LES MÉTAMORPHOSES D'OVIDE. LIVRE PREMIER. EXPOSITION. JE cède à mon génie, et je veux, dans mes veilles, Des corps jadis changés célébrer les merveilles. Dieux! vous qui fîtes seuls ces changemens divers, Dans ce hardi projet encouragez mes vers : Et du berceau des tems descendant d'âge en âge, Jusqu'aux jours des Césars conduisez mon ouvrage. I. Le Chaos. AVANT la mer, la terre, et la voûte des cieux, La nature, cette œuvre admirable des dieux, Sans mouvement, sans vie, indigeste, uniforme, N'était qu'un tout confus, où rien n'avait sa forme. Non bene junctarum discordia semina rerum. II. Elementa. HANC Deus et melior litem Natura diremit : Ignea convexi vis et sine pondere cœli 1 On a cité de tout tems ce vers spondaïque comme un des plus beaux exemples de l'harmonie imitative. Jamais elle n'est artificielle dans Ovide. Le rythme nombreux et facile de ses vers a naturellement l'accent de sa pensée. |