l'amour de la Liberté ; ces sentimens sont les soutiens de notre Constitution, Doutez-vous qu'ils existent? Je vous plains, etc.>>

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Jean-Pierre Brissot de Warville, le plus ardent de nos inquisiteurs, avait reproché à M. de Clermont - Tonnerre d'avoir comparé les prisons et la marche de ces Comités des Recherches à la Bastille, et il avait indiqué trois différences, le secret pour les prisonniers, la publicité pour les procédures, le choix des victimes.

Voici le précis de ses réponses.

Il prouve par un grand nombre de faits notoires que ces Comités ont de concert avec la Bastille la mesure rigoureuse du secret; il cite entre autres l'exemple de la demoiselle Bissy, du sieur Augeard, de M. et de madame de Favras, etc.

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Quant au second point, la publicité, je conviens, dit-il, que cette différence existe, mais je vais voir s'il en faut louer nos inquisiteurs. La Bastille était le dépôt infâme des vengeances ministérielles; cette institution servait les passions d'un seul, et craignait la haine de tous. Les Comités des Recherches sont dans le sens de la Révolution, ils servent la haine populaire; la publicité qui aurait détruit la Bastille est, dans un moment de trouble et d'anarchie, un moyen d'oppression de plus dans les mains des Comités. Cependant comme la publicité est une chose bonne en soi, il a fallu, pour en faire un instrument de vengeance et d'oppression, que les Comités la dénaturassent; il a fallu qu'ils adoptassent un genre de publicité incomplet, insidieux; il a fallu que leurs récits fussent un nouveau moyen

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