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SV. Situation politique et religieuse de la Vendée en 1791 et 1792.

Quelques troubles avaient éclaté aux mois d'avril, mai et juin 1791, dans les districts de la Roche-sur-Yon, des Sables et de Challans. L'assemblée nationale se détermina à envoyer sur les lieux deux commissaires pris dans son sein, Gallois et Gensonné.

L'administration des Sables, informée qu'il se faisait des rassemblemens de la noblesse au château de Lézardière, vers la fin de juin, requit des détachemens de garde nationale et de troupes de ligne de s'y transporter. On avait à craindre quelque projet de soulèvement concerté avec les prêtres. Le rassemblement disparut, et bientôt on aperçut le feu au château. La troupe s'empressa d'éteindre l'incendie, mais on ne manqua pas de publier (1) quelques jours après, que cette troupe avait massacré trente citoyens qui imploraient en vain la pitié de leurs bourreaux. Cette odieuse assertion fut démentie par l'administration du département de la Vendée (2).

Les progrès du fanatisme avaient été si rapides, si effrayans dans le département de Maine-etLoire, que l'administration centrale de ce département avait cru devoir prendre, le 24 mai, un arrêté qui enjoignait à tous les prêtres réfractai

(1) Journal des mécontens ou Annales monarchiques, 6 juillet. (2) Moniteur, no. 199.

res de se rendre à Angers; cette mesure produisit d'effet.

peu

Cependant l'acceptation faite par le roi, le 14 septembre 1791, de la constitution présentée par l'assemblée nationale, semblait promettre à la France des jours plus calmes. Le monarque avait parlé, le Français devait obéir ou devenait rebelle (1).

Cette acceptation, effroi de l'aristocratie qui craignait surtout l'établissement d'un gouvernement qui ne pouvait convenir ni à ses moeurs ni à ses prétentions, fut notifiée aux différens cabinets; les émigrés furent sommés de rentrer, la voix du prince fut méconnue, et déjà les comités de Coblentz et de Londres avaient juré, par les armes de la Prusse et de l'Autriche, d'ensevelir la France sous des ruinès; déjà la convention de Pilnitz avait été arrêtée dès le mois d'août.

Bientôt des troupes furent rassemblées autour de Coblentz, et l'on put voir des Français armés, marchant à la tête ou à la suite des étrangers contre leur souverain et leur patrie.

Mais ce n'était pas assez de menacer la France des armes de l'étranger, il fallait encore allumer dans son intérieur le feu de la guerre civile ; aussi envoya-t-on dans le midi et dans l'ouest,

(1) C'est ainsi, dit M. de Toulongeon dans son histoire de France, qu'il faut qualifier toute réunion partielle contre la majorité en possession du gouvernement (tome II, page 217.)

au mois de mars 1792, des chefs chargés d'instructions pour commander et diriger les soulèvemens qui devaient favoriser et seconder la guerre ex

térieure.

On fit plus, on inonda Paris et les principales villes d'émissaires soudoyés pour enflammer les têtes déjà trop ardentes, les pousser au désordre et à l'anarchie, et arriver enfin jusqu'à ce règne de la terreur, que les chefs du parti, d'après leur propre aveu, préféraient à la modération (1). De là sans doute les 2 ct 3 septembre.

L'histoire dira peut-être quelque jour que l'égarement des Français fut le déplorable fruit de l'or et des combinaisons de ces factions. En attendant, voici un fait à l'appui de cette assertion :

Au mois de septembre 1792, on vint annoncer au maire d'Angers l'arrivée de quelques individus dont le chef se disait chargé d'une mission importante; il devait faire la visite des prisons, et surtout de la maison qui renfermait des prêtres : le maire pénètre le motif de cette mission, va de suite trouver cet envoyé, apprend qu'il est Prussien, lui enjoint de sortir sur-le-champ de la ville avec sa suite, et, par sa fermeté, sauve des victimes qu'on devait immoler.... Les Angevins reconnaîtront à ce trait leur concitoyen Pilastre, et placeront son nom à côté de celui du brave Thomasseau de Curzay.

(1) Mémoires de M. de Puisaye (tome III, pag. 70, 103).

La France devait donc s'attendre à une guerre d'extermination; aussi n'est-on pas étonné de lire dans l'ouvrage de M. le marquis d'Ecquevilly cet ordre de Wurmser à l'armée austro-française : On ne fera de prisonniers que quand l'ennemi sera absolument en déroute... Et ce traitement ignoble, plus insupportable peut-être que la mort, infligé à vingt-quatre citoyens de Weissembourg...... Wurmser, dit l'historien, les fit arrêter et condamner à balayer la ville, affublés d'un bonnet rouge, et stimulés au travail par force coups de báton que des caporaux étaient chargés de leur dis

tribuer.....

L'histoire dira encore que la France a triomphé des efforts de l'Europe armée contre elle, et qu'elle a été vingt fois à la veille de succomber sous ceux de l'hypocrisie et du fanatisme.

Pendant que les préparatifs de guerre se faisaient sur les bords du Rhin, on recommandait aux chefs de l'intérieur d'arrêter l'émigration, d'agir avec la plus grande prudence, d'éviter toute explosion prématurée, et d'attendre avec confiance le moment où l'action prochaine des forces extérieures devait offrir aux bons Français la possibilité de manifester ouvertement leur loyauté et leur courage. On ajoutait qu'il paraîtrait incessamment un manifeste qui serait soutenu par les armées des puissances confédérées, et qui ferait trembler les plus audacieux des révoltés contre le gouvernement paternel du roi, en

leur faisant voir la vengeance, due à leurs forfaits, suspendue sur leur tête.

Ces instructions du mois de juin 1792 furent suivies du fameux manifeste du duc de Brunswick, du 25 juillet, connu à Paris dès le 3 août; production étrange que l'on a attribuée à M. de Calonne, et dont l'effet fut de révolter la nation française. Un ennemi déclaré du monarque eûtpu lui porter un coup plus funeste?

il

Cette pièce, chef-d'oeuvre de forfanterie germanique, fut envoyée en Bretagne par M. de Calonne, que l'on regardait comme l'âme de Coblentz, avec des commissions signées et de l'argent dans un certain genre ( faux assignats). Il annonçait à M. de la Rouarie, chef dans cette partie, la marche de l'armée austro-française, en lui disant Euge, macte animo, vir generose! c'était assez dire que le moment d'arborer l'étendard de la guerre civile approchait.

:

L'assemblée législative remplaça l'assemblée nationale le r. octobre 1791. Les commissaires Gallois et Gensonné, de retour de leur mission de la Vendée, présentèrent leur rapport dans la séance du 9. Cette pièce, remarquable par le ton de vérité qui y règne, est un tableau fidèle de la situation politique et religieuse de la Vendée à cette époque ; elle mérite de tenir une place dans l'histoire. En voici un extrait :

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L'époque de la prestation du serment ecclésiastique a été, pour le département de la Vendée,

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