sans épine qui ne pique point. J'ai entendu faire à notre instituteur, répliqua le jeune homme, l'explication de la rose sans épine qui ne pique point; cette fleur n'est autre chose que la vertu. Quelques-uns la cherchent sur des sentiers tortueux, mais on ne la trouve qu'en suivant le chemin le plus droit. Heureux celui dont l'âme ferme et pure surmonte toutes les fatigues du voyage! Regardez la montagne qui est devant vous, c'est là que naît la rose sans épine qui ne pique point; mais la route est difficile et pénible. A ces mots le jeune homme prit congé de lui et rejoignit son maître. Chlore et son compagnon furent droit à la montagne où ils trouvèrent un sentier pierreux et fort étroit qu'ils ne purent gravir qu'avec peine. Un vieillard et une vieille femme, tous deux en vêtemens blancs et de l'aspect le plus vénérable, vinrent au-devant d'eux et leur tendirent leurs bâtons, en leur disant : Appuyez-vous là-dessus et vous ne broncherez point. Les gens du pays dirent que le premier s'appelait Probité et l'autre Vérité. Lorsque, appuyés sur ces bâtons, ils furent arrivés au pied du sommet le plus élevé de la montagne, ne trouvant plus aucun sentier, ils furent forcés de s'attacher à quelques arbrisseaux et de s'élancer ainsi de branche en branche jusqu'à la cime, où ils trouvèrent enfin la rose sans épine qui ne pique point. A peine l'eurent-ils cueillie, que la voûte des temples d'alentour retentit du son des timbales et des trompettes; au même instant le bruit se répandit partout que le Czarowitsch, tout jeune encore, avait trouvé la rose sans épine qui ne pique point. Il vola vers le Khan, la fleur à la main, et ce Prince surle-champ le renvoya avec la fleur au Czar, qui eut une telle joie du retour de son fils et de toutes les perfections dont il le vit doué, que dès ce moment il oublia toutes ses peines passées. Le Czar et la Czarine, que dis-je? tout le monde aime chaque jour davantage le jeune Prince, parce que chaque jour il croît en sagesse et en vertu. Ici finitmonConte. Que celui qui én sait davantage raconte à son tour. La Rose enlevée, Romance tirée du Philosophe moderne, comédie en trois actes de Mylady Craven (1). Hier assis auprès d'un ormeau, Non, non, non, je n'irai plus au bois, Je voyais paître mes moutons. (1) Cet ingénieux ouvrage, où le ridicule de notre politique moderne est peint avec autant d'esprit que de grâce et de gaieté, n'a paru que sur le Théâtre particulier de S. A. S. Monseigneur le margrave de Brandebourg-Anspach, à Triesdorf. Un berger s'assied près de moi, Hélas! je crus à ses sermens. Je le vis bien qui regardait Voyant alors son noir projet, Et je n'avais plus... qu'à me taire. Maman, je crains votre courroux Après cette perte cruelle. Cette rose venait de vous, Et vous m'allez revoir sans elle. Non, non, non, etc. ADRESSE POUR L'AMOUR, à l'Assemblée nationale. L'Amour a d'antiques aïeux, Il est issu d'une Déesse; Quoiqu'enfant, l'Amour est bien vieux, Et vous ne doutez pas, je crois, de sa noblesse. Apprenez donc tous ses secrets: On ne peut rien contre ses charmes, Et se rit de tous les décrets. Souvent on prit son nom pour séduire et pour plaire, Messieurs les Députés, ne pourriez-vous pas faire Laissons-lui son arc, son flambeau ; Puisqu'il faut réformer, réformons-lui les ailes; Laissons-nous gouverner très-despotiquement, Rien n'est si doux que sa puissance. CONSEIL à la jeune Ophélie. Crois-moi, jeune et douce Ophélie, Tu n'en seras que mieux aimée C'est le mardi 15 qu'on a représenté pour la première fois sur le Théâtre de l'Académie royale de musique Louis IX en Egypte, opéra en trois actes, paroles de MM. Guillard et Andrieux, musique de M. Le Moine. Ayant le projet de mettre un Roi de France sur la scène lyrique, les auteurs n'ont pas cru pouvoir mieux choisir qu'en prenant pour leur héros un Prince pieux, favorisé d'une protection divine, et placé dans des temps assez reculés et dans une contrée assez lointaine pour prêter aux illusions d'un spectacle qui a besoin de pompe et de variété. Quoique assez romanesque, le fonds de ce drame a fourni peu de scènes intéressantes, mais le tableau du second acte est d'un effet vraiment enchanteur, les ballets en sont parfaitement bien dessinés et la plupart des airs de danse fort agréables. Si la musique d'ailleurs a paru même au-dessous de ce que nous avons vu jusqu'ici de M. Le Moine, est-ce tout-à-fait sa faute? Le poëme n'est pas mal écrit, mais il n'y a pour ainsi dire aucune scène dont la musique puisse tirer parti ni par le sentiment qui l'aníme, ni par la manière dont le dialogue se trouve coupé. Macbeth, tragédie en cinq actes de M. Ducis, donnée pour la première fois en 1784, vient d'être reprise au Théâtre de la Nation, le mercredi 9 juin, avec beaucoup de changemens, et n'a pas eu plus de succès que dans sa nouveauté. L'auteur |