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semblent plus choquantes encore en ce qu'elles contrastent singulièrement avec l'austérité des principes que l'auteur professe avec tant de zèle et d'éclat.

Le Destin de la France, par M. l'abbé de Mably. Un vol. in-8°, avec cette épigraphe :

Les Rois ne doivent point régner pour leur propre gloire, mais pour le bonheur des peuples...

Ce sont des fragmens tirés au hasard de quelques ouvrages sur l'Histoire de France, des lieux communs rassemblés sans objet, suivis d'une prétendue vie privée de l'abbé de Mably par M. l'abbé Barthélemy, et dans tout cela, quoique imprimé avec les mêmes caractères et dans le même format que les derniers écrits de M. l'abbé de Mably, il n'y a pas une ligne qui soit de lui, encore moins de l'abbé Barthélemy.as

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Le Présomptueux, ou l'Heureux Imaginaire comédie en cinq actes, en vers, de M. Fabre d'Eglantine, dont on n'avait pas voulu entendre deux actes l'année dernière, vient de reparaître sur le Théâtre de la Nation le samedi 5, et même avec assez de succès, puisqu'après la pièce on a demandé vivement l'auteur et l'acteur qui avait joué le principal rôle, M. Molé, et que tous deux, paraissant successivement, ont été fort applaudis. Il y aurait sans doute de fort belles choses à dire sur les causes qui dans l'espace de dix-huit mois ont pu faire vatier à ce point l'opinion du public sur le même ouvrage, mais nous n'en dirons que de fort simples. Lorsqu'on essaya de donner la pièce au commencement de 1789, il y avait beaucoup de monde au spectacle et de fortes préventions contre l'auteur, qu'on accusait alors d'avoir pris à M. Collin d'Harleville et le sujet de ses Châteaux en Espagne, qui devaient être donnés peu de temps après, et même une partie de son plan; à la reprise, il n'y avait que fort peu de spec tateurs, et ce petit nombre était disposé favorablement par le succès que venait d'obtenir le Philinte de Molière. De pareilles raisons, toutes communes qu'elles sont, peuvent dispenser, ce me semble, d'en chercher d'autres.

On a remarqué dans cet ouvrage plusieurs ré

miniscences de la Métromanie, des Dehors trompeurs, de quelques autres comédies également connues; mais il est des situations dont un auteur a peut-être le droit de s'emparer, quelque part qu'il les trouve, lorsqu'elles semblent appartenir à son sujet, ou lorsque l'usage qu'il en fait lui en assure la propriété. Un reproche plus sérieux que nous paraît mériter M. Fabre d'Eglantine, c'est d'avoir trop exagéré son principal role; tout ce que dit, tout ce que fait ce personnage, annonce plutôt une manie qu'un ridicule de caractère; ce présomptueux est plus visionnaire encore qu'il n'est présomptueux, et par-là même il est toutà-la-fois moins théâtral et moins vrai. Un ridicule qui va jusqu'à la folie cesse en quelque manière d'être comique, il excite moins le rire que la pitié. Toute la perfection du jeu de Molé n'a pu dissimuler entièrement ce vice de conception.

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Si l'ordonnance de cette comédie laisse beaucoup à désirer, l'exécution en est bien plus défectueuse encore. La négligence du style est telle qu'à quelques morceaux près, remarquables seulement par une assez grande facilité, tout le reste ressemble beaucoup plus à l'ébauche d'une pièce qu'à une pièce achevée.

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DISCOURS du comte de Mirabeau, dans la séance de ce matin 11 juin, sur la mort de Benjamin Franklin.

Franklin est mort... Il est retourné au sein, de

la Divinité, le génie qui affranchit l'Amérique et versa sur l'Europe des torrens de lumière.

Le sage que deux mondes réclament, l'homme que se disputent l'histoire des sciences et l'histoire des empires tenait sans doute un rang élevé dans l'espèce humaine."

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Assez long-temps les cabinets politiques ont notifié la mort de ceux qui ne furent grands que dans leur éloge funèbre. Assez long-temps l'etiquette des Cours a proclamé des deuils hypocrites. Les Nations ne doivent porter que le deuil de leurs bienfaiteurs. Les Représentans des Nations ne doivent recommander à leur hommage que les Héros de l'humanité.ne

Le Congrès a ordonné dans les quatorze États de la Confédération un deuil de deux mois pour la mort de Franklin, et l'Amérique acquitte en ce moment ce tribut de vénération pour l'un des pères de sa Constitution.

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Ne serait-il pas digne de vous, Messieurs, de, nous unir à cet acte religieux, de participer à cet hommage rendu, à la face de l'univers, et aux droits de l'homme et au philosophe qui a le plus contribué à en propager la conquête sur toute la terre? L'antiquité eût élevé des autels à ce puissant génie qui, au profit des mortels, embrassant dans sa pensée le ciel et la terre, sut dompter la foudre et les tyrans. L'Europe éclairée et libre doit du moins un témoignage de souvenir et de regrets à l'un des plus grands des hommes qui aient jamais servi la Philosophie et la Liberté.

Je propose qu'il soit décrété que l'Assemblée nationale portera pendant trois jours le deuil de Benjamin Franklin..

(N. B.) L'Assemblée nationale a accueilli avec acclamation et décrété à l'unanimité la proposition de M. le comte de Mirabeau. L'Assemblée prendra le deuil lundi 14.... Un membre du côté droit ayant élevé des doutes sur l'authenticité de la nouvelle de la mort de Benjamin, Franklin, messieurs de La Rochefoucauld et de La Fayette, amis de ce grand homme, ont assuré que cette nouvelle n'était malheureusement que trop vraie.

L'Incertitude maternelle, ou le Choix impossible, comédie en un acte, en vers libres, représentée au Théâtre italien le samedi 5, est de l'auteur des Époux réunis, de l'Époux Généreux, etc., et cet auteur qui s'est obstiné jusqu'à présent à garder l'anonyme est, dit-on, un étranger, M. le baron de Jore...

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Le sujet du nouveau drame est tiré des Causes célèbres, Une femme, obligée par une réunion de circonstances particulières à s'arrêter dans une hôtellerie pour y faire ses couches, est délivrée par une sage-femme qui au même instant venait de secourir une pauvre femme accouchée dans la même maison. Les deux enfans sont déposés par hasard sur le même lit, et dans le trouble des soins qu'exige la situation des deux mères, on oublie de les distinguer. La femme riche obtient sans peine qu'on les lui cède tous deux, et pour

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