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Toutes les situations, toutes les reconnaissances romanesques dont cet ouvrage est tissu sont amenées si maladroitement, l'intrigue en est si compliquée, le style si simple et si plat, qu'on n'a nul besoin de recourir aux efforts d'une cabale américaine pour expliquer comment il n'a pas mieux réussi.

On continue de trouver dans les nouveaux Actes des Apôtres plus d'esprit que de raison, plus de gaieté que d'esprit; mais au travers d'un grand nombre de calembours, de sarcasmes, de mauvaises plaisanteries de tout genre, on distingue cependant quelquefois des critiques assez fines, des idées vraiment originales. Tel est, par exemple, le résultat du Comité où l'on discute profondément à qui doit appartenir le droit de faire la paix et la guerre; après beaucoup de discussions qui embarrassent infiniment l'éloquence d'un certain député nommé M. Cochon, mais dont il se tire toujours par un hon-hon très-spirituel, on finit par décider que la paix et la guerre se feront d'elles-mêmes. Tel est encore l'emblème de la nouvelle Constitution dans le ballet patriotique d'une fête donnée au Club de la Révolution; après avoir annoncé les Danseurs de corde et l'Équilibre sur un fil de fer, s'il en faut croire notre historien, M. Target s'est élancé vêtu en matelot blanc bordé de bleu, appuyé sur l'orteil du pied droit, la jambe gauche en l'air, les coudes arrondis. M. l'abbé S..... lui a présenté une pyramide

colossale et renversée, en avertissant l'Assemblée que M. Target allait la mettre en équilibre sur la pointe. M. Target a effectivement essayé longtemps de mettre la pyramide en équilibre sur le bout des doigts. M. T......, habillé en Arlequin, chantait le joli air de Rose et Colas: Ah! comme il y viendra! M. Target ayant voulu répondre, J'ai plus que vous le poignet ferme, a fait un faux mouvement, la pyramide l'a entraîné, il a roulé et disparu comme un éclair. On l'a cherché long-temps; enfin M. Roussillot l'a déterré dans une cave occupé à raccommoder ses pompons et sa fraise à dentelle derrière un tonneau de Frontignan, etc., etc.

La Journée des Dupes, pièce tragi-politi-comique, représentée sur le Théatre national par les grands Comédiens de la Patrie. Brochure in-8° de 86 pages.

Ce n'est qu'une caricature, une ébauche au premier trait, mais dont l'idée est comique et l'exécution facile et gaie. L'auteur fait revenir M. de La Peyrouse en France dans les premiers jours d'octobre avec un jeune Indien, prévenu le plus favorablement du monde sur les délices de ce beau pays. Tu vas surtout admirer, lui dit ce brave marin, l'urbanité, la douceur de ce peuple aimable, son idolâtrie pour son Roi, cet esprit piquant et ingénieux qui fait de la Capitale le temple des Arts, des spectacles enchanteurs, une

police plus étonnante encore, les plaisirs et la sûreté attirant de toutes parts des voyageurs curieux. Tu seras touché sur tout de l'accueil flatteur dont ce peuple généreux va récompenser mes travaux et mes dangers... Un homme du peuple qui a saisi quelques mots de cette conversation ne manque pas de le prendre pour un aristocrate et court vite chercher du monde pour l'arrêter. Le peuple s'attroupe autour du voyageur et lui crie: A bas la cocarde blanche! on la lui arrache, on lui prend ses boucles, sa montre, on dépouille de même le jeune Indien en lui disant : Il faut que tu fusses un don patriotique. La patrouille survient, c'est M. Garde-Rue qui la commande. Ah! Monsieur, lui dit M. de La Peyrouse, que vous venez à propos pour me tirer des mains de ces brigands!... Modérez-vous, Monsieur, répond l'officier de la Garde nationale, ces brigands sont des hommes. Les droits de l'Homme sont en vigueur, je n'ai que la voie de la représentation jusqu'à ce que la Loi Martiale ait été publiée.... Le peuple cependant ne cesse de crier : C'est un aristocrate, à la Lanterne !.... Patience, Messieurs, dit M. Garde-Rue, je ne viens pas ici m'opposer à la volonté souveraine de la Nation, mais vous ne refuserez pas sans doute d'entendre cet homme. Il l'interroge. Qui êtes-vous, Monsieur ?- Monsieur, je suis un voyageur.-Vous avez donc un passe-port de votre District? Que voulez-vous dire, Monsieur? Vous savez bien, depuis que nous sommes libres, que l'on ne voyage pas sans per

mission de sa Paroisse?... Les réponses de M. de La Peyrouse ne paraissent nullement satisfaisantes, M. Garde-Rue dit à la troupe : Messieurs les soldats, attention, je vous prie, au commandement: Faites-moi l'honneur d'envelopper cet homme.... Un grenadier traduit le commandement en style plus clair; et pour consoler M. de La Peyrouse fort étonné de se voir emmené comme un criminel: Que voulez-vous, dit M. Garde-Rue, vous êtes venu dans un mauvais moment, et vous voilà justement entre les Droits de l'Homme et la Loi Martiale. Expliquez-moi ces énigmes.- Voici ce dont il s'agit. Nous avons obtenu les Droits de l'Homme; dès ce moment tout ce que vous appelez en votre langage aristocratique brigands, canaille, règne et fait tout ce qui lui plaît; quand cela devient trop fort on publie la Loi Martiale ; c'est une finesse des aristocrates, parcequ'alors on tue tout le monde, ce qui établit l'équilibre et fait une compensation, etc.

Cette scène suffira pour donner l'idée de l'esprit dans lequel tout l'ouvrage est fait. Les personnages sont Bimeaura, Mirabeau, Peichelar, Chapelier, conjurés du grand Collége; Catepane, Castellane; Montmici, Montmorency; Mola, Malo de L.....; Almenandre, son frère Alexandre, conjurés du petit College; Mounier, citoyen vertueux; Laibil, Bailly, on ne sait pas bien ce que c'est encore; Yetafet, La Fayette; La Peyrouse; O Paria, Indien; madame du Club, maîtresse d'auberge; M. Garde-Rue, sergent de la Garde

bourgeoise; troupe de brigands soi-disant Nation.

Cette facétie a été faite, dit-on, dans une soirée à Petit-Bourg, chez madame la duchesse de Bourbon, par messieurs de Puységur et Bergasse; on croit y reconnaître en effet le même ton dę plaisanterie que dans la comédie de la Cour-Plénière, attribuée également à M. Bergasse.

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