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partout et partout recherché; astucieux comme Ulysse, éloquent comme Hector, et lâche comme Thersite; caméléon éternel, serpent vénéneux qui vous pique en vous pressant; cœur dès longtemps flétri, étranger aux douceurs de l'amitié, sourd aux accens de la nature, brûlot sulfureux au milieu d'une flotte égarée; vertébreux Minotaure de toutes les Pasiphaés; être mal conséquent qui n'a pas eu, dans cette circonstance, l'esprit d'être ou de paraître moral; ennemi né de tout ce qui méritait nos hommages; ami inestimé d'une mésestimable société de révolutionnaires étrangers qui voudraient violer la Patrie qui les alimente, etc. »

M. de Mirabeau ayant appris qu'un libraire, Le Tellier, qui s'est permis de contrefaire ce vigoureux portrait, venait d'être arrêté, a eu la générosité d'écrire sur-le-champ une belle lettre au Comité de police pour solliciter son élargissement; le Comité n'a pas eu plus d'égards pour ses sollicitations que M. le Comte n'en désirait probablement. Le premier imprimeur de l'ouvrage n'étant point connu, l'auteur n'a pu être dénoncé légalement.

par

MÉMOIRES Secrets de Robert, comte de Parades écrits lui au sortir de la Bastille, pour servir à l'histoire de la dernière guerre. Un vol. in-8°.

M. de Parades, mort l'année dernière dans

une habitation qu'il avait acquise à Saint-Domingue, prétendait descendre de la maison des Paradès en Espagne. On croit qu'il était bâtard d'un comte de Paradès, Grand d'Espagne, mort au service de France. Ce qui paraît plus certain, c'est qu'il était fils d'un pâtissier de Phalzbourg.

Les Mémoires que nous avons l'honneur de vous annoncer ne contiennent qu'une justification assez mal écrite de la conduite qu'a tenue l'auteur, relativement aux différentes missions qui lui furent confiées. On y trouve l'état des services qu'il a rendus à la France, et celui de sa fortune; il avoue que les bénéfices qu'il fit pour son compte dans l'année 1778 se montèrent à huit cent vingt-cinq mille six cents livres. S'il faut l'en croire, en 1779 Plymouth était vendu au ministère français, et rien n'eût été plus facile à M. d'Orvilliers que de s'en rendre maître sans coup férir. Il résulte de ces Mémoires justificatifs que toutes les intrigues tissues par M. de Parades, toute son habileté, toute sa prudence et deux ou trois millions qu'il fit dépenser au Gouvernement, ne produisirent en effet aucun avantage à la France, mais il soutient que ce n'est pas sa faute. C'est donc celle des Ministres qui l'employèrent. A la bonne heure!

On lit dans l'avertissement que c'est d'après la lecture de ces Mémoires que M. le maréchal de Castries, alors Ministre de la marine,

rendit laliberté au comte de Paradès, et fit acquitter le reliquat de ses comptes.

LA Galerie des Etats- Généraux. Deux vol. in-8', avec cette épigraphe :

Tros Rutulusve fuat, nullo discrimine habebo.

VIRG.

C'est une suite de portraits; et en conséquence de l'épigraphe il n'y a que M. le comte de Mirabeau et deux ou trois de ses amis qui soient loués sans mesure; presque tous les autres sont égratignés ou déchirés avec plus ou moins de haine et d'adresse. Il faut avouer cependant que, quoique écrit avec beaucoup d'inégalité, c'est l'ouvrage d'un homme de talent et d'esprit, d'un homme du monde qui connaît même en général assez bien toutes les personnes dont le caractère a pu tenter sa malignité. On l'a d'abord attribué à M. de Champcenetz et de Rivarol, ensuite à M. le marquis de Luchet. Des gens mieux instruits ont cru y reconnaître la manière de M. Senac de Meilhan, l'auteur des Mémoires de la Princesse palatine, des Considérations sur les mœurs, etc.

LE 15 septembre on a donné sur le Théâtre de l'Académie royale de musique la première représentation de Démophon, tragédie lyrique, en trois actes. Les paroles sont de M. Dériaux, l'auteur du poëme de La Toison d'or, la musid'un Allemand nommé Vogel. Ce jeune arque tiste, déjà connu par celle du premier opéra de M. Dériaux, est mort avant d'avoir achevé entièrement celle-ci.

Le sujet du poëme est assez connu par l'opéra du célèbre Métastase, qui porte le même titre, et par l'imitation qu'en a donnée il y a quelque temps M. Montmartel sur ce même Théâtre.

Dériaux a supprimé avec raison les personnages épisodiques de Néade, second fils de Dé-mophon, et d'Ircile, princesse phrygienne; l'action y gagne plus de rapidité, et l'intérêt n'est plus partagé comme dans l'opéra de Métastase et dans celui de M. Marmontel; mais cet intérêt est encore assez faible, la supposition sur laquelle il est fondé paraît d'autant plus romanesque qu'on en ignore le motif. Des chœurs inutiles ou trop multipliés diminuent encore cet intérêt, en ralentissant trop souvent le mouvement de la scène. Quant au style, il est de la plus extrême négligence. La musique est un peu moins dépourvue de chant que celle de la Toison d'Or, mais c'est un tissu de réminiscences dont nos progrès en

musique nous ont appris à faire justice. Ce qui a été le plus vivement applaudi, c'est l'ouverture, on l'a fait répéter une ou deux fois; le caractère en est imposant, et la facture nous en a paru

même assez neuve.

Correspondance particulière et historique du Maréchal Duc de Richelieu en 1756, 1757 et 1758 avec M. Paris Duverney, Conseiller d'État, suivie de Mémoires relatifs à l'expédition de Minorque, et précédée d'une Notice historique sur la vie du Maréchal. Deux volumes in-8°.

Les lettres du Maréchal sont si pitoyablement écrites qu'il n'est pas aisé d'en soutenir la lecture, mais il faut pourtant les consulter comme des matériaux d'histoire assez curieux. Le Journal de l'expédition de Minorque occupe presque tout le second volume. Pour prouver que l'auteur de la notice historique ne peut être soupçonné d'avoir présenté son héros sous un aspect trop favorable, on ne citera l'anecdote suivante; elle pourra donner en même temps l'idée du style et du bon goût de notre panégyriste. « Il survint, dit-il, au Maréchal une maladie de » peau; on lui conseilla d'appliquer sur les parties affectées des tranches de veau, ce qui fit dire aux plaisans que ce n'était plus qu'un » vieux bouquin relié en veau (1). »

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(1) Ce mot est attribué au duc de Fronsac, fils du maréchal de Richelieu.

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