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du Nord savaient alors combattre au premier rang, et, ce qui est plus rare encore, dire aux rois la vérité.

Magnus eut pour successeur son frère Harald III le Sévère, qui mourut au moment où il s'apprêtait à conquérir l'Angleterre, puis Magnus II, puis Olaf III le Pacifique, qui s'efforça d'adoucir les mœurs des siens, favorisa le commerce et l'esprit d'association, propagea la liberté par des affranchissements, fonda Berghen, port important, ainsi que les villes de Stavanger et de Kongell, dans l'intérieur des terres.

L'histoire de Suède commence à s'éclaircir avec Biörn IV le Vieux, auquel succéda Olaf II, puis Éric V le Victorieux, qui subjugua le Danemark, la Finlande, l'Esthonie, la Livonie, la Courlande. Son fils Olaf III Skötkonung, c'est-à-dire roi dans le sein maternel, changea le titre de roi d'Upsal en celui de roi de Suède; et les Norwégiens ayant détruit l'antique Sigtouna, résidence d'Odin, il construisit la nouvelle. Il fut converti par Sigourd, qui, avec d'autres missionnaires venus d'Angleterre, propagea le christianisme; Skara dans la Westrogothie devint la métropole de la religion nouvelle. Ses fils Anond Jacques et Émond III étendirent la religion et la civilisation. La descendance de Lodbrog finissant avec eux, Stenkill, gendre d'Anond et mari de la veuve d'Émond, fut le chef de la nouvelle dynastie.

Près d'Upsal s'élèvent trois tertres (högar)coniques et très-rapides, qui sont les tombeaux des anciens rois. Un autre, terminé en plate-forme, porte le nom de hauteur de la justice (tings-hog), parce que le roi, assis sur son trône, y rendait des jugements solennels au commencement de chaque année, ayant en face de lui le gouverneur de l'Upland, accompagné des autres grands du royaume, et derrière eux le peuple armé. Près de là, dans la prairie de Mora, le peuple se réunissait autour du marteau de Thor, puis autour de la croix, pour procéder à l'élection du roi, en présence des juges assis sur des blocs massifs que l'on conserve encore, et le chef qui avait réuni les suffrages prononçait le serment d'usage, après s'être placé sur la plus haute de ces pierres.

1047.

Suède.

964,

1001.

1056

T. IX.

7

CHAPITRE VI.

LES NORMANDS EN ANGLETERRE.

750.

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Nous avons vu les Anglo-Saxons s'établir dans la Bretagne et s'y maintenir en se soumettant à l'Église', qui, au lieu du glaive homicide, mettait dans leurs mains un bâton bénit et orné de fleurs, et leur faisait fonder des monastères, loin de les pousser à renverser des cités (1). Mais la race des anciens Kymrys restait indépendante derrière un retranchement qu'Offa, roi de Mercie, avait fait tirer de la Wye jusqu'aux vallées de la Dee. Les Pictes et les Scots, ayant attiré Egfred, roi du Northumberland, au milieu de leurs montagnes, lui firent éprouver une défaite sanglante. Poussant alors jusqu'à la Tweed, ils y arborèrent le dragon rouge en face du dragon blanc des envahisseurs, qui ne pénétra pas plus avant; et le mélange des indigènes avec les étrangers établis au delà de ce fleuve forma depuis le peuple écossais.

Les sept royaumes anglo-saxons, qui embrassaient le reste de l'ile, guerroyaient l'un contre l'autre sans qu'aucun d'eux parvint à soumettre ses rivaux. Mais Egbert, roi du Wessex et du Sussex, se trouva le seul parmi les dominateurs de l'île qui appartînt à la descendance d'Odin. En effet la Mercie obéissait conjointement avec l'Est-Anglie, Kent et Essex, à l'usurpateur Bernulf; le Northumberland, dont les princes avaient péri, était déchiré par les factions. Le royaume d'Egbert était aussi loin d'être tranquille. Ce prince, forcé de s'exiler, se rendit à la cour de Charlemagne, alors le centre de la civilisation, et il s'y instruisit dans les arts de la guerre et de la paix.

(1) Voy. liv. VIII, chap. xi. Nous suivons surtout l'Histoire de la conquéte de l'Angleterre par les Normands, de M. Augustin Thierry.

Voici les dynasties des rois d'Angleterre :

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Rétabli sur le trône, il s'apprêtait à soumettre les Bretons de Cornouailles, quand Bernulf envahit ses États. Tombant donc. sur lui avec les forces qu'il avait toutes prêtes à marcher, il le défit, le tua et se trouva seul maître de l'île.

Il semblait que le pays, ramené à l'unité nationale, dût renaître à la prospérité, lorsque survint un nouveau fléau. Trois vaisseaux abordèrent à l'un des ports de la côte orientale; et les hommes qui les montaient, ayant tué le magistrat qui venait s'informer de ce qu'ils voulaient, saccagèrent les environs, puis remirent à la voile. C'était un détachement de ces Normands qui faisaient trembler Paris et Constantinople, et qui préparaient de longs malheurs à ceux de leurs frères qui les avaient précédés sur les plages britanniques.

Bientôt ils vinrent avec une flotte nombreuse débarquer sur la côte de Cornouailles, et les habitants, en haine des Saxons, leur firent un bon accueil; d'autres ne tardèrent pas à les suivre, et aucun rivage de l'île ne fut à l'abri de leurs invasions

Sous le règne d'Ethelwolf, fils d'Egbert, il ne s'écoula pas une année sans qu'ils reparussent, mettant le pays au pillage et prenant la fuite. Puis, en 851, ils hivernèrent dans l'ile; et comme Athelstan avait remporté sur eux quelques avantages, ils appelèrent d'autres pirates à leur aide. Ceux-ci arrivèrent au printemps avec trois cent cinquante vaisseaux, et envahirent le midi et l'orient de l'Angleterre. Après avoir incendié Londres et Cantorbéry, ils s'avancèrent jusqu'à Surrey; mais enfin Éthewolf les défit à Okely. Ce roi, qui associait le courage à la dévotion, fit don au clergé d'un dixième des domaines de la couronne. Il envoya son fils Alfred à Rome pour y recevoir la confirmation et l'onction royale du pape Léon IV. Il s'y rendit luimême ensuite en pèlerinage, et y resta un an, faisant de géné– reux présents aux églises, et promettant un tribut annuel de cent mancuses (1) pour le pape et de deux cents pour l'entretien des lampes des saints apôtres. Il trouva à son retour son royaume agité par les querelles de ses fils, qui se le partagèrent à sa mort et se le virent disputer par d'autres envahis

seurs.

Les rois de mer ne cessaient pas leurs incursions. Lodbrog Ragnar ayant conquis les îles danoises, puis les ayant perdues, il se mit à faire la course; et, après plusieurs débarquements

(1) La mancuse valait 1 fr. 75 c.

825.

787.

836.

851.

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heureux en France, dans la Frise et la Saxe, il conçut la pensée de substituer à ses légères barques deux bâtiments d'une grande dimension, pour se jeter en Angleterre. Quand il s'approcha des côtes, ses gros bâtiments, mal dirigés par les siens, qui n'avaient pas l'habitude de les manœuvrer, se brisèrent sur les bas-fonds. OElla, roi du Northumberland, tomba sur les naufragés, qu'il tailla en pièces, et, s'étant emparé de leur chef, le fit périr dans une fosse remplie de vipères, sans pouvoir abattre son courage.

Le chant de mort de Lodbrog (1), répété dans son pays, excita les siens à la vengeance. Huit rois de mer et vingt chefs. de second ordre débarquèrent sur la côte de l'Est-Anglie. Accueillis avec soumission dans ces parages, ils s'y pourvurent de vivres ; puis, marchant sur York, capitale de la Northumbrie, ils ravagèrent le pays, et prirent vivant le roi ŒElla, qui expia cruellement le supplice infligé à Lodbrog.

Les fils de ce chef intrépide songèrent alors à s'établir dans le pays; ils fortifièrent York, partagèrent les terres entre leurs compagnons, et se préparèrent à conquérir toute l'Angleterre. Les huit rois se mirent donc en marche pour exécuter de concert cette grande entreprise; mais, arrivés près de l'abbaye de Crogland, ils rencontrèrent une bande de paysans armés qui, sous la conduite d'un frère convers nommé Tolius, venaient combattre pour le Christ, après s'être fortifiés par le saint viatique. Trois des chefs danois furent tués dans le rude combat livré à l'ennemi par ces généreux Saxons, qui presque tous périrent accablés par le nombre. Quelques-uns d'entre eux, échappés à la mort, coururent au couvent annoncer que tout était perdu. Alors l'abbé ordonne aux moines les plus jeunes de mettre en sûreté les reliques et les livres, tandis qu'il restera à prier Dieu avec les vieillards et les enfants. Le chant des psaumes retentissait encore quand les Danois arrivent ; ils massacrent ceux qui sont restés, après les avoir torturés pour leur faire révéler l’endroit où se trouvaient les trésors du couvent, et pour les découvrir ils brisent les tombeaux de marbre, et dispersent les ossements qu'ils renferment. Reçus à coups de flèches dans le couvent de Péterborough, ils tuèrent quatre-vingt-quatre moines qui s'y trouvaient, et la bibliothèque leur servit à incendier l'édifice. Edmond, roi de l'Est-Anglie, fait prisonnier

(1) Voyez ci-dessus, chap. IV.

par

les envahisseurs et sommé de leur rendre hommage, refusa de plier à cette humiliation; alors ils le prirent pour but de leurs flèches, et sa constance lui valut les honneurs du martyre.

Ayant ainsi assujetti la Northumbrie et l'Est-Anglie, ils eurent bientôt occupé la Mercie, et il ne resta des huit anciens royaumes que Wessex. Un état de choses si critique détermina les seigneurs saxons à abandonner les fils mineurs d'Ethelred pour appeler au trône ou plutôt au commandement général son frère Alfred. Ce prince avait connu et acquis, dans deux voyages qu'il avait faits à Rome, une civilisation différente de celle de son pays; il comprenait le latin et savait jouer de la harpe. Prenant peut-être en dédain les institutions nationales, il conçut le projet de les réformer avec cet arbitraire dont les anciens lui offraient l'exemple, mais qui n'était pas tolérable pour ses contemporains. Il agissait donc de son chef, sans consulter les assemblées générales, se montrait très-rigide envers les juges prévaricateurs et ineptes, mais ne savait pas déployer envers le peuple cette affabilité qui fait excuser jusqu'à la tyrannie.

Aussi, quand les Danois l'attaquèrent au milieu de l'hiver, ce fut en vain qu'il envoya par les villes et les hameaux son messager de guerre, portant une flèche et une épée nue, en criant: Que quiconque ne veut pas être tenu pour un homme de rien ( un-nithing) sorte de sa maison et accoure ! le peuple resta sourd à l'appel, et Alfred dut abandonner ses amis et ses trésors pour prendre la fuite. Le roi Gotrun s'empara de son royaume, et fit endurer mille maux aux Saxons qui ne s'exilèrent pas.

Alfred se réfugia alors, inconnu à tous, sur les frontières de Cornouailles, près d'un bouvier, qui lui faisait gagner son pain au prix des plus humbles services. Doué de cette force d'âme et de cette volonté qui fait les héros, au lieu de se laisser abattre par l'infortune, il y puisa de nouvelles forces. Il réfléchit sur lui-même et sur ses défauts, pour s'en corriger; son amour pour sa nation se raviva aux chants des anciens bardes et aux sagas des scaldes, et il résolut de sauver son pays. Ayant rencontré au bout de quelques mois quelques-uns de ses anciens compagnons d'armes, il apprit d'eux que l'oppression des Danois faisait regretter le gouvernement précédent; il se mit donc à leur tête, et se posta dans un îlot au milieu des marais formés

Alfred lc
Grand.

871.

78.

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