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sanglantes qui finirent par la destruction d'un des `deux partis. Les vaincus échappés à la mort s'enfuirent dans de petits canaux, et laissèrent les gros poissons, qui eurent l'avantage, seuls maîtres du lac. Voilà la loi du plus fort. »>

Les chamans ou les sorciers sont encore plus libres et plus révérés chez les Yakoutes que chez les Kamtschadales. Notre auteur fait ainsi le por-. trait de celui qui voulut bien représenter devant lui.

Vêtu d'un habit garni de sonnettes et de lames de fer dont le bruit étourdissait, il battait en outre sur son bouben, ou tambour, d'une force à inspirer la terreur; puis courant comme un fou, la bouche ouverte, il remuait la tête en tous sens; ses cheveux épars lui couvraient le visage; de dessous sa longue crinière noire sortaient de véritables rugissemens, auxquels succédèrent des pleurs et de grands éclats de rire, préludes ordinaires des révélations. »

La description que fait M. Lesseps des danseuses kamtschadales n'est pas tout-à-fait aussi voluptueuse que celle que nous a faite l'abbé Raynal des Balliadères de l'Inde, mais elle est peut-être plus véridique.

Que de rapports frappans subsistent encore entre les hommes qu'on croirait devoir se ressembler le moins! Le plus sauvage et le plus civilisé se trouvent toujours soumis aux mêmes besoins, sont dominés au fond par les mêmes goûts, par les mêmes folies.

MOTION en faveur de la gaieté française, par M. Valade.

SUR L'AIR: Le petit mot pour rire.

Ne plus boire, ne plus chanter,

Toujours gémir et s'attrister,

Ma foi c'est un martyre.

La politique et ses débats
Ont remplacé dans nos repas
Le petit mot pour rire.

Le charme de la liberté,
Loin d'animer notre gaîté,

Est venu la proscrire.
C'est trop imiter les Anglais;
Soyons libres et bons Français :
Disons le mot pour rire.

Rappelons les jeux et les ris;
Que les plaisirs, mes chers amis,
Reprennent Icur empire!

Que Momus, ce Dieu des Français,
Nous ramène ici pour jamais
Le petit mot pour rire!

Nos ancêtres nous ont doté
D'un remède pour la santé,

Je vais vous le transcrire :
Veut-on vivre heureux et long-temps?
Il faut boire et de temps en temps
Dire le mot pour rire.

Ne démentons-pas nos aïeux,
Et suivons sur le ton joyeux

Leur aimable délire :

Buvons le petit coup de vin,
Et puis disons soir et matin

Le petit mot pour rire.

Sur le jeune comte de Belsunce, massacré par le peuple dans une émeute à Caen. Romance, par madame Launier de Granchamp.

A peine,
hélas! ma carrière commence,
Faut-il la voir terminer pour toujours?
Je le sens trop, l'instant fatal s'avance,
Il faut périr, adieu donc, mes amours!
Toi que j'aimais, toi qui m'étais si chère !
Quand de mon sort tu sauras les horreurs,
Ah! charge-toi de consoler mon père,
Et de mêler tes sanglots à mes pleurs.
Sexe si doux, formé pour l'indulgence,"
Quoi! vous courez à ce spectacle affreux!
Vous dont l'aspect irrite ma souffrance,
Ah! respectez mes restes malheureux.
Cher compagnon de mon heureuse enfance,
Toi qui péris pour conserver mes jours,
Fidèle ami dont l'ombre me devance,
Je vais te joindre, adieu donc, mes amours!

Tout abandonné qu'est depuis long-temps le Théâtre de l'Académie royale de musique, le public y a été rappelé du moins pendant quelques représentations par le succès aussi brillant que mérité du ballet de Télémaque dans l'ile de Calypso. Ce ballet, représenté pour la première fois le jeudi 25 février, est le premier essai des

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talens de M. Gardel le jeune, et peut-être le meilleur ouvrage qu'on ait vu dans ce genre depuis ceux de Noverre. Le sujet en est trop connu pour ne pas nous dispenser d'en faire l'analyse, nous nous contenterons d'observer que ce qui distingue surtout cette nouvelle composition est l'art avec lequel, sans nuire à l'intérêt, à la rapidité de l'action, l'auteur a su varier les scènes de caractère et de passion qui ne pouvaient être que de pure pantomime par des fêtes et d'autres scènes épisodiques, qui, liées heureusement au sujet, prêtent encore davantage aux plus beaux développemens de l'art même de la danse. Le rôle de Calypso a été fort bien rendu par mademoiselle Saunier, celui d'Eucharis, avec infiniment d'intérêt et de grâce, par mademoiselle Miller. Ce sont MM. Gardel et Huart qui ont rempli ceux de Télémaque et de Mentor.

Les brouilleries', comédie en trois actes, mêlée d'ariettes, donnée pour la première fois au Théâtre italien le lundi 1er mars, ont eu peu de succès. Les paroles sont d'un jeune homme de Montpellier, le chevalier Lœillard, la musique de M. Le Breton. C'est un imbroglio espagnol.

Cet ouvrage est une nouvelle preuve qu'un sujet trop compliqué n'est guère propre au genre lyrique, où, forcé de ménager sans cesse d'assez longs intervalles au musicien, l'exposé même de la scène ne saurait être trop simple, trop rapide.

Plusieurs morceaux de la musique de cet opéra ont été vivement applaudis. On s'aper çoit que ce jeune artiste n'a pas oublié les leçons qu'il eut le bonheur de recevoir du célèbre Sacchini, mais les imitations même qui lui ont le mieux réussi décèlent toujours plus d'application que de naturel.

Le District de Village, pièce en un acte et en vaudevilles, donnée sur le même Théâtre le 15 mars, est de M. Desfontaines.

C'est une petite parodie de l'Assemblée nationale, assez douce, assez naïve, assez gaie; elle est terminée par quelques couplets qui ont été fort accueillis, parce qu'ils étaient tout-à-la-fois à la louange du Monarque' et de la Nation.

DIALOGUE champêtre d'après T. Chatterton. Par M. de La Baume, l'auteur de la traduction de Mathilde ou le Souterrain.

LEWIN, ALICE.

LEWIN.

Viens, chère Alice. Au nom de tes quinze ans
Ne t'enfuis pas. Est-tu donc si pressée ?
Attends du moins pour traverser les champs
Qu'ils ne soient plus humides de rosée.

ALICE.

Non, séducteur, je veux m'enfuir.
J'ai vu courir le fan timide;

Pareille au fan, je vais courir
Sans toucher la verdure humide.

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