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il en avait adressé en Bretagne; c'est du moins l'opinion de M. Forestier, l'un des chefs de la Vendée; mais on n'en a aucune certitude.

Quoi qu'il en soit, le 24 août, le tocsin rassembla plusieurs communes : l'attroupement se porta d'abord sur Châtillon où il ne trouva aucune résistance. Le feu fut mis à la maison du district, dont les administrateurs se réfugièrent à Bressuire. On se porta ensuite sur cette ville que l'on se proposait d'attaquer le lendemain. Les gardes nationales des environs accoururent au secours de la place menacée, et repoussèrent l'attaque. Il y eut du sang répandu : un grand nombre de prisonniers faits dans cette journée furent traduits au tribunal criminel de Niort où ils trouvèrent des juges que la politique rendit indulgens (1). Aucune condamnation ne fut prononcée; tout fut rejeté sur les morts et les absens.

Cette première tentative, que l'on peut considérer comme un essai à la guerre civile, n'ayant pas réussi, le calme se rétablit, et les administrations redoublèrent d'activité et de surveillance.

L'assemblée nationale connaissait les plans et les projets de la coalition armée contre la France, et les ressorts que faisait agir cette autre coalition,

(1) On pensa que la douceur ferait ouvrir les yeux à des hommes égarés;... mais rien ne peut déchirer le bandeau du fanatisme. Le maire Delouche périt à Nantes.

peut-être plus dangereuse encore, des évêques réunis à Londres.

Déjà Rome avait lancé des lettres monitoriales contre les évêques constitutionnels : Taleyrand, évêque d'Autun, avait été excommunié; Rome était en correspondance ouverte avec le cabinet de Saint-James, et remuait, par ses intrigues, toutes les cours de l'Europe; enfin le pontife s'était déclaré le chef de la coalition religieuse.

Le ministre romain Zelada, dans une proclamation ou allocution aux fidèles, semblait tracer aux Vendéens la marche à suivre pour allumer les feux d'une guerre sainte : c'était le tocsin qui devait donner le signal; les ecclésiastiques séculiers et réguliers devaient lever les mains sur la montatandis que les fidèles se battraient dans la

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plaine.

On recommandait spécialement à tous les évêques, curés, vicaires et autres ministres de l'église, d'exhorter sans cesse, en public comme en particulier, les peuples qui leur étaient soumis, à prendre confiance dans le Seigneur, et à les préparer avec courage à la défense ainsi qu'à la conservation de leur religion,... etc. Aussi ne tarda-t-on pas de voir paraître dans la Vendée et dans la Bretagne des vicaires apostoliques du saint siége, des apôtres dont le zèle consistait à faire verser le sang en exaltant les fureurs du fanatisme.

Dans cette position, l'assemblée nationale n'avait plus à délibérer, il fallait agir.

Le 11 juillet 1792 la patrie avait été déclarée en danger; la jeunesse des villes s'élança bientôt vers les frontières.

Le 26 août suivant parut un décret sur la déportation des prêtres insermentés. Cette mesure, déjà proposée au mois de novembre 1791, et suspendue par un veto royal, était désormais trop tardive pour la Vendée où le costume de prêtre avait été remplacé par celui de garçon meunier.

Les prêtres imitèrent dans cette circonstance la prudence de saint Similien, évêque de Nantes.

« Ce saint évêque, dit son légendaire, Ribadéneira, encourageait les chrétiens au martyre, dans le temps de la persécution. Quand il eut à craindre pour lui-même, se rappelant le conseil que J.-C. avait donné à ses disciples, les avisant que lorsqu'on les persécuterait en une cité, ils s'enfuissent en une autre, il s'absenta de la ville en habit déguisé, et se retira aux champs, reçu et entretenu ès métairies et maisons champêtres des plus riches chrétiens, lesquels l'entretenaient avec ses prétres et les autres ecclésiastiques qui, pour semblable cause, avaient quitté les villes.

On cria plus fortement à la persécution; ce fut tout l'effet que produisit le décret de l'assemblée nationale.

Déjà Longwi était tombé au pouvoir de l'ennemi. Cette nouvelle, annoncée avec éclat à l'armée des princes, le 22 août, remplit de joie et d'espérance les émigrés.

« Nous étions, dit Olivier d'Argens, dans son journal, tous, ou presque tous, persuadés que nous allions marcher directement sur Paris; que tous les obstacles seraient facilement levés; que les troupes de ligne n'attendaient que notre entrée, ainsi que les braves royalistes coalisés dans l'intérieur et surtout en Bretagne, pour se joindre à nous. Le jour de notre entrée à Paris était même fixé. »

Thionville était menacé d'un siége, Verdun allait être envahi, Lille bombardé; il se préparait des défections : la France semblait arrivée sur le bord de sa ruine.

CHAPITRE PREMIER.

Mars 1793.

$ Ier. Invasion du pays par les insurgés. — Événemens particuliers aux villes de la haute Vendée. Chollet, Saint-Florent, Jallais, Vihiers, Chemillé. - Sort des prisonniers. — Chalonnes. Interrogatoire de Joseph Cathelineau. Villes du centre et de la basse Vendée. - Les Herbiers, Mortagne, Clisson, Tiffauge, Montaigu, Machecoul, Challans, SaintGilles, la Roche-sur-Yon (Bourbon-Vendée), Noirmoutier, Pornic.

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Invasion du pays par les insurgés (1).

La convention nationale avait remplacé l'assemblée législative le 21 septembre 1792. Le gouvernement de la France fut déclaré république une et indivisible.

La France eut bientôt neuf armées sur pied : il fallait opposer aux efforts de la coalition de grands moyens de résistance, ou subir le joug.

Le 25 février 1793, la convention déclara que la liberté était menacée, et rendit le décret suivant :

<<< Tous les citoyens français, depuis l'âge de dixhuit jusqu'à quarante ans accomplis, non mariés ou veufs sans enfans, sont en état de réquisition

(1) Les premiers événemens de la Vendée ont été peu connus des historiens.

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