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deux toujours ouvertes; la troisième, tournée à l'orient, fermait un sentier mystérieux qui conduisait à la mer. Cette ville était Riedgost (1); elle ne contenait qu'un seul temple en bois, aux ornements en corne, couvert à l'extérieur d'images de divinités; au dedans étaient d'autres simulacres de dieux portant le casque et la cuirasse. A Riétra, dans la même province, où se trouve le village de Prilvitz, on honorait Radigast, dieu du soleil, emblème de la force, représenté en or, avec une peau de buffle sur les épaules, une hallebarde à la main. A la fécondité, à l'amour, présidait Sieba ou Siva, jeune fille dont la nudité n'était voilée que par sa longue chevelure: d'une main elle tenait une pomme, et de l'autre une grappe de raisin. Flins, dieu de la mort, était figuré par un squelette avec un lion sur le dos.

La religion faisait aux Slaves un devoir tout particulier d'exercer l'hospitalité : aussi l'étranger obtenait-il la première place au foyer ou à la table, les fruits les plus beaux, le poisson le plus frais. S'il arrivait qu'un Slave refusât l'asile demandé, les autres venaient ravager son champ et abattre sa maison, et s'il n'avait pas de quoi traiter honorablement son hôte, il pouvait aller dérober les aliments et les meubles nécessaires pour le bien recevoir.

La chaîne des monts Krapacks, qui s'étend de Brahilow dans la Valachie jusqu'à Dresde en Saxe, séparait les établissements fixes des Slaves des pays sur lesquels se succédaient les hordes asiatiques des Huns, des Avares et des Bulgares. Le gros de la nation habitait les régions appelées depuis la Russie et la Pologne; quelques tribus s'établirent sur l'Elbe, l'Havel et l'Oder, après que les Francs y eurent détruit le royaume de Thuringe; ceux qui habitaient sur le Bug furent assujettis par les Avares. Lorsque les Bélocroates ou Bohêmes se détachèrent de ceux-ci, plusieurs tribus slaves de Vénèdes se transportèrent au midi du Danube, dans la Pannonie et dans l'ancienne Illyrie. Parmi les Slaves illyriens prédominaient les Croates, c'est-à-dire montagnards, qui, vers le commencement du septième siècle, sous la conduite de cinq frères, enlevèrent aux Avares tout le pays, de l'Adriatique jusqu'au Monténégro et au Verbas, affluent

STUDE

(1) FRANK, Ancien et nouveau Mecklembourg ( allemand ). MUND, Description, histoire, statistique et tradition du Mecklembourg (allemand). Chronique de DITMAR, évêque de Mersebourg en 1005; Francfort, 1580, et Nuremberg, 1807.

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de la Save. Les bans (1), princes presque indépendants, gouvernaient les douze banats dans lesquels était divisé le pays, et comme la côte était semée d'îles et d'écueils, ils se livrèrent à la piraterie. Crescimir fut, au dixième siècle, leur premier archizoupan, et Dircislas, son fils, s'intitula roi de Croatie, Ses États, qui embrassaient la Bosnie et la Dalmatie occidentale, avaient pour capitale Bielograd (Zara-Vecchia) (2). Mais ensuite les Hongrois conquirent ce royaume de 1091 à 1098, à l'exception des montagnes et des côtes.

Au delà du Verbas, les Sorabes, venant de la Lusace et de la Misnie, après avoir fondé Serviza près de Thessalonique, parcouru la Grèce, occupé le Péloponèse, fixèrent leur résidence dans la vallée de la Morava et sur les bords de la Bosna, d'où ils tirèrent leur nom. Ils restèrent tributaires des empereurs de Byzance jusqu'au moment où ils furent subjugués par les Bulgares. Les Serbes, autre tribu fraternelle, s'établirent entre l'Elbe et la Saale, ainsi que d'autres sur le rivage de la Baltique.

Au cinquième siècle, les Vénèdes avaient occupé les pays laissés vacants par les Marcomans, les Boïens, les Lombards, les Vandales, les Anglo-Saxons. Il en résulta que leurs différentes tribus moraves, bohêmes, sorabes, obotrites, devinrent limitrophes des Bavarois, des Thuringiens et des Saxons; et quand ces peuples furent domptés par les Francs, elles se trouvèrent en contact avec eux. Les Obotrites de la Dacie se soumirent à l'hommage envers les Francs, et cherchèrent des terres dans la Pannonie. D'autres s'étendirent dans la Nordalbingie, entre les Saxons et les Danois, sur les terres de ceux-ci, à mesure qu'ils s'en allèrent à la conquête de l'Angleterre; et Miklin-Burg (grande ville) devint la résidence de leur vélickiknès (3).

Les Moraves, tribu des Vénèdes, soumis par les Avares, puis par les Bohêmes, se rendirent indépendants quand le kacan de Pannonie fut défait; alors Toudoun, leur ban, ayant chassé les débris des Avares, reconnut la suprématie de Charlemagne. Les autres princes de cette nation ne refusèrent pas l'hommage aux successeurs de Charles lorsque Bielograd fut devenue la capitale

(1) Banus en slavon, pan en polonais, veut dire seigneur.
(2) Alba maritima des anciens.

(3) C'est-à-dire juge suprême. Le titre de grand-duc, dont nous nous servons en parlant des Russes, est inconnu aux nations slaves, et fut inventé par les Médicis de Florence.

du grand empire morave, qui dura jusqu'au moment où les Francs et les Huns l'assaillirent des deux côtés.

Il paraît que parmi ces chefs l'autorité, tant militaire que judiciaire, se transmettait héréditairement. Les rois de Croatie, de Bohême, de Pologne et de l'île de Rügen étaient appelés krols ou crales. Tout krol, en Dalmatie, avait sous lui deux bans ayant sous leur dépendance plusieurs zupans ou chefs de canton, qui, selon l'usage des barbares, étaient à la fois capitaines et juges. Knès ou kgniaz indique le guerrier qui possède un cheval: il est inférieur aux boyards; le vélicki-knès était juge suprême chez les Dalmates, prince chez les Obotrites et les Moraves, et plus tard chez les Russes.

Charlemagne ne put soumettre les Bohêmes établis en deçà des monts Krapacks, et qui obéissaient à plusieurs vayvodes; il avait toutefois repoussé les Slaves sur l'Elbe et sur le Danube; mais ils revinrent dès que son bras vigoureux eut cessé de se faire sentir, non pour conquérir comme les Sarrasins et les Normands, mais pour repousser le christianisme et la civilisation, qu'ils croyaient incompatibles avec leur indépendance. Les Obotrites s'insurgèrent, ainsi que les tribus habitant sur les bords de l'Elbe; puis, peu à peu, tous rendirent hommage à Louis le Débonnaire, qui, plusieurs fois, fut appelé à concilier les différends survenus entre les vayvodes de Bohême et ceux de Moravie. Bien que leur soumission fût purement nominale, les Francs trouvaient que c'était déjà beaucoup de ne pas les avoir pour ennemis. Les Slaves orientaux restaient paisibles, par crainte des Bulgares, qu'ils avaient pour voisins.

Nous laissons de côté les mouvements partiels qui éclatèrent pendant les interrègnes survenus dans les royaumes d'Italie et d'Allemagne, et à l'occasion de querelles intestines. Mais quand les États de Louis le Germanique se trouvèrent seuls opposés aux Slaves, qui les entouraient de toutes parts, ce prince eut beaucoup de mal à les réprimer, et il n'y réussit qu'à l'aide des ducs qu'il plaça sur les frontières. Après avoir tué Gozzomysl, roi des Obotrites de l'Elbe qui s'étaient révoltés, il les força d'obéir à des princes étrangers, et créa margrave de la frontière sorabe Taculfe, duc de Thuringe, qui sut les tenir en respect. Après sa mort, ils firent irruption dans la Thuringe, et secondèrent les mouvements des Moraves et Bohêmes; mais ils furent forcés de rentrer dans le devoir. Quatorze vayvodes bohêmes passèrent en Germanie pour y demander le baptême; mais la

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nation montra de la répugnance à les imiter, et jamais elle ne resta fidèle aux Allemands.

Les principaux troubles provinrent des Moraves. Ratislas, que Louis le Germanique avait donné pour successeur au roi Moïmir Ier, soutint Cyrille et Méthodius, qui étaient venus pour prêcher l'Évangile. Mais sous des apparences pacifiques il se préparait à la guerre, et la déclara en refusant le tribut. Louis, s'étant avancé contre les rebelles, eut beaucoup de peine à effectuer sa retraite, et Ratislas, passant le Danube, dévasta la Pannonie sans que trois armées pussent en tirer vengeance. Bien plus, Carloman, qui commandait l'une d'elles, dans l'intention de se rendre indépendant de son père, substitua aux margraves placés sur cette frontière des hommes qui lui étaient dévoués, et fit alliance avec Ratislas. Mais Louis, à la tête d'une armée imposante, réduisit son fils à l'obéissance; puis, ayant passé le Danube, il attaqua Ratislas, qui dut lui promettre fidélité.

La soumission ne dura que le temps du danger; et quand les Slaves élevèrent leurs boucliers sur toute la ligne des frontières, les Moraves se montrèrent les plus acharnés; mais la trahison de Zventibold, qui livra Ratislas aux Francs, leur rendit facile la victoire, que suivit un grand carnage.

Ratislas eut les yeux crevés; puis Zventibold se montra déloyal aussi envers les Francs. Ayant obtenu de Carloman un corps de Bavarois pour ses propres guerres, une insulte dont il voulut se venger lui fit massacrer une partie de ces auxiliaires. Il défit ensuite ce prince lui-même avec le secours des Bohêmes, et l'assiégea dans Munich. Louis accourut, et fit avec lui la paix comme il put; un missionnaire vénitien, au nom du Morave, jura fidélité, mais sans dépendance.

A la première occasion favorable, les Slaves s'approchèrent de nouveau de l'Elbe; et Charles le Gros crut avoir beaucoup fait en obtenant de Zventibold qu'il n'envahît pas l'empire tant qu'il vivrait. Arnulfe, voyant ensuite les Hongrois menaçants, permit à Zventibold d'occuper la Bohême, sur laquelle il n'avait point de droit. Les Bohêmes se tinrent en conséquence pour dégagés de tous liens envers l'Allemagne, qui les trahissait, et, à la mort de Zventibold, ils s'emparèrent de la Moravie.

Arnulfe, s'avançant pour rétablir son autorité, mit le pays à feu et à sang; la guerre continua après lui jusqu'au moment où les tuteurs de Louis le Jeune conclurent la paix avec la Moravie, qui se reconnut tributaire. Mais bientôt les Bohêmes et

les Hongrois se la partagèrent, les premiers prenant le territoire à la droite de la Morava, les autres la rive opposée jusqu'au Wag; un morceau seulement des anciens États de Zventibold fut conservé par Ladislas sous la dépendance de la Bohême, et c'est à lui que commence le margraviat de Moravie.

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Les autres Slaves étaient tous indépendants, au moins de fait; mais la race germanique avait obtenu sur eux une prédominance capable d'arrêter ces incursions, qui pouvaient amener une nouvelle barbarie. Elle avait, en outre, implanté parmi eux la civilisation avec le christianisme. Louis le Débon- Christianisme. naire, conformément aux intentions de son père, fonda à Hambourg un siége archiépiscopal destiné à être le centre des missions du Nord, et le monastère de Corbie devint une pépinière d'apôtres. Ces missionnaires précédaient souvent et suivaient toujours les armées franques, dont leurs prédications secondaient les victoires. Arnon, archevêque de Salzbourg, avait, à l'instigation de Charles, entrepris la conversion des Slaves de la Carinthie et de la Pologne; ayant réussi dans sa tâche, il donna pour évêque, aux pays situés entre la Drave et le Danube, Thierry, qu'il sacra. La religion fit de grands progrès, grâce au zèle de Privinnas, qui obtint de Louis le Débonnaire une partie de l'Esclavonie, et qui construisit autant d'églises que de châteaux forts. Luitprand, archevêque de Salzbourg, lui envoyait des ouvriers pour bâtir des maisons aux colons attirés par le gouvernement paternel de Privinnas. C'est à lui et à Cozilon son fils que l'Autriche est redevable de sa première civilisation.

Ratislas congédia l'évêque latin, qu'il avait d'abord soutenu, et demanda des missionnaires à Michel le Bègue, empereur d'Orient. Ce prince avait précédemment envoyé aux Khazares du Volga un prêtre de Thessalonique appelé Constantin, connu sous le nom de Cyrille comme ce prêtre savait l'esclavon, il parut convenir à l'apostolat de Moravie. Il partit donc avec son frère Méthodius, et convertit en chemin le Bulgare Bogoris, en lui montrant une peinture du jugement dernier. Arrivés en Moravie, ils substituèrent le rit grec au rit latin, et traduisirent dans Bude, en langue slave, les livres sacrés et liturgiques (1), créant à cet effet un alphabet qui, au fond, est

(1) A Wastrow, en Hanovre, le service divin est toujours célébré en

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