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dit, et me donna rendez-vous pour la nuit sui

vante....

>> Vous pouvez croire, Seigneur, que j'étais d'une taille différente de celle que vous me voyez aujourd'hui. Je trouvai la Reine sur un canapé de velours gros vert, garni de crépines de perleş : elle était vêtue d'une simple robe de gaze blanche, brochée légèrement en argent, qui laissait voir tous les contours d'une taille parfaite : de superbes cheveux noirs, bouclés naturellement, flottaient sur sa gorge nue, dont la fraîcheur et la beauté étaient admirables; de petites roses semées dans ses beaux cheveux y faisaient l'effet le plus agréable: couchée négligemment sur son canapé, son attitude découvrait des jambes et des pieds de déesse.... Eperdu d'amour, je me mis à genoux devant elle je me sentis presser la tête contre son sein; elle approcha de ma bouche ses lèvres vermeilles. J'enviai de plus grandes faveurs, je m'empressai d'en jouir. Je ne me connaissais pas, Seigneur une telle ambition ne m'était pas permise; eh! je m'ignorais. La Reine me repoussa avec ironie. Prince, me dit-elle, modérez vos transports; je vais les reconnaître. La nature, en vous prodiguant les dons les plus séduisans, vous a malheureusement refusé les plus solides. Vous êtes fait comme Apollon, vous êtes beau comme Narcisse, mais vous n'êtes pas dessiné comme Hercule. Votre conversation est amusante; il est fâcheux qu'elle soit aussi superficielle. Je ne vous priverai d'aucun de vos agrémens, ce serait en vé

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rité dommage; mais je veux vous rendre parfait, en vous donnant les proportions qui vous manquent.... Alors, me touchant de sa baguette, elle me réduisit à la taille que vous me voyez.... Vous voici maintenant, Prince, à la hauteur de votre mérite, etc.... »

La fable principale de ce conte asiatique, en trois volumes, la voici : C'est un jeune Roi qui court à travers mille et mille enchantemens qui le contrarient, après les yeux, l'oreille, la tête, les cuisses, les jambes, etc., d'une belle Princesse dont il est amoureux, et que la jalousie d'une fée rivale s'est plue à éparpiller dans tous les coins de l'univers. Cette étrange allégorie renfermerait, si vous voulez, tous les secrets de la politique et de la morale, qu'elle n'en serait à mes yeux ni moins puérile ni moins extravagante, et je ne puis m'empêcher de trouver qu'une pareille imagination, fût-elle cent fois plus originale, est du plus mauvais goût du monde.

HYMNE au Matin.

Je te salue, doux charme de l'aurore! je te salue, ô jeunesse d'un beau jour! Déjà tes rayons dorés ont percé l'obscure forêt qui couronne la cime de ces monts.

Ils scintillent déjà dans l'onde qui se précipite, dans la rosée qu'aspire chaque feuille; sur leurs traces brillantes volent partout le bonheur et la

sérénité.

Le Zéphire qui s'était endormi sur ces fleurs quitte sa couche riante, et voltigeant autour d'elle, il agite pour les réveiller celles qui sommeillent

encore.

L'essaim bigarré des songes s'envole de toutes parts. A l'exemple des Amours, ils caressaient dans leurs jeux folâtres le front et les joues de ma jeune Chloé.

Hâtez-vous, Zéphires, dérobez aux fleurs leurs plus suaves parfums, et vite, ah! vite, portez-les vers Chloé; voilà l'instant de son réveil.

Allez folâtrer autour du lit où reposent ses charmes, réveillez-la doucement en pressant d'une aile caressante son beau sein et sa bouche vermeille.

Réveillée, dites-lui tout bas qu'avant l'aurore, au bord de la cascade, seul ici, ma lyre a soupiré

son nom et mes amours.

CHANSON d'un Suisse à sa Mattresse sous les

armes (1).

Que vois-je ? Est-ce toi, belle Éricie? Quel éclat éblouit mon œil incertain! De quels feux brillans il étincelle ce luisant bouclier! Comme avec grâce ce panache pourpre et blanc s'élève sur ta tête et fait frémir les airs! Qu'ils sont beaux

(1) Lorsque l'empereur Albert vint faire le siége de la ville de Zurich il y restait peu de guerriers, mais les femmes, revêtues de cuirasses, s'étant mêlées à leurs faibles bataillons, présentèrent bientôt tout l'appareil d'une résistance redoutable. L'Empereur, qui comptait surprendre la ville, étonné d'y voir une garnison si nombreuse, erut devoir renoncer à ses projets et se retira.

ces cheveux d'ébène qui, s'échappant du casque, voltigent avec la plume au gré des zéphirs!

Quoi! le dur acier ose presser cette taille si souple; ce sein d'albâtre et de rose, helas! je ne le vois plus palpiter... sous l'envieuse armure.

Heureux encore, je vois ce genou mollement arrondi, je le vois ce pied mignon qu'une robe traînante dérobait à mes regards.

L'ange qui jadis veillait aux portes du paradis, voilà ton image, jeune Éricie, sous ce vêtement belliqueux.

L'ange menaçait le coupable et souriait à l'innocence. Ton bel œil ne menace que les tyrans et sourit à mon hommage.

Ah! que la flèche acérée des ennemis siffle vainement autour de ta tête! Que ce cœur ne soit jamais atteint que des plus douces flèches du dieu

d'amour!

A la Cascade.

Est-ce ici le lieu dont le paisible ombrage m'ins. pirait de si doux transports? Est-ce là le rocher couvert d'épaisses broussailles à travers desquelles se précipitait cette source pure et profonde?

Au lieu de l'onde limpide qui tombait en bouil lonnant sur la pierre blanche d'écume, je ne vois plus qu'une colonne de glace suspendue à la cime élevée du rocher.

Qu'ils sont tristes ces rameaux dépouillés qui naguère formaient une voûte verdoyante où se

jouaient les zéphirs sur les fleurs et dans le feuillage doucement agité!

D'une clarté fugitive et légère frappant tour-àtour le flot, l'écume, la mousse, l'arbrisseau, si le soleil pénétrait cet ombrage touffu, c'était comme l'éclair perce la nuit sombre. Hélas! il n'est plus, le beau feuillage; sa dépouille froide et solitaire, la voilà.

Consolez-vous, belles Naïades; bientôt le printemps sera de retour, bientôt il vous rendra ces berceaux de verdure. Cette urne, fermée trop long-temps, ne tardera plus à répandre ici la fraicheur de son onde.

Alors daignez encore me recevoir sous votré ombre hospitalière où nul soin n'osait me poursuivre, riante Cascade, jeunes arbrisseaux, et toi lit délicieux dont la mousse fine et tendre plairait à la volupté même.

Du sein des vallons, du sommet des collines, de l'obscurité des forêts, de l'émail brillant des prés, de la plus modeste fleur du printemps, je sens passer alors dans mon âme un ravissement inexprimable.

Et pourrais-je envier le sort des Rois lorsqu'à mes côtés l'onde fraîche du ruisseau caresse ici le large flacon rempli jusqu'au bord d'un vin généreux?

Lorsque cette douce solitude m'inspire quelque heureuse chanson, quelque chanson dont l'innocente joie puisse remplir encore le cœur de nos derniers neveux?

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