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pourrait maintenir dans la France; d'autres enfin învoquaient la monarchie absolue, dont ils déploraient eux-mêmes les désastreux excès. Ces trois principes se heurtèrent, s'insultèrent tour-à-tour. La journée du 23 juin (1) et celle du 22 juillet (2) ont été deux journées consacrées aux Furies. Le despotisme ministériel se déploya dans la première et osa attenter sur le Corps législatif. La férocité populaire se signala dans la seconde et foula sous ses pieds sanglans l'humanité et la justice. Le 23 juin fut le jour des Tyrans, le 22 juillet fut le jour des Cannibales. Mais si les bons Ministres ont été innocens de la conjuration des mauvais, les bons Français n'ont pas été moins innocens des horreurs commises par des for'cenés... Ces tragédies hideuses pourraient se multiplier et faire de la France le théâtre des proscriptions ou l'empire des janissaires. Il est donc essentiel d'éclairer cette scène ténébreuse où des 'monstres se mêlent avec des héros, et où des actions magnanimes sont diffamées par d'abominables catastrophes, etc. >>

Des vues générales présentées aussi rapidement que le sont celles de M. Cérutti ne nous parais'sent guère susceptibles d'extrait; on se bornera donc à remarquer que ses idées sur la Constitution politique ne diffèrent pas beaucoup de celles de M. Mounier, qu'il a la faiblesse de croire qu'un grand Empire ne saurait subsister sans une

(1) Epoque de la séance royale.

(2) Massacre de MM. Foulon et Bertier.

rande force coactive, qu'en conséquence le Pou voir Exécutif ne doit jamais être suspendu; que la permanence assurée de l'Assemblée nationale organisée en deux chambres, celle de la liberté et celle de la propriété, l'établissement des Assemblées provinciales, la responsabilité des Ministres, la liberté personnelle ou la loi Habeas corpus, la liberté des écrits, la police municipale et la liberté des impôts seraient des barrières assez puissantes pour contenir l'autorité du Souverain dans de justes bornes. M. Cérutti a senti que des vérités si modérées pourraient bien paraître fort suspectes à l'esprit qui domine dans ce moment; mais il avoue que si cet esprit devait durer et s'étendre encore, ceux qui ont écrit pour les droits de la Nation seraient forcés de dire comme cet Empereur romain : Plût à Dieu que je n'eusse jamais appris à écrire ! Quàm vellem litteras nescire!

MARIE DE BRABANT, tragédie en cinq actes, en vers, représentée pour la première fois au Théâtre français le mercredi 9 septembre, est de M. Imbert, l'auteur du Jugement de Paris, du Jaloux sans Amour, etc.

Le sujet de cette pièce est puisé dans l'Histoire de France; voici le fait tel qu'il est rapporté dans l'Abrégé du président Hénaut. « Pierre de La » Brosse, autrefois le barbier de saint Louis, de» venu depuis le favori de Philippe-le-Hardi, crai» gnant le trop grand attachement que le Roi avait » pour la Reine Marie sa femme, accuse cette >> Princesse d'avoir empoisonné Louis, fils aîné » de Philippe du premier lit. La calomnie est dé» couverte par une religieuse ou béguine de Ni» velle en Flandre que l'on alla consulter. La » Brosse est pendu. » ( Année 1275— 79.)

Les trois premiers actes de cette nouvelle tragédie ont été en général assez bien accueillis ; le quatrième a paru faible et vide d'action. Quelque satisfaisant que soit le dénouement, on a trouvé les moyens qui l'amènent trop brusques, trop précipités. Le seul personnage de la pièce dont le caractère très - odieux ait du moins une sorte d'énergie et de profondeur, c'est La Brosse; tous les autres sont simalheureusement imbécilles qu'on n'est guère disposé à s'intéresser beaucoup à leur

malheur. La seule scène qui annonce quelque talent dramatique est celle du second acte entre Philippe et Marie. Le style de M. Imbert ne manque pas d'élégance et de noblesse, mais il a rarement la force et la couleur tragiques.

L'AN MIL SEPT CENT QUATRE-VINGT-NEUF; Par M. Pelletier, l'auteur de Sauvez-vous ou sauvez-nous, de la Trompette du Jugement et du Coup d'Equinoxe (1).

Cà, ma voisine, oyez un conte neuf, C'est celui d'une année en miracles féconde, C'est le portrait de l'an quatre-vingt-neuf, Et c'est à la rebours l'histoire de ce monde.

Des lois sans règle, un despote sans frein,
Une peuplade esclave, infortunée,
De cent cachots le sombre souterrain,
Des grands sans mœurs, une cour effrénée
Souillant le cœur de notre Souverain;
C'était l'horreur de notre destinée
Vers le printemps de cette triste année;
Et ce chaos, ce détestable enfer

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Au mois Juillet un nouveau feu s'allume,
La liberté brille dans tous les cœurs,
On voit couler le soufre et le bitume;
Mille canons, mille foudres vengeurs
En mille endroits font retentir l'enclume.

Nous combattons, nous revenons vainqueurs.

(1) Trois pamphlets adressés à l'Assemblée nationale, remplis de raison, de violence, d'esprit et de mauvais goût.

Le

sang, la mort sont pour nous une fête,
Nous faisons plus, sur le fer assassin
De nos tyrans nous promenons la tête.
Dieux! quel été! c'est le siècle d'airain.

Mais cependant voici venir l'automne,
Et de l'Etat le péril est urgent.

Tout est brisé, plus de Lois, plus de Trône,
Il faut payer le major, le sergent;
Pas un écu, la mort nous environne:
Pour l'éviter, il nous reste un agent,
Necker le dit; voyez comme avec joie
D'un cœur allègre et d'un pied diligent
Chacun de nous se porte à la Monnaie.
Qui, cette automne est le siècle d'argent.
Ayant ainsi de la triste Patrie
Abondamment réparé le trésor,
La liberté, cette âme de la vie,

Va dans nos cœurs prendre un nouvel essor.
La douce paix, depuis long-temps bannie,
Dans nos foyers peut reparaître encor,
Et de nos maux la source étant tarie,
L'hiver prochain sera le siècle d'or

EPITAPHE de M. le premier président d'Ormesson. Par madame la marquise de La Feronière.

Pleurez ce magistrat éclairé, vertueux,

Qui servit à-la-fois Dieu, les lois et son maître,
Et qui jamais n'a fait de malheureux
Que le jour qu'il a cessé d'être.

La séance publique de l'Académie française le jour de la fête de la Sain!-Louis n'a été remarquable que par la réception de M. l'abbé Barthé

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