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est créé a besoin d'être revu. Les États-Généraux, que vont-ils faire eux-mêmes? revoir. Puissent-ils s'en trouver aussi bien que moi! — Pastorinet (M. le duc de Nivernois) rappelle en très-peu de mots ce qu'il a fait comme Ambassadeur, comme Duc et Pair, comme Ministre, commer Académicien... Qu'exigez-vous encore de moi?

Grand homme! s'écrie Flaccus, mettez le comble à vos dons généreux; composez une fable...Bochan (Chabanon) déclare qu'il a porté long-temps la patrie dans son cœur, mais que les outrages répétés qu'il en a reçus ont à la fin glacé sa tendresse. Pourquoi m'occuper d'une Nation qui a si cruellement négligé ma gloire ? Qu'elle s'adresse à M. Collin, puisqu'elle va rire à une pièce qui lui dit en face que ses projets de régénération sont des châteaux en Espagne. Myris (Le Mierre) veut qu'on fasse jouer Barnevelt; c'est le meilleur encouragement pour les amis de la liberté; c'est là qu'on trouve des vers à moustache... - Daube (M. de Rhulière) avoue qu'il a agi à sa manière, sous main, pour se faire nommer historiographe des ÉtatsGénéraux. - Je m'imagine, lui dit Arsacès (le cardinal de Rohan), que vous peindrez l'état de la France avant la tenue des Etats; je requiers que vous vous absteniez de parler d'un fameux épisode quorum pars magna fui. La reconnaissance (au baron de Breteuil ) vous commanderait nécessairement l'injustice.-Zéangir (Chamfort) dit: si ce n'est que cela, je vous réponds de son

équité. Tacticus (M. de Guibert) pense qu'il faut proposer aux Etats-Généraux d'établir un conseil de littérature qui règlera tout ce qui tient au bel-esprit en France. Témoins tous les jours des fruits qu'on retire de celui de la guerre, vous pouvez, dit-il, espérer les mêmes avantages, si vous suivez la même marche. Tout le secret est de trouver un rapporteur habile. Cette idée de conseil est très-mal accueillie. Après beaucoup de débats, après de grandes explications, on se détermine à faire une députation, et l'on est fort étonné de voir au scrutin tous les vœux réunis en faveur de Tacticus. En voici, lui dit-on, la raison : chacun des prétendans crut, à part soi, qu'en nommant celui qui ne serait nommé par personne, il diminuait le nombre des suffrages pour celui qui pouvait être un compétiteur dangereux. Il s'élève un léger murmure. Tacticus demande la permission de lire le fameux discours qui causa sa disgrâce à Bourges (1).. c'est une pièce qui va à tout. Vous aviez pris un parti plus sage, celui de l'imprimer; cela ne gêne personne..... Alors on entendit sortir de toutes les bouches: Imprimé, imprimé, imprimé.... Démophoon propose un objet de déli→

(1) Ce qui s'est passé à Bourges est l'injustice la plus révoltante qu'un honnête homme puisse éprouver de la part d'une assemblée publique. M. de Guibert n'avait rien fait pour la mériter, mais, à en juger par le compte qu'il a rendu lui-même de sa disgrâce, il est impossible de ne pas le plaindre de n'avoir pas su repousser l'injustice par une résolution plus ferme et plus tranquille. On a dit que son apologie avait le défaut qu'on reproche à braucoup de tragédies françaises, c'est de mettre en réclice qu'il fallait mettre en action.

bération qui regarde le nouveau député, et le prie de vouloir bien se retirer quelques instans. Tacticus, ajoute-t-on, accoutumé à sortir sans qu'on l'en priât si poliment, répondit qu'il n'avait rien à refuser à ses confrères, et sortit par la porte. Nul doute, dit Nestoret (d'Aguesseau de Frène), que Tacticus soit exclu de toute Assemblée nationale, civilement, oui, littérairement, non.... Ainsi, Messieurs, ce serait faire une injure gratuite à un galant homme dont la conscience est pure que de casser sa nomination, - Tout le monde applaudit à cette sage distinction, et l'on pria Tacticus de rentrer....

Cette facétie est terminée par le projet d'instruction pour la députation académique; en voici quelques articles :

Article I. Que dorénavant la Nation s'assemblera périodiquement tous les cinquante ans ; ces Assemblées donnant lieu à des nuées d'écrits patriotiques qui absorbent l'attention des lecteurs et les distraient des lectures essentielles, telles que les dithyrambes et les productions soignées de la prose bien coloriée.

Art. IV. Que Sa Majesté accordera la liberté de la presse à l'Académie française seulement.... Art. V. Que les propriétés personnelles, mobilières et foncières soient assurées, de manière que, sous aucun prétexte, on ne puisse voler à l'un ses idées, à l'autre ses sujets, et que tout plagiaire convaincu puisse être dénoncé.

Art, VI. Que l'Académie sera maintenue dans

le droit exclusif de faire l'éloge du cardinal de' Richelieu, l'ami de la liberté et le Ministre le plus humain.

Art. XI. Le député aura un pouvoir illimité de concourir à régler tout ce que le temps permettra aux États-Généraux de statuer sur les améliorations de tous les genres et sur la poursuite des principaux abus qui affligent le Royaume, et en particulier sur le maintien du goût, etc., enfin, sur la suppression des entrées vexatoires de livres étrangers, qui font oublier les productions du sol, tels que la Richesse des Nations, par Smith; les Recherches sur les Grecs, par M. de Paw, etc.

(

Sur quelques Contrées de l'Europe, ou Lettres du Chevalier de *** ( c'est-à-dire de La Tremblaye), à madame la Comtesse de ***, deux volumes in-12, avec cette épigraphe :

Quiconque ne voit guère,
N'a guère à dire aussi.

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LA FONTAINE,

M. le chevalier de La Tremblaye est un homme du monde qui a fait autrefois, il y a trente ans, des odes, des élégies, des épîtres, dont quelquesunes même ont remporté, je crois, le prix de l'Académie des Jeux Floraux à Toulouse. L'ouvrage que nous avons l'honneur de vous annoncer est le fruit de ses voyages en Italie et en Suisse. Il ne faut pas s'attendre à y trouver des observations bien neuves, bien profondes ; mais on y

verra souvent des détails agréables, de la finesse, de la bonhomie, et même assez de légèreté dans le style, au moins dans la prose; car les vers, et il y en a beaucoup, nous ont paru en général trèsfaibles. Zurich lui doit des remercîmens; il dit que c'est l'Athènes de la Suisse M. Lavater lui paraît, après M. Diderot, l'homme de l'imagination la plus forte qui puisse exister peut-être. Ce rapprochement n'étonnera point ceux qui ont connu l'un et l'autre. Quel homme que Diderot, s'il n'eût pas été athée! Quel homme, diront d'autres, que Lavater, s'il n'eût pas été chrétien!

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